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personnage

Le général Sash avait cent quatre ans. […] Ses pieds étaient complètement morts maintenant, ses genoux grinçaient comme de vieux gonds, ses reins fonctionnaient quand bon leur semblait, mais son cœur continuait de battre avec une obstination farouche. Passé et avenir se confondaient dans son esprit, le premier tombé dans l'oubli et l'autre hors de portée de sa mémoire ; mourir n'avait guère plus de sens pour lui que pour un quelconque animal. Tous les ans, le jour du Souvenir des Confédérés, on l'empaquetait et on le prêtait au Musée du Capitole ; il y était exposé entre treize et seize heures, dans une salle qui sentait le moisi, pleine de vieilles photographies, de vieux uniformes, de vieux canons et de documents historiques, le tout soigneusement disposé dans des vitrines pour empêcher les enfants d'y toucher. Il portait son uniforme de général, celui du gala, et restait assis, rigide, le sourcil menaçant, sur une petite plate-forme entourée d'une corde. Rien ne suggérait qu'il fût en vie, sauf, de temps à autre, un mouvement de ses yeux laiteux et gris ; une fois pourtant, un gamin avait touché son épée : son bras s'était détendu et, d'une claque, avait repoussé la main de l'audacieux.

Auteur: O'Connor Flannery

Info: Les Braves Gens ne courent pas les rues

[ vieillard ] [ militaire ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

sacrifice humain

La Ghâya* nous apprend ce qui suit : un homme blond aux yeux bleus et attiré dans une salle du temple et il y est plongé dans un tonneau rempli d’huile de sésame. Il est enfermé dans le récipient de manière que seule sa tête dépasse. Il reste là pendant quarante jours et, pendant ce temps, il n’est nourri que de figues trempées dans l’huile de sésame. On ne lui donne pas une goutte d’eau. Par ce traitement son corps est macéré au point de devenir mou comme de la cire. On procède souvent à des encensements du prisonnier et on prononce sur lui des formules magiques. Pour finir, on lui tranche la tête au niveau de la première vertèbre cervicale tandis que le corps demeure dans l’huile. La tête est alors mise dans une niche sur un tas de cendre d’olives et elle est entourée de coton. Elle est de nouveau encensée et fournit des révélations sur la pénurie ou l’abondance des récoltes, sur les changements de dynasties et sur les événements à venir. Ses yeux voient mais ses paupières ne remuent plus. La tête leur manifeste aussi leurs pensées intimes. On lui aurait également posé des questions concernant les sciences et les métiers. 

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "Les racines de la conscience", trad. Yves Le Lay, éd. Buchet-Chastel, Paris, 1971, page 257, *Ghâyat al-hakim, ou Picatrix, traité arabe de magie et d'hermétisme (écrit vers l'an 1000)

[ oracle ] [ cérémonial divinatoire ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

variété

Il y avait là des illustrations, semblables à des joyaux de vie florale et aviaire, et on voyait de minuscules personnages lancés, sur des montures aux formes rebondies, à la poursuite de lions ou de gazelles, ou bien agenouillés devant des saints barbus dans des grottes de montagne. J'entrevis un couple de grues effectuant une parade nuptiale sur un tertre verdoyant, avant de passer à une jeune fille conversant avec son perroquet en cage et une autre écrivant une lettre à son bien-aimé lointain, puis à l'image d'un jeune homme épiant de derrière un arbre un groupe de jouvencelles se baignant dans une rivière, vêtues mais d'une manière transparente. Ici des éléphants, un howdah doré sur le dos, transportait des nobles vers un fort crénelé au sommet d'une colline, et là de menaçants nuages bleus apparaissaient, chassant les aigrettes blanches devant eux ; une jeune bayadère dansait dans une cour entourée de murs, un prince posait, une rose à la main, un autre montrait fièrement un faucon posé sur son poignet. Des chiens de chasse traquaient un cerf dans une forêt, suivis d'un chasseur armé d'un arc et de flèches. Un grand voilier appareillait. La foudre frappait. Des lignes d'exquise calligraphie couraient le long des bords, nommant, racontant.

Auteur: Desai Anita

Info: L'art de l'effacement, Le musée des ultimes voyages

[ littérature ] [ nature ]

 

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errance

Il n’y a pas deux collines identiques mais partout sur la terre la plaine est la même. Et je marchais par un chemin de plaine. Je me demandai, sans y attacher trop d’importance, si j’étais dans l’Oklahoma ou au Texas, ou bien dans la région qu’en littérature on appelle la pampa. Pas plus à droite qu’à gauche je ne vis la moindre clôture. Une fois de plus je répétai lentement ces vers d’Emilio Oribe :

Au milieu de l’interminable plaine panique

Là-bas près du Brésil,

qui vont croissant et s’amplifiant. Le chemin était défoncé. La pluie se mit à tomber. A quelque deux ou trois cents mètres j’aperçus la lumière d’une habitation. C’était une maison basse et rectangulaire, entourée d’arbres. L’homme qui m’ouvrit la porte était si grand qu’il me fit presque peur. Il était vêtu de gris. J’eus l’impression qu’il attendait quelqu’un. Il n’y avait pas de serrure à la porte. Nous entrâmes dans une vaste pièce aux murs de bois. Du plafond pendait une lampe qui répandait une lumière jaunâtre. La table avait je ne sais quoi de surprenant. Il y avait sur cette table une horloge à eau, comme je n’en avais jamais vu que sur quelque gravure ancienne. 



 

Auteur: Borges Jorge Luis

Info: Le livre de sable, "Utopie d'un homme qui est fatigué". Incipit

[ étrangeté ] [ steppe ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

grégarisme

La science vient de découvrir que ce sentiment de solitude n'est pas un effet de la dépression, mais une pathologie à part entière.

La solitude devrait être une priorité des autorités sanitaires. C'est un fléau contre lequel elles doivent lutter de toutes leurs forces, au même titre que la dépression. Pour l'instant, les médecins et les laboratoires ne s'occupent que de la dépression. (...)

La dépression reste un mal mystérieux, malgré tous les efforts fournis pour en percer la nature. Mais nous ignorons encore tout de la solitude. Les psychologues et les neurologues commencent à peine à étudier ses effets.

Mais qu'est-ce que la solitude au juste ?

Contrairement aux apparences, la solitude est un état psychique : l'individu éprouve un vide intérieur, il se sent rejeté par les autres.

Même une personne très entourée peut se sentir seule, car la solitude est avant tout une histoire de perception.

L'homme a besoin d'appartenance. Son désir impérieux d'établir des relations interpersonnelles le conduit à appartenir à un groupe social, à une tribu, peu importe. (...)

Mais bien plus impérieux encore est le désir d'appartenir à quelqu'un. Quand cela devient impossible, à la suite d'une rupture ou d'un enfermement, l'homme s'asphyxie. Car les humains supportent très mal la solitude.

Auteur: Punset Eduardo

Info: 101 raisons d'être optimiste

[ fondamentale socialisation ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

génocide

Les condamnés étaient convoyés des prisons moscovites à une ou deux heures du matin. Ils ne savaient pas où ils étaient transférés ni pourquoi. Le personnel de service de la zone de la mort entourée de barbelés comptait près d'une vingtaine de fonctionnaires du NKVD. À l'endroit où s'arrêtaient les fourgons cellulaires s'élevait un mirador, le territoire était éclairé par des projecteurs. Les prisonniers étaient parqués dans un grand baraquement où leur identité était soigneusement vérifiée, notamment au moyen des photographies de prison. Ils étaient emmenés, un par un, du baraquement, les exécutions se faisaient d'une balle dans la nuque, au bord du fossé. Trois ou quatre personnes étaient exécutées en même temps.
Les fosses d'exécution, longues de plusieurs dizaines de mètres, larges de près de trois mètres et profondes de plus de trois mètres, étaient creusées par une pelleteuse lourde Komsomolets. Le commando d'exécution avait à sa disposition une quantité illimitée de vodka. À l'aube, les bourreaux accomplissaient les formalités, signaient les procès-verbaux et recevaient un repas. Puis, ils étaient reconduits à Moscou, en priorité ceux qui étaient ivres morts.
Les cadavres étaient recouverts de terre par un bulldozer. En une nuit, de cent à trois cents personnes, voire plus, étaient abattues. Un procès-verbal de fin d'exécution daté du 28 février 1938 cite une liste de 562 personnes, mais il se peut que celle-ci contienne les noms des victimes tuées pendant deux nuits de suite.

Auteur: Kizny Tomasz

Info: La Grande Terreur en URSS 1937-1938

[ Europe ]

 

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rêverie

De hautes fougères flambent doucement, comme suspendues, portant leurs graines sous l’aile avant de les prodiguer autour d’elles. Les plantes s’élèvent-elles pour autre chose que ce don léger ? Ainsi voit-on des jeunes filles répandre le pollen de leurs regards. Mais le bois est désert. Je m’entends à peine avancer. Des pierres se sont éboulées parmi les aiguilles pourpres. Un ramier glisse du haut d’un arbre, descend obliquement, se pose : éventail de plumes grises qui s’ouvre sur le sol ; ou plutôt, morceau de silence détaché de l’espace. À moins que ce ne soit, sur mon cœur, un battement de paupières ? Que rien ne s’éloigne plus ! Les fougères, les roseaux tremblent.

Un grand serpent disparaît dans les hautes herbes jaunâtres.

Le silence pèse. Vais-je imaginer qu’une femme le dérange, qui approche entourée de ses cheveux, vais-je apprendre que ce sont des yeux qui ignorent le temps, et comment on marche quand on n’a ni regrets, ni désirs ? A-t-elle, pas plus liée par ses pieds au sol que la flamme à la bougie, le regard opaque (ou trop transparent) des bêtes ? Est-ce pourquoi elle aurait prêté l’oreille à l’une d’elles ? Le serpent nous répugne peut-être parce que nous savons son histoire. Elle, le voyait-elle seulement ? Ce n’était qu’un éclair paresseux ou une eau lente. Elle était encore prise dans le globe clos du jour : lequel de nos mots aurait-il eu un sens pour elle ? Sûrement pas danger, faute, mensonge…

Auteur: Jaccottet Philippe

Info: Paysages avec figures absentes

[ épiphanie ] [ Eurydice ] [ mirage ] [ nature ] [ femmes-par-homme ] [ question ]

 

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Ajouté à la BD par Plouin

fellation

Dans l'incapacité de payer son loyer, Yuzu serait donc condamnée à retourner au Japon, à moins peut-être qu'elle ne décide de se prostituer, elle avait certaines des capacités nécessaires, ses prestations sexuelles étaient d'un très bon niveau, en particulier dans le domaine crucial de la pipe, elle léchait le gland avec application sans jamais perdre l'existence des couilles, elle avait juste une lacune pour ce qui est de la gorge profonde, en raison de la petite taille de sa bouche, mais la gorge profonde n'était à mes yeux qu'une obsession de maniaques minoritaires, si l'on veut que sa bite soit entièrement entourée de chair eh bien il y a tout simplement la chatte, elle est faite pour ça, la supériorité de la bouche, qui est la langue, se voit de toute façon annulée dans l'univers clos de la gorge profonde, où la langue ipso facto privée de toute possibilité d'action, enfin ne polémiquons pas, mais le fait est que Yuzu branlait bien, et qu'elle le faisait volontiers, en toutes circonstances (combien de mes voyages en avion n'avaient-ils pas été embellis par ses surprenantes branlettes !), et surtout qu'elle était exceptionnellement douée dans le domaine de l'anal, son cul était réceptif et d'accès aisé, elle l'offrait d'ailleurs avec une parfaite bonne volonté, or l'anal, dans le domaine de l'escorting, se voit toujours appliquer un supplément tarifaire, elle pourrait même en réalité demander beaucoup plus qu'une simple pute avec anal...

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Sérotonine

 

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Ajouté à la BD par miguel

peur

Au cours des quarante-deux dernières minutes, Candice avait cru quatre-vingt-quatre fois sa dernière heure arrivée, soit deux fois par minutes. Le petit avion a hélices qui assurait la liaison entre Montréal et Bagotville, dans le Saguenay, au nord du Québec, avait rencontré pas mal de turbulences, et malgré l'assurance du pilote, qui avait promis plusieurs fois dans le micro que tout allait bien et qu'il s'agissait de vulgaires trous d'air, elle s’était rapidement persuadée que ce coucou serait son tombeau. Les yeux fermés, cramponnée aux accoudoirs de son siège et a moitié recroquevillée, elle avait passé toute sortes de marchés avec Dieu. Elle lui avait successivement promis de croire en Lui, d’arrêter de travailler quatre-vingt heures par semaine pour profiter de la vie, de manger du brocolis et du fromage de chèvre, de ne plus boire en semaine, de ne plus boire le week-end, de ne plus boire pendant les vacances, de faire l'effort d'aller a la rencontre de ses nouveaux voisins, d'accepter de garder son neveu même si elle trouvait que les bébés présentait autant d’intérêt que sa feuille d’impôts, bref, elle était prête a vendre son âme a Dieu pour ne pas mourir au-dessus d'une terre étrangère entourée d'inconnus. Dieu fut manifestement sensible a l'argument des brocolis - ou le pilote avait raison et ce n’était que des trous d'air sans conséquences- toujours est-il que l'avion se posa sans problème et avec seulement trois quart d'heure de retard sur la piste atterrissage du petit aéroport.

Auteur: Morelli Angéla

Info: Avis de tempête

[ promesses ] [ terreur ]

 

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pédagogie holistique

Le journal d’hier matin m’a fait chaud au coeur. La journaliste culturelle suédoise Ulrika Knutson y donnait une longue interview sous le titre "L’éducation peut se passer de livres". Elle y rappelait la coexistence, au début du XXe siècle, de l’éducation pratique et de l’éducation livresque. La méthode n’était pas réservée aux plus aisés, elle a même permis à la classe dite "inférieure" de développer ses compétences pratiques et esthétiques. Ce sont les mêmes compétences que beaucoup souhaiteraient aujourd’hui supprimer des programmes scolaires. Je suis convaincue que l’éducation devrait être plus rationnelle, plus rapide, et mieux prendre en compte les besoins du marché. Ulrika Knutson formule ainsi sa défense d’une éducation non livresque : "Nous ne sommes pas tous des lecteurs, mais nous pouvons tous nous former. On rencontre d’autres personnes, on écoute, on vit. Pour cette raison, je suis fascinée par ceux qui, au début du siècle dernier, ont mis l’accent sur le pouvoir du cerveau, du coeur et de la main."

Tout est dit. C’est ainsi ce que je voudrais répliquer aux sociologues qui nous parlaient des analphabètes, de ceux qui ignorent les théorèmes, les noms des plantes ou des animaux. Bien sûr, on peut apprendre toutes sortes de choses dans les livres, et c’est tant mieux. Mais la vie à laquelle j’aspire, c’est une union du cerveau, du coeur et de la main. C’est pour eux que je fais des recherches sur les neurosciences et que je me passionne pour tout et n’importe quoi. Pour eux que je vis intensément, entourée de nombreux amis. Pour eux que je tricote, nettoie, brode. Le cerveau, le coeur et la main.

 




Auteur: Antas Maria

Info: Faut que ça brille !

[ enseignement pratique ] [ apprentissage intégré ] [ intelligence multidimensionnelle ] [ travail manuel ] [ langage surévalué ] [ verbe surestimé ] [ transdisciplinarité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel