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travail

Dans mes vagues souvenirs, du temps où j’avais cinq ou six ans, je vois le plus souvent, avec dégoût naturellement, autour d’une table ronde un conclave de femmes intelligentes, sévères et moroses, des ciseaux, des étoffes, des patrons et des figures de mode. Tout ce monde discute et raisonne, en hochant gravement et lentement la tête, tout en mesurant, calculant et se préparant à couper. Tous ces visages caressants, qui m’aiment tant, sont tout à coup devenus inabordables ; que je commette la moindre espièglerie, et on me chassera aussitôt. Même ma pauvre bonne, qui me soutient de la main et a cessé de répondre à mes cris et à mes tiraillements, est tout yeux et tout oreilles comme en face d’un oiseau du paradis. Eh bien ! cette sévérité sur des visages intelligents, cet air grave avant de commencer la coupe, j’éprouve comme une souffrance, aujourd’hui encore, en y pensant. Tatiana Pavlovna, vous aimez passionnément couper ! Si aristocratique que ce soit, j’aime pourtant mieux une femme qui ne fait rien du tout. ne prends pas cela pour toi, Sofia... Mais à quoi bon ? La femme n’a pas besoin de cela pour être une grande puissance.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "L'Adolescent", éditions Gallimard, 1998, traduit par par Pierre Pascal, page 112

[ femmes-par-homme ] [ concentration ] [ indifférence ]

 

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réfléchir

La pensée peut-elle exister sans langage ?

"On soutient parfois qu'il n'y a pas de pensée sans langage, mais je ne peux souscrire à ce point de vue : Je soutiens qu'il y a de la pensée, et même des croyances vraies et fausses, sans langage. Mais quoi qu'il en soit, on ne peut nier que toute pensée relativement élaborée nécessite des mots. 

Le langage sert non seulement à exprimer des pensées, mais aussi à rendre possibles des pensées qui ne pourraient pas exister sans lui. Je peux savoir, en un sens, que j'ai cinq doigts, sans connaître le mot "cinq", mais je ne peux pas savoir que la population de Londres est d'environ huit millions d'habitants sans avoir acquis le langage de l'arithmétique, ni avoir une pensée correspondant étroitement à ce qui est affirmé dans la phrase : "le rapport entre la circonférence d'un cercle et son diamètre est d'environ 3,14159". 

Le langage, une fois évolué, acquiert une sorte d'autonomie : nous pouvons savoir, surtout en mathématiques, qu'une phrase affirme quelque chose de vrai, bien que ce qu'elle affirme soit trop complexe pour être appréhendé même par les meilleurs esprits".

Auteur: Russell Bertrand

Info: Human Knowledge : Its Scope and Limits  (1948), Partie II. Le monde de la science, Ch.I : Les usages du langage, p.74. La philosophie du langage étudie la nature du langage et les relations entre les idiomes, leurs utilisateurs et le monde, à propos de la nature du sens, de l'intentionnalité, de la référence, de la constitution des phrases, des concepts, de l'apprentissage et de la pensée. Russel et Gottlob Frege furent les figures de proue de ce "virage linguistique". Ils furent suivis par Ludwig Wittgenstein (Tractatus Logico-Philosophicus), le Cercle de Vienne, les positivistes logiques et Willard Van Orman Quine. Ce qu'on nomme aussi "naissance de la philosophie analytique".

[ réflexion ] [ tiercités ] [ philosophie analytique ] [ épistémé ] [ historique ]

 

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anima-animus

Par ces termes, il [C. G. Jung] entend un système de fonctions agissant de manière à compenser la personnalité extérieure ; c’est en quelque sorte une personnalité interne présentant des qualités qui échappent à la personnalité extérieure, consciente et manifeste. Ce sont ces qualités féminines chez l’homme, masculines chez la femme qui, normalement et dans une certaine mesure, sont toujours présentes mais ne trouvent pas leur place chez un être tourné vers l’extérieur parce qu’elles gênent l’adaptation à son milieu ou à l’idéal établi.
Cependant, le caractère de ces figures n’est pas seulement déterminé par les tendances qui sont celles de l’autre sexe, mais il est aussi conditionné par les expériences que chacun fait au cours de sa vie avec ses partenaires de même sexe ainsi que par la représentation collective innée que l’homme porte en lui de la femme, et la femme de l’homme. Ces trois facteurs se condensent dans un ensemble qui n’est pas seulement une image ou une expérience vécue, mais plutôt une sorte d’entité dont le fonctionnement s’intègre difficilement aux autres fonctions psychiques. Cette entité suit en effet ses propres lois et intervient dans la vie comme un élément étranger, tantôt utile, tantôt dérangeant voire destructeur.

Auteur: Emma Jung

Info: Dans "Anima et Animus", pages 66-67

[ archétypes ] [ androgynie psychique ] [ complexes psychologiques ]

 

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se délecter

Nous savourons différentes préparations contenant chacune l’équivalent d’une cuillérée de nourriture. Leur présentation respecte des figures géométriques de base et leur poids est négligeable par rapport à celui de l’assiette. La portion la plus légère – du lièvre fumé et de l’oseille d’Åland, sous une forme presque invisible – pèse à peu près autant que la moustache dudit lièvre... Les verres de vin se multiplient devant nous. On nous sert en effet avec chaque plat une goutte du nectar recommandé par la maison pour l’accompagner, mais il est difficile d’en prolonger la dégustation quand on ne fait qu’une bouchée du mets. Et nous avons donc tous les deux devant nous une rangée de verres. Les vins sont loin d’être aussi différents les uns des autres que les descriptions que le serveur en donne. Nous croulons sous une avalanche d’adjectifs imprécis – ulmacé, flamboyant, aimable, souple, charnu, nerveux, herbacé et des dizaines d’autres – et d’informations clairement douteuses sur de petits domaines bios du nord-est de l’Italie. Je suis néanmoins conscient que le but d’un dîner aussi fortement tarifé n’est pas de relever le manque de logique de qui que ce soit ni d’exposer des arnaques, mais de rester assis face à face, et longtemps.

Auteur: Tuomainen Antti

Info: Ce matin, un lapin...  Ici deux couples sont côte à côte sur 2 tables adjacentes, l'un déguste consciencieusement alors que l'autre est absorbé pas les smartphones

[ profiter ] [ gastronomie ]

 

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énergies

Pour Marsile Ficin, les images agissent sur l’homme dans un espace médian. C’est le Monde de l’Ame, situé entre le Ciel des Idées et la Terre des Corps. Et le Monde de l’Ame contient les raisons séminales correspondantes aux idées et inductibles dans les corps. De ces raisons séminales, les artistes peuvent tirer leurs images ; et si l’adéquation entre les idées et les corps est partout tractable, elle peut être captée d’autant plus aisément qu’un réceptacle sensible aura été prévu à cet effet. Ce réceptacle sensible, c’est le symbole, et sa magie naturelle est particulièrement destinée aux intellectuels qui risquent, par leurs incessantes recherches, dont la nature les assujettit à l’influence de la planète Saturne, de sombrer dans la dépression. Pour éviter celle-ci, les jeunes intellectuels doivent se nourrir et s’entourer de figures correspondant aux planètes de Vénus et de Jupiter. Et, toujours selon Ficin, c’est au croisement de ces trois puissances planétaires que l’art peut déployer sa dimension à la fois thérapeutique et initiatique. Sentiment de la toute-puissance de la fatalité, la mélancolie risque toujours de conduire à la soumission à l’ordre des choses existant. C’est pourquoi l’innocence érotique comme le sentiment de la justice doivent s’y associer pour produire une vision à la fois tragique et dynamique de l’humanité.

Auteur: Thiellement Pacôme

Info: Dans "Trois essais sur Twin Peaks", pages 50-51

[ équilibre ] [ complémentarité ] [ tiercités ]

 
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phonation humaine

Platon définit la voix un souffle de l'âme rendu sensible par la bouche, et une impulsion donnée à l'air, qui la communique à l'âme par l'oreille, le cerveau et le sang. On attribue improprement la voix aux animaux irraisonnables, et même aux êtres inanimés ; et on donne ce nom aux hennissements des chevaux et au bruit que font les corps ; mais la voix proprement dite est un son articulé, qui manifeste une pensée de l'âme. Suivant Épicure, la voix est une émanation produite par les êtres qui parlent, par les corps qui résonnent, et par ceux qui font du bruit. Elle se divise en plusieurs parcelles de même figure que les corps qui l'envoient ; rondes, si les corps sont ronds, triangulaires ou de forme scalène, si telles sont les figures de ces corps ; et ces parcelles venant à tomber dans l'oreille, y font entendre la voix : c'est ce qu'on voit sensiblement dans les outres d'où l'air s'échappe, et dans les étoffes qui ont été gonflées par les foulons. Démocrite dit que l'air se divise en corpuscules de même figure que les corps qui le mettent en mouvement; ronds, si les corps qui l'agitent sont ronds, et que ces corpuscules d'air sont emportés circulairement avec les parcelles de la voix.

Auteur: Plutarque

Info: Oeuvre morales, page 339. Trad RIcard

[ historique ]

 

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prise de conscience

Il est un moment dans la vie de chaque garçon lorsqu'il considère pour la première fois la vie dans l'autre sens. C'est peut-être l'instant où il franchit une frontière de la virilité. Le jeune gars marche dans la rue de sa ville. Il pense à l'avenir et à la place qu'il occupera dans le monde. Ambitions et regrets s'éveillent en lui. Soudain, quelque chose se passe ; il s'arrête sous un arbre et attend, comme si une voix l'appellait. Des fantômes d'éléments anciens s'insinuent en lui ;  voix extérieures qui lui murmurent un message sur les limites de la vie. Le voilà incertain de lui-même et de son avenir. S'il est un garçon imaginatif, une porte se déchire et pour la première fois il contemple le monde et voit, comme s'ils marchaient en procession devant lui, les innombrables figures humaines qui, avant lui, sont sorties du néant, ont vécu leur vie avant de disparaître à nouveau. Une tristesse de la sophistication s'est imposée au garçon. Avec un léger soupir, il se perçoit comme une humble feuille portée par le vent dans les rues de son village. Il sait qu'en dépit de tous les discours de ses camarades, il devra vivre et mourir dans l'incertitude, élément soufflé par les vents, destiné à se flétrir comme le maïs au soleil. 

Auteur: Anderson Sherwood

Info: Winesburg, Ohio: A Group of Tales of Ohio Small Town Life

[ puberté ] [ hommes-par-homme ]

 

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comédie

LE BOULEVARD DU CRIME (1815-1862)
Louis XVIII, dès son arrivée au pouvoir, permet la réouverture de toutes les salles du Boulevard du Temple. Dès lors, on peut voir, par beau temps, jusqu'à 20 000 personnes se presser - presque jour et nuit ! - le long des théâtres pour assister aux parades, " échantillon " de ce qui est présenté à l'intérieur... mais également scènes satiriques d'actualité, pantomimes, acrobaties, etc... Toutes les classes sociales se côtoient.
Hélas, après1820, les " balconnets " des parades sont, peu à peu, tous supprimés par mesure de police : trop subversifs. Seuls les principaux théâtres pourront conserver leurs " aboyeurs ". Et, en 1830, cette dernière liberté disparaît ! Le boulevard reste une exceptionnelle concentration de lieux de distraction (théâtres, cabarets, musée de figures de cire...) mais il s'embourgeoise quelque peu : pour " voir quelque chose ", il faut payer.
Mais pourquoi " Boulevard du Crime " ?
L'Almanach des Spectacles 1823 répond. Parlant des comédiens, il énumère ce qu'ils ont subi ( et subissent encore !) : " En 20 ans, Tautin a été poignardé 16 302 fois. Marty a subi 11 000 empoisonnements avec variantes. Fresnoy a été immolé de différentes façons 27 000 fois. Mlle Dupuis a été 75 000 fois " innocente ", séduite, enlevée ou noyée..."

Auteur: Degaine André

Info: Histoire du théâtre dessinée

[ Gaule ] [ historique ]

 

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transition

Enfantillages

Je suis venu au monde dans un siècle déjà nonagénaire où tout avait un aspect chenu ; la vieillesse y était de bon ton ; les français s'efforcaient de ressembler au vin qui s'améliore en vieillissant ; les grandes personnes tenaient beaucoup à maintenir les distances entre elles et nous à paraître de très grandes personnes ; il convenait d'arborer au plus tôt une barbe, un ventre, un ruban à la boutonnière pour avoir l'air posé et "tenir une place dans la vie". Quand aujourd'hui nous revoyons un film ou album de photographies, de cette époque, ce qui nous frappe c'est l'aspect de maturité pesante et rigide de toutes ces figures : de ces femmes alourdies de manches à gigot, jupes cloches, chapeaux triomphaux, ombrelles, boas et falbalas ; de ces messieurs montés sur faux cols qui s'avancent compassés et cérémonieux, avec leurs jaquettes à pans, leurs mèches et leurs barbiches. Le monde se prenait alors terriblement au sérieux. Quant à la jeunesse, elle se cachait, elle n'était pas personne morale, elle n'avait droit à rien ; elle n'est entrée en scène qu'en août 1914... mais alors elle a tout changé : l'après-guerre a vécu sous son signe. C'est très bien, malheureusement nous avons vite dépassé ce stade ; aujourd'hui nous vivons sous le déspotisme de l'enfance et c'est moins bien.

Auteur: Morand Paul

Info: J'ai eu au moins cent chats (Recueil de chroniques, 1925-1938,168p., Grasset, les cahiers rouges)

[ style vestimentaire ] [ passé ] [ mutation ]

 
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monde subtil

H. Corbin a ainsi établi comment ces textes spirituels [mystiques et visionnaires des Perses zoroastriens et des musulmans chiites] reposent sur une hiérarchie métaphysique de trois niveaux de réalités : celui d’un monde intelligible, de l’Un divin, celui d’un monde sensible auquel nous appartenons par notre corps, enfin celui d’une réalité intermédiaire en laquelle le monde intelligible se manifeste selon des figures concrètes (paysages, personnages, etc.). Le premier est accessible seulement par l’intelligence pure, le deuxième par la seule perception sensorielle, le troisième par une imagination visionnaire. On ne peut donc comprendre les images de ce monde intermédiaire qu’en distinguant, phénoménologiquement, deux types d’images : celles appartenant à une imagination psychophysiologique, inséparable de notre condition incarnée, qui permet de créer des fictions irréelles à partir du réel, et celles produites par une imagination créatrice vraie, séparable du sujet, autonome et subsistante en soi, qui permet d’offrir à la conscience intuitive des représentations non plus imaginaires mais "imaginales", aussi éloignées que possible de tout  "psychologisme". Ainsi les espaces paradisiaques, les Cités divines, les anges, qui fleurissent dans les textes religieux visionnaires, constituent en fait des manifestations imaginales indirectes de l’Absolu divin. La description phénoménologique de ces visions met donc en évidence, à côté du réel et de l’irréel, une réalité imaginale, un monde propre où l’esprit se corporalise et où les corps se spiritualisent (mundus imaginalis).

Auteur: Wunenburger Jean-Jacques

Info: L'imaginaire

[ ternaire ] [ mythes médiateurs ] [ triade ] [ espace astral ] [ eden ]

 

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