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écrivain

Si mes écritures ne me paraissent pas de nouveau trop insuffisantes, je sais que je les publierai un jour. Mais cela aussi, cela surtout, je le voudrais oublier. Songer au lecteur entraîne à trop de ruses inconscientes, et à des timidités qui affaiblissent, et à des hardiesses qui dévoient. Cela incite à telles séductions persuasives qui ne vont pas, peut-être, sans dangereuses concessions. Cela soulève d’autoritaires démonstrations qui vous troublent vous-même et vous en imposent. Il y a des vérités que je connais par intuition. Je n’ai aucun moyen de conduire un autre homme au lieu d’où se voit leur resplendissement. Si je songe à cet autre, je cacherai, lâche, le trésor dont l’étranger ne pourra soupçonner le prix. Ou bien, pour empêcher qu’on rie de mes richesses, pour les rendre remarquables et acceptables, je les disposerai dans le mensonge d’un ordre logique et superficiel ; je les inonderai de fausses lueurs qui éteindront les véritables lumières. Le lecteur est trop exigeant. Il y a des choses que j’ignore ou qui ne m’intéressent point ; mais lui entend que je les connaisse et que je les dise. Ses réclamations créent en moi un intérêt artificiel ou une fausse science.

Auteur: Ryner Han

Info: La Sagesse qui rit . Paris, Éd. du monde moderne, 1928 . Chapitre premier : "L’Art de Vivre et la Science de la Vie."

[ contrainte aliénante ] [ liberté ] [ sans interlocuteur ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

rapports humains

"Tu me le paieras !" disait une fille à son père qui l'avait empêchée de se marier à un soupirant trop bien peigné. Et elle se tua. Mais le père n'a rien payé du tout. Il adorait la pêche au lancer. Trois dimanches après, il retournait à la rivière, pour oublier, disait-il. Le calcul était juste, il oublia. A vrai dire, c'est le contraire qui eût surpris. On croit mourir pour punir sa femme, et on lui rend la liberté. Autant ne pas voir ça. Sans compter qu'on risquerait d'entendre les raisons qu'ils donnent de votre geste. Pour ce qui me concerne, je les entends déjà : "Il s'est tué parce qu'il n'a pu supporter de..." Ah ! cher ami, que les hommes sont pauvres en invention. Ils croient toujours qu'on se suicide pour une raison. Mais on peut très bien se suicider pour deux raisons. Non, ça ne leur entre pas dans la tête. Alors, à quoi bon mourir volontairement, se sacrifier à l'idée qu'on veut donner de soi ? Vous mort, ils en profiteront pour donner à votre geste des motifs idiots, ou vulgaires. Les martyrs, cher ami, doivent choisir d'être oubliés, raillés ou utilisés. Quant à être compris, jamais.

Auteur: Camus Albert

Info: La Chute

[ relatifs ] [ projections ] [ autodestruction ] [ malentendus ] [ méprises ] [ idées fausses ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

classiques et poncifs

On ne voit pas très bien, en effet, pourquoi on qualifie communément d’"épreuve" tout événement pénible, ni pourquoi on dit de quelqu’un qui souffre qu’il est "éprouvé" ; il est difficile de voir là autre chose qu’un simple abus de langage, dont il pourrait d’ailleurs n’être pas sans intérêt de rechercher l’origine. Quoi qu’il en soit, cette idée vulgaire des "épreuves de la vie" existe, même si elle ne répond à rien de nettement défini, et c’est elle surtout qui a donné naissance à de fausses assimilations en ce qui concerne les épreuves initiatiques, à tel point que certains ont été jusqu’à ne voir dans celles-ci qu’une sorte d’image symbolique de celles-là, ce qui, par un étrange renversement des choses, donnerait à supposer que ce sont les faits de la vie humaine extérieure qui ont une valeur effective et qui comptent véritablement au point de vue initiatique lui-même. Ce serait vraiment trop simple s’il en était ainsi, et alors tous les hommes seraient, sans s’en douter, des candidats à l’initiation ; il suffirait à chacun d’avoir traversé quelques circonstances difficiles, ce qui arrive plus ou moins à tout le monde, pour atteindre cette initiation, dont on serait d’ailleurs bien en peine de dire par qui et au nom de quoi elle serait conférée.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "Aperçus sur l'initiation", Éditions Traditionnelles, 1964, page 172

[ usurpation ] [ exagération ] [ transposition profane ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

médias

Je viens de visionner avec ma femme un reportage sur les délinquants français, principalement lyonnais, qui viennent en Suisse pour y commettre divers méfaits ; du casse de bijouterie au cambriolages, en passant par le vol de voitures de luxe. On est sur TV5 Monde, un dimanche après-midi bien tranquille. A la fin des quarante minutes de l'émission je constate que nous nous sommes presque fait endoctriner par ce qu'on pourrait appeler un "outil calibré pour nourrir la paranoïa du téléphage avachi". Ou, dit autrement, comment faire voter les gens à droite. Joli tour de passe-passe quand, après réflexion, il paraît très clair que les malfrats présentés devant la caméra, jeunes français de banlieues, peu structurés en quête d'argent facile, donc certainement dangereux lors d'un casse mais guère plus, ne sont un danger que pour 5 % des Suisses, les bien nantis. A aucun moment je n'ai eu le sentiment de pouvoir être leur cible un jour.
Ce qui est rageant c'est de voir combien les helvètes "ouvriers" se sentent menacés par un tel reportage. A une époque et dans un monde où les pires saloperies sont commises par des banquiers feignants qui, de leurs bureaux climatisés sucent les peuples via des intérêts amoraux, on continue tranquillement de manipuler les esprits, en désignant de fausses cibles... En nous faisant penser à autre chose....

Auteur: Mg

Info: 15 mai 2011

[ pouvoir ]

 

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beaux-arts

Messieurs, il existe en ce monde des milieux plus ou moins ridicules, plus ou moins honteux, humiliants et dégradants, et la quantité de bêtise n'est pas partout la même. Par exemple, le milieu des coiffeurs paraît à la première vue plus susceptible de bêtise que celui des cordonniers. Mais ce qui se passe dans le milieu artistique bat tous les records de sottise et d'indignité, au point qu'un homme à peu près convenable et équilibré ne peut pas ne pas rougir de honte, écrasé par ce festival puéril et prétentieux. Oh ces chants inspirés que personne n'écoute ! Oh ce beaux discours des connaisseurs, cet enthousiasme aux concerts et aux soirées poétiques, ces initiations, révélations et discussions, et le visage de ces gens qui déclament ou écoutent en célébrant de concert "le mystère de la beauté" ! En vertu de quelle douloureuse antinomie tout ce que vous faites ou dites dans ce domaine devient-il risible ? Lorsque dans l'histoire un milieu donné arrive à des telles sottises convulsives, on peut conclure avec certitude que ses idées ne correspondent pas au réel et qu'il est tout simplement farci de fausses conceptions. Vos conceptions artistiques atteignent sans nul doute au summum de la naïveté : et si vous voulez savoir pourquoi et comment il faudrait les réviser, je puis vous le dire sur-le-champ, pourvu que vous prêtiez l'oreille. 


Auteur: Gombrowicz Witold

Info: Ferdydurke

[ cénacles ] [ suiveurs ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

moi-sujet

Au premier instant de répit, dès que je n'ai plus besoin de surveiller ma marche, pour éviter des véhicules ou ne pas gêner les passants, dès que je n'ai plus à parler au premier venu, ni la pénible obligation de franchir une porte toute proche - alors je pars de nouveau sur les eaux du rêve, comme un bateau de papier à bouts pointus, et je retourne une nouvelle fois à l'illusion languissante qui avait bercé ma vague conscience du matin naissant, au son des carrioles qui légumisent.

C'est alors, au beau milieu de la vie, que le rêve déploie ses vastes cinémas. Je descends une rue irréelle de la Ville Basse, et la réalité des vies qui n'existent pas m'enveloppe tendrement le front d'un chiffon blanc de fausses réminiscences. Je suis navigateur, sur une mer ignorée de moi-même. J'ai triomphé de tout, là où je ne suis jamais allé. Et c'est une brise nouvelle que cette somnolence dans laquelle je peux avancer, penché en avant pour cette marche sur l'impossible.

Chacun de nous a son propre alcool. Je trouve assez d'alcool dans le fait d'exister. Ivre de me sentir, j'erre et marche bien droit. Si c'est l'heure, je reviens à mon bureau, comme tout le monde. Si ce n'est pas l'heure encore, je vais jusqu'au fleuve pour regarder le fleuve, comme tout le monde. Je suis pareil. Et derrière tout cela, il y a mon ciel, où je me constelle en cachette et où je possède mon infini.

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info: Le livre de l'intranquillité

[ refuge intérieur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

décompensation psychotique

Une tempête balaie toute la moitié nord de la France. Les rafales cognent si fort contre la tour Eiffel que je crains qu’elle ne s’effondre. Ma tête est toute comprimée. J’ai peur. On me regarde de biais. On me prête les intentions les plus viles dans le but de me nuire. On cherche à m’empoisonner par tous les moyens. On me fait suivre dans la rue. A un feu rouge, une voiture a pilé devant moi uniquement dans le but de me faire tomber. L’actrice Eva Marie Saint a payé un détective pour m’espionner. Elle avait il y a quelques années fait imprimer exprès des journaux avec de fausses nouvelles où l’on annonçait que mon Jeannot chéri filait le parfait amour avec elle. Maintenant, voilà qu’elle trouve son inspiration d’actrice dans ma vie. Je suis certaine que c’est elle, elle la petite salissure, qui intercepte les lettres que j’envoie à Jean pour y ajouter des mots qui en modifient totalement le sens et que c’est donc pour ça qu’il ne vient pas me voir. L’administration du journal est au courant de toutes ces infamies. On envoie sur la route de mes promenades des hommes beaux pour éprouver ma fidélité. On fait tomber mes cheveux lorsque je me coiffe pour m’enlaidir. Les enfants qui devant la maison se moquent de moi et m’envoient des cailloux sont les mêmes que ceux qui jouent dans Orphée. La nuit la lune, clignotant à travers les volets, semble me fixer et me poursuivre de son œil jaune, immense et […]
[Le journal s’arrête ici.]

Auteur: Chiche Sarah

Info: Dans "Les enténébrés" pages 203-204

[ concernement ] [ paranoïa ]

 

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cogito

[…] mais, pource qu’alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensai qu’il fallait que je fisse tout le contraire, et que je rejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s’il ne resterait point après cela quelque chose en ma créance qui fût entièrement indubitable. Ainsi, à cause que nos sens nous trompent quelquefois, je voulus supposer qu’il n’y avait aucune chose qui fût telle qu’ils nous la font imaginer ; et pource qu’il y a des hommes qui se méprennent en raisonnant, même touchant les plus simples matières de géométrie, et y font des paralogismes, jugeant que j’étais sujet à faillir autant qu’aucun autre, je rejetai comme fausses toutes les raisons que j’avais prises auparavant pour démonstrations ; et enfin, considérant que toutes les mêmes pensées que nous avons étant éveillés nous peuvent aussi venir quand nous dormons sans qu’il y en ait aucune pour lors qui soit vraie, je me résolus de feindre que toutes les choses qui m’étaient jamais entrées en l’esprit n’étaient non plus vraies que les illusions de mes songes. Mais aussitôt après je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose : et remarquant que cette vérité, je pense, donc je suis, était si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n’étaient pas capables de l’ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir sans scrupule pour le premier principe de la philosophie que je cherchais.

Auteur: Descartes René

Info: Le discours de la méthode, Librairie générale française, 1973, pages 127-128

[ démonstration ] [ raisonnement ]

 
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guide spirituel

Jung ne se lasse jamais de souligner qu’un fait psychique est un fait ; mais il ne lui convient pas d’ajouter qu’une idée vraie est différente d’une idée fausse, quoique toutes deux existent en qualité de fait psychique. Si nous nous en étions tenu au consensus gentium comme preuve de la réalité objective, nous croirions encore que la terre est plate. Jung lui-même admet que la nature archétypique de la "soif de Dieu" n’est pas une garantie de sa réalité de fait. Mais ceci le laisse indifférent : elle est archétypique. Notre bonheur, en cette matière, doit être assuré en suçant notre pouce. Inlassablement, on nous a clairement démontré que l’idée archétypique de Dieu n’a rien à voir avec l’existence indiscutable de Dieu. De toute façon l’existence indiscutable ou la non-existence de Dieu, n’est pas selon Jung l’affaire du psychologue. Ayant éliminé Dieu, et par là même, semblerait-il, le surnaturel en général, de ce dont le psychologue doit se préoccuper, il poursuit en investissant les idées et les images humaines d’une atmosphère courtoisement décrite comme mystique, mais qu’un observateur moins courtois qualifierait de religiosité. Jung ne peut pas ou ne veut pas voir que l’idée de Dieu, quel que soit son caractère primitif ou archétypique, est en elle-même aussi peu surnaturelle que l’idée de lèchefrite. Parler de Dieu intérieur ne veut rien dire si l’idée de Dieu extérieur n’est pas objectivement vraie. […] Si le psychologue n’a pas à établir la réalité objective de l’existence de Dieu, il n’a pas non plus à bâtir une pseudo-religion en se servant des aspirations religieuses primitives et d’une multitude de mythes. Ceux qui cherchent à découvrir la "signification de la vie" en seront mal récompensés si on les invite à se remplir la panse avec le vent de l’Est, et à en être satisfaits. On pourrait tout aussi raisonnablement leur demander d’adorer le sal volatile

Auteur: Glover Edward

Info: Dans "Freud ou Jung ?", trad. Lucy Jones, P.U.F., Paris, 1954, pages 129-130

[ prémisses fausses ] [ critique ]

 

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littérature

Après plusieurs heures d'une lutte sans nom, Link finit par s'endormir grâce à la forte dose de somnifères qui lui était prodiguée en continu par intraveineuse. Son pouls redevenait régulier et ses autres signes vitaux se stabilisaient progressivement. Il s'engouffrait désormais dans le grand sommeil noir, première étape vers le repos des braves.
Dehors, la foule nombreuse était littéralement suspendue aux lèvres des médecins qui s'occupaient de Lui. Sans volonté métaphorique aucune, cela faisait plusieurs semaines que le monde s'était arrêté de tourner. Aux quatre coins du globe, les Grands Conseillers avaient proclamé le stand-by général. Sur la Place Saint-Pierre à Rome, devant le Mur des Lamentations ou encore face aux écrans géants de Times Square, partout régnait la même tension. Dans chaque grande ville ou petit village où l'information était parvenue, les masses s'étaient spontanément rassemblées à l'annonce de l'hospitalisation de leur Héros. Les gens ne rentraient même plus chez eux pour manger ou pour dormir. Ils ne vivaient plus, ils attendaient. Une attente insupportable que quelques oiseaux de mauvais augure rendaient plus pénible encore par le colportage de fausses rumeurs. Par nécessité, d'immenses convois acheminaient des vivres sur les lieux de rassemblement. Pour fuir la réalité, les meilleurs musiciens n'avaient de cesse d'interpréter leurs plus belles oeuvres, devant des publics en transe implorant le Seigneur de laisser la vie sauve à son dernier Prophète. Le havre de paix créé par Link était en pleine effervescence, malgré la probabilité élevée d'une épreuve traumatisante à venir. Les hommes ne voulaient tout simplement pas songer à ce qui se produirait s'Il venait à disparaître. Les derniers grands philosophes soutenaient que face à une telle perte l'humanité retournerait certainement à la précarité ; de la même façon qu'elle s'y était embourbée la première fois, rapidement et inéluctablement. Mais cela faisait bien longtemps que plus personne ne prêtait attention à ces mauvaises langues charlatanes.

Auteur: Bicchielli Dario

Info: Tragédies salutaires

[ idolâtrer ]

 

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