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destructivité

Il n’y a qu’une différence quantitative entre les guerres, faites par des armées professionnelles dans des espaces limités, et des guerres dirigées contre des populations entières à l’échelle de tout le globe ; entre l’utilisation des inventions techniques dans le but de libérer le monde de la misère, ou au contraire dans le but de la conquérir et de causer des souffrances ; entre le fait que des milliers de personnes sont massacrées dans des combats et que des millions sont scientifiquement exterminées avec l’aide de médecins et d’ingénieurs ; entre le fait que des exilés peuvent trouver refuge en traversant une frontière, ou qu’ils sont pourchassés tout autour de la terre ; entre le fait que des gens sont naturellement ignorants et le fait qu’ils sont rendus ignorants par une action quotidienne d’information et de divertissement. 

Auteur: Marcuse Herbert

Info: Dans "Eros et civilisation", trad. de l'anglais par Jean-Guy Nény et Boris Fraenkel, éditions de Minuit, Paris, 1963, page 95

[ guerre totale ] [ conflit permanent ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

prison

Le point capital, c’est qu’au bout de deux heures, tout nouvel arrivé à la maison de force est au même rang que les autres ; il est chez lui, il jouit d’autant de droit dans la communauté des forçats que tous les autres camarades ; on le comprend et il les comprend, et tous le tiennent pour un des leurs, ce qui n’a pas lieu avec le gentilhomme. Si juste, si bon, si intelligent que soit ce dernier, tous le haïront et le mépriseront pendant des années entières, ils ne le comprendront pas et surtout — ne le croiront pas. — Il ne sera ni leur ami ni leur camarade, et s’il obtient enfin qu’on ne l’offense pas, il n’en demeurera pas moins un étranger, il s’avouera douloureusement, perpétuellement, sa solitude et son éloignement de tous.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Souvenirs de la maison des morts

[ classes sociales ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

à dos d'hommes

Mais comment les navires qui voguent sur les lacs au coeur du continent africain sont-ils arrivés là ? Ils ont été démontés dans les ports de l'océan, les pièces chargées, transportées sur les têtes puis rassemblées sur les rives des lacs. C'est en pièces détachées que des villes entières, des usines, des équipements de mines, de centrales électriques, d'hôpitaux sont parvenus au fin fond de l'Afrique. Toute la civilisation technique du XIXè siècle a été transportée à l'intérieur de l'Afrique sur la tête de ses habitants.

Les habitants d'Afrique du Nord ou même du Sahara ont été plus chanceux : ils ont pu utiliser les bêtes de somme, les chameaux. Dans l'Afrique subsaharienne, le chameau ou le cheval n'ont jamais pu s'adapter, car ils étaient décimés par les mouches tsé-tsé ou par d'autres maladies des humides tropiques.

Auteur: Kapuscinski Ryszard

Info: Ebène - Aventures africaines

[ humaines fourmis ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

métropoles

C'est le profit qui attire les hommes dans ces immenses, anarchiques agglomérats que nous appelons les villes ; c'est le profit qui les y fait s'entasser dans des quartiers où l'on ne trouve ni jardins, ni espace ; c'est le profit qui empêche de prendre les plus élémentaires des précautions afin d'éviter que des régions entières suffoquent sous des nuages de vapeurs sulfureuses ; qui transforme de jolies rivières en égouts infects; qui condamne tous les hommes, à part les quelques riches, à habiter des taudis [...]. Quand les humains ne seront plus esclaves, il leur semblera évident d'exiger que chaque homme et chaque famille reçoivent un logement généreux, que chaque enfant puisse jouer dans un jardin près de chez ses parents, que les maisons bien tenues et soignées embellissent la nature plutôt que de la défigurer.

Auteur: Reclus Elisée

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[ pollution ] [ vie artificielle ] [ surpopulation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

expectative

Nos sociétés organisent habilement l'attente. Des gens font la queue des nuits entières pour le dernier modèle d'un ordinateur, des tickets de concert, des jeux vidéos, des articles soldés. Nous attendons le premier du mois devant les guichets de la RATP. Nous attendons devant les universités, à la caisse du supermarché, au téléphone, dans n'importe quelle administration. Au sud de la Méditerranée, devant les ambassades occidentales, les queues s'allongent dès l'aube pour un visa. Ailleurs, c'est la pénurie ou la guerre qui fait son travail. L'attente est un phénomène progressif et sournois, une activité en soi. Et pendant que nous attendons, par nécessité, besoin, désir ou mimétisme, nous ne nous révoltons pas. La ruse consiste à détruire chez les individus leur énergie, leur capacité à réfléchir, à s'opposer. Les réduire à des objectifs instantanés, aussi fugaces qu'une jouissance.

Auteur: Négar Djavadi

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[ patience ]

 

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déclic

Des vieillards assis au bord de l'étang nourrissaient les carpes ; des étudiants dessinaient les cerisiers en fleur dans leurs carnets de croquis ; sur les bancs, des couples déjeunaient d'un repas froid préparé à la maison ; des époux en jogging faisant leur parcours au pas de course ; des dames ramassaient les crottes de chien, des familles entières se promenaient. Toutes ces petites scènes entraient dans notre champ de vision, composant un tableau plein de béatitude. On aurait dit des figures de cire exposées dans un pavillon intitulé précisément Maison du bonheur.
Cependant, étrangement, plus ce qui nous entourait semblait représenter une image fidèle du bonheur, plus je sentais monter en moi une tristesse sans raison qui menaçait de me faire perdre l'équilibre, comme si j'avais à porter non seulement mon propre malheur, mais aussi celui des autres.

Auteur: Hitonari Tsuji

Info: L'arbre du voyageur

[ déprime ] [ littérature ]

 

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secteur secondaire

[...] le prolétariat "traditionnel", organisé et syndiqué, a en effet toutes les chances d’être le dernier à réagir, puisque c’est lui qui peut entretenir le plus longtemps l’illusion du travail "productif". Cette conscience d’être, par rapport à tous les autres, de véritables "producteurs", d’être quand même, fût-ce au prix de l’exploitation, à la source de la richesse sociale, cette conscience "prolétarienne", renforcée et sanctionnée par l’organisation, constitue certainement le plus sûr rempart idéologique contre la déstructuration du système actuel qui, loin de prolétariser des couches entières de la population, c’est-à-dire d’élargir l’exploitation du travail "productif", comme le veut la bonne théorie marxiste, aligne tout le monde sur le même statut de travailleur reproductif.

Les travailleurs "productifs" manuels vivent, plus que tout autre, dans l’illusion de la production – tout comme ils vivent leur loisir dans l’illusion de la liberté.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, page 55

[ référence matérielle trompeuse ] [ inertie ] [ virtualisation inapparente ] [ conservatisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

gamins

Les enfants tziganes, débraillés, flânaient rue Matejska en faisant la manche pour s'acheter de la barbe à papa et lorgnaient d'un œil envieux les enfants gadjé qui faisaient des tours de manège ou de balançoire. Les enfants tziganes s'arrêtaient près des vitrines des jouets ou devant la pâtisserie, alléchés par l'odeur de tartes qui sortaient du four et du chocolat chaud, le nez collé contre la vitrine derrière laquelle se bousculaient les petits gadjé avec leurs ours en peluche et leurs poupées, les garçons en blouse de marin et les filles en robe rose, avec des nœuds dans les cheveux ; [...] Face à une telle injustice, Andrejko n'arrivait pas à trouver le sommeil et passait des nuits entières à sangloter ; les doigts crispés sur la croix de sa mère, il écrasait ses larmes sur ses joues sales.


Auteur: Smaus Martin

Info: Petite, allume un feu...

[ romanichels ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

agonie

Chère Madame,
Votre fils Francis est mort au bois de Belleau pour rien. Vous serez contente d'apprendre qu'au moment de sa mort, il grouillait de vermine et était affaibli par la diarrhée. Ses pieds étaient enflés et pourris, ils puaient. Il vivait comme un animal qui a peur, rongé par le froid et la faim. Puis, le 6 juin, une bille de shrapnel l'a frappé et il est mort lentement dans d'atroces souffrances. Vous ne croirez jamais qu'il a pu vivre encore trois heures, mais c'est pourtant ce qu'il a fait. Il a vécu trois heures entières à hurler et à jurer tour à tour. Vous comprenez, il n'avait rien à quoi se raccrocher : depuis longtemps, il avait compris que toutes ces choses auxquelles, vous, sa mère, lui aviez appris à croire, sous les mots honneur, courage et patriotisme, n'étaient que des mensonges...

Auteur: March William

Info: Compagnie K

[ noirceur ] [ guerre ]

 

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histoire antique

Masinissa, roi des Libyens, et toujours fidèle aux Romains, vécut, jouissant de toutes ses facultés, pendant quatre-vingt-dix ans. En mourant, il laissa dix enfants, dont il confia la tutelle aux Romains. Masinissa était vigoureux de corps et exercé aux fatigues dès son enfance. Sur pied de bon matin, il restait toute la journée sans désemparer, et occupé aux mêmes travaux : une fois assis, il ne se levait de son siège qu’à la nuit ; une fois à cheval, il s’y tenait, sans se fatiguer, des journées entières. Ce qui prouvait la bonne constituation et la santé robuste de ce roi, c’est que, à près de quatre-vingt-dix ans, il avait un fils âgé de quatre ans d’une force remarquable. Il s’appliquait avec soin à l’agriculture, et laissa à chacun de ses fils un champ de dix milles plèthres en plein rapport. Il régna pendant soixante ans d’une manière distinguée.

Auteur: Diodore de Sicile

Info: Bibliothèque historique, XXXII, 24, trad. Ferdinand Hoefer

[ portrait ] [ description ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson