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philosophe-sur-philosophe

(…) Il nous faut avant tout comprendre ceci : pour Platon, l’exercice de la pensée philosophique est en même temps un exercice spirituel de formation de soi. Le processus de la pensée est par lui-même formateur de l’âme. Platon a beaucoup travaillé avec les pythagoriciens, pour lesquels les exercices mathématiques faisaient partie des méthodes tendant à la purification de l’âme. La conduite de la preuve mathématique était à leurs yeux une action purificatrice. Nous nous sommes trop éloignés aujourd’hui de cet usage du rationnel. Nombreux sont ceux qui se plaignent des programmes scolaires actuels : ils les trouvent intellectuellement trop chargés et ils leur reprochent de négliger la conscience morale, le sens de l’esprit et de la véritable liberté. Mais cela n’est vrai que pour les mauvais maitres. Il faut ici revenir à Platon : s’efforcer de penser juste, être prêt à abandonner une opinion antérieure parce qu’on a découvert qu’elle est fausse, ou incomplète, ou vraie seulement en partie, c’est se soumettre d’emblée à la vérité et se rendre disponible à la pensée d’autrui. Un tel exercice purifie l’âme, parce qu’elle apprend ainsi à préférer en tout temps le vrai à une certitude prétendue, et qu’elle est prête à essayer un point de vue nouveau. Dans ce sens, toute expérience de laboratoire peut être profondément éducatrice de l’âme. Une expérience qui soumet une théorie à l’épreuve des faits peut parfois — souvent — répondre : non. Alors, le chercheur se soumet. Bien plus : il recherche précisément l’expérience la plus défavorable à la théorie, afin que l’épreuve soit la plus sévère possible. Car le vrai, qu’il cherche, est plus important pour lui que le succès éventuel de sa théorie.

Préférer le vrai à son propre point de vue : toute la philosophie de Platon est plus qu’une doctrine : elle est un exercice à cette fin. 

Auteur: Hersch Jeanne

Info: L’étonnement philosophique, pp. 36-37 - Une histoire de la philosophie, Folio essais, n° 216, © 1981, 1993 - PLATON

[ Grèce antique ] [ quête ] [ exactitude ] [ discipline ]

 

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intraduisible

Sinologues et philologues ont longuement débattu de la signification du terme Tcheng Ming, que l'on trouve dans Confucius.

Ce terme est étrange, en effet : comme le constate un spécialiste cité par Etiemble, "il fait de la correction de l'écriture le premier principe d'un gouvernement, et voir dans les caractère fautifs l'origine des plus grâces désordres de l'Etat." Il s'agit bel et bien de calligraphier correctement, il s'agit de la "juste écriture" que nous appelons, en grec, "orthographe".

Mais dans ses "Entretien" (XIII), 3, le maître précise que si il était nommé ministre par l'empereur, il commencerait par "corriger les dénominations". Et ceci est encore le Tcheng Ming. "Quand les noms ne sont pas corrects, dit-il, le langage est sans objet. Quand le langage est sans objet, les affaires ne peuvent être menées à bien."

Enfin, Etiemble, après d'autres, rapporte cette notion au comportement même des personnes. On dit que la princesse Nan Tseu commettait l'inceste. Sa faute n'était pas celle-là, cependant, non plus que la luxure ou l'adultère : sa faute était de donner au fils la fonction du père, donc d'enfreindre les dénominations. "Que le souverain soit un souverain ; le sujet, un sujet ; le père, un père ; le fils, un fils."

Le Tcheng Ming ne fait donc qu'une seule et même chose de l'art de tracer correctement les signes écrits, de choisir la juste dénomination et d'occuper sa place légitime dans l'harmonie de l'univers. Le mot qui me manque, quoi que d'ampleur plus modeste, n'est pas étranger au Tcheng Ming. Il désignerai très précisément la superposition qui s'établit quelque fois entre le bon choix des mots, la réussite d'une phrase, d'un paragraphe, d'une page, avec l'intuition que cette mystérieuse réussite, qui marie indissolublement le fond et la forme, la rythmique et l'expression, la résonance et la pensée, y quelque chose à voir avec le vrai.

Il me semble que certains de nos classiques abondent en grâces de genre.

Auteur: Taillandier François

Info: Dictionnaire des mots manquant, page 179.

[ exactitude ] [ ordre intriqué ] [ citation s'appliquant à ce logiciel ] [ style ] [ précision terminologique ] [ sagesse ]

 

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art pictural

"Toute pensée exprimée est une supercherie." Dans la poésie, ce qui n'est pas dit et qui pourtant brille par la beauté du symbole, agit plus puissamment sur le cœur que ce qui est exprimé par des mots. Le symbolisme confère au style même la substance artistique d'une poésie inspirée, transparente, illuminée dans son entier comme les parois délicates d'une amphore en albâtre dans laquelle brûle une flamme.

Les personnages peuvent également servir de symboles. Sancho Pança et Faust, Don Quichotte et Hamlet, Don Juan et Falstaff, selon les mots de Goethe, sont des "schwankende Gestalten". (Formes fluctuantes)

Les apparitions qui hantent l'humanité, parfois de manière répétée d'une époque sur l'autre, l'accompagnent de génération en génération. Il est impossible de communiquer en quelque mot que ce soit l'idée de tels caractères symboliques, car les mots ne font que définir et restreindre la pensée alors que les symboles expriment l'aspect illimité de la vérité.

De plus, nous ne pouvons nous contenter de cette vulgaire exactitude de la photoqraphie expérimentale. Nous percevons et  avons la prémonition, selon les allusions de Flaubert, Maupassant, Turgenev, Ibsen, de mondes nouveaux et encore inconnus de notre impressionnabilité. Cette soif de l'inexpérimenté, en quête de nuances insaisissables, de l'obscur et de l'inconscient dans notre sensibilité, est le trait caractéristique de la poésie idéale à venir. Baudelaire et Edgar Allan Poe ont déjà dit que le beau doit quelque peu étonner, doit paraître inattendu et extraordinaire. Les critiques français ont plus ou moins réussi à nommer cette caractéristique : l'impressionnisme.*

Tels sont les trois éléments majeurs de ce nouvel art : un contenu mystique, des symboles et l'expansion de l'impressionnabilité artistique.

Pas de conclusion positiviste, aucun calcul utilitaire, mais seulement une foi créative en quelque chose d'infini et immortel pour enflammer l'âme de l'homme, créer des héros, des martyrs et des prophètes... Les gens ont besoin de foi, ils ont besoin d'inspiration, ils aspirent à quelque sainte folie dans leurs héros et leurs martyrs.

Auteur: Merejkovski Dimitri

Info: The Silver Age of Russian Culture: An Anthology. Sur les raisons du déclin et sur les nouvelles tendances de la littérature contemporaine. Trad Mg. *peinture apte à noter les impressions fugaces, la mobilité des phénomènes

[ historique ]

 

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environnementalisme

(Question de Michel.Dodeman. à propos du programme de seconde)

- Il n'existe pas à ma connaissance un cycle du CO2 mais un cycle du carbone. Toutes les publications que j'ai pu rechercher me confortent dans l'idée que les cycles biochimiques sont ceux du carbone, de l'oxygène, et de l'eau. Que doit-on enseigner : le cycle du CO2 tel qu'il est présenté dans le programme ou ce qui me semble l'exactitude scientifique c'est à dire le cycle des éléments ? 

Réponse (D'après des entretiens avec Philippe Gillet et Gérard Vidal,de l'École Normale Supérieure de Lyon).

- Dans ce cycle, on suit le devenir d'un atome de carbone, mais ce carbone ne se déplace ou ne s'accumule pas sous sa forme minérale C. Il fait toujours partie (hors graphite et diamant) d'une molécule ou d'un ion (carbonate, hydrogénocarbonate, molécule organique, dioxyde de carbone...), le charbon étant intermédiaire entre le carbone organique et minéral. Les passages d'un réservoir à l'autre se font, la plupart du temps, sous forme de CO2 ou des ions associés (CO32- ou HCO3-).

Les deux dénominations considèrent pour l'une l'atome commun, pour l'autre la molécule (ou l'ion) vecteur des échanges entre réservoirs. Quelle que soit la façon dont nous nommons ce cycle, le vrai problème est de savoir quelles limites on doit fixer et surtout comment ne négliger aucune partie de ce cycle.

Les commentaires officiels précisent qu'on souhaite que les élèves puissent comprendre les causes de variations du CO2 atmosphérique et les temps caractéristiques à l'intérieur de son cycle. On introduit ainsi les notions de couplage lithosphère-biosphère-atmosphère-hydrosphère. Ainsi, à travers l'exemple du cycle du CO2 et l'identification des réservoirs qui le contiennent sous différentes formes chimiques, on peut entrevoir la complexité des systèmes couplés avec l'atmosphère terrestre.

On peut également entamer une discussion sur l'effet des émissions de CO2 dans l'atmosphère par l'activité industrielle, en montrant que la quantité de CO2 anthropique ne se retrouve pas intégralement dans l'atmosphère. Ce qui signifie qu'une partie du CO2 est intégrée dans d'autres réservoirs (l'océan, la biosphère...) à des échelles de temps courtes.

Auteur: Internet

Info: Sur https://planet-terre.ens-lyon.fr/ Janvier 2000. Initié par Benoît Urgelli

[ Gaïa ] [ éducation ]

 

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extraterrestre

Les OVNIS nous mettent en face de cette problématique que nous appelons la réalité.
Pour nous, surtout pour la science, il y a un besoin de stabilité et de possibilité de répétition. Pouvoir mettre l'objet dans un bocal ou au moins le faire ressurgir à volonté afin de l'observer sous plusieurs angles.
Si c'est impossible, alors nous passons à la notion de témoignage de "quelque chose qui s'est passé". En commençant par : testis unus, testis nullus. C'est pourquoi quand il y a une autre observation qui vient corroborer la première, on se rapproche alors un peu de la notion d'exactitude.
Nous avons besoin de plusieurs angles de vue.
Un peu comme en musique où on peut expliquer un accord donné de plusieurs manières. D'abord via la définition des intervalles qui le composent et donc des rapports de fréquences en son sein. Ou alors en en parlant comme d'une couleur (majeur, mineur, lumineux, sombre, etc...). On peut aussi l'expliciter en terme de fonction par rapport à notre harmonie tonale (dominante, sous-dominante ou tonique) ou de sa place dans nos modes principaux (degré x ou y). Eventuellement en vertu de la gamme qu'il implique ou génère... Certains chercheurs autour des années 2000 se sont amusés à cataloguer les accords en terme de rugosité, c'est à dire du plus au moins harmonieux (étant entendu qu'une octave est plus agréable qu'un triton, etc...). Et d'autres encore.
Maintenant le témoin-auditeur d'un accord donné peut aussi être trompé par tout un tas de facteurs. Je n'en citerai que trois ici.
Le timbre : un accord majeur est plus facile à entendre venant d'un piano que de trois cailloux accordés.
La hauteur : il est plus difficile d'"entendre" dans le très grave ou le très aigu.
La situation : l'accord, pas assez isolé, était pollué par une autre source. Ou mal perçu dû à l'incompétence de l'auditeur. Ou trop court dans sa durée d'émission pour être identifié...
Les notions de vérité, d'exactitude et de réalité sont fantastiques à étudier. Parce que nous sommes compliqués et que nous aimons les expliciter comme des objets fixes et immuables alors que notre environnement n'est qu'un bouillonnement où rien ne se répète jamais à l'identique.

Auteur: Mg

Info: 6 janvier 2014

[ spéculation ] [ quête ] [ relatif ]

 

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monastère

L’ensemble des constructions de la Grande Chartreuse couvre une étendue de cinq hectares et ses bâtiments sont abrités par quarante mille mètres carrés de toiture. Au seul point de vue topographique, ces chiffres justifient suffisamment l’épithète de grande inséparable du nom de Chartreuse, quand on veut désigner ce caput sacrum de toutes les chartreuses de la terre. On dit la Grande Chartreuse comme on dit Charlemagne.



Écrasée une première fois par une avalanche, au lendemain de sa fondation, et reconstruite presque aussitôt sur l’emplacement actuel, moins exposé à la chute des masses neigeuses ; saccagée deux fois de fond en comble par les calvinistes et les révolutionnaires, cette admirable Métropole de la Vie contemplative a été incendiée huit fois en huit siècles. Ces huit épreuves par le feu, symbole de l’Amour, rappellent à leur manière les huit Béatitudes évangéliques, qui commencent par la Pauvreté et finissent par la Persécution.



Enfin, le 14 octobre 1792, la Grande Chartreuse fut fermée par décret de l’Assemblée nationale et rouverte seulement le 8 juillet 1816. Pendant vingt-quatre ans, cette solitude redevint muette, de silencieuse qu’elle avait été si longtemps, muette et désolée comme ces cités impies de l’Orient que dépeuplait la colère du Seigneur.



C’est qu’il lui fallait payer pour tout un peuple insolvable que pressait l’aiguillon du châtiment, en accomplissement de cette loi transcendante de l’équilibre surnaturel, qui condamne les innocents à acquitter la rançon des coupables. Nos courtes notions d’équité répugnent à cette distribution de la Miséricorde par la Justice. Chacun pour soi, dit notre bassesse de cœur, et Dieu pour tous. Si, comme il est écrit, les choses cachées nous doivent être révélées un jour, nous saurons, sans doute à la fin, pourquoi tant de faibles furent écrasés, brûlés et persécutés dans tous les siècles ; nous verrons avec quelle exactitude infiniment calculée furent réparties, en leur temps, les prospérités et les douleurs, et quelle miraculeuse équité nécessitait passagèrement les apparences de l’injustice !



Chose digne de remarque, la Grande Chartreuse continua d’être habitée. Un religieux infirme y resta et n’y fut jamais inquiété, bien qu’il portât toujours l’habit. Le 7 avril 1805, — c’était le dimanche des Rameaux, — on le trouva mort dans sa cellule, à genoux à son oratoire : il avait rendu son âme à Dieu, en priant.



[…] Aujourd’hui, la Grande Chartreuse est aussi prospère que jamais. Les innombrables voyageurs peuvent rendre témoignage de l’étonnante vitalité de cette dernière racine du vieux tronc monastique, que quatre révolutions et quatre républiques n’ont pu arracher du sol de la France.

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, pages 102-104

[ historique ] [ signes d'élection ] [ communion des saints ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

points de vue

Un jour de grand soleil, six aveugles instruits et curieux, désiraient, pour la première fois, rencontrer un éléphant afin de compléter leur savoir.

Le premier s’approcha de l’éléphant, et près de de son flanc vaste et robuste, il s’exclama : "Dieu me bénisse, un éléphant est comme un mur !".

Le deuxième, tâtant une défense s’écria "Oh ! Oh ! rond, lisse et pointu!, selon moi, cet éléphant ressemble à une lance !".

Le troisième se dirigea vers l’animal, pris la trompe ondulante dans ses mains et s'écria : "Pour moi, l’éléphant est comme un serpent".

Le quatrième tendit une main impatiente, palpa le genou de l'éléphant et décida qu’un éléphant devait ressembler à un arbre !

Le cinquième ayant touché par hasard l’oreille de l'éléphant, dit : "Même pour le plus aveugle des aveugles, cette merveille d’éléphant est comme un éventail !"

Le sixième chercha à tâtons l’animal et, s’emparant de la queue qui balayait l’air, perçu quelque chose de familier : "Je vois, dit-il, l’éléphant est comme une corde !"

Les 6 aveugles discutèrent longtemps avec passion, chacun défendant sa perception de ce que pouvait être un éléphant. Ils avaient bien du mal à s'entendre.

Un sage qui passait par là les entendit se disputer et demanda : "Que se passe t-il quel est l'objet de vos échanges si passionnés ?"

"Nous n'arrivons pas nous à mettre d’accord sur ce que peut être un éléphant, et à quoi il peut ressembler !"Chaque aveugle expliqua sa perception de ce que pouvait être un éléphant.

Après avoir écouté chaque aveugle, le sage dit : "Vous avez tous dit vrai ! Si chacun de vous décrit l’éléphant de façon si différente, c’est parce que chacun a touché une partie différente de l’animal. L’éléphant a réellement les caractéristiques que vous avez tous décrit. Et si vous rassemblez l'ensemble des caractéristiques de ce que vous avez données, vous pouvez avoir une représentation de l'animal dans son ensemble."

"Oooooooh !" s'exclama chacun. Et la discussion s’arrêta net ! Ils furent tous heureux d’avoir dit la réalité, car chacun détenait une part de vérité, et heureux d'avoir contribué à la construction d'une réalité plus grande, une réalité plus grande que la seule addition des caractéristiques apportées par chaque aveugle. La vérité n’est jamais le résultat d'un seul point de vue ou d'une seule perception. Une vérité nouvelle peut émerger des mises en commun des vérités individuelles. De cette mise en commun peut naître une perception globale qui inclut et transcende l'ensemble des vérités individuelles. C'est le principe de la collaboration générative.

Auteur: Internet

Info: Les aveugles et l’éléphant. Conte traditionnel hindou jaïniste où ce concept est nommée " syādvāda ”, “ anekāntavāda ”, ou théorie des affirmations multiples.

[ facettes ] [ relativité ] [ exactitude ] [ comptine ] [ septénaire ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

exactitude

Avant d'aborder quelques constatations théoriques sur le langage, le sens et la vérité, il faut examiner de plus près le concept sous un angle historique. Tout d'abord la classification d'un grand nombre de philosophes du 20e siècle en deux grands camps opposés est, au mieux, une entreprise hasardeuse. Les philosophes sont des individualistes notoires et les écoles ou mouvements philosophiques sont, pour cette raison, caractérisés aussi souvent par leurs tensions et divisions internes que par leurs accords. Mais le langage, le sens et la vérité, sont des préoccupations omniprésentes dans la pensée du 20e siècle - au-delà des frontières des écoles individuelles - et que les différences dans la façon dont ces concepts sont compris deviennent parfois définitives pour certaines écoles philosophiques. On notera aussi qu'une grande partie de la philosophie du 20e siècle montre un intérêt particulier pour le concept de vérité, dû à une insatisfaction à grande échelle de la conception classique de la vérité en tant que correspondance, et que différents philosophes cherchent à appréhender le concept de vérité de manière très différente. Une brève liste de ce que les philosophes et groupes de philosophes ont dit sur la vérité rend cela évident :

Les pragmatistes : la vérité est l'utilité.

Nietzsche : la vérité est interprétation.

Frege : la vérité est simple et indéfinissable et ne ressemble à aucun autre prédicat.

Moore et Russell à leurs débuts : la vérité est simple, indéfinissable et exactement comme tout autre prédicat.

Les positivistes logiques : il faut remplacer le concept de vérité par celui de vérification/falsification.

Heidegger : la vérité est la non-divulgation (a-letheia qui, selon Parménide, oppose le domaine de la Vérité - alètheia - à celui de l'opinion, ou doxa. Selon les Définitions jointes aux manuscrits de Platon, l’alètheia est la "disposition qui permet l’affirmation et la négation". Selon Parménide, on peut opposer le domaine de la Vérité alètheia à celui de l'opinion, ou doxa

Wittgenstein à ses débuts : la vérité est un miroir, mais dire cela n'a vraiment aucun sens.

Wittgenstein plus tard : les tentatives de caractériser la vérité sont vides.

Foucault : la vérité est un système de procédures liées dans une relation circulaire au pouvoir.

Ces variations montrent non seulement l'intensité des discussions sur le concept de vérité, mais aussi qu'on ne peut pas facilement réduire cette multiplicité à une opposition entre ceux qui considèrent que la vérité est définissable et ceux qui ne le font pas. Le caractère définissable ou indéfinissable de la vérité n'est qu'une des questions qui divisent les philosophes. Des divisions tout aussi fondamentales découlent de la question de savoir si la vérité doit être considérée comme un concept sémantique, pragmatique ou ontologique.

Une autre division fondamentale semble exister entre ceux qui veulent adhérer à une certaine notion de la vérité et ceux, comme les positivistes logiques, qui cherchent à la mettre de côté comme un résidu de la métaphysique traditionnelle.

Auteur: Hintikka Jaakko

Info: Tel que rapporté par Hans Sluga sur http://www.truthandpower.com/

[ étymologie ] [ relativité ] [ langage ] [ mathématiques ] [ synthèse ] [ aléthique ] [ triade ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

art traditionnel

On peut dire, d’une façon générale, que le théâtre est un symbole de la manifestation, dont il exprime aussi parfaitement que possible le caractère illusoire ; et ce symbolisme peut être envisagé, soit au point de vue de l’acteur, soit à celui du théâtre lui-même. L’acteur est un symbole du "Soi" ou de la personnalité se manifestant par une série indéfinie d’états et de modalités, qui peuvent être considérés comme autant de rôles différents ; et il faut noter l’importance qu’avait l’usage antique du masque pour la parfaite exactitude de ce symbolisme. Sous le masque, en effet, l’acteur demeure lui-même dans tous ses rôles, comme la personnalité est "non-affectée" par toutes ses manifestations ; la suppression du masque, au contraire, oblige l’acteur à modifier sa propre physionomie et semble ainsi altérer en quelque façon son identité essentielle. Cependant, dans tous les cas, l’acteur demeure au fond autre chose que ce qu’il paraît être, de même que la personnalité est autre chose que les multiples états manifestés, qui ne sont que les apparences extérieures et changeantes dont elle se revêt pour réaliser, selon les modes divers qui conviennent à leur nature, les possibilités indéfinies qu’elle contient en elle-même dans la permanente actualité de la non-manifestation. 

Si nous passons à l’autre point de vue, nous pouvons dire que le théâtre est une image du monde : l’un et l’autre sont proprement une "représentation", car le monde lui-même, n’existant que comme conséquence et expression du Principe, dont il dépend essentiellement en tout ce qu’il est, peut être regardé comme symbolisant à sa façon l’ordre principiel, et ce caractère symbolique lui confère d’ailleurs une valeur supérieure à ce qu’il est en lui-même, puisque c’est par là qu’il participe d’un plus haut degré de réalité. En arabe, le théâtre est désigné par le mot tamthîl, qui, comme tous ceux qui dérivent de la même racine mathl, a proprement les sens de ressemblance, comparaison, image ou figure ; et certains théologiens musulmans emploient l’expression âlam tamthîl, qu’on pourrait traduire par "monde figuré" ou par "monde de représentation", pour désigner tout ce qui, dans les Écritures sacrées, est décrit en termes symboliques et ne devant pas être pris au sens littéral. Il est remarquable que certains appliquent notamment cette expression à ce qui concerne les anges et les démons, qui effectivement "représentent" les états supérieurs et inférieurs de l’être, et qui d’ailleurs ne peuvent évidemment être décrits que symboliquement par des termes empruntés au monde sensible ; et, par une coïncidence au moins singulière, on sait, d’autre part, le rôle considérable que jouaient précisément ces anges et ces démons dans le théâtre religieux du moyen âge occidental.

 Le théâtre, en effet, n’est pas forcément borné à représenter le monde humain, c’est-à-dire un seul état de manifestation ; il peut aussi représenter en même temps les mondes supérieurs et inférieurs. Dans les "mystères" du moyen âge, la scène était, pour cette raison, divisée en plusieurs étages correspondant aux différents mondes, généralement répartis suivant la division ternaire : ciel, terre, enfer ; et l’action se jouant simultanément dans ces différentes divisions représentait bien la simultanéité essentielle des états de l’être. Les modernes, ne comprenant plus rien à ce symbolisme, en sont arrivés à regarder comme une "naïveté", pour ne pas dire comme une maladresse, ce qui avait précisément ici le sens le plus profond ; et ce qui est étonnant, c’est la rapidité avec laquelle est venue cette incompréhension, si frappante chez les écrivains du XVIIe siècle ; cette coupure radicale entre la mentalité du moyen âge et celle des temps modernes n’est certes pas une des moindres énigmes de l’histoire.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "Aperçus sur l'initiation", Éditions Traditionnelles, 1964, pages 188 à 190

[ transposition analogique ] [ historique ] [ signification ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

homme-animal

Des poissons plus méfiants remettent en cause les méthodes de surveillance des stocks de poissons.
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime que près de 70 % des stocks halieutiques sont pleinement exploités voire surexploités. Mais ce n'est peut-être qu'un tour joué par des poissons méfiants... La surexploitation industrielle est certainement un problème, mais une étude sur la pêche de loisir conduite par des scientifiques de l'UE sur les côtes de Majorque soulève quelques doutes sur l'exactitude des outils actuels utilisés pour la surveillance des stocks halieutiques.
Le tourisme représente 80 % de l'économie de l'île de Majorque, mais ce ne sont ni les plages ensoleillées ni les beaux paysages qui ont attiré Josep Alós et Robert Arlinghaus. Depuis janvier 2014, les deux scientifiques étudient les populations de poissons de la région, grâce à de nouveaux modèles mathématiques et méthodes de suivi. Et leurs découvertes sont plutôt déconcertantes. En effet, il semblerait que plus les pêcheurs sont nombreux, moins les poissons ont tendance à mordre à l'hameçon.
Pour arriver à ce résultat, les chercheurs ont étudié le comportement de deux poissons, le Serranus scriba (le Serran ou perche de mer), un carnivore, et le Diplodus annularis (le Sparaillon), un alguivore. Les études ont concerné 54 emplacements présentant les mêmes caractéristiques d'habitat mais soumises à différentes pressions de pêche à la ligne. Pendant la pêche, une caméra vidéo sous-marine autonome enregistrait le comportement des poissons.
Si je me fais avoir une fois...
Logiquement, la perche de mer, qui ne peut réfléchir trop longtemps avant d'attaquer une proie mobile, devait être plus agressive que le sparaillon envers les appâts. Mais les faits ont rapidement remis cette hypothèse en question: les poissons étaient effectivement plus agressifs lorsque les pêcheurs étaient rares, mais ils devenaient de plus en plus prudents avec l'augmentation du nombre d'appâts. Selon l'équipe, ce comportement évolutif peut s'expliquer par une sélection génétique vers une méfiance renforcée ainsi que par l'expérience, entraînant ainsi une diminution des prises.
Ces résultats sont en contradiction avec une étude précédente des deux scientifiques, qui s'était limitée à surveiller les méthodes standard de pêche à la ligne et avait conclu que les zones marines protégées contenaient des poissons plus nombreux et plus gros que les zones très exploitées. Le comportement du sparaillon, quant à lui, ne semblait pas affecté par ce changement.
"Ces résultats suggèrent que la pêche récréative pourrait aboutir à une situation apparente d'une forte réduction des prises mais sans changement réel dans la population des poissons, où le taux de prises décline plus vite que l'abondance des poissons", déclare Josep Alós, chercheur au Leibniz-Institute of Freshwater Ecology and Inland Fisheries et co-auteur de l'étude.
Cela veut-il dire que la diminution des stocks halieutiques, constatée à l'échelle mondiale, résulterait en fait d'un comportement plus méfiant des poissons? "Les rapports sur le déclin considérable des populations de poissons dans les océans s'appuyant uniquement sur les données provenant des pêcheries comme la pêche à la palangre du thon, de la morue ou de l'espadon pourraient donc s'expliquer par un comportement plus prudent de ces poissons. Nous devons revoir notre système de surveillance des stocks de poissons et tenir compte des possibles changements de comportement. Il se peut que certaines zones très exploitées contiennent en fait plus de poissons que nous le pensons", conclut Robert Arlinghaus, directeur de l'étude et chercheur à la Humboldt-Universität zu Berlin.
L'étude a été financée dans le cadre du projet FISH&FISHERS, qui cherche à améliorer les estimations de mortalité des poissons en étudiant les interactions spatiales entre les poissons et les pêcheurs. L'équipe espère que ses résultats contribueront à mieux protéger les écosystèmes marins, à préserver la biodiversité, et à renforcer la durabilité des pêcheries.

Auteur: Internet

Info: The role of the behavioural interactions between fish and fishers on fisheries sustainability, From 2014-01-01 to 2015-12-31, closed project

[ causes-effets ]

 

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