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processus créateur

Il [Mozart] écrivait d'un coup tout le morceau en notant d'abord les parties les plus importantes, par exemple, le premier violon, ensuite il ajoutait la basse puis les parties intermédiaires. Il est prouvé cependant que des parties très travaillées comme les passages rapides et contrapuntiques de certains quatuors ou de grandes symphonies ont fait l'objet d'un travail particulier. Landon dans son dictionnaire de Mozart mentionne l'existence d'esquisses pour la symphonie Jupiter, mais d'une façon générale le compositeur, selon l'expression "jetait sur le papier" ce qu'il entendait mentalement dans son intégralité. Cette possibilité, ce don, expliquent que l'ouverture de Don Giovanni ait été "écrite" à Prague entre minuit et six heures du matin la veille de la générale ; écrite, oui sans nul doute, avec les parties de chaque instrumentiste, mais il serait préférable de dire "autodictée" et composée mentalement sans doute depuis plusieurs jours. Pas besoin d'instrument, un bon stock de papier rayé, de bonnes plumes bien taillées, de l'encre noire suffisent [...] 

Auteur: Lechevalier Bernard

Info: Le cerveau de Mozart

[ musique classique ]

 

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langages en parallèle

– Mais de tel ou tel article, il doit bien exister les esquisses, les brouillons, les versions successives, non ? Ce serait une mine pour nous !

A. C. – Dans certains cas c’est évident. Par exemple, j’ai travaillé sur puisquePuisque est extrêmement intéressant dans la mesure où il n’existe pas dans toutes les langues. En allemand, il n’existe pas. À la rigueur da, peut-être, mais la différence avec weil est moins nette que celle entre puisque et parce que. Et en suédois, ça existe, mais sans trop exister ; j’ai fait toute une étude là-dessus. Et puis, au fur et à mesure j’en découvre d’autres, dans d’autres langues. Par exemple, il est intéressant de voir que, en islandais, il n’y avait pas de puisque. L’islandais en a fabriqué un assez tôt, en employant le mot fyrst, avec un y, qui veut dire premièrement. Et en fait, ce n’est pas premièrement. Ça veut dire : "ceci étant posé, et étant stable, il s’en suit que". Puis vous avez since en anglais, en italien c’est gia che, c’est gia, c’est-à-dire iam du latin, déjà ; si vous dites déjà, ça veut dire qu’il y a un désormais. Si déjà est acquis, ça veut dire que désormais l’acquis fait partie de ce qui se déroule et qui va se transformer, etc. Oui, vous voyez, il y a un gros dossier sur puisque. Mais pour revenir à fyrst, je ne savais pas comment l’utiliser. Alors, j’ai téléphoné à l’ambassade d’Islande, pour le leur demander. Et après j’ai lu Mireille de Mistral, et je me suis aperçu qu’en provençal, pour dire puisque, on dit d’abord. "D’abord je vous ai vu", ça veut dire "dès que je vous ai vu, dès lors que je vous ai vu, du moment que je vous ai vu, dans la mesure où je vous ai vu, puisque je vous ai vu". Et voyez, une fois de plus, vous vous apercevez que cette opération dont je viens de vous parler, je ne dirai sûrement jamais qu’elle est universelle, ça alors je laisse ça à d’autres…

Auteur: Culioli Antoine

Info: https://journals.openedition.org, 35, 2012, "Toute théorie doit être modeste et inquiète" Entretien avec Almuth Grésillon et Jean-Louis Lebrave

[ translangue ] [ traduction ] [ transposition ] [ quasi poésie ] [ conteur linguistique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

littérature

En avril 2008, Simone Baulez avait été appelée pour débarrasser l'appartement de l'Odéon. Voyant une cruche sur laquelle était inscrit "Simone et Cioran", un de ses déménageurs lui a fait une plaisanterie. "Je ne connaissais que le nom de Mme Boué. Quand je me suis aperçu qu'il s'agissait de l'écrivain, nous avons redoublé de vigilance et conservé tous les papiers", raconte-t-elle. "L'appartement était encore jonché de livres et de feuilles." Dans la cave, elle a trouvé "des tableaux, un carton de dessins et un buste de l'écrivain". Ainsi que ses journaux, courant jusqu'en 1980, entreposés derrière des tuyaux.
Biffures. Un trésor. Trente-sept cahiers à spirales écrits en rouge et bleu, surchargés de corrections, de biffures et de volutes découragées. Plusieurs états de son oeuvre majeure, De l'Inconvénient d'être né. Qu'il trouve, à la parution, "raté". Un titre, abandonné : "Nostalgie du déluge". Un premier jet, surgi d'une insomnie : "L'obsession de la naissance est le fruit des mauvaises nuits..." Les esquisses d'Ecartèlement et d'Aveux et anathèmes, ponctuées de ses aphorismes : "Dieu est un tortionnaire hors classe. Comment peut-il infliger des heures pareilles." "Ahurissement perpétuel... Je n'ai jamais été à l'aise dans l'être... Ne me séduit que ce qui me précède, les instants sans nombre où je ne fus pas... Le non-né est mon refuge..." (rayés par l'auteur). Il s'étonne de passer sans émotion devant une bouche d'égout où il a jeté un jour un manuscrit.
Des années plus tard, un commissaire-priseur, Me Vincent Wapler, parle à Simone Baulez d'une vente de manuscrits de Céline. "Je lui ai dit que j'avais des cahiers de Cioran, il m'a proposé de les joindre." Pour le tribunal, elle en avait tous les droits, ayant été mandatée pour "débarrasser complètement l'appartement des meubles et objets." Les brocanteurs ont un droit d'aubaine. Ce que l'intéressée résume par : "Ils n'avaient qu'à y descendre, à la cave !"
En outre, la donation faite à Doucet était problématique. Aucun acte n'évoquait les cahiers disparus. Philosophe, son exécuteur testamentaire, Yannick Guillou, de Gallimard, a fait observer que "sans la brocanteuse, ces manuscrits seraient perdus corps et biens". Ses défenseurs, Mes Claire Hocquet et Roland Rappaport, se demandent si Cioran aurait perçu "une lueur démentant son pessimisme dans ce sauvetage de son oeuvre par une chiffonnière". La Roumanie a déjà pris contact pour les acheter.
L'expert Thierry Bodin avait estimé l'ensemble à 150 000 euros il y a trois ans. Avec toute cette ampleur médiatique, le prix ne peut que grimper. Il pense aujourd'hui plutôt à un million d'euros. Ils se trouvent toujours sous bonne garde à Drouot. Quand on dit à la brocanteuse que c'est sans doute sa plus belle découverte, elle se fait évasive : "Ah, cela... Vous savez, si on ne faisait pas de trouvaille, on ne ferait pas ce métier".

Auteur: Noce Vincent

Info: sur Internet

[ héritage ]

 

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homme-animal

Chaque entrée du livre est indexée à un terme (Corps, Génie, Imprévisibles, Justice) et à une question provocatrice ("Les singes savent-ils singer ?" "Les oiseaux font-ils de l'art ?" "Peut-on conduire un rat à l'infanticide ?" "Les animaux font-ils des compromis ?"), ces couplages étranges se trouvent eux-mêmes rapportés aux cas empiriques (des éléphants thaïlandais qui peignent des esquisses devant les touristes, des pingouins aux identités sexuelles multiples, des pies menteuses, des orangs-outans qui lancent leurs selles à la tête des scientifiques, des perroquets qui ne répètent pas ce que l'on voudrait…) indifféremment extraits de corpus de recherches éthologiques ou de Youtube. L'auteure ne répond pas aux questions posées en début de chaque chapitre mais au contraire nous propose de la suivre dans ses hésitations, elle donne ainsi à voir différentes situations où ces questions reçoivent d'autres réponses que celles envisagées par les scientifiques (cf. V comme Versions) ces derniers étant bien souvent incapables de les recevoir pour la double raison qu'elles échappent aux dispositifs d'établissement de la preuve mais surtout qu'ils n'attendent aucune réponse qui puisse être formulée par les animaux eux-mêmes.

Parmi la foule d'exemples qui sont avancés, je proposerais d'en extraire simplement deux d'entre eux, pas les plus drôles, dont je laisse le plaisir de la découverte aux lecteurs du livre, mais sans doute ceux qui nous (êtres humains) concernent le plus. Le premier exemple se trouve à la lettre "S comme Séparations", sous-titré de "Peut-on mettre un animal en panne ?" ; y est examiné le régime de production de preuves qui a conduit à la formulation de la théorie de l'attachement par le psychologue Harry Harlow. "Le poison de l'héritage" d'Harry Harlow tient selon Vincianne en la manière dont le laboratoire expérimental a produit les preuves d'une des plus grandes évidences sensibles que nous avons en commun avec beaucoup d'animaux : l'affection. Pour parvenir à démontrer la nécessité vitale du lien tactile, Harlow a répété avec des rates, puis avec de petits macaques rhésus, des procédures de séparations d'avec leurs petits. De là, le type de questions qu'il pose sont les suivantes : que se passe-t-il si l'on affame la mère et qu'on lui donne le choix entre se nourrir et rejoindre son petit ? Que se passe-t-il si la mère est remplacée par un mannequin en tissu ? Que se passe-t-il si le mannequin est en métal et fournit du lait ? "L'expérience de séparation ne s'arrête pas à séparer des êtres les uns des autres, elle consiste à détruire, à démembrer et, surtout à enlever. Comme si c'était le seul acte qui puisse être accompli […] Apparaît alors le véritable fil qui guide cette histoire : celui d'une routine qui s'emballe et devient folle. Séparer les mères et leurs petits, puis séparer les mères d'elles-mêmes, dans leur propre corps, enlever les ovaires, les yeux, le bulbe olfactif". Cette fois-ci rien de drôle, bien au contraire. La science expérimentale apparaît comme une machine non plus simplement "à rendre bête" mais plus littéralement comme un appareil de torture. Le fait qu'à aucun moment Harry Harlow interroge ce que les dispositifs eux-mêmes induisent, que jamais ne soit imaginé qu'ils puissent largement "causer" le désespoir qu'ils sont précisément censés permettre d'enregistrer, fait dire à l'auteure que la théorie de Harlow ne tient qu'à une chose : "un exercice systématique et aveugle de l'irresponsabilité."

Le choix de donner à lire le court texte qui suit, extrait du roman Ennemonde de Jean Giono, est une tentative de poursuivre la déambulation (et le rire) de Vinciane Despret, parce que ni l'indignation à distance ni la tristesse ne le permettent. Le pari de la forme de poíêsis qu'elle propose dans son livre étant celui de la création possible de sens entre des formes de vie, pourquoi pas donc "fabuler" avec les errants de Giono et imaginer quelles étranges compositions communes pourraient en surgir ? 

"Le tueur s'installe dans la cour de la ferme. L'animal du sacrifice est amené malgré ses cris : chose étrange, il suffit au tueur de frotter ses couteaux l'un sur l'autre pour que le cochon se taise, d'un coup. Quand c'est un bon tueur. Mais généralement c'est un bon tueur, si on l'a choisi parmi les errants. Certains fermiers font venir des bouchers de profession. Les bouchers de profession ne sont pas de bons tueurs. Les bêtes n'acceptent pas la mort qu'ils apportent ; elles acceptent celle qu'apportent les errants ; si le boucher arrive à la ferme, serait-ce en simple visite d'amitié, la porcherie, la bergerie et même l'écurie sont en émoi. L'errant arrive avec ses couteaux : tout reste calme ; il y a juste un peu de gémissements, quand le grand moment approche. Si on cherche à savoir ce qu'il y a au fond de cet étrange comportement, on s'aperçoit qu'il s'agit purement et simplement de cérémonie ; qu'on soit promis au saucisson ou à la résurrection, la mort est le moment précis où le naturel revient au galop. Or, le boucher, c'est de la technique pure, rien ne compte pour lui à part les rapports poids de chair, poids d'argent ; l'errant vient du fond des âges, il vit, bras dessus, bras dessous avec la faim. On est sûr qu'avec lui les rites seront respectés : et, de fait, tout se passe avec une rapidité, une facilité, une politesse à faire envie. Déjà la bête saigne dans le seau, comme un baril dont on a le plus simplement du monde ouvert le robinet."

Auteur: Eliçabe Rémi

Info: A propos du livre de Vinciane Despret,  "Que diraient les animaux, si... on leur posait les bonnes questions ?" Paris, La Découverte, coll. "Les Empêcheurs de penser en rond", 2012

[ éthique ] [ morale ]

 

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