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interactions

A Chloé, grande ville, les gens qui circulent dans les rues sont tous des inconnus. À chaque rencontre, ils imaginent mille choses les uns sur les autres ; des rencontres qui pourraient avoir lieu entre eux, des conversations, des surprises, des caresses, des morsures. Mais personne ne salue personne ; les yeux se bloquent une seconde, puis s'éloignent, cherchent d'autres yeux, ne s'arrêtent jamais. Une jeune fille s'avance, qui fait tournoyer une ombrelle sur son épaule, faisant aussi légèrement tournoyer ses hanches arrondies. Une femme en noir déboule, affichant son âge, yeux agités sous son voile, lèvres tremblantes. Un géant tatoué arrive ; un jeune homme aux cheveux blancs ; une femme naine ; deux filles, des jumelles, habillées de corail. Quelque chose court entre eux, échanges de regards comme des lignes qui relient une figure à une autre et dessinent des flèches, des étoiles, des triangles, jusqu'à ce que toutes les combinaisons soient épuisées en un instant, alors que d'autres personnages entrent en scène : un aveugle avec un guépard en laisse, une courtisane avec un éventail à plumes d'autruche, un éphèbe, une grosse femme. Et ainsi, lorsque quelques personnes se trouvent par hasard réunies, s'abritant de la pluie sous une arcade, ou se pressent sous un auvent de bazar, ou arrêtées pour écouter des musiciens, des rencontres, séductions, copulations, des orgies se consomment entre elles sans qu'un mot soit échangé, sans qu'un doigt ne touche quoi que ce soit, presque sans qu'un œil soit levé.

Une vibration voluptueuse agite constamment Chloé, la plus chaste des villes. Si les hommes et les femmes commençaient à vivre leurs rêves éphémères, chaque fantôme deviendrait une personne avec laquelle débuter une histoire de poursuites, de faux-semblants, de malentendus, de heurts, d'oppressions, et le carrousel des fantasmes s'arrêterait.

Auteur: Calvino Italo

Info: Villes invisibles

[ foule ] [ mégapole ] [ rapports humains ] [ fugacité ] [ potentialités ] [ anonymat ] [ cité imaginaire ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

occultisme

Le genre humain a longtemps eu peur de retomber en inceste comme on retombe en enfance : pour éviter ce danger, il a mis en place toutes sortes d’obligations et de rituels (à commencer par le lien conjugal dont le principal bénéfice est de constituer un renoncement catégorique à l’attachement premier du sujet pour son géniteur de sexe opposé), il s’est abrité sous le parapluie de la transcendance et sous le nom de Dieu (lequel n’est pas un homme, comme on voudrait le faire croire dans le Da Vinci Code, mais un nom dont l’ "illisibilité" rend insaisissable la réalité divine, donc garantit l’illusion du monde et le monde en tant qu’illusion). L’humanité ne veut plus respecter la règle du jeu. Mais elle ne peut encore se le dire ainsi parce qu’elle ne veut pas prendre la mesure de l’entropie concrète à laquelle elle aspire. Il faut qu’elle se cache son dessein ultime. Même pour ceux qui l’entreprennent de gaieté de cœur, le grand voyage de retour vers l’animalité ne va pas de soi, il faut donc qu’on leur dissimule habilement la vérité de leur désir en leur faisant croire qu’ils sont en guerre contre des forces maléfiques (l’Eglise, le Dieu-Père, etc.) qui ont juré leur perte. Pour que la véritable révélation ne soit jamais proférée, il faut la remplacer par une infinité de pseudo-révélations bien combinées : d’où ce fatras de cryptogrammes, dans le Da Vinci Code, toute cette accumulation de symbologie, d’anagrammes, de cloîtres, de cryptes et de meurtres qui ne servent qu’à transfigurer en jeu de piste initiatique une volonté générale de sortir du jeu humain, ou de l’humanité en tant que jeu, c’est-à-dire en tant qu’artifice et convention opposés à la nature maternelle (les Grandes Déesses, le Féminin sacré) désormais considérée comme unique promesse de bonheur.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, pages 1498-1499

[ retour en enfance ] [ fantasmes de fusion ] [ abolition de la castration ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

relation platonique

Tous les fantasmes des nouveaux rapports de couple qui envahiront les générations suivantes, toute la nouvelle combinatoire hypothétique des rapports homme-femme qui va alimenter les espérances du genre humain, semblent trouver dans l’association Auguste [Comte]-Clotilde une première réalisation fragile. Leur amour, décide Comte, est de l’ordre de la "concordance organique". Mais on ne s’unit bien que dans les nuages, c’est au fond le seul lieu où on puisse s’emmêler réellement. En se refusant à lui – qui accepte ce refus avec un enthousiasme déchiré – Clotilde lui a fait subir "une intime initiation affective, dernier complément indispensable de mon entière préparation philosophique, et sans laquelle je ne pouvais remplir assez ma mission finale pour le service fondamental de la grande régénération humaine". De cet entraînement sportif à la non-copulation consentie, naîtra entre autres Le Système de politique positive. Célibat symbolique, chasteté des candidats à la prêtrise. "La grossièreté de mon sexe m’imposait, sans doute, cette orageuse transition pour aboutir au pur état d’une véritable amitié", reconnaît-il en voyant peu à peu son abstinence se transformer en érection religieuse. Il faudra cependant la mort de son amie pour que la dilatation soit complète…
Plus Clotilde lui refuse ses fesses, et plus Auguste Comte refoule ce refus dans la fable d’un culte universel. Plus elle dérobe son sexe et plus l’autel se concrétise. Plus elle se fait sainte et plus il se fait desservant. Plus elle devient comme le nom propre de la frigidité fermée, romantique, sentimentalement bavarde et doucement ployée dans une parodie d’abandon, et plus elle apparaît à ses yeux comme l’Humanité incarnée. L’objet de la religion de l’avenir se dessine à travers une femme censurée qui lui sourit derrière les fouillis blond-gris de sa silhouette, du fond d’une brume langoureuse et d’un amour à des années-lumière de toute possibilité de coït.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Le 19e siècle à travers les âges", pages 140-141

[ sublimation délirante ] [ positivisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

femmes-hommes

La drogue de l'amour n'est pas une fuite, car elle recèle dans ses spirales des rêves de grandeur qui s'éveillent lorsque l'homme et la femme se fécondent au plus profond d'eux-mêmes. Une sorte de germination naît toujours de l'homme et de la femme qui s'allongent ensemble pour échanger les essences de leurs vies. Une graine est toujours déposée et libérée dans le sol de la passion. Les vapeurs du désir sont le ventre de la naissance de l'homme et souvent l'histoire se fait dans l'ivresse des caresses, tout comme la science et la philosophie. Car une femme, en cousant, cuisinant, dorlottant, protégeant, réchauffant, rêve aussi que l'homme qui la prend sera plus qu'un homme, qu'il sera la figure mythologique de ses rêves, le héros, le découvreur, le bâtisseur.. A moins qu'elle ne soit  une putain anonyme, aucun homme ne pénètre impunément la femme, car là où la semence de l'homme et de la femme se mêlent, de par les gouttes de sang échangées, s'opèrent les mêmes transmutations que dans les eaux mouvantes du grand fleuve de l'hérédité qui véhiculent du père au fils et aux petit-fils, les traits de caractère comme les traits physiques. Le souvenirs d'une expérience se perpétue par les mêmes cellules reproduisent le dessin d'un d'un nez, d'une main, le ton d'une voix ou la couleur d'un œil. Ces grands courant transmettents les caractères et transportent les rêves de port en port jusqu'à  ce que la perfection se réalise et que naissent des êtres, de nouveaux moi qui n'avaient jamais vu le jour... Les hommes et les femmes ne se doutent pas de tout ce qui s'engendre dans les ténèbres de leurs enlacements ; non seulement de enfants mais des multitudes de floraisons invisibles, des mouvement de l'âme et de métamorphoses, d'épanouissement de moi inconnus, de libération de trésors cachés, de fantasmes enfouis...

Auteur: Nin Anaïs

Info: The Four-Chambered Heart: V3 in Nin's Continuous Novel

[ fécondation ] [ fertilité ] [ alchimie ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

psychothérapies

Le Discours de l'Analyste n'est pas le discours tenu par des psychanalystes, (la plupart des soi-disant "psychanalystes" n’ont pas la moindre idée de ce qu’implique de décisif dans le rapport du sujet au réel la structure appelée "Discours de l’Analyste"; pour l'écoute analytique, ce n'est pas le sujet qui tient un discours, mais un Discours qui "tient" le sujet, le sujet entendu au sens lacanien (noté $) ne parle pas, ça parle de lui, et c'est par là qu'il s'appréhende (raison pour laquelle s’il y a bien un sujet de l'inconscient, il n’y a pas d'inconscient du sujet…)

Pour approcher le genre de relation que la théorie analytique entretient avec la psychologie — qui ne répond pas du Discours de l’Analyste, mais du Discours du Maître ou de ses succédanés —, si nous prenons par exemple la locution "ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain": pour le psychologue arrimé au sens commun, voire au "bon sens", les choses se présentent dans une perspective apparemment simple, et même simpliste: il s'agit d'évacuer l'eau sale (symptômes, phobies, tics, tocs, etc.) et de garder le bébé (le moi) aussi propre que possible, débarrassé de ses souillures…

Dans la cure psychanalytique, c'est l'exact contraire, il s'agit de "jeter" le bébé (mettre en "suspens" le moi de l'analysant) et garder l’eau du bain afin que le patient puisse se confronter lui-même à son "eau sale" (ses symptômes, ses fantasmes…) à travers quoi s'organise une certaine jouissance, le plus souvent ruineuse, par lui-même ignorée.

Pour le dire autrement, le principe de l'association libre, de l’interprétation et de la scansion propres à la psychanalyse, permet une mise en suspension du moi de l'analysant (sa "maîtrise" — ou plutôt son illusion de maîtrise!) de façon à ce que "l'eau sale" de la jouissance puisse lui arriver aux oreilles, charriée par sa propre parole, que le psychanalyste s’est engagé à entendre…

Auteur: Dubuis Santini Christian

Info: Publication facebook du 23.06.2021

[ différences ] [ révélation ] [ inversion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

empire

L’idée que le Paris impérial est un enfer de libido quotidien, un bordel de luxe, l’obscénité crépitante chaque soir rallumée dans les beaux quartiers, constitue à mon avis le meilleur résumé possible du grave et somptueux recueil des Châtiments. Le sens du vertige jaloux, de la dégoûtation fascinée, de la fureur sacrée qu’on y entend rugir. Là-bas quelque chose est constamment bafoué, profané. Des vierges sont offertes au Moloch impérial. L’or brûle et sonne au milieu des coïts échevelés des riches. [Victor] Hugo est bouleversé. Il s’intéresse tellement à cette affaire qu’il laisse en plan ses autres projets pour avouer son obsession dans le déferlement d’un pamphlet en vers.
Comme cela se passe en général avec tous les tyrans, ses adversaires prêtent à Napoléon III des possibilités génitales tout à fait déraisonnables. En même temps qu’une mollesse physique et mentale caractéristique des grands seigneurs luxurieux, ou plutôt de l’idée qu’on s’en fait. Ils dorment, quoi, ils sont toujours plus ou moins entre deux nirvanas… Apathiques, comme aurait dit Sade. Des héros capables de jouissances pareilles, il vaudrait mieux les supprimer avec leurs pouvoirs mystérieux, leurs organes bénis des fées… Leur membre viril magique, en quelque sorte. L’Abracadabra qu’ils ont sous le pantalon. Leur mandragore virile en érection… Ils font du tort au genre humain. On ne peut vraiment pas les laisser en circulation, ils pourrissent le marché. Rien qu’à y penser, on sent l’éjaculation précoce qui revient et qui menace une fois de plus comme d’habitude… Enfin bref, quel qu’ait été Napoléon III lui-même (je n’ai nullement à me préoccuper de lui ici, ce sont les discours que sa présence suscite qui m’intéressent), il y a une subversion violente qui dérive de lui, un danger de perversion intense qui émane de sa personne et qui est ressenti par des gens comme Hugo comme une sorte de menace, une sorte de coup d’Etat sexuel permanent qui mérite les punitions les plus graves.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Le 19e siècle à travers les âges", page 426

[ projections ] [ fantasmes ] [ amplification ] [ Paname ]

 

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fantasme

Même si la plupart de ces femmes recherchent surtout de l'affection, de la compagnie et de la communication, certaines font plus volontiers part de leurs exigences sexuelles. Les phantasmes s'avèrent de tout ordre. Benoît a dû répondre quelques fois à des demandes à tendances masochistes. Par exemple, celles d'une femme qui exigeait d'être fouettée, frappée et injuriée. Ils peuvent aussi être à tendances sadiques, comme le démontre l'aventure de Jeff: "Une femme voulait me battre. J'ai discuté avec elle afin de l'en dissuader, mais elle m'a répondu qu'elle m'avait payé, qu'elle ne voulait pas me frapper durement, qu'elle voulait seulement "voir ce que ça fait". J'ai finalement accepté. Au début, elle n'y allait pas très fort, mais ensuite, elle s'est mise à cogner brutalement et elle m'a fait mal. Ses coups ont même laissé des marques." Les fantasmes visent parfois plus simplement à satisfaire une certaine curiosité, comme l'illustre bien une autre aventure de Jeff, plus agréable celle-là: "Deux jeunes filles hétérosexuelles de 19 ou 20 ans, nous rapporte-t-il, voulaient les services d'un homme pour tenter l'expérience de faire l'amour à trois". Un autre fantasme assez répandu concerne l'homosexualité. Quoique la majorité des clientes fassent appel aux services d'un homme, certaines requièrent plutôt les services d'une femme, probablement pour combler une tendance bisexuelle difficilement avouable ou pour essayer une nouvelle expérience. II arrive fréquemment qu'une femme mariée, mais néanmoins lesbienne, comble ses besoins spécifiques en faisant appel à des prostituées. Dans certains cas, des femmes font appel aux services d'un couple pour réaliser, cette fois, un autre genre de fantasme. "II est facile pour une femme de "lever" un homme dans un bar, mais il lui est plus difficile de trouver une femme ou un couple pour coucher avec elles ", explique le directeur de l'agence H. Les femmes n'osent pas avouer ces fantasmes à leurs amis et relations, les considérant comme inadmissibles dans le contexte amoureux, mais ils les habitent tellement qu'elles vont payer pour les réaliser.

Auteur: Internet

Info: http://www.canoe.qc.ca/artdevivresociete/juil17_chair_g-can.html

[ désir ]

 

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quête cosmique

Le vieux débat a été relancé : avec l'échec des trous de ver, devrions-nous envisager de redessiner nos esprits afin d'intégrer les distances interstellaires ? Un seul self recouvrant des milliers d'étoiles, non par clonage, mais par acceptation de l'échelle de temps naturelle au décalage de la vitesse de la lumière. Des millénaires séparant les événements mentaux. Les contingences locales traitées par des systèmes non conscients. Je ne pense pas que l'idée sera très bien accueillie, cependant - et chaque nouveau projet astronomique est en quelque sorte un antidote. Nous pouvons observer les étoiles à distance, comme toujours, mais nous devons faire la paix avec le fait que nous soyons diminués par ce point.

Mais je me demande toujours : où allons-nous maintenant ? L'histoire est incapable de nous guider. L'évolution ne peut nous guider. La charte C-Z dit "comprendre et respecter l'univers"... mais sous quelle forme ? A quelle échelle ? Avec quel genre de sens, quel genre d'esprit ou de point de vue ? Il nous est possible de tout devenir, et cet espace de futurs possibles diminue peut-être d'une certaine manière la galaxie. Pouvons-nous l'explorer sans nous perdre ? Les Fleshers nourrissaient des fantasmes sur des extraterrestres qui arrivaient pour "conquérir" la Terre, pour voler ses "précieuses" ressources physiques, pour nous anéantir par peur de la "concurrence"... comme si une espèce capable de faire le voyage n'avait pas le pouvoir, ou l'esprit, ou l'imagination, de se débarrasser d'impératifs biologiques obsolètes. "Conquérir la galaxie", c'est ce que feraient les bactéries avec des vaisseaux spatiaux - ne sachant pas faire mieux, sans autre choix.

Notre condition est à l'opposé de cela : nous sommes face à des choix sans fin. C'est pourquoi nous devons trouver une autre civilisation de l'espace. Comprendre Lacerta est important, l'astrophysique de la survie est importante, mais nous devons aussi parler à d'autres qui ont été confrontés aux mêmes décisions et ont découvert comment vivre, que devenir. Nous devons comprendre ce que cela signifie d'habiter l'univers.  

Auteur: Egan Greg

Info: Diaspora. Trad Mg

[ science-fiction ] [ perdus ] [ extraterrestres guides ]

 

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tueur

[...] ... Un jour, dans un magasin, j'assiste à un tour de magie, celui de la fausse guillotine. Vous mettez une pomme de terre sous la lame, tandis que quelqu'un passe son cou dans une ouverture prévue à cet effet. La lame tombe et seule la pomme de terre est coupée en deux. Le magicien demande un volontaire et une belle jeune fille blonde se présente, poussée par son petit ami. Tout le monde rigole. Moi, à ce moment, je flippe complètement et je perds contact avec la réalité. Cela n'aurait pas dû m'arriver. Comment imaginer que l'on puisse couper la tête de quelqu'un dans un magasin ? J'étais fasciné, ce concept de décapitation était tellement excitant à mes yeux qu'il m'a hanté pendant des semaines. Bien avant mon premier crime, je savais déjà que j'allais tuer, que cela se terminerait ainsi. Les fantasmes sont trop forts, trop violents. Je sais que je ne serai pas capable de les contrecarrer. Ils reviennent sans cesse à la charge et ils sont trop élaborés ... On parle quelquefois de la face obscure de telle ou telle personne. Tout le monde pense à des choses qu'il garde enfouies au plus profond, parce qu'elles sont par trop cruelles et horribles pour être exprimées : "J'aimerais lui faire sauter la tête, ou tuer ce type." Nous le faisons tous, un jour ou l'autre. Moi, j'y pensais tout le temps. J'avais constamment des pensées négatives. A un moment donné de votre croissance, vous parvenez à surmonter cette phase morbide. Moi, non. Un adulte peut guider un enfant en lui montrant une autre voie. Ma mère était là, au contraire, pour m'humilier et me battre. Elle me montrait à quel point les mâles étaient insignifiants. En quelque sorte, elle a précédé de quelques années les mouvements féministes ! Je sais que ce n'est pas juste de parler ainsi d'une morte qui n'est pas là pour se défendre. Son propre père avait été quelqu'un d'insignifiant et elle avait dû prendre les choses en main dès son plus jeune âge. Maman s'occupait de tout. Elle ne savait pas comment agir autrement. ... [...]

Auteur: Bourgoin Stéphane

Info: Serial Killers: Enquête mondiale sur les tueurs en série

[ psychose ] [ pervers ]

 

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sublimation

Sur quelques-uns des problèmes qui se rattachent à l'art et aux artistes, l'examen psychanalytique donne des éclaircissements satisfaisants ; d'autres lui échappent complètement.

La psychanalyse reconnaît également dans la pratique de l'art une activité qui se propose l'apaisement de désirs inassouvis et à la vérité tout d'abord chez l'artiste créateur et en conséquence chez l'auditeur et le spectateur.

Les forces pulsionnelles à l'œuvre dans l'art sont les mêmes conflits qui poussent à la névrose d'autres individus, qui ont déterminé la société à ériger ses institutions.

D'où vient à l'artiste la capacité de créer, cela ne relève pas de la psychologie.

L'artiste aspire d'abord à une autolibération et fait partager celle-ci, par l'intermédiaire de son œuvre, aux autres hommes qui souffrent des mêmes désirs réfrénés.

Il représente sans doute ses fantasmes de désirs les plus personnels comme accomplis, mais ceux-ci ne deviennent œuvre d'art que par un changement de forme qui atténue le choquant de ceux-ci, en dissimule l'origine personnelle et offre aux autres hommes, par le respect de règles esthétiques, des primes de plaisir séduisantes.

Il n'est pas difficile à la psychanalyse de montrer, à côté de la participation manifeste au plaisir artistique, une participation latente, ô combien plus active, provenant de sources cachées de la libération des pulsions.

La relation entre les impressions psychiques et le cours de la vie de l'artiste et ses œuvres comme réactions à ces excitations appartient aux plus attrayants objets de l'examen psychanalytique.

Du reste, la plupart des questions de la création artistique et de la jouissance artistique attendent encore un traitement qui laisse tomber sur elles l'éclairage d'une connaissance analytique et assigne sa place dans l'édifice complexe des compensations des désirs de l'homme.

En tant que réalité acceptée conventionnellement et dans laquelle, par la vertu de l'illusion artistique, des symboles et des formations substitutives peuvent provoquer de véritables affects, l'art forme un royaume intermédiaire entre la réalité qui interdit le désir et le monde imaginaire qui réalise le désir, et dans lequel les aspirations de toute-puissance de l'humanité primitive sont restées pour ainsi dire en vigueur.

Auteur: Freud Sigmund

Info: L'intérêt de la psychanalyse, 1913

[ activité transitionnelle ] [ signification ] [ planche de salut ]

 

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