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cité imaginaire

Si vous voulez me croire, très bien. Je dirai maintenant comment est faite Octavie, ville-toile d’araignée.

Il y a un précipice entre deux montagnes escarpées : la ville est au-dessus du vide, attachée aux deux crêtes par des cordes, des chaînes et des passerelles. On marche sur des traverses de bois, en faisant attention à ne pas mettre les pieds dans les intervalles, ou encore on s’agrippe aux mailles d’un filet de chanvre. En dessous, il n’y a rien pendant des centaines et des centaines de mètres : un nuage circule ; plus bas on aperçoit le fond du ravin.

Telle est la base de la ville : un filet qui sert de lieu de passage et de support. Tout le reste, au lieu de s’élever par-dessus, est pendu en dessous : échelles de corde, hamacs, maisons en forme de sacs, porte-manteaux, terrasses semblables à des nacelles, outres pour l’eau, becs de gaz, tournebroches, panier suspendus à des ficelles, monte-charges, douches, pour les jeux de trapèzes et anneaux, téléphériques, lampadaires, vases de plantes aux feuillages qui pendent.

Suspendue au-dessus de l’abîme, la vie des habitants d’Octavie est moins incertaine que dans d’autres villes. Ils savent que la résistance de leur filet a une limite.

Auteur: Calvino Italo

Info: Les villes invisibles

[ localité suspendue ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

massacre

Alors imaginez la calme fin d’une journée de printemps où tout semble comme verni, frais, émaillé, les rayons du soleil déclinant qui percent en oblique les feuillages des arbres bordant la côte que monte maintenant au pas l’escadron, et à part toujours le bruit des sabots c’est le silence, personne ne parle, vous regardez seulement les premiers groupes de réfugiés qui cheminent en sens inverse, et tout à coup, sans que rien ne se soit encore produit, sans raison apparente, vous les entendez crier, ou plutôt criailler, les piaillements aigus des femmes, trop aigus, presque indécents, au point que vous vous demandez avec une sorte de condescendance apitoyée Qu’est-ce qui leur prend, qu’est-ce qui leur prend ? en même temps que vous les voyez tous, femmes, hommes, enfants abandonner les chariots, les bicyclettes ou les poussettes qu’ils traînaient et se jeter dans le fossé et alors, sans que vous ayez seulement entendu venir les trois avions qui volent haut, tout à coup cette espèce de buisson de poussière dans le champ, à quelques mètres de vous, crépitant d’étincelles dans un bruit ou plutôt un fracas assourdissant, et le souffle de la bombe qui vous frappe sur le côté comme des coups de poing, et alors, puisque c’est ça que vous me demandez, ça y est : la peur

Auteur: Simon Claude

Info: Le jardin des plantes p 81

[ contraste ] [ machine ] [ nature ] [ guerre ] [ débâcle ] [ ww2 ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin

végétal

La communication des plantes par voie chimique commence à être un sujet d'étude. En effet, certains éléments laissent penser que les plantes sécrètent des substances grâce auxquelles elles peuvent se transmettre des informations entre elles. Le cas des acacias d'Afrique est un exemple connu de ce phénomène : lorsqu'une antilope commence à brouter le feuillage de l'acacia, celui-ci sécrète aussitôt des tanins (polyphénols ) dans ses feuilles basses, ce qui les rend amères et indigestes. En parallèle, il diffuse un message d'alerte en émettant des molécules volatiles, principalement de l'éthylène, qui sont dispersées par le vent et captées par les arbres voisins. Ceux-ci synthétisent alors à leur tour des tanins protecteurs. Les antilopes se sont adaptées et ne se nourrissent plus que du feuillage inoffensif des arbres situés dans le sens contraire du vent, n'ayant pas reçu les émissions gazeuses de leurs voisins. Lorsqu'il y a quelques décennies les hommes ont voulu construire des parcs pour les antilopes, celles-ci n'ont plus été en mesure de remonter contre le vent et ont du brouter les feuillages toxiques, provoquant leur mort. C'est un bel exemple de l'autodéfense végétale. L'acacia tue quand il est trop la proie des brouteurs, il sécrète alors plus de tanin, ce qui tue les êtres vivant qui l'on consommé... Même les acacias voisins qui n'ont pas été agressés sont avertis par message chimique des autres acacias.

Auteur: Baluska Frantisek

Info:

[ animal ] [ interaction ] [ défense ]

 

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végétaux

En attendant, j’imagine que la Seine en crue atteigne les tiroirs de nos Compactus et humidifie leur contenu. Alors l'Herbier se mettrait à germer. Au commencement serait la plantule, laquelle bourgeonnerait sagement dans l'intimité d'un rayonnage, préparant sa grande évasion vers le ciel et la lumière. L'une d'elles passerait sa tige dans l'entrebâillement d'un casier et bientôt, toutes tenteraient une sortie, dans l'ordre fixé par le bel ordonnancement des familles, les myrtes au côté des choux, les bruyères en compagnie des poivrons, tournesols et marguerites ensemble. Une fois dehors, il n'y aurait plus de classification qui tienne : le fragile édifice conceptuel si patiemment édifié par les botanistes s'effondrerait face à l'inexorable poussée des lianes. Les Schizophragma, ces hortensias grimpants aux larges fleurs crème, prendraient appui sur les tuyaux de la climatisation, hissant leurs floraisons jusque dans l'encadrement des fenêtres, leurs feuillages chatouillant les verrières. À l'abri d'une travée, un Moabi d'Afrique centrale commencerait son escalade patiente, musclant sa ramure, se préparant à soulever le toit pour qu’entrent le vent et les rayons du soleil : une fois la toiture repoussée, la végétation s'en donnerait à cœur joie, jaillissant au-dessus des toits de Paris. À soixante-dix mètres de haut, le Moabi concurrencerait Notre-Dame. Ce serait la genèse d'une forêt : la spontanéité du vivant ferait la ruine de l'Herbier, une flore mondialisée, unifiée, sauvage se ferait la malle dans les rues de Paris. Pour le moment, la Seine monte sans danger pour le Jardin des Plantes. Mais prêtez-y attention, l'air de rien, les plantes complotent au bas des trottoirs.

Auteur: Jeanson Marc

Info: Botaniste

[ arbres ] [ science-fiction ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

mousson

Cet été-là, je l'avais passé à ruisseler de sueur sous un soleil de plomb, écartant les herbes et les feuilles dans les rigoles des rizières ou les ruisseaux, à la recherche de grenouilles. A bout de souffle, je m'arrêtais un moment pour regarder le ciel, le vent traversait les rizières, soufflant au-dessus de ma tête dressée au milieu de la mer des épis verdoyants. Le bruit des vagues résonnait lourdement dans ma tête vide de pensées.

Si un orage me surprenait, j'allais m'abriter sous un arbre et je regardais la rizière éclairée par la lumière verdâtre des éclairs. La forêt d'un vert dense où s'enchevêtraient les feuillages bruissait sous le vent mêlé de pluie, comme un être étrange tremblant de tous ses membres verts. J'étais trempé jusqu'aux os, les grenouilles s'agitaient dans leur boîte en plastique. Je savais bien que si le tonnerre grondais, je devais m'éloigner des arbres, mais je n'avais aucun autre endroit où me réfugier. La seule chose que je pouvais faire était d'essayer de me protéger.

Les souvenirs que j'avais oubliés se bousculaient dans ma mémoire. Cependant, ils ne se recoupaient pas avec le paysage qui s'offrait à mes yeux. Ils flottaient dans le cosmos, je ne savais plus moi-même où je me trouvais. En fait de nostalgie, mon coeur se serrait jusqu'à éclater. Les larmes m'ont assailli. Il n'y avait personne pour me voir mais je me suis accroupi pour cacher mon visage en larmes, j'ai mis la main sur mes yeux. Un long moment, je suis resté à sangloter sans bruit, à cause du paysage disparu à jamais.

Auteur: Izumi Shiga

Info: Quand le ciel pleut d'indifférence

[ nocturne ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

déclaration d'amour

Hier soir, pas un cri d'oiseau, pas une brise : la solitude, et nous ! Les feuillages immobiles ne tremblaient même pas dans ces admirables couleurs du couchant qui sont tout à la fois ombre et lumière. Toi, rieuse et humble, te donnant tout entière en âme, en pensée, et te dérobant à la plus timide des caresses ! Chères coquetteries du coeur ! Elles vibrent toujours dans mon oreille, ces délicieuses paroles qui n'étaient ni des promesses, ni des aveux, mais qui laissaient à l'amour ses belles espérances, sans craintes et sans tourments ! Quel chaste souvenir dans la vie ! Quel épanouissement de toutes les fleurs qui naissent au fond de l'âme, et qu'un rien peut flétrir, mais qu'alors tout animait et fécondait ! Ce sera toujours ainsi, n'est-ce pas, ma bien-aimée ? En me rappelant, ce matin, les vives et fraîches douceurs dont ce moment a été la source, je me sens dans l'âme un bonheur qui me fait concevoir le véritable amour comme un océan de sensations éternelles et toujours neuves où l'on se plonge avec de croissants délices. Chaque jour, chaque parole, chaque caresse, chaque regard doit y ajouter le tribut de sa joie écoulée. Oui, les coeurs assez grands pour ne rien oublier, doivent vivre, à chaque battement, de toutes leurs félicités passées, comme de toutes celles que promet l'avenir. Voilà ce que je rêvais autrefois, et ce n'est plus un rêve aujourd'hui ! J'ai rencontré sur cette terre un bel ange, toi, qui m'en a fait connaître toutes les joies ! Ange du ciel, je te salue par un baiser.

Auteur: Balzac Honoré de

Info: Louis Lambert 1832

 

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littérature

... Je m'assis au milieu du potager - les serpents n'auraient guère pu s'approcher sans être vus - et j'appuyai le dos contre un potiron jaune, que le soleil avait tiédi. Quelques coquerets, chargés de fruits, poussaient le long des sillons. J'écartai les gaines triangulaires qui protégeaient les fruits - on aurait dit des enveloppes de papier - et je mangeai quatre ou cinq baies. Tout autour de moi, des sauterelles géantes, deux fois plus grosses que les sauterelles de Virginie, faisaient de l'acrobatie parmi les feuillages desséchés. Les rats à bourse couraient sur le sol labouré. Dans le fond du vallon, le vent ne soufflait pas très fort, mais je l'entendais bourdonner sa chanson là-haut, sur la plaine où ondoyaient les hautes herbes. Sous mes jambes, la terre était chaude ; elle était chaude aussi quand je l'écrasais entre mes doigts. D'étranges petits insectes rouges apparurent et tournèrent autour de moi en escadrons flâneurs. Ils avaient le dos laqué de vermillon et semé de taches noires. Je restais aussi immobile que possible. Il ne se passa rien. D'ailleurs, je n'attendais aucun événement. Semblable à un potiron, j'étais simplement quelque chose qui gisait sous le soleil et recevait ses rayons, et je n'en demandais pas davantage. Je me sentais parfaitement heureux. Peut-être est-ce là ce qu'on éprouve quand on meurt et qu'on devient partie d'un grand tout, que ce soit l'air et le soleil, ou la bonté et la connaissance. Je ne sais pas, mais le bonheur, c'est ça : se dissoudre dans un grand tout. Et quand le bonheur nous vient, il nous vient aussi naturellement que le sommeil...

Auteur: Cather Willa

Info: Mon Antonia

[ être ] [ nature ]

 

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ermite

Tu crois que le Solitaire est pauvre. Tu ne vois pas qu’il marche sous des arbres chargés de fruits et que sa main frôle des épis par centaines. Sous les sombres feuillages, chaque bourgeon est pour lui une promesse de fleur écarlate et les fruits éclatent presque, tant ils sont gorgés de jus. Des résines odorantes ruissellent le long de ses arbres et sous ses pas la semence est avide de grandir.

Lorsque le soleil, tel un oiseau épuisé, s’abîme dans la mer, le Solitaire s’enroule dans son vêtement ; il retient son souffle sans plus bouger, attendant seulement que revienne le miracle du renouveau de la lumière qui monte à l’orient. 

Il y a une attente comble et exquise chez l’homme solitaire.

Les effrois du désert et de l’assoiffement aride l’entourent et tu ne comprends pas comment le Solitaire peut vivre.

Mais son œil est posé sur les jardins, et son oreille écoute les sources, et sa main touche des feuilles et des fruits de velours, et son haleine respire les doux parfums d’arbres chargés de fleurs.

Il ne peut pas te le dire, tant est comble la magnificence de ses jardins. Il bredouille quand il en parle et tu as l’impression qu’il est pauvre d’esprit et de vie. Mais sa main ne sait que saisir dans toute cette indescriptible profusion.

Il te donne un petit fruit insignifiant qui vient de tomber à ses pieds. Tu as l’impression qu’il ne vaut rien ; mais lorsque tu le contemples, tu vois que ce fruit a goûté un soleil dont tu n’osais même pas rêver. 

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans le "Livre Rouge", trad. Béatrice Dunner, La Compagnie du Livre rouge, Paris, 2012, page 278

[ richesse intérieure ] [ joie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

nature

Au-delà du jardin, se trouvait le verger, où cerisiers, pruniers et pommiers se dressaient au milieu d’un tapis de menthe, de ciboulette, de persil et d’autres plantes aromatiques. Devant la fenêtre de la cuisine, une antique vigne tordait son tronc noueux autour d’un pin et étendait son feuillage au-dessus d’une treille. Au printemps et en été, on cuisinait souvent à l’ombre de cette vigne qui, à l’automne, donnait les raisins muscats les plus sucrés qui soient.

[…] Dans la plupart des langues européennes, les mots servant à désigner le "jardin" et le "paradis" appartiennent à la même famille que le vieux vocable persan paradaiza, signifiant "l’enclos du Seigneur". En Perse, où la saison des pluies est très courte et l’eau un élément rare, la création d’un jardin signifiait traditionnellement celle d’un paradis personnel, du reflet ici-bas des jardins d’Eden. Cela exprimait l’aspiration de l’âme vers la paix et la beauté éternelles. Les tapis persans, avec leurs oiseaux et leurs plantes stylisés, était à l’origine une représentation du paradis ; jusqu’au tapis volant des contes de fées qui était associé au désir d’un retour à la pureté originelle.

Le jardinier persan était censé produire une atmosphère de safa, mot qui signifie "sérénité" mais évoque également la fraîcheur, l’apaisement, la beauté. Le jardin persan traditionnel, lieu d’élection du rossignol et de la rose, célébré par les poètes et les écrivains à travers les siècles, était l’expression d’un génie national dont les autres manifestations étaient la fabrication des tapis, la peinture de miniatures, l’écriture de poèmes. Hélas, rares sont les grands jardins d’antan qui subsistent encore aujourd’hui. Plus fragiles que les vers ou la peinture, ils n’ont pas survécu aux soubresauts de notre histoire. Et pourtant, chacun aspire comme avant à créer dans la mesure de ses moyens sa paradaiza personnelle.

Auteur: Guppy Shusha

Info: Un jardin à Téhéran, p 98

[ beauté ] [ oasis ] [ sanctuaire végétal ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

vocabulaire

Je nettoie les mots.
Je les ramasse la nuit, partout :
Le mot forêt, le mot maison, le mot fleur.
Je m’occupe d’eux pendant la journée
Quand je rêve éveillé.

Le mot solitude me tient compagnie.

Chaque mot a besoin d’être nettoyé et caressé :
Le mot ciel, le mot nuage, le mot mer.
Certains doivent être lavés,
Il faut même les gratter de la saleté des jours et des abus.
Beaucoup de mots arrivent malades,
D’autres arrivent tout simplement usés, déguisés,
Pliés sous le poids des choses qu’ils traînent derrière eux.

Le mot pierre pèse aussi lourd qu’une pierre.
Le mot rose répand son parfum dans l’air.
Le mot arbre a des feuilles, de grandes branches,
Et on peut se reposer à l’ombre de son feuillage.
Le mot chat enfonce ses ongles dans le tapis.
Le mot oiseau ouvre ses ailes pour s’envoler.
Le mot cœur n’arrête pas de battre.
On écoute le mot chanson.

Le mot vent fait voler les papiers et il faut l’enfermer dans la cave
À la fin tous les mots se tournent vers la lumière
Et s’envolent bien loin, légers, nés de ma main une fois de plus :

Le mot étoile, le mot île, le mot pain.

Le mot merci me remercie. Les autres ne le font pas.
Le mot au revoir fait ses adieux.
Les autres sont partis, mots à la surface lisse et lavée,
Comme les cailloux de la rivière :
Le mot jalousie, le mot colère, le mot froid.

Ils partent à la recherche de ceux qui souhaitent les prononcer.
Il suffit de tendre la main
Pour cueillir le mot bateau ou le mot amour.

Je nettoie les mots.
Le mot coquille, le mot lune, le mot mot.
Je les ramasse la nuit, je m’en occupe pendant la journée.
Le mot cuisinier cuisine mon dîner.
Le mot brise me rafraîchit.
Et le mot solitude me tient compagnie.

Auteur: Magalhaes Alvaro

Info:

[ poème ] [ termes ]

 

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