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bazar

A quelques pas, avec des gestes de démiurges, des conteurs récitent des légendes. A côté d'eux, des diseuses de bonne aventure, filles du Sud aux yeux câlins, adressent des signes aux passants. De tout cela, montent des odeurs fauves, des relents de graisse brûlée. Une rumeur faite de mille cris, de mille appels, d'insultes, de chants monotones, enfièvre l'air. A tue-tête, un crieur public annonce on ne sait quoi, que personne ne comprend. Plus loin, un homme à figure rouge, congestionné, bat des mains, secoue frénétiquement sa tête enturbannée. Sa physionomie change à chaque instant d'expression : étonnée, indignée, puis enthousiaste, grave. Il ne se lasse pas de discourir, sa harangue sonne clair par-dessus le brouhaha.
- Venez, mes amis! On vous dira la vérité sur vos maladies! On vous ordonnera des remèdes efficaces pour tout ce qui vous fait souffrir! Approchez!

Auteur: Dib Mohammed

Info: Un été africain

[ foire ] [ bonne aventure ] [ divination ] [ marché ] [ décor ]

 

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femmes-par-hommes

Comme ce matin-là, un samedi, dix heures. Juliane Bacardi, ma conseillère financière, voulait me voir. Le mot conseillère était en trop, dans l'intitulé de son poste. En tout cas pour moi. Le seul conseil qu'elle m'avait jamais donné c'était de fermer ma boutique et de trouver un vrai travail. Salope. Je pouvais pas la blairer. C'était une Française ultra Française, de bonne famille, bien élevée, le genre de meuf qui ne dit jamais par contre mais en revanche. Le genre de meuf qui, dans un bar, vous repère tout de suite et vous évite pour se blottir contre des Clément ou des Benoît, inoffensifs et pas drôles. Pas drôle non plus, la Juliane. Quand je l'ai rencontrée au tout début, pour lancer ma boutique, je l'ai joué mec enthousiaste et enjoué. Je lui ai dit que j'avais un nom de juif et une tête d'Arabe mais qu'en fait j'étais normal. Ce genre de vannes, aux Buers, ça faisait marrer tout le monde. Mais dans la presqu'île, pas du tout, et à la Banque Populaire encore moins.

Auteur: Schwartzmann Jacky

Info: Demain c'est loin. Page 13, Points, 2018.

[ rébarbative ] [ conventionnelle ] [ bourgeoise ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

échographie

Le jour où Pierre reçut la grande photo sur carton, il sauta en l'air, ne se contint plus.

- Je distingue très mal l'image.

On apercevait, en un brouillard de grisaille, le bas de la cage thoracique, l'ombre mate du bassin maternel et le squelette de l'enfant bien formé, la tête en bas, genoux au menton, faisant une immobile culbute où s'arrondissait son épine dorsale annelée dans un recroquevillement de momie péruvienne, comme dans les plus anciens ensevelissements humains, comme dans les jarres néolithiques.

- Que c'est laid ! dit Pierre, déçu.

- C'est ravissant, dit Hedwige, enthousiaste.

Quelques jours plus tard, ce fut une autre affaire. Cette fois, Pierre voulut écouter au stéthoscope battre le cœur de l'embryon. Il se penchait sur cette grande caverne habitée qu'était le corps d'Hedwige, appuyait son front contre elle, enfonçant aux oreilles les deux écouteurs, prêtant une attention auditive à ce ronron, à ce léger cliquetis qu'était le cœur de son enfant.

- Si tu me continues à me tourmenter ainsi, il aura des convulsions, cria Hedwige, crispée.

Auteur: Morand Paul

Info: l'homme pressé (1941, 350 p., Gallimard, p. 230, 231)

[ poésie du détail ] [ couple ] [ famille ] [ cocasserie émouvante ]

 

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songe

Cette nuit là elle eut ce rêve : Il y avait, lors d'une grande réunion de diverses familles, une scène de discussion animée entre adultes. Les enfants présents - les siens y étaient, tout comme Jean-Sébastien - enthousiastes comme toujours amenaient continuellement des interruptions qui dérangent la continuité des phrases, si sérieuses, des adultes. Coupures qui, à la longue, entrainèrent quelques haussements de voix puis, finalement, l'enfermement de Jean-Sébastien dans une voiture. Il y eut alors un zoom arrière et les humains se transformèrent en arbres. C'étaient les mêmes individus mais qui en sapin, en hêtre, etc.. Et, dans un film accéléré, elle put alors contempler la nouvelle forêt ainsi formée endurer la douce agression des jeunes pousses qui, après s'être hardiment insinuées au pied des grands troncs, s'accrochaient ensuite aux premières frondaisons, avant de vaillamment titiller les niveaux supérieurs et d'émerger au sommet pour faire partie de la canopée. Et voir le soleil. Elle se retrouva assise sur son lit, en nage. Et l'enfant dans la voiture ?... Pourquoi ces plages temporelles mélangées ?... Pourquoi Jean-Sébastien n'avait-il plus cette volonté de monter, de toucher les crêtes... cette curiosité de la vie ?

Auteur: MG

Info: Jean-Sébastien, 1998

[ analogie ] [ adultes-enfants ]

 

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gauche-droite

Considérons le cas du socialiste ardent. Il trouve qu'il y a beaucoup de mal dans notre monde et nous serons tous sans doute d'accord avec lui. Sa conclusion enthousiaste est que "le capitalisme" doit être remplacé par le "socialisme". Mais il est plus sûr de dire que, dans la plupart des cas, pour ce socialiste ce sera très difficile de définir l'un comme l'autre. L'idée la plus haute dans son esprit est qu'actuellement c'est "l'anarchie" ou la "jungle" et que par la suite il y aura ordre, justice et planification. Son adversaire, qui défend non pas le "capitalisme" mais l'économie de marché, expliquera que la théorie et une vaste expérience démontrent que le socialisme est plutôt susceptible d'être une amère déception. Il est fort probable qu'ils passeront leur temps à parler de manière antagonistique parce que le socialiste a à l'esprit des problèmes à résoudre tout à fait différents alors que son adversaire n'a jamais pensé que l'économie de marché devait être la réponse à tous ces problèmes, mais seulement l'une d'elles, en l'occurence le problème particulier de l'ordre économique. Il dira comme Shaw qu'"aucune personne saine d'esprit refuse de porter des lunettes parce qu'elle souffre d'un mal de dents".

Auteur: Röpke Wilhelm

Info: Freedom and Inflation

[ lucidité ]

 

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pornographie en ligne

"Vous l'avez déjà fait par téléphone ?" demanda-t-elle, les yeux brillants et enthousiastes.

"Fait quoi ?"

"Le grid", dit Alys. "Vous ne connaissez pas le réseau téléphonique ?"

"Non", admit-il. Mais il en avait entendu parler.

"Vos tropismes sexuels - ceux de tout le monde - sont connectés électroniquement et amplifiés, autant que vous soyez capable de le supporter. C'est addictif, parce qu'électroniquement amélioré. Les gens, certains d'entre eux en tout cas, s'y enfoncent tellement qu'ils ne peuvent plus en sortir ; toute leur vie tourne autour de cette activité hebdomadaire - ou, bon, même quotidienne ! - le rendez-vous avec ce réseau téléphonique. Ce sont des téléphones à images ordinaires, qu'on active par carte de crédit. C'est donc gratuit au départ ; les sponsors vous facturent une fois par mois et si vous ne payez pas, ils coupent votre téléphone du réseau".

"Combien de personnes," demanda-t-il, "sont impliquées dans cette opération ?"

"Des milliers."

"En même temps ?"

Alys opina. "La plupart d'entre eux le font depuis deux, trois ans. Et ils se sont détériorés physiquement - et mentalement - à cause de ça. Parce que la partie du cerveau où l'orgasme se situe est progressivement cramée....

Auteur: Dick Philip K.

Info: Flow My Tears, The Policeman Said. Doubleday. 1974

[ addiction ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

adn

Je ne connaissais pas les règles de Chargaff lorsqu'il les a énoncées, mais l'effet qu'elles ont eu sur moi a été tout à fait électrique, car j'ai immédiatement réalisé que si l'on avait ce type de schéma proposé par John Griffith, où l'adénine est appariée à la thymine et la guanine à la cytosine, alors on devrait obtenir les règles de Chargaff.

J'étais très enthousiaste, mais je n'en ai pas parlé à Chargaff parce que c'était quelque chose que je faisais avec John Griffith. Il y a eu une sorte d'effet de comédie musicale où j'ai oublié quelles étaient les bases et j'ai dû aller à la bibliothèque pour vérifier, et je suis retourné voir John Griffith pour savoir quels étaient les endroits qu'il avait mentionnés. Il s'est avéré que les idées de John Griffith correspondaient aux règles de Chargaff !

C'était très excitant, et nous nous sommes dit "ah ha !" et nous avons réalisé - je veux dire ce que toute personne familière avec l'histoire des sciences devrait réaliser - que lorsque vous avez des rapports de un à un, cela signifie que les choses vont ensemble. Je ne sais pas comment il se fait que personne n'ait relevé ce simple fait au cours de ces années-là.

Auteur: Crick Francis Harry Compton

Info: Extrait de la transcription du documentaire de VSM Productions, The DNA Story (1973). Extrait de la page web 'Chargaff's Rules', Linus Pauling and the Race for DNA sur le site scarc.library.oregonstate.edu

[ historique ] [ tétravalence ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

relire

Moi aussi, je ressens le besoin de lire à nouveau les livres que j'ai déjà lus, dit un troisième lecteur, mais à chaque relecture, il me semble que je lis un nouveau livre, pour la première fois. Est-ce moi qui change sans cesse et qui vois de nouvelles choses dont je n'avais pas conscience auparavant ? Ou bien la lecture est-elle une construction qui prend forme, assemblant un grand nombre de variables, et donc quelque chose qui ne peut être répété deux fois selon le même schéma ? Chaque fois que je cherche à revivre l'émotion d'une lecture antérieure, je ressens des impressions différentes et inattendues, et ne retrouve pas celles d'avant. À certains moments, il me semble qu'entre une lecture et la suivante il y a une progression : au sens, par exemple une meilleure pénétration de l'esprit du texte, ou l'accoissement de mon détachement critique. A d'autres moments, au contraire, j'ai l'impression de conserver  le souvenir des lectures d'un même livre comme séparées les des autres, enthousiastes ou froides ou hostiles, éparpillées dans le temps, sans perspective, sans fil conducteur. La conclusion à laquelle je suis arrivé est que la lecture est une opération sans objet ; ou que son véritable objet est lui-même. Le livre est une aide accessoire, voire un prétexte.

Auteur: Calvino Italo

Info: Si par une nuit d'hiver un voyageur

[ instable secondéité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

arts modernes

Si la machine est entrée en contact avec la sexualité, ce n’est pas pour collaborer avec elle mais pour puiser dans la violence que celle-ci accumule l’énergie dont elle a besoin ; pour faire de la danse un processus de transformation et, des danseurs eux-mêmes, des transformateurs dont la fonction et le devoir ne consistent qu’à transformer l’énergie animale en énergie mécanique.

[...] Dans la frénésie de la danse, la machine libère bien – puisque, dans son exigence autocratique, elle ne tolère aucune autre énergie – la puissance vitale excédentaire, mais elle ne la laisse se perdre qu’après s’être assurée que le processus de cette dépense emprunte la forme même de son mouvement mécanique. Les musiques qui accompagnent cette danse ont toujours une allure impersonnelle et automatique. La fureur de la répétition, qui neutralise en elles tout sentiment du temps et piétine toute temporalité, est la fureur du fonctionnement de la machine. Et la syncope qu’elles ont érigée en principe n’est peut-être pas seulement une caractéristique "musicale", quelque chose comme une "ritournelle". Elle est aussi le symbole de l’obstination sans faille avec laquelle le rythme de la machine pénètre littéralement celui du corps humain.

[...] ce que le danseur danse n’est plus seulement l’apothéose de la machine mais aussi, en même temps, une cérémonie d’abdication et de mise au pas, une pantomime enthousiaste de la défaite la plus absolue.

Auteur: Anders Günther Stern

Info: Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, pages 103-104, chapitre consacré au jazz

[ interprétation mécaniciste ] [ mise en conformité technologique ] [ critique ] [ anti ] [ transe mécanique ] [ rythme inhumain ] [ perfection électronique ] [ homme-machine ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

anecdote

Pendant toute la journée fatale de Waterloo, Napoléon n'a pas semblé au mieux de sa forme. Plusieurs témoins ont raconté qu'il reste dans une sorte d'apathie, ce qui avait déjà été le cas le jour de la bataille de la Moskova (7 septembre 1812).

On conjecture depuis sur la nature du mal qui l'avait frappé. Il est certain qu'il avait pris froid les jours précédents, marqués par de violents orages suivis de fortes chaleurs. Pour le reste, on ignore la nature exacte de l'indisposition qui le rendit si peu enthousiaste, même si de douloureuses hémorroïdes (affection courante chez les cavaliers) ont été évoquées plus tard par les généraux Gourgaud et Bertrand. On a aussi parlé d'une crise de dysurie, affection qui le poursuivait depuis des années. Quoi qu'il en soit, Henry Boucquéau, le propriétaire de la ferme du Caillou, où avait été installé son quartier général, le vit "gêné dans ses mouvements", "embarrassé dans sa démarche" et "écartant les jambes". Et de fait, il ne monta quasiment pas à cheval de la journée.

Le moins que l'on puisse écrire est qu'il resta en retrait des opérations, ce qui est fâcheux pour un commandant en chef un jour pareil. Il laissa Ney prendre des décisions qui auraient normalement relevé de sa seule compétence, dicta des ordres peu clairs et aurait mal lu les (mauvaises) cartes à sa disposition. De quoi expliquer une partie des causes de la défaite, sans autant minimiser l'excellence du choix tactique de Wellington et la ponctualité de Blücher. 

Auteur: Lentz Thierry

Info: Le Monde, sur Internet, Publié le 18/06/2015

[ historique ] [ varices douloureuses ]

 

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Ajouté à la BD par miguel