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torture

Avec le même soin que j’emploie à disposer mes arrosoirs pour les martins ou des mangeoires secrètes dans les fourrés pour les coqs des bois, je place la tortue sur le dos. Je la cale avec des pierres, longuement, de telle façon qu’elle ne puisse se retourner – pour un peu je maçonnerais. Je la cale et la regarde. Peut-être que je l’aime alors, d’un immonde amour ? Millimètre après millimètre, j’introduis mon canif dans la membrane assez molle qui lui recouvre le ventre. Je transpire lourd. Je suis heureux. J’enfonce la lame juste assez pour que ce soit une blessure mortelle mais lente. Ah, je sais m’arrêter ! Je connais ce moment à un degré de jouissance qui ne pourrait être dépassé. Deux jours maintenant, trois, la tortue agonisera. Elle mourra chaque jour, d'un jour de mort. Elle cuira - par sa plaie. Dans cette plaie le soleil se glissera et tout en même temps pesant et léger et abominable et tendre, ne faisant jamais plus que la tâche quotidienne, mesuré, caressant, il saccagera le corps, montant à mesure vers le cœur, vers les déserts de la soif de l'estomac, tous rayons pointés, tel un porc-épic d'or. Je sais cela. C’est presque comme si je le vivais. Quand ce n’est pas la saison des vanilliers, je reviens souvent au crépuscule pour contempler ma moribonde et j’ai d’admirables ruses pour exciter en elle un appétit d’espérance, avec des feuilles, de la mousse ou même de l’eau, afin qu’elle meure plus lentement et plus sombrement encore. Quand les vanilliers sont en leurs fleurs ou, parfois, au début de leurs fleurs, quelque chose m’en empêche – une sorte de honte... Une seule fois, j’ai manqué mon coup. C’était dans le haut de la colline. La tortue réussit à se libérer. Lorsque je montai le lendemain, elle avait disparu. J’en tombai malade.

Auteur: Masson Loys

Info: "Les tortues", éditions de l'Arbre vengeur, 2021, pages 28-29

[ agonie ] [ homme-animal ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophe des lumières

Je n'entends point d'ailleurs contester son mérite dramatique, je m'en liens à ma première observation : dès que Voltaire parle en son nom, il n'est que joli, rien ne peut l'échauffer, pas même la bataille de Fontenoi. Il est charmant, dit-on : je le dis aussi, mais j'entends que ce mot soit une critique. Du reste je ne puis souffrir l'exagération qui le nomme universel. Certes je vois de belles exceptions à cette universalité. Il est nul dans l'ode : et qui pourroit s'en étonner ? l'impiété réfléchie avoit tué chez lui la flamme divine de l'enthousiasme ; il est encore nul et même jusqu'au ridicule dans le drame lyrique, son oreille ayant été absolument fermée aux beautés harmoniques comme ses yeux l'étoient à celles de l'art. Dans les genres qui paraissent les plus analogues à son talent naturel, il se traîne : ainsi il est médiocre, froid, et souvent (qui le croiroit ?) lourd et grossier dans la comédie ; car le méchant n'est jamais comique. Par la même raison, il n'a pas su faire une épigramme, la moindre gorgée de son fiel ne pouvant couvrir moins de cent vers. S'il essaie la satire, il glisse dans le libelle; il est insupportable dans l'histoire, en dépit de son art, de son élégance et des grâces de son style ; aucune qualité ne pouvant remplacer celles qui lui manquent et qui sont la vie de l'histoire, la gravité, la bonne foi et la dignité. Quant à son poëme épique, je n'ai pas droit d'en parler : car pour juger un livre, il faut l'avoir lu, et pour le lire il faut être éveillé. Une monotonie assoupissante plane sur la plupart de ses écrits, qui n'ont que deux sujets, la bible et ses ennemis : il blasphème ou il insulte. Sa plaisanterie si vantée est cependant loin d'être irréprochable : le rire qu'elle excite n'est pas légitime ; c'est une grimace. 

Auteur: Maistre Joseph de

Info: Dans "Les soirées de Saint Petersbourg", Quatrième entretien, 1836, pages 189-190

[ jugement dépréciatif ] [ prosateur sarcastique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

pornographie

- Le "spécial" ?
- Le "spécial", j'ai rien contre. Non, c'est le fait qu'on peut toucher qui me plaît pas. Y a pas, un bain turc, cela doit être un bain turc et pas autre chose.
Ce que je veux dire, c'est que les filles qui bossent dans un sauna c'est des techniciennes, quoi. Leurs dix doigts, ils doivent leur servir à exciter les zones sensibles des mecs pour leur procurer du plaisir, c'est comme ça que ça devrait se passer, normalement. Seulement voilà, elles se font titiller, hein, et ça je dis que c'est une façon de camoufler leur manque de savoir-faire, tiens, c'est comme qui dirait un cuisinier qui non seulement n'utiliserait pas de bonite séchée ni de laminaires pour son bouillon mais qui te ferait passer tout ça à coups d'assaisonnements chimiques. Une fois qu'elles se sont laissées mettre le doigt, c'est au tour du gars à réclamer plus et d'une chose l'autre, on en arrive à quoi, dis-moi ? Eh oui, à la baise, ni plus ni moins. Non, ça va pas, alors pas du tout, j'admets pas que le "spécial" devienne un machin dans ce genre, sinon qu'est-ce que ça voudra dire "un bain turc", je te demande un peu ? Y'a des putes pour ça ! Non, voilà, tu t'allonges sur la table de massage, là, un peu comme un bébé si tu veux, et tu laisses faire l'autre sans jamais intervenir, les yeux fermés, sans penser à rien : la tête qu'a la fille ? A quoi elle pense ? rien à chiquer. Sentir ses doigts qui se promènent à la découverte d'un point vital viril que tu te connaissais pas - que même ta bobonne ou une autre n'a peut-être jamais remarqué-, les sentir qui te câlinent... Voilà ce que j'appelle le vrai plaisir du "spécial". Pour tout te dire, tiens, dans le "spécial", c'est l'homme seul qui doit prendre son pied, la femme, elle doit rien éprouver.

Auteur: Akiyuki Nosaka

Info: Les Pornographes

[ massage ] [ masturbation ]

 

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déclaration d'amour

Non, je ne vous apprendrai pas à moins aimer, moi à qui vous devez de connaître ce qu'on appelle aimer ; votre amour, les marques que j'en reçois, la manière dont vous l'exprimez, tout ce que vous m'écrivez fait mon bonheur et enflamme mon amour. J'en avais bien besoin de bonheur, je suis plongée dans la tristesse, je tremble de rester ici... Cette poste de Plombières, à qui nous avons dit tant d'injures, arrive et m'apporte une lettre de vous, en voilà trois aujourd'hui ; voilà la quatrième que je vous écris, je vous en écrirai une cinquième par la poste. Vos lettres sont délicieuses, vous m'y dites quelquefois des injures et de celles qui m'affligent le plus, vous y doutez de mon amour, mais vous m'assurez du vôtre, la douceur d'être aimée adoucit même vos injustices ; vous finissez la lettre de votre courrier par me prier de vous apprendre à moins aimer. Vous le désirez donc, mais assurément, vous ne pouvez plus mal vous adresser. Désirez-vous que je vous aime avec toute la fureur, toute la folie, tout l'emportement dont je suis capable, montrez-moi toujours autant d'amour qu'il y en a dans quelques endroits de vos lettres. Vous ne pouvez vous imaginer combien elles m'enflamment et quel amour les marques de votre passion excitent dans mon coeur. Tous mes sentiments sont durables, tout fait des traces profondes dans mon âme... Croyez que vous avez toujours lu dans mon coeur, je veux toujours que vous y lisiez, que ne pouvez-vous voir à présent ce qui s'y passe, combien je vous adore, avec quelle impatience et quelle ardeur je désire de me rejoindre à vous ? Quand vous m'aimez, vous remplissez tous les sentiments de mon coeur, vous réalisez toutes mes chimères, je ne crois pas qu'il fût possible de trouver un coeur aussi tendre, aussi appliqué, aussi passionné que le vôtre ; mais il a souvent des disparates ; s'il n'en avait pas, je crois que je partirais ce soir à pied pour aller trouver, peut-être m'aimerez-vous également quelque jour et alors je ne désirerai plus rien...

Auteur: Châtelet Gabrielle Marquise

Info: à Jean-François de Saint-Lambert. Le 1er septembre 1748

[ correspondance ]

 

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déclic

Un type de meurtrier que l'on rencontre assez fréquemment est le suivant : un homme vit tranquille et paisible ; son sort est dur, - il souffre. (C'est un paysan attaché à la glèbe, un serf domestique, un bourgeois ou un soldat.) Il sent tout à coup quelque chose se déchirer en lui : il n'y tient plus et plante son couteau dans la poitrine de son oppresseur ou de son ennemi. Alors sa conduite devient étrange, cet homme outrepasse toute mesure : il a tué son oppresseur, son ennemi : c'est un crime, mais qui s'explique ; il y avait là une cause ; plus tard il n'assassine plus ses ennemis seuls, mais n'importe qui, le premier venu ; il tue pour le plaisir de tuer, pour un mot déplaisant, pour un regard, pour faire un nombre pair ou tout simplement : "Gare ! ôtez-vous de mon chemin !" Il agit comme un homme ivre, dans un délire. Une fois qu'il a franchi la ligne fatale, il est lui-même ébahi de ce que rien de sacré n'existe plus pour lui ; il bondit par-dessus toute légalité, toute puissance, et jouit de la liberté sans bornes, débordante, qu'il s'est créée, il jouit du tremblement de son coeur, de l'effroi qu'il ressent. Il sait du reste qu'un châtiment effroyable l'attend. Ses sensations sont peut-être celles d'un homme qui se penche du haut d'une tour sur l'abîme béant à ses pieds, et qui serait heureux de s'y jeter la tête la première, pour en finir plus vite. Et cela arrive avec les individus les plus paisibles, les plus ordinaires. Il y en a même qui posent dans cette extrémité : plus ils étaient hébétés, ahuris auparavant, plus il leur tarde de parader, d'inspirer de l'effroi. Ce désespéré jouit de l'horreur qu'il cause, il se complaît dans le dégoût qu'il excite. Il fait des folies par désespoir, et le plus souvent il attend une punition prochaine, il est impatient qu'on résolve son sort, parce qu'il lui semble trop lourd de porter à lui tout seul le fardeau de ce désespoir.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Souvenirs de la maison des morts

[ serial killer ] [ tueur en série ]

 

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volatiles

Cela fait plus de quarante ans que j'observe les oiseaux et j'ai toujours du mal à expliquer la fascination qu'ils exercent sur moi. Parmi les raisons de cette fascination, je citerais leur immense variété, leur extrême beauté et leurs comportements étonnants. Ainsi, leur capacité à parcourir le monde entier au cours de la migration et à s'adapter à tous les milieux, y compris les déserts arides, le grand large ou même la calotte glaciaire de l'Antarctique excite l'imagination.

Il n'est heureusement pas nécessaire de séjourner dans ces contrées éloignées pour observer quelques-uns de ces oiseaux si remarquables. La première hirondelle du printemps a survécu au long voyage aller et retour d'Europe en Afrique australe. Les bécasseaux qui se rassemblent en automne sur nos estuaires ont survolé le cercle polaire et, seul sur une falaise au printemps, le traquet motteux est peut-être en train de faire escale entre ses quartiers d'hiver au sud du Sahara et son aire de nidification au Groenland.

Les oiseaux de nos jardins sont eux aussi source d'inspiration : la grive musicienne cassant la coquille d'un escargot sur le chemin du verger, le rouge-gorge défendant avec acharnement son territoire, l'hirondelle construisant son nid de boue sous la gouttière et le superbe épervier, qui a échappé aux dégâts causés par l'utilisation des pesticides agricoles, engageant jusque dans nos jardins, avec une étonnante agilité, sa chasse aux petits oiseaux.

Le monde moderne nous isole de plus en plus de la nature, mais les oiseaux restent un lien avec la vie sauvage et, un peu comme le canari emporté au fond de la mine, ils nous renseignent sur l'état de santé de notre planète.

Après la Seconde Guerre mondiale, c'est le déclin dramatique du nombre des oiseaux de proie qui alerta le public et lui lit prendre conscience des risques encourus du fait des pesticides répandus dans la nature ; plus récemment, les fluctuations des populations d oiseaux sur les terres cultivées ont permis de reconnaître les effets sur l'environnement des nouvelles méthodes agricoles.

Mais la meilleure raison que l'on peut trouver pour observer les oiseaux reste le plaisir que l'on y prend. Il v a partout des oiseaux et ce plaisir est donc tout proche, quel que soit le heu où nous vivons. C'est un violon d'Ingres sans limites : il peut intéresser les jeunes comme les "plus très jeunes" et durer toute une vie.

Auteur: Holden Peter

Info: Voir les oiseaux, pourquoi observer les oiseaux

[ éthologie ] [ contemplation ]

 

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hommes-femmes

Je voudrais encore vous parler des pulsions de mort et des pulsions de vie, parce que je crois que certains parmi vous sont intéressés par la psychanalyse.

Ces questions de pulsions de mort sont les choses dont on parle le moins. Or, la femme représente pour l'homme celle qui figure les pulsions de mort. Car, il est vrai, la femme soutire à l'homme sa puissance, excite l'homme, du fait qu'elle a des enfants, à travailler et à rapporter provende à la maison, et est ressentie après le coït comme la représentante des pulsions de mort chez l'homme. En dehors des moments de désir sexuel qu'il y a entre eux, elle est très souvent ressentie comme la castratrice, c'est-à-dire celle qui soutire des énergies qu'il pourrait employer ailleurs.

C'est pour cela qu'elle est pour lui représentante des pulsions de mort — d'ailleurs les Parques ne sont-elles pas des femmes ? — puisque, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, c'est la mère jusqu'à cinq, six ans, âge de l'autonomie de l'enfant, qui est celle qui coupe le fil.

[...]

C'est pour cela que la mère, la femme à la suite de la mère, les femmes sont, pour les hommes, représentatives de la mort.

Ainsi, quand ils sont, eux, envahis de non-vie, de non-agression, de cette espèce d'étang d'eau qui monte et qui empêche toute envie d'aller vers l'extérieur, au moment où l'homme se sent devenir passif, plein de besoins, de pulsions passives d'attraction de la femme, si elle vient le secourir, il sent de nouveau le danger : "C'est qu'elle vient quand je suis aplati, donc elle m'aime quand je suis aplati."

Vous voyez toutes ces raisons pour lesquelles les femmes représentent pour les hommes la pulsion de mort, parce qu'elles sont aussi très passives et que, lorsqu'ils s'identifient à elles, ils sentent qu'ils vont perdre comme autrefois quand ils s'identifiaient à leur mère.

Les femmes sont vraiment un danger pour les hommes, pas seulement fantasmatique mais un danger même à leur contact trop fréquent. Et c'est aussi une des choses qui est à l'origine de tant de chassés-croisés dans les couples, parce qu'on vit trop ensemble et que les femmes n'ont pas su comprendre qu'il fallait que l'homme prenne du large assez souvent, parce que le rapprochement trop fréquent crée l'angoisse que la femme soutire les forces vives de l'homme.

Auteur: Dolto Françoise

Info: Sur la féminité (1968)

[ menace ] [ différences ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

marketing

Edward Bernays est, selon la légende, l’homme qui a appris aux femmes à fumer. Nous l’avons déjà évoqué dans le chapitre précédent, puisqu’il est aussi connu comme le premier théoricien des relations publiques. Durant sa carrière de consultant, Bernays a été employé par George Washington Hill, le dirigeant de l’American Tobacco Company, pour promouvoir une image positive des cigarettes. Celles-ci étaient la cible des ligues de vertu et de divers groupes religieux et politiques pour qui le tabac, comme l’alcool, était associé à l’immoralité, à l’oisiveté et au vice. Le tabac était perçu par la bourgeoisie conservatrice comme particulièrement contraire aux bonnes mœurs féminines. Certains établissements – universités, restaurants, gares… – interdisaient même aux femmes de fumer en leur sein. L’action d’Edward Bernays dans ce contexte est devenue à proprement parler mythique.

En 1929, Hill contacte Bernays pour que disparaisse une fois pour toutes le tabou de la cigarette chez les femmes : "Elles fument à l’intérieur. Mais, bon dieu, si elles passent la moitié de leur temps à l’extérieur et que l’on arrive à les faire fumer dehors, on doublera presque notre marché féminin ! Faites quelque chose !" Bernays prend alors conseil auprès du psychanalyste autrichien Abraham Arden Brill, qui lui explique la situation en ces termes : "Certaines femmes conçoivent la cigarette comme des symboles de liberté. Fumer est la sublimation de l’érotisme oral ; tenir une cigarette en bouche excite la zone orale. Il est parfaitement normal pour les femmes de vouloir fumer des cigarettes. La première femme à avoir fumé avait probablement un excès de caractéristiques masculines et a pris cette habitude tel un comportement masculin. Mais, aujourd’hui, l’émancipation des femmes a supprimé beaucoup de leurs désirs féminins. Beaucoup de femmes réalisent maintenant le même travail que les hommes. Beaucoup n’ont pas d’enfants ; celles qui en ont en font moins. Les traits féminins sont masqués. Les cigarettes, qui sont assimilées aux hommes, sont devenues des torches de la liberté." Éclairé par cette analyse, Edward Bernays organise un "pseudo-événement" lors de la parade annuelle des fêtes de Pâques de New York. Il invite une dizaine de suffragettes à défiler dans cette parade en fumant des cigarettes, qu’elles appellent les "torches de la liberté". Ce happening féministe trouve un large écho dans la presse dès le lendemain. "D’anciennes coutumes, conclut Bernays, peuvent être brisées par une mise en scène dramatique, disséminée par le réseau médiatique. Bien sûr, le tabou n’était pas complètement détruit, mais cela marquait un début." 

Auteur: Galluzzo Anthony

Info: Dans "La fabrique du consommateur", éd. La découverte, Paris, 2020

[ création du besoin ] [ manipulation des affects ] [ publicité ] [ historique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

diable

Satan, vieil Androgyne ! en Toi je reconnais
Un Satyre d’antan que, bien sûr, je croyais
Défunt depuis longtemps. Hélas ! les morts vont vite !
Mais je vois mon erreur et, puisqu’on m’y invite,
J’avouerai qu’à mes yeux ce terrible Satan
D’une étrange façon rappelle le Dieu Pan.
Effroi des bonnes gens, terreur du Moyen Age !
Sans nul doute, le temps t’a changé quelque peu,
Et cependant tes yeux gardent le même feu.
Tes cornes ont poussé et ta queue est plus longue ;
Mais je te reconnais avec ta face oblongue,
Ton front chauve et ridé (tu dois être si vieux !)
Ta solide mâchoire et ta barbe caprine.
Je te reconnais bien, et pourtant je devine
Qu’il a dû se passer certains événements
Qui ne t’ont point laissé sans peines ni tourments.
Qu’est-il donc arrivé ? Qu’y a-t-il qui t’oblige
A éviter le jour de même qu’une Stryge ?
Ton air s’est assombri, toi déjà si pensif
Qu’on voyait autrefois, solitaire et craintif,
Errer dans la campagne en jouant de la flûte
Ou garder tes troupeaux assis devant ta hutte.
Qui donc t’a déclaré la guerre sans merci ?
Qui donc t’a dénoncé comme notre ennemi ?
Je ne l’aurais pas cru, et tu n’y pensais guère
Lorsque tu méditais paisiblement naguère.
Cela est vrai pourtant, ou du moins on le dit,
Et l’on fait là-dessus maint horrible récit.
Traqué de toutes parts, le pauvre Lucifuge
Au porche de l’église a cherché un refuge.
Il faut bien convenir que tu n’es pas très beau,
Tel que je t’aperçois sur ce vieux chapiteau.
Te voilà devenu la hideuse gargouille
Que quelqu’un, ange ou saint, sous ses pieds écrabouille.
Le chrétien te maudit, et le prédicateur
Te montre à chaque instant pour exciter la peur ;
Il te dépeint hurlant, t’agitant dans les flammes,
Et sans cesse occupé à tourmenter les âmes.
L’auditoire frémit, et, tout rempli d’effroi,
Redoute de tomber quelque jour sous ta loi...
Aujourd’hui c’est bien pis, et avec impudence,
Ô comble de disgrâce ! on nie ton existence.
Toi qui épouvantais jadis les plus puissants,
Te voilà devenu un jouet pour enfants !
Quelque vieille dévote, à la piété insigne,
Seule te craint encore et à ton nom se signe.
Moi, je sais qui tu es et je ne te crains pas ;
Je te plains de tout cœur d’être tombé si bas !
Je n’éprouve pour toi ni colère ni haine,
J’implore en ta faveur la Bonté souveraine,
Et j’espère te voir, antique Révolté,
Las enfin et contrit, rentrer dans l’Unité !

Auteur: Guénon René

Info: "Les aspects de Satan", poème de jeunesse

[ poème ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

extraterrestres

De temps en temps, après une dure journée de boulot, je passe un petit moment à jouer avec mes chats en les invitant à une "chasse" frénétique. Les chats ont un instinct naturel de prédateur, et lorsque j'allume mon pointeur laser ils sont incapables de ne pas fixer du regard le point rouge projeté sur la moquette, les murs ou n'importe quel meuble dans la pièce.
Pour mes chats, le point rouge possède une vie propre, il existe comme une entité distincte. Bien qu'ils me voient tenir en main le pointeur, ils ne comprennent pas la relation entre celui-ci et le point rouge, ils ne réalisent pas que c'est moi qui est à l'origine de son apparition et de ses mouvements.
Alors ils essaient d'attraper le point rouge, ils le chassent avec frénésie. Ils pensent qu'il s'agit d'un objet physique, malgré le fait que leurs pattes se referment sur du vide à chaque fois qu'ils le "saisissent". Ils s'en approchent doucement et bondissent pour le surprendre. Moi je joue le jeu, et je fais s'échapper le point rouge au dernier moment, ce qui excite les félins, qui semblent y voir une tentative de fuite.
C'est un jeu très amusant, pour eux et pour moi. Quand je contrôle le point rouge, je le fais se comporter "avec intelligence", le faire traverser la pièce de manière aléatoire est vite ennuyeux, et d'ailleurs les chats y réagissent beaucoup moins. Donc, je le fais grimper, s'avancer doucement, se cacher dans les recoins, partir en fuite et revenir narguer mes chasseurs.
Vous l'aurez compris, cette analogie rappelle la recherche continue de véhicules extraterrestres présumés par les humains. Les apparitions d'OVNI montrent de nombreux aspects similaires à notre jeu de chasse au point rouge :
Selon Jaques Vallée, les OVNIs font partie d'un "système de contrôle" et de conditionnement psychosocial qui présente des "récompenses" pour palier à l'inexistence - ou tout du moins la grande maigreur - des preuves physique. Le phénomène, quelle que soit sa nature ultime, se nie lui-même avec obstination, et en ce faisant il permet le jeu qu'il joue avec nous.
Comme les chats, nous sommes friands de mystères et nous sommes excités par ces "lumières" étranges. Pour l'un de mes félins, le "pouvoir" du point rouge est tel, que lorsque je simule avec ma bouche le petit "clic clic" de l'interrupteur du pointeur laser, il rapplique immédiatement. J'ai même poussé le conditionnement un peu plus loin, j'ai réussi à lui apprendre à faire un "double miaulement" (miau miau), qu'il doit effectuer obligatoirement s'il veut voir le point rouge.
C'est assez surprenant, surtout si l'on considère que la récompense n'est pas comestible, comme c'est généralement le cas lors du dressage d'animaux. C'est dire à quel point il est fasciné par le "phénomène". A noter qu'avec mon autre chat, le résultat est nul, il joue avec le point rouge mais pas au point de le réclamer avec insistance.
Alors, sommes-nous également manipulés de la sorte? Nous apercevons cette soudaine lumière rouge, nous fléchissons nos muscles, cette fois nous l'attraperons ! Pour sur.

Auteur: Mac Tonnies

Info:

[ spéculation ]

 

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