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femme-par-homme

Vivre lentement, essayer de ne pas trop réfléchir ou ne pas trop penser, écrire malgré tout. Et puis sentir, toucher, caresser, éprouver le corps de Vanessa qui subrepticement marquait les traces de son nouvel état. Son ventre plat muta en une parfaite demi-sphère à faire pâlir toutes les planètes du système solaire. Sa peau tendue, comme prête à craquer, révélait toujours plus la perfection de son épiderme et son nombril exquis se dilatait d'aise dans ce surplus de place. La douceur duveteuse d'une pêche gorgée de vie et de soleil donnait une irrésistible envie de croquer à même sa peau.

Le corps de Vanessa s'était transformé en un beau fruit mûr, un dessert voluptueux. Un dessert dont j'étais gourmand. Gourmande, Vanessa par contre ne l'était plus vraiment, renvoyant les épisodes tel celui de la pizza aux anchois au rang de beaux souvenirs.

Elle riait parfois, pleurait souvent. La plupart du temps avec pudeur et discrétion. Je ne l'interrogeais plus. Je laissai faire, sauvegardant une distance respectueuse de ses émotions. La juste distance.

Lorsque je m'inquiétai de ces dégâts des eaux réguliers auprès du gynécologue bordelais que nous avions consulté en urgence, celui-ci, sexagénaire austère, s'amusa de ma candeur comme de celle d'un jeune puceau boutonneux.

- Mon bon monsieur, vous qui allez bientôt découvrir la joie d'être père, vous n'imaginez pas à quel point votre petite graine est à l'origine d'un véritable cataclysme hormonal. Les traces qu'elle laisse dans le corps de la bien-aimée sont de nature à faire passer les dégâts des semences Monsento pour d'aimables boutades de fin de repas... Et vous n'en êtes qu'au début de vos surprises...

Auteur: Grima Laurent

Info: Les trois vies de l'homme qui n'existait pas

[ enceinte ] [ gravide ]

 

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dominants-dominés

L’obéissance civile ; eh bien, c’est ce dont nous allons parler, c’est notre problème. La loi est très importante. Nous parlons ici d’obéissance à la loi – la loi, cette merveilleuse invention des temps modernes, que nous attribuons à la civilisation occidentale et dont nous parlons avec fierté. Le droit, oh, comme ils sont extraordinaires tous ces cours sur la civilisation occidentale, donnés dans tout le pays. Souvenez-vous de l’époque sinistre où la population était exploitée par le régime féodal. Tout était abominable au Moyen-âge, mais maintenant, nous avons la civilisation occidentale, l’état de droit. Le droit a normalisé et exploité au maximum l’injustice qui existait avant lui, c’est cela qu’a fait le droit. Examinons tout d’abord le système de manière réaliste et non pas avec cette satisfaction métaphysique avec laquelle nous le considérons depuis toujours.



Quand, dans tous les pays du monde, le droit est le chouchou des dirigeants et un fléau pour le peuple, alors nous devons commencer à reconnaître ceci. Nous devons dépasser les frontières nationales dans notre réflexion. Nixon et Brejnev ont plus en commun entre eux que nous avec Nixon. J. Edgar Hoover a plus en commun avec le chef de la police secrète soviétique qu’avec nous. C’est cet engagement international aux lois qui crée de solides liens d’amitié entre eux. C’est pour cela que nous sommes toujours surpris de voir que, lorsqu’ils se retrouvent, ils sourient, se serrent la main, fument le cigare ensemble, s’apprécient mutuellement, et cela, indépendamment de leurs discours officiels. C’est comme les partis républicain et démocrate, qui prétendent qu’il y aura un grand changement si l’un ou l’autre l’emporte, et pourtant, c’est toujours la même chose. Au bout du compte, c’est eux contre nous.

Auteur: Zinn Howard

Info: Introduction au débat à l’université Johns Hopkins prononcée en mai 1970

[ usure des structures ] [ cénacles dirigeants ] [ maintien des privilèges ] [ oppositions politiques trompeuses ]

 

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écrivains

(...) je me suis souvenu que la nuit précédente, quand nous n'étions plus que quelques uns, Ernesto San Epiphanio a dit qu'il existait une littérature hétérosexuelle, une homosexuelle et une bisexuelle. Les romans, en général, étaient, hétérosexuels, la poésie, par contre, était absolument homosexuelle et les nouvelles, j'en déduis qu'elles étaient bisexuelles, même s'il n'en a rien dit.
A l'intérieur de l'immense océan de la poésie il distinguait plusieurs courants : des pédérastes, des pédales, des pédoques, des folles, des sodomites, des papillons, des narcisses et des efféminés. Les deux courants majeurs, cependant, étaient celui des pédérastes et celui des pédales. Walt Withman, par exemple, était un poète pédéraste. Pablo Neruda un poète pédale. William Blake était un pédéraste, sans l'ombre d'un doute, et Octavio Paz une pédale. Borges était effeminé, c'est à dire qu'il pouvait soudain être pédéraste et, tout aussi soudainement, simplement asexuel. Ruben Dario était une folle, de fait la reine et le paradigme des folles.
- Dans notre langue, bien sûr, a-t'il précisé ; dans le divers et vaste monde, le paradigme est toujours Verlaine le généreux.
Une folle, selon San Epiphanio, était plus proche de l'asile d'aliéné de premier choix et des hallucinations dans la chair vive alors que les pédérastes et les pédales vaquaient de manière syncopée de l'éthique à l'esthétique et vice versa. Cernuda, le chef Cernuda, était un narcisse et en des occasions de grande amertume, un poète pédéraste, alors que Guillén, Aleixandre et Alberti pouvaient être respectivement considérés comme pédoque, sodomite et pédale.
Les poète du genre Carlos Pellicer étaient, en règle générale, des sodomites, alors que les poètes comme Tablada, Novo, Renato Leduc étaient des pédoques. De fait la poésie mexicaine manquait de pédérastes (...).

Auteur: Bolaño Roberto

Info: Les détectives sauvages, pp 122 et 123

[ comparaisons ] [ latinos ]

 

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pollution

ENTREPRISE MONSANTO anagramme POISON TRÈS RÉMANENT Voilà une firme qu'elle est bonne, comme firme. Et pourquoi elle est bonne ? Parce qu'elle vous veut du bien ! Alors vous avez par exemple la dioxine TCDD. La dioxine, si vous voulez, c'est une substance on était vachement bien tant que ça existait pas, on s'est dit bon, on va quand même la fabriquer pour voir, et puis pendant qu'on y est on va en faire plusieurs sortes, et dons, en bref, la plus balèze c'est la TCDD, la "tétra-chloro-p-dibenzodioxine", rien que de prononcer le nom le gars il est déjà pris de nausées, de maux de tête et d'éruptions cutanées virulentes. Alors attends ! Qu'est-ce qu'il y a d'autre encore ? Il y a l'agent orange. Alors l'agent orange c'est un désherbant utilisé par l'armée américaine pour la défoliation de la jungle vietnamienne durant la guerre. Non, parce que, si vous voulez, les paysans là-bas, ils avaient des bêches et des vieux couteaux de cuisine pour désherber des milliers d'hectares, c'était pas humain, les marines sont allés leur donner un coup de main. ALors qu'est-ce que vous avez d'autre encore ? Vous avez ce qu'on appelle les hormones de croissance bovine. C'est un truc qu'on injecte dans les vaches qui sont un peu molles des mamelles, voyez, comme ça on peut les traire jusqu'au trognon. Vous avez l'herbicide total Roundup qui "laisse le sol propre", propre de quoi, on sait pas. Les PCB, excellents polluants, qui se dégradent lentement dans le sol, entre 94 jours et 2 700 ans selon les molécules, mais bon, c'est vrai que d'ici là on aura bouffé les pissenlits par la racine. Enfin bref, toute la gamme de produits super-respectueurs de l'environnement. Bientôt, ils porteront tous la mention.

Auteur: Klein Étienne

Info: Anagrammes renversantes ou Le sens caché du monde

[ multinationale ] [ chimie ] [ humour ]

 

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priméité

Lorsque s’élevant par la force de l’intelligence, on renonce à considérer les choses de la façon vulgaire ; lorsqu’on cesse de rechercher à la lumière des différentes expressions du principe de raison, les seules relations des objets entre eux, relations qui se réduisent toujours, en dernière analyse, à la relation des objets avec notre volonté propre, c’est-à-dire lorsqu’on ne considère plus ni le lieu, ni le temps, ni le pourquoi, ni l’à-quoi-bon des choses, mais purement et simplement leur nature ; lorsqu’en outre on ne permet plus ni à la pensée abstraite, ni aux principes de la raison, d’occuper la conscience, mais qu’au lieu de tout cela, on tourne toute la puissance de son esprit vers l’intuition ; lorsqu’on s’y plonge tout entier et que l’on remplit toute sa conscience de la contemplation paisible d’un objet naturel actuellement présent, paysage, arbre, rocher, édifice ou tout autre ; du moment qu’on s’abîme dans cet objet, qu’on s’y perd, comme disent avec profondeur les Allemands, c’est-à-dire du moment qu’on oublie son individu sa volonté et qu’on ne subsiste que comme sujet pur, comme clair miroir de l’objet, de telle façon que tout se passe comme si l’objet existait seul, sans personne qui le perçoive, qu’il soit impossible de distinguer le sujet de l’intuition elle-même et que celle-ci comme celui-là se confondent en un seul être, en une seule conscience entièrement occupée et remplie par une vision unique et intuitive ; lorsque enfin l’objet s’affranchit de toute relation avec ce qui n’est pas lui et le sujet, de toute relation avec la volonté ; alors, ce qui est ainsi connu, ce n’est plus la chose particulière en tant que particulière, c’est l’Idée, la forme éternelle, l’objectité immédiate de la volonté ; à ce degré, par suite, celui qui est ravi dans cette contemplation n’est plus un individu (car l’individu s’est anéanti dans cette contemplation même), c’est le sujet connaissant pur, affranchi de la volonté, de la douleur et du temps.

Auteur: Schopenhauer Arthur

Info: Le monde comme volonté et comme représentation

[ secondéité ] [ fusionnement ]

 

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géopolitique

Francisco Franco, indépendamment d’autres aspects parfois discutables de son action politique, pouvait être considéré comme le véritable inventeur, au niveau mondial, du tourisme de charme, mais son œuvre ne s’arrêtait pas là, cet esprit universel devait plus tard jeter les bases d’un authentique tourisme de masse (qu’on songe à Benidorm ! qu’on songe à Torremolinos ! existait-il dans le monde, durant les années 1960, quoi que ce soit qui puisse y être comparé ?), Francisco Franco était en réalité un authentique géant du tourisme, et c’est à cette aune qu’il finirait par être réévalué, il commençait d’ailleurs à l’être dans quelques écoles hôtelières suisses, et plus généralement sur le plan économique le franquisme avait récemment fait l’objet de travaux intéressants à Harvard et à Yale, montrant comment le caudillo, pressentant que l’Espagne ne parviendrait jamais à raccrocher au train de la révolution industrielle qu’elle avait il faut bien le dire totalement manqué, avait hardiment décidé de brûler les étapes en investissant dans la troisième phase, la phase finale de l’économie européenne, celle du tertiaire, du tourisme et des services, donnant ainsi à son pays un avantage concurrentiel décisif à l’heure où les salariés des nouveaux pays industriels, accédant à un pouvoir d’achat plus élevé, souhaiteraient l’utiliser en Europe soit dans le tourisme de charme, soit dans le tourisme de masse, conformément à leur statut, il n’y avait ceci dit pour l’instant aucun Chinois au parador de Chinchon, un couple d’universitaires anglais des plus ordinaires attendait son tour derrière nous, mais les Chinois viendraient, ils viendraient certainement, je n’avais aucun doute sur leur venue, la seule chose était peut-être quand même de simplifier les formalités d’accueil, quel que soit le respect que l’on puisse et que l’on doive éprouver pour l’œuvre touristique du caudillo les choses avaient changé, il était peu probable maintenant que des espions venus du froid songent à se glisser dans l’innocente cohorte des touristes ordinaires, les espions venus du froid étaient eux-mêmes devenus des touristes ordinaires à l’instar de leur chef, Vladimir Poutine, le premier d’entre eux.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Dans "Sérotonine", pages 39-41

[ développement ] [ historique ]

 

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révélation

On sait que [saint] Augustin est platonicien, on sait qu’il affirme même que les platoniciens ont connu toute la doctrine qu’expose le Prologue de S. Jean, hormis l’Incarnation du Verbe en Jésus-Christ. Mais on sait moins que S. Augustin a fréquenté des cercles platoniciens, dont nous pensons qu’ils étaient une émanation directe du centre spirituel de l’Académie, et donc qu’il fut initié à la tradition vivante de l’enseignement du Maître. Il faisait partie, en effet, à Milan, d’un cercle néo-platonicien qui ne comportait pas seulement des chrétiens. D’autre part, par l’intermédiaire de S. Ambroise, qui fut disciple d’Origène, lui-même disciple de S. Clément, S. Augustin a reçu l’influence d’une tradition théologique existant au sein de l’Église catholique et qui représentait une gnose de type alexandrin [Contra Academicos, III, 17]. Augustin a d’ailleurs conscience du caractère ésotérique du platonisme : "ces enseignements et d’autres de même sorte, me paraissent avoir été, autant que possible, conservés au sein des successeurs de Platon et gardés comme des mystères" [Lettre à Dioscore, Epist. CXVIII]. Or, le christianisme vient précisément mettre fin à l’ésotérisme platonicien en enseignant au grand jour ce qui se transmettait en secret : "Lorsque, provoquant émerveillement et perturbation, le Nom du Christ se répandit parmi les royaumes terrestres, les Platoniciens commencèrent à sortir de l’ombre pour publier et révéler les conceptions de Platon" [Cité de Dieu, VII, 9]. 

Toutefois, la philosophie de Platon n’est, pour Augustin, qu’une formulation historiquement et culturellement la mieux adaptée, de la Vérité universelle [...]. Et c’est pourquoi S. Augustin peut déclarer, au terme de sa vie : "En elle-même, la chose que nous appelons aujourd’hui religion chrétienne, existait aussi chez les Anciens, et n’a pas manqué au genre humain depuis son origine, jusqu’à ce que le Christ vienne en la chair, et c’est pourquoi la religion, qui existait déjà, commença de s’appeler chrétienne". Soulignons-le, cette déclaration se trouve dans un ouvrage où S. Augustin passe en revue ses écrits afin de les corriger et de revenir sur les points qu’il estime devoir rétracter. Elle n’en a que plus de force.

Auteur: Borella Jean

Info: "Situation du catholicisme aujourd'hui", éditions L'Harmattan, Paris, 2023, pages 67-68

[ performativité rétroactive ] [ atemporalité ]

 

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dissidence

Les mauvais sentiments ne représentent peut-être pas la garantie absolue de la bonne littérature, mais les bons, en revanche, sont une assurance-béton pour faire perdurer, pour faire croître et embellir tout ce qu’on peut imaginer de plus faux, de plus grotesquement pleurnichard, de plus salement kitsch, de plus préraphaélite goitreux, de plus romantique apathique, de plus victorien-populiste qui se soit jamais abattu sur aucun public. La réalité ne tient pas debout en plein vent caritatif. Un romancier véridique, aujourd’hui, serait traité comme autrefois les "porteurs de mauvaises nouvelles" : on le mettrait à mort séance tenante, dès remise du manuscrit. C’est pour cela exactement qu’il n’y a plus de romanciers. Parce que quelqu’un qui oserait aller à fond, réellement, et jusqu’au bout de ce qui est observable, ne pourrait qu’apparaître porteur de nouvelles affreusement désagréables.

La Littérature ? Il y a des Fêtes du Livre pour ça.

L’air du temps cherche tout ce qui unit. Rien n’est écœurant comme cette pêche obscène aux convergences. Nous vivons sous une arrogance puritaine comme on en a rarement vu. [...]

L’enfer contemporain est pavé de bonnes dévotions qu’il serait si agréable de piétiner. C’est un crime contre l’esprit, c’est une désertion gravissime de ne pas essayer, jour après jour, d’étriller quelques crapuleries. Les gens ne croient plus, dit-on, que ce qu’ils ont vu à la télé ? Ça tombe bien, la littérature a toujours été là, en principe du moins, pour démolir ce que tout le monde croit. S’il en existait encore une, s’il y avait encore des écrivains, au lieu d’"auteurs", au lieu de "livres", on pourrait peut-être se divertir. Toute entreprise d’envergure a toujours été, dans ce domaine, par un bout ou par un autre, franchement démoralisatrice, saccageuse de pastorale. Voyez les niaiseries de chevalerie pulvérisées dans Cervantès ; ou encore la "chimère" religieuse à son plus haut point d’hégémonie pourchassée par Sade de bout en bout ; ou le parti dévot dans Molière… Non, aucun grand écrivain n’a jamais accepté, quels que soient les dangers, de descendre de la constatation des données de la société à l’apologie de la nécessité de cette dernière.

Auteur: Muray Philippe

Info: "Défriser l'être", tiré de L'Empire du Bien

[ démystification ]

 
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genèse

Au temps des commencements, il n'existait que l'Atman, et uniquement lui. Il n'existait rien d'autre qui puisse émettre une lueur. L'Atman délibéra : "Je vais créer les mondes" (...) l'Atman pensa : "Voici les mondes. Je dois maintenant créer les gardiens des mondes." Il fit sortir des eaux un être humain (Purusha) et le façonna.
Il le couva (comme un oeuf, Hiranyagarbha ?), puis le fit éclore. La bouche de l'être humain se fendit, comme le fait un oeuf. De cette bouche sortit Vak, la parole ; de la parole sortit Agni, le feu. Les narines apparurent, il en sortit Prana, le souffle de vie ; du souffle de vie sortit Vayu, l'air. Les yeux apparurent, il en sortit le sens de l'ouïe ; de l'ouïe sortirent les directions. La peau apparut ; de la peau, sortit le système pileux ; du système pileux sortirent les herbes et les arbres. Le coeur apparut, il en sortit Manas, l'organe mental ; de l'organe mental sortit Chandra, la lune. Le nombril apparut, il en sortit Apana, le souffle d'expulsion ; du souffle d'expulsion sortit Mrityu, la mort. Le membre viril apparut, il en sortit la semence ; de la semence sortirent les eaux.
(...)
L'Atman (se tournant vers l'être humain) délibéra : "Comment cette créature peut-elle continuer à exister sans mon soutien ?" Il pensa : "Par laquelle des diverses entrées vais-je pénétrer ?" (...) puis il fendit la partie du crâne (siman) où se fait la raie de la chevelure, et il pénétra par cette ouverture. Cette ouverture est appelée vidriti, la soudure ou la suture de la tête (littéralement la fissure), et c'est également le lieu de la félicité. L'Atman possède donc trois demeures dans la créature humaine, ainsi que trois états de conscience : il demeure ici (dans l'oeil durant la veille), ici (dans le mental durant le rêve), et ici (dans l'éther du coeur, dahara, durant le sommeil profond.)
La créature humaine une fois née et achevée, l'Atman manifesta toutes les autres créatures ; car savait-il penser à autre chose ou parler d'autre chose ? Il réalisa que cet être humain est Brahman, le plus omniprésent de tous les êtres. Et il le contempla, se disant : "Ah, j'ai vu ceci ! (Idam dra)".

Auteur: Buttex Martine

Info: Les 108 upanishads, Aitareya Upanishad, I,i,1-4 et I,iii,12-13, pp. 73-75

[ anthropomorphisme ] [ triade ] [ hindouisme ]

 

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labeur

J'ai travaillé pas mal. On travaille, ou bien on regarde. C'est l'un ou l'autre. Mais si vous travaillez, vous ne faites pas autre chose. Maintenant, on ne sait plus ce que c'est, le travail. C'est encore un truc que j'ai comme ça, parce que je ne suis pas d'une génération où l'on rigolait. Ça n'existait pas. Les distractions, c'était des choses de gens riches. Quand on était pauvre, on travaillait jusqu'à crever. C'était le destin. Mais je vois maintenant qu'ils ne travaillent plus. Alors ils ne savent rien. Oh, ils ont tous une petite envie, comme ça, de s'exprimer. Mais quand vous les mettez devant une feuille de papier, devant un pinceau ou un instrument, on voit surtout la débilité, l'insignifiance. Du jour où l'on s'est mis à apprendre sans douleur, le latin sans thème, le grec en dormant, on ne sait plus rien. C'est la facilité qui tue tout. La facilité et la publicité. C'est fini. Il n'y a plus rien. Il manque quelque chose: l'effort.
Ce qu'il faut: faire un effort. Mais ils ne veulent pas, les cochons ! Ils ne veulent pas et puis, ils ne sont pas en état. Ils aiment trop la vie ; ils sont bien, dans la vie ! Vous comprenez, le jour où l'on a fermé les monastères, on a fermé la patience, on a tout fermé. L'homme court après sa queue et son verre, et c'est fini ! Ah, pour le confort de votre foyer, que feriez-vous Madame ? Voilà, c'est tout. La radio, ça ne s'adresse pas aux milliardaires, ça s'adresse à des gens bien ordinaires. Et qu'est ce qu'on entend ? "Ah ! Du confort ? Ce serait tellement mieux du violet garanti machin autour de votre pièce avec des ampoules Untel". Il n'est question que de ça. Je ne parle pas de maladies, il n'y en a plus. La vie est éternelle, la vie commence à 40 ans. Boniments ! J'ai pratiqué en Amérique ; je connais tout ça, je connais l'anglais aussi. Nous avons hérité tout notre côté dégueulasse des Anglo-Saxons. Avec leur politique d'optimisme. Et puis, nous avons conservé les vices du chrétien. Nous sommes des repus. Sauf évidemment la masse qui crève. Mais enfin, ils boivent. Et nous sommes aussi le peuple le plus alcoolique du monde. Alors... Ce qui tue aussi tous les médecins d'ailleurs. Le bavardage et l'alcool.

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Propos enregistrés à Meudon en 1961 par Jacques d'Arribehaude. Dans" L'année Céline 1995". Page 63/64

[ décadence ] [ sexe ] [ boisson ]

 

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