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voyance

Le patient, en mars dernier, se décida à consulter la diseuse de bonne aventure, et il lui proposa la date de naissance de son beau-frère, sans bien entendu le nommer ou lui révéler qu’il pensait à lui. L’énoncé de l’oracle fut : en juillet-août prochain, cette personne mourra d’un empoisonnement causé par des écrevisses ou des huîtres. Après m’avoir raconté cela, il ajouta : c’est vraiment faramineux.

Ne comprenant pas, je lui répliquai vigoureusement : qu’y a-t-il de si faramineux ? Voilà déjà plusieurs semaines que vous êtes revenu chez moi ; si votre beau-frère était effectivement mort, vous me l’auriez raconté depuis longtemps ; il est donc toujours vivant. La prophétie s’est produite en mars, elle devait s’accomplir au milieu de l’été, nous sommes maintenant en novembre. Elle ne s’est donc pas réalisée, qu’y trouvez-vous de si merveilleux ?

Il me répondit : bien sûr que ce n’est pas arrivé. Mais ce qui est remarquable, c’est ceci : mon beau-frère est un grand amateur d’écrevisses, d’huîtres, etc., et il a effectivement été empoisonné par des écrevisses en août de l’année dernière, et il en est presque mort. Il n’en fut plus question.

Voulez-vous que nous discutions maintenant ce cas.

[…] L’affaire s’explique sans reste, si nous voulons admettre que ce savoir s’est transféré à elle, la soi-disant prophétesse, par des voies inconnues excluant les modes de communication qui nous sont connus. C’est-à-dire qu’il nous faut conclure : il y a du transfert de pensée. Le travail astrologique de la diseuse de bonne aventure y a joué le rôle d’une activité qui détourne et occupe de façon anodine ses forces psychiques de manière à ce qu’elle puisse recevoir et transmettre l’effet des pensées d’un autre, devenir un véritable "médium". Nous connaissons par exemple dans le trait d’esprit de semblables arrangements, lorsqu’il s’agit d’assurer à un processus psychique une décharge plus automatique. 

Mais l’analyse fournit à ce cas un surcroît de sens. Elle nous apprend que ce n’est pas un fragment quelconque de savoir indifférent qui s’est transmis par voie d’induction d’une personne à une autre, mais qu’un souhait extraordinairement fort de quelqu’un […] peut se trouver une expression consciente légèrement voilée à l’aide de quelqu’un d’autre […]. On pourrait reconstruire le cours des pensées du jeune homme après la maladie et le rétablissement du beau-frère haï comme rival. Bien, ce coup-ci c’est vrai qu’il en a vraiment réchappé, mais c’est bien pourquoi il ne va pas renoncer à ce goût dangereux et, la prochaine fois, espérons qu’il en mourra. C’est cet "espérons" qui est transformé en prophétie.

Auteur: Freud Sigmund

Info: "Psychanalyse et télépathie", trad. Wladimir Granoff et Jean-Michel Rey in "La transmission de pensée", éd. Flammarion, 2005, pages 47 à 53

[ explication psychanalytique ] [ désir refoulé ] [ inconscient ] [ parapsychologie ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophe

Il y eut un homme qui, en ce temps-là, osa pousser les théories nouvelles jusqu’à leurs dernières conséquences : ce fut le marquis de Sade. Avec une logique implacable, et dans une forme parfois digne des encyclopédistes, il développa, sans en omettre un seul détail, le programme nouveau qui allait être celui des penseurs du siècle suivant.

Selon lui, plus de fausseté, plus d’hypocrisie, le flambeau de la philosophie (c’est-à-dire de la science) a dissipé toutes les impostures anciennes ; il convient de s’en tenir au rôle dicté par la nature et de ne plus écouter que nos seuls instincts.

L’homme doit chercher à développer ses émotions le plus possible dans le sens indiqué par la nature, et la douleur étant plus grande que le plaisir, la douleur doit être l’agent principal du succès. C’est en blessant les arbres que l’on obtient de beaux fruits ; la cruauté est un ordre même de la nature.

Celle-ci, contrairement aux fausses idées chrétiennes, nous ordonne de faire aux autres ce que nous ne voudrions pas qu’il nous fût fait. La raison du plus fort est toujours la meilleure ; Bismarck, Nietzsche et les meilleurs auteurs du dix-neuvième siècle n’ont rien dit de mieux.

Il est regrettable que cet écrivain ait compromis la réputation de ses ouvrages par d’absurdes bravades érotiques qui permirent à ses héritiers directs de faire rayer son nom de l’histoire littéraire ; s’il s’en fût tenu aux seules idées philosophiques qu’il exprimait alors, sa place dans l’histoire des idées, à la veille de la Révolution française, eût été celle d’un ancêtre vénéré. Il suffit de relire les principaux ouvrages des écrivains du xixe siècle pour s’en convaincre.

Dans son Origine des espèces et sa Descendance de l’homme, Darwin ne fit que confirmer point par point toutes les affirmations du marquis, et remettre en première place l’instinct naturel de sélection. Les économistes, de Malthus à Stuart Mill, ne firent également que ratifier la brutalité de pareilles assertions.

Les littérateurs et les artistes hésitèrent pendant une partie du dix-neuvième siècle ; mais, bientôt, ils se convertirent, eux aussi, en présence des progrès incessants de la science, aux conclusions imposées par les lois naturelles. Le romantisme ne fut d’abord qu’un réalisme déguisé, et le naturalisme convertit définitivement les artistes aux doctrines scientifiques.

Ce fut ainsi que la littérature, au début du vingtième siècle, ne fut, en résumé, qu’une application étroite des règles posées par la Révolution française, et que la suprématie de l’instinct ramena l’homme qui, un instant, avait cru devenir Dieu, au simple rang des autres animaux qui l’avaient précédé dans l’échelle des êtres.

Auteur: Pawlowski Gaston de

Info: Voyage au pays de la quatrième dimension, Flatland éditeur, 2023, pages 113-114

[ résumé ] [ explication ] [ régression ]

 

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légende

Je peux bien vous raconter – puisque tout le monde sait que je suis la mère de Carlos, le chanteur – que lorsque Jean (car c’est son vrai nom) était à la maternelle, il m’a dit un jour : "Mais comment ça se fait que les Pères Noël, il y en ait tant ? Il y en a des bleus… il y en a des violets… il y en a des rouges !" On se promenait dans les rues et il y avait partout des Père Noël. Alors je lui ai dit : "Mais, tu sais, le Père Noël, celui-là, je le connais, c’est Untel" ; c’était l’un des employés d’une maison de jouets, ou d’une pâtisserie, qui s’était déguisé en Père Noël. "Tu vois, il s’est déguisé en Père Noël, et l’autre aussi c’est un vendeur du magasin déguisé en Père Noël." Il m’a demandé : "Mais alors, le vrai ?" - Le vrai, il n’est que dans notre cœur. C’est comme un lutin géant qu’on imagine. Quand on est petit, on est content de penser que des lutins, ou des géants, ça peut exister. Tu sais bien que les lutins, ça n’existe pas. Les géants des contes non plus. Le Père Noël, il n’est pas né, il n’a pas eu un papa, une maman. Il n’est pas vivant ; il est vivant seulement au moment de Noël, dans le cœur de tous ceux qui veulent faire une surprise pour fêter les petits enfants. Et toutes les grandes personnes regrettent de ne plus être des petits enfants ; alors, elles aiment bien continuer à dire aux enfants : "C’est le Père Noël" ; quand on est petit, on ne sait pas faire la différence entre les choses vraies vivantes et les choses vraies qui se trouvent seulement dans le cœur." Il écouta tout cela et me dit : "Alors, le lendemain de Noël, il ne va pas s’en aller dans son char, avec ses rennes ? Il ne va pas remonter dans les nuages ? – Non, puisqu’il est dans notre cœur. – Alors, si je mets mes souliers, il ne me donnera rien ? – Qui ne te donnera rien ? – Il n’y aura rien dans mes souliers ? – Mais si. – Mais alors, qui l’aura mis ?" Je souris. "C’est toi et papa qui y mettrez quelque chose ? – Oui, bien sûr. – Alors moi, je peux être aussi le Père Noël ? – Bien sûr, tu peux être le Père Noël. Nous allons mettre nos souliers, ton père, moi et Marie. Tu mettras des choses dedans. Et puis, toi, tu sauras que c’est toi le Père Noël pour les autres. Et moi, je dirai : Merci, Père Noël ; ce sera toi qui auras eu le merci, mais je ferais comme si je ne savais pas. Pour ton père, je ne lui dirai pas que c’est toi, ce sera une surprise aussi." Il était enchanté, ravi, et il me dit en revenant de promenade : "C’est maintenant que je sais qu’il n’existe pas pour de vrai, que c’est vraiment bien, le Père Noël."

L’imagination et la poésie enfantines ne sont ni crédulité, ni puérilité, mais de l’intelligence dans une autre dimension.

Auteur: Dolto Françoise

Info: Dans "Lorsque l'enfant paraît", tome 1, éditions du Seuil, 1977, pages 95-96

[ explication ]

 

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