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maquerelle

Quand elles arrivent au bordel de Monika, c'est comme si c’était un club plutôt qu'une galère.

L'argent empoché sur leur animalité les comble. Évidemment c'est facile de le gâcher en picole ou en fringues, bref, de le jeter par les fenêtres, mais il y a aussi moyen d'en mettre un peu de côté. Et quand leur carrière provisoire au bordel sera terminée, elles pourront entamer une relation sérieuse sans être raides comme des passe-lacets.

En cas de pépin, Monika les laisse tranquillement passer la nuit à l'oeil. Sans avoir à fournir de services. Ici il y a toujours un petit coin pour les filles à plein temps. Avec une douche. En plus, la renommée de Monika, et aussi ses potes, décourage les connards, les débiles et les brutes les plus endurcies. Ça facilite grandement la vie. Les petites putes partagent les opinions de Monika. En cas de besoin, elle peut aussi les conseiller, entre deux portes, pépère, elle sait essuyer les mirettes éplorées.

Parce que tout de même, baiser pour du fric et de surcroît avec des personnes différentes à chaque fois, ce n'est pas tout à fait normal.

Auteur: Topol Jáchym

Info: Une personne sensible

[ prostituées ]

 

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conte

Deux brigands avaient décidé de tuer Silvestro et sa femme pour les dévaliser. Ils se rendirent de nuit à leur domicile et, encouragés par la solitude du lieu, ils cognèrent aux fenêtres tout en intimant l'ordre de se faire ouvrir. Mais Silvestro avait ce soir-là deux gendarmes à dîner. Ceux-ci se cachèrent derrière un rideau et quand les bandits entrèrent, le pistolet au poing, ils furent reçus par une fusillade qui les atteignit l'un et l'autre en pleine poitrine.

Quelque temps après, les fantômes des deux brigands décidèrent de se venger de Silvestro en le faisant mourir de peur. Le sachant à l'auberge, ils l'attendirent dans son jardin, mais comme cette attente les fatiguait, ils se hissèrent sur une corde tendue entre deux perches et s'y installèrent.

Lorsque Silvestro sortit de l'auberge, il était ivre. Pourtant, malgré son ivresse, il comprit que sa femme avait étendu son linge pour le mettre à sécher au vent nocturne. Seulement elle avait oublié de le fixer, courant ainsi le risque qu'on ne le retrouve pas le lendemain. Silvestro entra dans la maison, se saisit de pinces à linge, revint au jardin et pinça les spectres sur la corde à linge.

Auteur: Moravia Alberto

Info: Italia magica, p 253 - Les spectres sur la corde (Enrico Morovich)

[ histoire courte ]

 
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mer nourricière

Il y a dans ces restaurants de bord de mer, dès lors qu’ils ne se satisfont pas d’être des bouis-bouis de bout du quai et affichent la prétention d’un standing amélioré, un doux mélange de kitsch contemporain, impersonnel –idem sur toutes les côtes –et de vieille auberge maritime, de tanière où se donne en partage l’archaïque nourriture des hommes tirée de leur hostile et chère adversaire abyssale.

C’est dû aux poissons que l’on y fait griller, qu’on dirait tout juste extraits de l’étendue obscure qui prend sous les fenêtres, sautés aussitôt dans l’assiette après un bref détour par les cuisines où les ont vidés, préparés et mis à cuire des mains candides et chevronnées, répétant des gestes sans âge ; c’est dû aux huîtres qui sortent de leurs casiers trempés à quatre cents mètres de là, aux coquillages ramassés sur les plages d’à côté par d’autres mains calleuses, gercées, entaillées de cicatrices dans et malgré leurs gants de protection. Une caravelle ou un chalutier vogue à l’intérieur d’une grosse bouteille sur une étagère. Les serviettes sont tire-bouchonnées dans les verres à pied ; on les retire pour verser le vin blanc qui accompagnera les bulots, les crevettes.

Auteur: Larnaudie Mathieu

Info: Blockhaus

[ océan ]

 

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bourse

Ce qui me rappelle une histoire qui s'est passée un vendredi d'octobre 1987. Ce matin-là, tous les médias avaient annoncé que le plus grand krach boursier des six dernières décennies venait de commencer. Petit à petit, des milliers de gens venus de tous les coins de New-York confluèrent sur Wall Street. Sans trop comprendre, les policiers observaient cette masse immobile levant le nez au ciel. Jusqu'à ce que l'affaire s'éclaircisse. Tous attendaient que les premiers brokers désespérés se jettent par les fenêtres. Les images de 1929 étaient dans toutes les mémoires, et nul ne voulait rater l'événement en direct. La dépression des uns fait la joie morbide des autres. Certes, une crise financière n'aurait pas amélioré le sort des petites gens, du moins ne voulaient-ils pas rater le spectacle consolateur des maudits yuppies s'écrasant sur le bitume. La foule attendit longtemps sans que rien ne se passe. Et peu à peu, une rumeur circula: il n'allait rien se passer. Personne n'allait se défenestrer. Car depuis que la climatisation existe, il n'est plus possible d'ouvrir aucune fenêtre à Wall Street. Le petit peuple déçu rentra chez lui. Probablement pensèrent-ils: Foutre, même les joies les plus simples de l'existence sont gâchées par la technique moderne.

Auteur: Paoli Guillaume

Info: cofondateur des Chômeurs heureux, Ne vous laissez pas aller!, conférence à la Volksbühne à Berlin dans le cadre du cycle, capitalisme et dépression, mars 2001

 

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guerre

Comme toujours en pareil cas, personne ne peut dire ce qui se passe réellement. Il y a des soldats dans les rues et les gens, cachés derrière leurs fenêtres, scrutent les boulevards avec attention et ressentent une douce excitation. À combien de coups d'État a-t-elle assisté depuis sa vingtième année ? Elle essaie de compter. Mais c'est si difficile de savoir. Cela se ressemble, aussi, leurs affaires-là, à tous ces militaires. Puis elle se souvient que tous les quinze ans, il y avait un horrible bain de sang : depuis bientôt un demi-siècle, le désir, chaque fois renouvelé, de finir le travail, c'est-à-dire d'exterminer jusqu'au dernier ennemi, le Twi ou le Mwa, jetait le pays par terre, au milieu de ses ordures et de ses immondes déjections. C'était une histoire connue. Pendant chaque massacre, des bébés traversaient la frontière sur le dos de leurs mères. Quinze ans après, ils revenaient, soldats ivres de colère et aux yeux durs comme l'acier. Pour venger des crimes commis quinze ans plus tôt, ils commettaient des crimes que d'autres soldats reviendraient venger quinze ans plus tard. Et ainsi de suite. Mère Mwenza songe : "J'en ai bien peur, les fils sont encore revenus désherber les tombes de leurs pères."

Auteur: Diop Boubacar Boris

Info: Le Cavalier et son ombre

[ Afrique ] [ génocide ] [ cycle ] [ vengeance ]

 

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unification

Deux éléments rendent la physique quantique extrêmement difficile à comprendre. La première, c’est que les particules sont aussi des ondes. La deuxième a trait à la question : quelle différence y a-t-il entre le microscopique et le macroscopique ? Pour le premier problème, il faut imaginer une balle de tennis, de la matière agglomérée en mouvement. Si on la lance contre un mur où il y a deux fenêtres, elle passe soit à gauche, soit à droite. Mais une onde, elle, peut se propager dans plusieurs endroits simultanément. Serge Haroche a mis en évidence cette dualité : une chose peut être à la fois une particule et une onde. Quant au deuxième problème, il faut considérer qu’un chat et un atome sont tous deux dans un même état quantique, ce que Schrödinger a formulé de façon provocante avec son récit du chat à la fois mort et vivant. L’équipe de Serge Haroche a fait encore plus fort. Ils ont montré que cette possibilité d’avoir deux états simultanément dépend du nombre de particules qui sont en jeu, et que plus le système est gros, plus le temps durant lequel cet état est vrai diminue. On ne peut donc pas observer cela pour un chat qui regroupe des milliards de particules.

Auteur: Internet

Info: France culture, 12.11.2012 , après le Nobel de Haroche

[ univers ] [ particules élémentaires ]

 

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naissance

La maison qu'habitaient alors mes parents est située dans une rue sombre et étroite de Saint-Malo, appelée la rue des Juifs : cette maison est aujourd'hui transformée en auberge. La chambre où ma mère accoucha domine une partie déserte des murs de la ville, et à travers les fenêtres de cette chambre on aperçoit une mer qui s'étend à perte de vue, en se brisant sur des écueils. J'eus pour parrain, comme on le voit dans mon extrait de baptême, mon frère, et pour marraine la comtesse de Plouït, fille du maréchal de Contades. J'étais presque mort quand je vins au jour. Le mugissement des vagues, soulevées par une bourrasque annonçant l'équinoxe d'automne, empêchait d'entendre mes cris : on m'a souvent conté ces détails ; leur tristesse ne s'est jamais effacée de ma mémoire. Il n'y a pas de jour où, rêvant à ce que j'ai été, je ne revoie en pensée le rocher sur lequel je suis né, la chambre où ma mère m'infligea la vie, la tempête dont le bruit berça mon premier sommeil, le frère infortuné qui me donna un nom que j'ai presque toujours traîné dans le malheur. Le Ciel sembla réunir ces diverses circonstances pour placer dans mon berceau une image de mes destinées.

Auteur: Chateaubriand François-René de

Info: Mémoires d'outre-tombe. "Je viens au monde". La Vallée-aux-Loups, le 31 décembre 1811

[ arrivée au monde ]

 

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nocturne

Dans la cabine il fait de plus en plus chaud. Je dors en tenue d'Adam. Ce frêle navire qui nous garde et nous transporte sur ces abîmes incommensurables n'arrête pas de tanguer et de rouler, par toutes les fenêtres et les portes souffle un vent d'une grande douceur, dans un coin bourdonne le ventilateur - et on a pourtant l'impression d'être aux bains russes...

Parfois, je me représente moi-même en train de dormir, étendu dans cette cabine, sans défense, dénué de pensée et de conscience, perdu dans l'océan. Comme c'est merveilleux et terrifiant, comme c'est bon ! Je dors, nous dormons tous, exceptés ces deux ou trois individus privés de sommeil, silencieux, immobiles, qui sont de quart et veillent sur nous là-bas, là-haut ; nous dormons, et la nuit, éternelle, immuable, est la même qu'il y a des milliers d'années ! La nuit, d'une beauté indicible, et je ne saurais dire pourquoi - essentielle - brille au-dessus de l'océan et conduit ses astres qui lancent des feux de pierres précieuses, tandis que le vent, véritable respiration divine de ce monde merveilleux et incompréhensible, entre par les fenêtres et les portes, entre dans nos âmes ouvertes avec confiance à cette nuit, et à toute la pureté céleste de ce souffle.

Auteur: Bounine Ivan Alex

Info: Coup de soleil et autres nouvelles

[ maritime ] [ songe ]

 

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deuil

Le vieil écrivain était malade.
On feuilletait chez le libraire son dernier bouquin
et il me semblait assister à une vente aux enchères.
Sur la couverture, je m'attendais à voir
ses boutons, de chemise ou leur chiffre bizarre,
ses lunettes et son fume-cigarettes bon marché.

C'est hier qu'il est mort.
Les livres de sa bibliothèque,
des in-folios satinés, bien nourris,
des parchemins pelés et des albums pâlis
seront expédiés aux bouquinistes, en plein hiver.
Le vieux ne supportait pas qu'ils aient froid,
ni qu'ils soient seuls. Ils ont gardé peut-être
l'encre de son sang.

Maintenant tous ces bouquins vont être éparpillés,
leur peau se crispe de terreur,
les miroirs se déchargent de son image,
ses vêtements se liquéfient dans la commode
et dans son paquet de tabac chantent les cigales.

Désormais ces bouquins vont pâlir un peu
et je les empile, rayons compris, dans ma mémoire…
Sans broncher, il me conseillait de ne pas faire l'amour
"en présence des livres"
et c'est la première fois que je ne souris pas.

Les fenêtres s'éteignent,
le matou, plus décrépit que les fauteuils, s'esquive,
et je descends les marches usées de la maison du vieux
lorsque soudain,
à l'improviste, vers la chambre défunte
sortent de l'ascenseur, en me frôlant,
m’écrasant presque,
les jambes de sa fille, gainées de noir...

Auteur: Tomozei Gheorghe

Info: In 30 poètes roumains de Irina Radu, (p. 201-203, traduit du roumain par Irina Radu). Le vieillard et les livres

[ collection personnelle ] [ dispersion ] [ femmes-hommes ] [ théorie-pratique ]

 

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animal domestique

Au-dessus de la terre, habitée par la pensée des hommes : un ciel clair, semé d'étoiles. La terre est très lumineuse. A l'endroit où la famille a laissé la maison, il n'y a rien. Des Âmes, peut-être ? et des souvenirs... Mais si, pourtant, le Vide s'écarte, le ciel apparaît admirable, d'une pureté divine. Puis la maison haute ! haute ! comme une cathédrale. Puis le jardin, avec une pelouse, comme un champ, et les allées, comme des routes de campagne.
Qui y a-t-il ? Il n'y a rien. Mais si, par terre, un peu au-dessus du sol, deux étoiles sont suspendues : Les yeux du chat qui regardent la maison. Le chat est là et pour lui, tout revit. Le chat se promène : c'est calme. Il va doucement, près d'un soupirail : il entre, les étoiles illuminent la cave, qui est toute blanche comme le couloir d'une abbaye. Le chat ronronne en marchant. Il est tranquille, rien n'est changé chez lui. Il ressaute sur la route de campagne et va se promener dans le champ. Le chat passe en revue : toute la Nuit. Aux fenêtres des maisons, des vitraux scintillent. Le chat se couche sur une marche de la maison. Devant lui le Vide revient. Ses yeux deviennent très grands, il voit dans le Néant !

Auteur: Havet Mireille

Info: La Maison dans l'oeil du chat

[ poésie ] [ nuit ]

 

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