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existence

Harry s'assit à une table bancale. Le café était bon. Trente-huit ans, une vie ratée. Sirotant son café, il se rappela ses conneries - et ses bons moments. Il en avait tout simplement eu ras le bol - de la valse des assurances, des petits boulots, des hautes cloisons vitrées, des clients : il avait tout bonnement eu ras le bol de tromper sa femme, de coincer les secrétaires dans l'ascenseur et les couloirs ; ras le bol des fêtes de Noël et du Nouvel An et des anniversaires, des traites à payer pour la voiture neuve ou le mobilier - l'eau, le gaz et l'électricité - toute la saloperie écœurante du quotidien.
Il en avait eu ras le bol et il s'était tiré, point final. Le divorce arriva assez vite, l'alcool arriva assez vite, et brusquement il se retrouva dans le vide. Il ne possédait rien, il découvrit que le dénuement aussi était difficile à assumer. C'était un fardeau d'un autre style. Si seulement il existait une solution intermédiaire acceptable. Apparemment, on n'avait le choix qu'entre deux voies : persévérer dans l'arnaque ou devenir un clochard.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Au sud de nulle part" pages 64-65

[ résumé ] [ crise ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

existence

... A propos de l'enfance, un thème me fascine depuis toujours. Nous mettons vingt ans à tout apprendre et nous passons le reste de notre vie à nous débarrasser des tabous, des préjugés, des règles collectives, des idées reçues, pour conquérir une vérité individuelle. Il nous faut lutter toute la seconde partie de notre vie pour réparer les dégâts causés par l'éducation obtuse, fanatique, traditionnelle, les règles de morale reçues dans l'ambiance sacro-sainte de la famille, à un âge où il nous est impossible de refuser cet enseignement.

...Prends, par exemple, le mariage : dès notre jeunesse, on nous a habitués au conte qui se termine par " et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants…"  C'est un but dans la vie que l'on nous met en tête. Alors que ce n'est que le point de départ. Le début et non la fin. On nous propose le premier chapitre comme conclusion. On arrive au mariage absolument ignorant parce que cet événement nous a été présenté d'une façon mythique, inexacte. Il devient une source de désillusions, de névroses…

Je suis sûr que tout changera un jour…

Auteur: Fellini Federico

Info: Interviewé sur son film "Juliette des esprits"

[ programmation - déprogrammation ] [ grandir ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

existence

Plus je pénètre la vie d'Emilia, plus celle-ci m’apparaît, du début à la fin, comme un enchaînement de pertes, de disparitions, de quêtes vaines. Elle a consacré des années à pourchasser des néants; des personnes qui n'existaient plus, à se souvenir de faits qui ne s'étaient jamais produits. Et si nous étions tous ainsi ? Notre vie ne se réduit-elle pas à malmener l'histoire pour y laisser un signe de notre passage, une misérable fumée, une petite lueur, tout en sachant que même la trace la plus profonde est un oiseau emporté par le vent ? Un être humain équivaut à un autre, il est possible que nous soyons tous morts sans nous en rendre compte, ou que nous ne soyons pas encore nés et que nous l'ignorions, avais-je dit à Emilia l'une des dernière fois où je l'avais vue. Nous venons au monde à notre insu, à cause d'une somme de hasards, et nous partons n'importe où, très probablement nulle part. Si tu n'avais pas aimé Simon, tu en aurais aimé un autre. Tu l'aurais fait avec joie et sans culpabilité, car on n'aime pas ce que l'on ne connait pas.

Auteur: Eloy Martinez Tomas

Info: Purgatoire

[ dérisoire ]

 

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existence

Dans son "De brevitate vitae", Senèque rejette les plaintes concernant la brièveté de nos vies. Notre vie - dit-il - n'est pas courte, mais nous la rendons courte en la gaspillant avec des choses qui ne valent pas l'effort. ... La vie n'est pas courte, mais nous la rendons courte, en perdant du temps. Mais cet argument de Sénèque - aussi vrai qu'il soit - présuppose la brièveté de notre vie. Si nous avions autant de temps que nous le vouDans son "De brevitate vitae", Senèque rejette les plaintes concernant la brièveté de nos vies. Notre vie - dit-il - n'est pas courte, mais nous la rendons courte en la gaspillant avec des choses qui ne valent pas l'effort. ... La vie n'est pas courte, mais nous la rendons courte, en perdant du temps. Mais cet argument de Sénèque - aussi vrai qu'il soit - présuppose la brièveté de notre vie. Si nous avions autant de temps que nous le voudrions nous pourrions prendre tout le temps sans en perdre : il y en aurait toujours à disposition. Mais tout ceci n'existe pas pour l'instant. Notre temps est limité, il est un délai, il est court. La plus rare de nos rares ressources est notre vie.

Auteur: Marquard Odo

Info: Time, 1997, p. 9

[ éphémère ]

 

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existence

Voilà la grande leçon que la dépressif apprend : Rien au monde n'est intrinsèquement irréfutable. Ce qui peut être réellement "dehors" ne peut se projeter comme une expérience affective. C'est un truc vide de sens, avec juste un prestige chimique. Rien n'est bon ou mauvais, désirable ou indésirable, ou quoi que ce soit d'autre, n'est qu'il est produit par des laboratoires en nous qui génèrent les émotions dont nous vivons. Et vivre de ses émotions, c'est vivre arbitrairement, c'est donner un sens inexact à ce qui n'a rien à voir avec soi. Mais quelle autre façon de vivre ? Sans ce moteur de l'émotion qui ne cesse jamais tout resterait au point mort. Il n'y aurait rien à faire, nulle part où aller, personne à connaître. Les alternatives sont claires : vivre faussement comme des pions de l'affect, ou vivre dans les faits comme un dépressif, ou une personne reconnue comme telle. Combien il est avantageux que nous ne soyons pas contraints de choisir, aucun des deux n'étant excellent. Un regard vers l'existence humaine est preuve suffisante que notre espèce ne sera jamais libérée de l'emprise de cette émotivité qui l'ancre dans des hallucinations. Ce n'est peut-être pas une façon de vivre, mais opter pour la dépression, c'est choisir de ne plus exister comme nous le savons très bien.

Auteur: Ligotti Thomas

Info: The Conspiracy Against the Human Race

[ illusion ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

existence

Notre Première naissance, biologique, est celle d’un agrégat de cellules, apte à se reproduire et condamné à disparaître dans vingt ou trente mille jours. À se désagréger. La Deuxième naissance, sociale, suit la Première : le tout jeune animal commence à exister pour les autres. Son parcours sera humble ou flamboyant, la mort le frappera dans vingt ou trente mille jours. Triste sort auquel nous nous accrochons, poussés par les deux arguments de la vie - la peur de mourir et la faculté de jouir. L’orgasme est leur intersection : le plaisir y croise la perpétuation génétique et alimente notre combativité qui nous permet d’affronter l’absurde - longues années de dressage scolaire, pénible joug professionnel, vieillissement, décès. Cet élan vital ne suffit pas. La fréquence des suicides le prouve : pour tuer l’être social qu’on a fait de lui et dont il souffre, l’homme tue son être biologique. (...)

Godbarsky écrit que l’idée de l’Alternaissance correspond parfaitement au sens de cette allégorie prénatale… Je traduis mal, pardon. Il dit que, emprisonnés par notre Première et notre Deuxième naissance, nous ne savons pas penser au-delà de ces deux identités. Comme un enfant qui n’est pas encore né. Le vrai but, c’est d’accéder, déjà de notre vivant, à la compréhension de l’Alternaissance… Oui, ce qu’il appelle “le temps de la pérennité".

Auteur: Makine Andreï

Info: Au-delà des frontières

[ triade ] [ troisième vie ]

 

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existence

Ce n'est pas de la maîtrise, ma petite, c'est une lutte à mort, quotidienne. La vie est une guerre. Non, la vie, c'est comme avancer dans un pays inconnu. Il faut que tu sois sans arrêt sur tes gardes et à l'affût... Et chaque jour qui passe, les choses empirent, parce que tu pénètres de plus en plus dans le pays des méchants, de plus en plus seul, de plus en plus cerné. Et toi, tu essaies de te battre ici ou là, à l'intérieur de la forêt, comme Rambo, l'armoire à glace des films. Regarde ma maison, je viens de la repeindre. Je l'ai peinte moi-même, avec un rouleau, et les portes avec de la laque. Eh bien ça, c'est lutter comme un brave au milieu de la forêt. Parce que ce qui te vient tout de suite à l'esprit, c'est de tout envoyer au diable. Que le plafond s'écroule et que la cuisine se remplisse de merde. Des fois, il te faut beaucoup de courage rien que pour remonter la fermeture Eclair de tes chaussures. Pourquoi nettoyer, pourquoi se laver? Pourquoi faire l'horrible effort de vivre... pour aller passer dix heures au Hawaï? Et demain je n'y serai plus, je serai dans un autre club, encore plus minable. Puis dans la rue. Ensuite, avec de la chance, une institution de charité. Mais je suis là, tu vois. En train de peindre la maison. Parce que, malgré tout, nous ne sommes pas des animaux.

Auteur: Montero Rosa

Info: Le Territoire des Barbares

[ combat ] [ pensée-de-femme ]

 

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existence

Ainsi, la plus dure bataille, ce ne fut pas contre le monde que l’auteur dut la livrer ; mais ce fut le dévoilement progressif des mensonges, des faux semblants, des masques dont il s’était couvert ; puis, ce fut la découverte des mythes et croyances dégénérés dont était constitué son Moi. En ce temps-là encore il ne distinguait pas le Moi référentiel de la Personne. Il se crut "fait de vide" et renonça à vouloir.
Par cet ultime piège, nos sociétés s’emparent de ceux qui avaient su éviter tous les autres. "Si je ne suis rien, pourquoi combattre - et comment ? Pourquoi ne pas accorder le peu qu’on me demande, ne serait-ce qu’un faux semblant, et taire mes angoisses ? Si je ne suis rien, que me prendra la mort ? Pourquoi ne pas admettre que le Passé me pousse et que le Néant me guette, comme on me dit que cela est ?"
Mais il faut croire qu’au cœur de la pire lâcheté demeure (dans l’âme ou dans l’esprit) une évidence muette et brûlante comme un soleil. Cette voix silencieuse, un jour, s’exprima. Elle disait : "La vie t’a été donnée." Et cela voulait dire : "Tu n’es pas à l’origine de ta propre existence ; tu en ignores les fins. Tu ne l’as pas créée et tu es incapable de la prolonger une heure, une seconde, car tu ne sais même pas de quoi elle est faite. Tu ne dois donc pas craindre ; tu ne peux qu’espérer."

Auteur: Pichon Jean-Charles

Info: L'homme et les Dieux - l'univers secret des religions

[ mystère ]

 
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existence

Ce jour est aujourd’hui passé, et bien d’autres, qui ont chacun marqué d’un coup ce visage où l’ombre d’un baiser effaçait un sourire. Des jours sont passés, qui revenaient toujours pour frapper la marque et la creuser, creuser la plaie saignante et la durcir en cicatrice. Des maladies, des morts, des guerres, qui burinaient sur la tendre face du printemps le pathétique soleil de l’été. Mais aussi revenait le bain en plein soleil, la coupe poissée de grappes ; toujours plus tard midi sonnait au crépuscule. L’ouragan noir d’automne qui flotte et roule, étendard de désastre, où l’éclair fend le ciel d’un gel irrémédiable, le frappa dans sa chair, et la chair de sa chair. Il souffrit, pour souffrir encore ; les saisons s’acharnaient sur lui pour le ployer sous leurs récoltes. Vinrent des maladies, des morts, des guerres, qui taillaient dans le doux visage du printemps les traits de marbre de l’hiver : il souffrit pour souffrir encore. Alors se leva un vent de tempête qui l’entraînait toujours plus vite ; il lui fallut quitter le toit de son enfance, et la maison de ses amours lui fut enlevée. Ses amis s’éloignèrent ; l’un après l’autre, ses fils prirent leur chemin. Chaque pas qu’il faisait l’enfonçait dans la nuit, ses souvenirs s’effacèrent ; il se tut. Il ne lui manquait que de périr, aussi dès le premier jour sa perte fut-elle inscrite dans son destin.

Le vieil arbre pourtant s’obstinait à fleurir ; il l’aimait. Les années avaient préservé leur tendresse comme si rien ne devait la vaincre ; mais chaque homme a son heure qu’il ne peut partager. Il resta seul, dans la débilité du vieillard, enfant sans mère, portant au flanc la déchirure par où s’était enfui l’amour de sa vie. Et la vie le fuyait ; enfin vaincu, il attendait que lui fût donné une grâce. Il mourut. Voici le seul héros et la seule aventure.

Auteur: Charbonneau Bernard

Info: Dans "Je fus", R&N Éditions, 2021, page 30

[ condition humaine ] [ expression poétique ] [ résumé ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

existence

- Je sais ce qu'ils croient chercher. Mais je sais aussi qu'ils mourront, comme Sopli. Que je mourrai. Que tu mourras. (Le mage retenait toujours fermement la main d'Arren.) Et je suis infiniment heureux de le savoir. C'est un don précieux : c'est la chance d'être soi-même. Car nous ne possédons vraiment que ce que nous acceptons de perdre... Être soi-même, c'est notre tourment, notre gloire, la marque de notre humanité ; et cela ne dure pas. Le "soi" change, il s'efface comme une vague sur la mer. Voudrais-tu que la mer devienne immobile, que les marées s'arrêtent pour sauver une vague, pour te sauver ? Renoncerais-tu à l'habileté de tes mains, à la passion de ton cœur, à la lumière du lever et du coucher du soleil pour acheter ton salut - la sécurité permanente ? C'est cela qu'ils cherchent à Wathorte, à Lorbanerie et ailleurs. Car tel est le message que ceux qui savent entendre ont entendu : en niant la vie, il est possible de nier la mort et de vivre pour toujours. Et moi, je n'entends pas ce message, Arren, parce que je ne veux pas l'entendre. Je ne me laisserai pas guider par le désespoir. Je suis sourd, je suis aveugle. Tu es mon guide. Toi, dans ton innocence et ton courage, dans ta déraison et ta loyauté, tu es mon guide - l'enfant que j'envoie devant moi dans les ténèbres. C'est ta peur que je suis. Tu as trouvé que j'étais dur avec toi ; à quel point je l'ai été, tu n'en as jamais eu idée. Car je me sers de ton amour comme d'une bougie que l'on brûle, qu'on laisse se consumer pour éclairer son chemin. Et nous devons continuer ; il le faut. Il nous faut aller jusqu'au bout ; nous devons aller jusqu'où la mer se tarit et la joie s'écoule, l'endroit où t'entraîne ta terreur mortelle.

Auteur: Le Guin Ursula K.

Info: Terremer

[ mortelle enveloppe ] [ incarnation ] [ illusion ]

 

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