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première impression

La nuit dernière, je suis encore restée éveillée toute la nuit. Parfois je me demande à quoi sert le temps de la nuit. Pour moi, il n’existe presque pas, et tout me semble n’être qu'un long et affreux jour sans fin. Enfin, j’ai essayé de profiter de mon insomnie pour être constructive et j'ai commencé à lire la correspondance de Sigmund Freud. En ouvrant le livre pour la première fois, j’ai vu la photographie de Freud et j’ai éclaté en sanglots : il avait l'air très déprimé (cette photo a dû être prise peu de temps avant sa mort), comme s'il était mort en homme désabusé… Mais le Dr Kris m'a dit qu'il souffrait énormément physiquement, ce que j’avais appris dans le livre de Jones. Mais je pense avoir raison aussi, je fais confiance à mon intuition car je sens une triste lassitude sur son doux visage. Le livre prouve (même si je ne suis pas sûre que l'on doive publier les lettres d'amour de quelqu'un) qu'il était loin d'être coincé ! J'aime son humour doux et un peu triste, son esprit combatif qui ne l’a jamais quitté. 

Auteur: Monroe Marilyn

Info: Lettre du 10 février 1965 à son psychiatre

[ rencontre imaginaire ] [ empathie ] [ lecture ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

insensibilité

Une fourreuse du passage Dauphine, une soixantaine d'années, à qui j'ai souvent parlé à cause de ses chiens, s'est jetée à la Seine il y a quelques jours. Inconsolable de la mort d'un fils il y a une dizaine d'années. Pertes d'argent. Mauvaises affaires. Mari toujours dehors. Le "Fléau" me parlait de cela ce soir dans mon bureau. Je me suis mis à éclater de rire. Scandalisée de cela. Me traitant de monstre, homme abominable. Je n'en riais que plus fort. C'est vrai, à la fin. Faut-il que je me désole parce que cette femme s'est jetée à l'eau ? Je m'en fiche complètement. Va-t-il falloir aussi que je m'attendrisse sur les tuberculeux, les goitreux, les borgnes, les bancals, les gens qui n'ont qu'un testicule, tous les mal bâtis d'une façon ou d'une autre. C'est agaçant, à la fin. Je m'en fiche complètement. Toutes ces jérémiades à la mode d'aujourd'hui ! C'est comme l'affaire des timbres antituberculeux. Des timbres antituberculeux ? Quel français ! J'attends qu'on vienne m'en offrir dans la rue. Car c'est devenu maintenant une sorte de quête. Je crois bien que je m'offrirai ce plaisir de répondre que je m'en fiche complètement.

Auteur: Léautaud Paul

Info: 19 décembre 1932 II p.1149

[ rejet ] [ sécheresse ] [ hargne ] [ vacherie ] [ misanthropie ]

 

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onirisme

Je rêvais que je dormais. Naturellement, je ne me laissais pas prendre, sachant que j'étais éveillé, jusqu'au moment où, me réveillant, je me rappelai que je dormais. Naturellement, je ne me laissais pas prendre, sachant que j'étais éveillé, jusqu'au moment où, m'endormant, je me rappelai que je venais de me réveiller d'un sommeil où je rêvais que je dormais. Naturellement, je ne me laissais pas prendre, sachant que j'étais éveillé, jusqu'au moment où, me réveillant, je me rappelai que je dormais. Naturellement, je ne me laissais pas prendre, jusqu'au moment où, m'endormant, je me rappelai que je venais de me réveiller d'un sommeil où je rêvais que je dormais. Naturellement, je en me laissais pas prendre, jusqu'au moment où, perdant toute foi, je me mis à me mordre les doigts de rage, me demandant malgré la souffrance grandissante si je me mordais réellement les doigts ou si seulement je rêvais que je me mordais les doigts de ne pas avoir si j'étais éveillé ou endormi et rêvant que j'étais désespéré de ne pas savoir si je dormais, ou si seulement je... et me demandant si... Et ainsi d'insomnies en inutiles sommeils, je poursuis sans m'abandonner jamais un repos qui n'est pas un repos, dans un éveil n'est pas un éveil, indéfiniment au guet, sans pouvoir franchir la passerelle quoique mettant le pied sur mille, dans une nuit aveugle et longue comme un siècle, dans une nuit qui coule sans montrer de fin.

Auteur: Michaux Henri

Info: Face aux verrous

[ littérature ] [ poésie ] [ absurde ]

 

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écoute attentive

Denys possédait cette qualité inestimable à mes yeux : il savait écouter une histoire. L'art d'écouter une histoire s'est perdu en Europe. Les indigènes d'Afrique, qui ne savent pas lire, l'ont conservé. Les blancs eux ne savent pas écouter une histoire, même s'ils sentent qu'ils le devraient. S'ils ne s'agitent pas, ou s'ils ne peuvent pas s'empêcher de penser à une chose qu'ils doivent faire toutes affaires cessantes, ils s'endorment. Ces mêmes personnes peuvent fort bien demander quelque chose à lire, un livre ou un journal, et sont tout à fait capables de passer la soirée plongées dans quelque chose d'imprimé, et même de lire un conte. Ils se sont habitués à recevoir toutes leurs impressions par le truchement des yeux.

Denys, qui de manière générale avait l'ouïe très fine et avait développé ce sens durant ses safaris, préférait entendre une histoire plutôt que de la lire. Quand il arrivait à la ferme, il me demandait si j'avais de nouvelles histoires à raconter. En son absence, j'inventais des contes et des histoires. Le soir, il s'installait confortablement devant la cheminée, avec tous les coussins de la maison autour de lui, je m'asseyais en tailleur à côté de lui, telle Schéhérazade, et il m'écoutait raconter une longue histoire, du début à la fin. Il la suivait même mieux que moi, car lorsque, au moment décisif, un des personnages faisait son apparition, il m'interrompait pour me dire : "Cet homme est mort au début de l'histoire. Mais cela ne fait rien, continuez".

Auteur: Blixen Karen

Info: La Ferme africaine

[ concentration ] [ ouverture ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

Verbe

L’ineffable est paré de toutes les vertus, le discours accablé de tous les maux. Or, la seule façon de dépasser le langage, c’est non de l’écarter, mais de l’assumer, c’est-à-dire de le justifier comme langage. Là est la marque de la véritable gnose : le silence n’est pas le contraire de la parole, il en est le principe et la fin. Le discours véritablement métaphysique est celui dont le contenu, loin de la dénoncer, en justifie l’existence et en rend raison : ainsi du Logos, Parole qui sort du Silence parce que le Fils sort du Père et y retourne par l’opération du Saint-Esprit. [...] En révélant la fonction du langage comme opérateur métaphysique, l’anagogie ne fait que rapporter à la cause son effet, la parole au silence dont elle est sortie, le Fils au Père qui l’a engendré, et ne s’avère elle-même que comme l’effet, dans l’intelligence, de l’opération du Saint-Esprit. [...]

Ce n’est donc pas le mot ou le concept qui, d’eux-mêmes, se transforment en opérateurs métaphysiques. L’œuvre anagogique requiert une intelligence en travail constant. La tension anagogique qui ouvre les concepts à la transcendance de leur propre contenu, demande une activité, une vigilance, un dressement de l’esprit contre les énoncés doctrinaux, une lutte de joie et d’amour contre l’affaissement de l’intelligence dans l’ordre des pensées convenues et répétées : non se laisser penser par des formules, mais s’éveiller à la permanente nouveauté de la vérité, au miracle permanent de l’intellect qui naît chaque fois qu’il est illuminé [...].

Auteur: Borella Jean

Info: Dans "Lumières de la théologie mystique", éditions L'Harmattan, Paris, 2015, pages 106-107

[ vitalisation ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophe-sur-philosophe

(…) Il nous faut avant tout comprendre ceci : pour Platon, l’exercice de la pensée philosophique est en même temps un exercice spirituel de formation de soi. Le processus de la pensée est par lui-même formateur de l’âme. Platon a beaucoup travaillé avec les pythagoriciens, pour lesquels les exercices mathématiques faisaient partie des méthodes tendant à la purification de l’âme. La conduite de la preuve mathématique était à leurs yeux une action purificatrice. Nous nous sommes trop éloignés aujourd’hui de cet usage du rationnel. Nombreux sont ceux qui se plaignent des programmes scolaires actuels : ils les trouvent intellectuellement trop chargés et ils leur reprochent de négliger la conscience morale, le sens de l’esprit et de la véritable liberté. Mais cela n’est vrai que pour les mauvais maitres. Il faut ici revenir à Platon : s’efforcer de penser juste, être prêt à abandonner une opinion antérieure parce qu’on a découvert qu’elle est fausse, ou incomplète, ou vraie seulement en partie, c’est se soumettre d’emblée à la vérité et se rendre disponible à la pensée d’autrui. Un tel exercice purifie l’âme, parce qu’elle apprend ainsi à préférer en tout temps le vrai à une certitude prétendue, et qu’elle est prête à essayer un point de vue nouveau. Dans ce sens, toute expérience de laboratoire peut être profondément éducatrice de l’âme. Une expérience qui soumet une théorie à l’épreuve des faits peut parfois — souvent — répondre : non. Alors, le chercheur se soumet. Bien plus : il recherche précisément l’expérience la plus défavorable à la théorie, afin que l’épreuve soit la plus sévère possible. Car le vrai, qu’il cherche, est plus important pour lui que le succès éventuel de sa théorie.

Préférer le vrai à son propre point de vue : toute la philosophie de Platon est plus qu’une doctrine : elle est un exercice à cette fin. 

Auteur: Hersch Jeanne

Info: L’étonnement philosophique, pp. 36-37 - Une histoire de la philosophie, Folio essais, n° 216, © 1981, 1993 - PLATON

[ Grèce antique ] [ quête ] [ exactitude ] [ discipline ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

corps-esprit

Les Ennemis de l'Esprit sont d'opinion que la partie saine, bonne, innocente, inoffensive de l'homme, c'est la chair. La chair n'a d'elle-même aucun mauvais instinct, aucune tendance perverse. Se nourrir, se reproduire, se reposer, ce sont ses fonctions : Dieu les lui a données et les lui rappelle sans cesse par les appétits. Tant qu'elle n'est pas corrompue, elle recherche purement et simplement les occasions de se satisfaire ; ce qui est marcher dans les voies de la justice céleste ; et plus elle se satisfait, plus elle abonde dans le sens de la sainteté. Ce qui la corrompt, c'est l'Esprit. L'Esprit est d'origine diabolique. Il est parfaitement inutile au développement et au maintien de l'Humanité. Lui seul invente des passions, de prétendus devoirs qui, contrariant à tort et à travers la vocation de la chair, engendrent des maux sans fin. L'Esprit a introduit dans le monde le génie de la contradiction, de la controverse, de l'ambition et de la haine. C'est de l'Esprit que vient le meurtre : car la chair ne vit que pour se conserver et nullement pour détruire. L'Esprit est le père de la sottise, de l'hypocrisie, des exagérations dans tous les sens, et partant, des abus et des excès que l'on a coutume de reprocher à la chair, excellente personne, facile à entraîner à cause de son innocence même ; et c'est pourquoi les hommes vraiment religieux et vraiment éclairés doivent défendre cette pauvre enfant en bannissant vivement les séductions de l'Esprit. Dès lors, plus de religion positive pour éviter de devenir intolérant et persécuteur ; plus de mariage pour n'avoir plus d'adultère ; plus de contraintes dans aucun goût pour supprimer radicalement les révoltes de la chair, et, enfin, l'abandon de toute culture intellectuelle, occupation odieuse qui, n'aboutissant qu'au triomphe de la méchanceté, n'a opéré jusqu'ici qu'en faveur de la puissance du diable.

Auteur: Gobineau Joseph Arthur

Info: Nouvelles Asiatiques, La danseuse de Shamakha

[ déséquilibre ] [ anti intellectualisme ]

 

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christianisme

Le scepticisme a pour effet d’affaiblir les opérations normales d’un être humain.

Dans un des plus brillant et amusant livre de Mr Sinclair Lewis (1885-1951 premier écrivain américain à recevoir le prix Nobel de littérature), il y a un passage que je citerai de mémoire, plus ou moins correctement. Il a dit que la foi catholique diffère du puritanisme actuel en ce qu’elle ne demande pas à quelqu’un d’abandonner son goût du beau, son humour ou ses petits vices agréables (par lesquels il entendait probablement le fait de fumer et de boire, qui ne sont pas du tout des vices), mais elle demande d’abandonner sa vie, son âme, son esprit et son corps, sa raison et tout le reste. Je demande au lecteur de considérer ce jugement aussi calmement et impartialement que possible, et de le comparer avec tous les autres faits concernant la fossilisation des opérations de l’esprit humain par les principaux doutes d’aujourd’hui.

Il serait bien plus vrai de dire que la foi rend aux hommes leurs corps et leurs âmes, leurs intelligences et leurs volontés, et en fin de compte toute leur vie. Il serait bien plus vrai de dire que l’homme qui l’a reçue reçoit toutes les vieilles capacités humaines, que toutes les autres philosophies sont en train de lui enlever. Il serait plus proche de la réalité de dire que le croyant sera le seul à posséder la liberté, la volonté, parce qu’il sera le seul à professer le libre-arbitre ; qu’il sera le seul à avoir une intelligence puisque le doute systématique renie l’intelligence tout comme il renie l’autorité ; qu’il sera le seul à agir véritablement puisqu’une action est toujours accomplie en vue d’une fin. Il serait donc moins improbable de dire que tout ce durcissement et ce désespoir intellectuel feront du croyant le seul citoyen capable de marcher et de parler dans une cité de paralytiques.

Auteur: Chesterton Gilbert Keith

Info: Pourquoi je suis Catholique, Versailles, Via Romana, 2017. Page 42.

[ agir moral ] [ force ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

cognition

Cependant, des questions se posent. Existe-t-il des gens qui ne soient pas de naïfs réalistes, ou des situations particulières lors desquelles le réalisme naïf disparaît ?
Ma théorie - celle de l'auto-modélisation de la subjectivité - prédit que dès qu'une représentation consciente devient opaque (c'est-à-dire dès qu'on la vit comme une représentation), on perd le réalisme naïf. Cela se produit chaque fois qu'à l'aide d'autres représentations de second ordre nous prenons conscience du processus de construction - de toutes les ambiguïtés et étapes dynamiques précédant l'état stable qui émerge à la fin.
Ou autrement, si cette fenêtre est sale ou fissurée, nous nous rendons immédiatement compte que la perception consciente n'est qu'une interface et prenons conscience du médium lui-même.
En clair, si le livre entre vos mains devient moins transparent, vous le ressentirez comme un état d'esprit plutôt que comme un élément du monde extérieur. Vous douterez même de son existence indépendante. Ce sera plus comme une pensée de livre qu'une perception de livre. C'est précisément ce qui se produit dans diverses situations - par exemple lors d'hallucinations visuelles au cours desquelles le patient est conscient d'halluciner, ou lors d'illusions d'optique ordinaires lorsque nous réalisons que nous ne sommes pas en contact véritable avec la réalité.
Si on pouvait consciemment faire l'expérience des premières étapes du traitement de la représentation du livre qu'on a entre les mains l'image deviendrait probablement instable et ambiguë, elle commencerait à respirer et à bouger légèrement. Sa surface deviendrait irisée, scintillant simultanément de couleurs différentes. Immédiatement on se demandera si ça peut être un rêve, si nos yeux ont un problème, ou si quelqu'un a mélangé un puissant hallucinogène à notre boisson.
Un segment du mur du tunnel de l'Ego a perdu sa transparence et la nature auto-construite du flux global de l'expérience a surgi. De manière non conceptuelle et entièrement non théorique, on comprend soudain, mieux que jamais, le fait que ce monde, en ce moment même, n'apparaît qu'à nous.

Auteur: Metzinger Thomas

Info: Le Tunnel de l'Ego : Science de l'esprit et mythe du moi

[ psyché ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

deuil

Une beauté brune dans une petite ville, un passé inavouable, une réputation ruinée, un amour perdu, sacrifié, protégé par l'oubli, le silence, donc éternel. J'envie presque ma mère, parfois, la fidélité, la tendresse avec laquelle elle préservait son amour de jeunesse, sa passion interdite, le père de son enfant illégitime. Au cours de ses dernières semaines encore, dans le service de long séjour, ma mère nous étonne, moi sa fille, et Dieu sait combien d'autres personnes, durant ses nuits effilochées rallongées par la douleur, en appelant un jeune homme, en répétant encore et encore, comme un refrain, dans son sommeil, dans son délire, dans sa souffrance : j'ai eu un jour un tendre amant, un très tendre amant, laissez donc la fenêtre entrouverte, j'aime tant regarder ces lilas blancs, avec la mer derrière, si tu le croises, dis-lui bonjour pour moi, dis bonjour de ma part à mon amour, dis-lui que je l'attends, dis-lui que tout va bien, que nous sommes toutes les deux en bonne santé, dis-lui que la petite à de beaux yeux, des yeux de violette, bleus comme la mer, exactement comme son père. En toute innocence, je couvre de ces fleurs interdites les tables de chevet de ma mère endormie du lourd sommeil du début de la fin, elle ne crie plus, ne proteste plus, entrouvre juste les paupières pour laisser filtrer entre ses longs cils gris un éclat noisette de plus en plus rare, et je continue de lui apporter des fleurs, à pleines brassées, pour une fois, pour trois ans, pour trente ans, jusqu'à la fin. J'en prends soin comme de bouquets de mariée, je les porte avec précaution, je les soigne, je change l'eau des vases. Je deviens la vestale du Grand Amour de ma mère. La servante de son amant inconnu, de ma soeur ignorée. L'accompagnante des accompagnantes. Dans son cercueil encore, je dispose autour du visage de ma mère et sur sa poitrine des violettes bleu nuit et du lilas blanc, trouvés à grand peine en ce mois de janvier. Je fais de sa bière en bouleau doublée de soie son dernier lit d'amour, l'odeur est enivrante, la petite chapelle s'emplit d'effluves presque indécents, du parfum humide et crémeux, trop vite fané, des amours d'été. Assise dans la pâle lumière bleue des bougies de la chapelle, j'ignore combien d'êtres je pleure en réalité, qui sont tous ceux que je perds en même temps que ma mère ensevelie sous les violettes et le lilas.

Auteur: Snellman Anja Kauranen

Info: Le temps de la peau, traduit du finnois par Anne Colin du Terrail, Presses Universitaires de Caen

[ émotion ] [ maman ]

 

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