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silence

Je retournai dans le cabinet de toilette, ouvris la fenêtre et m'y penchai. La nuit était belle, froide et claire. Au-dessous de moi, j'apercevais les herbes folles du fossé et ses murs de pierres brutes recouvertes de lierre ; au-delà s'étendaient ce qui avait dû être autrefois des jardins à la française et dont les pelouses, à présent abandonnées aux vaches, séparaient d'anciennes allées qui allaient se perdre dans l'ombre des arbres. Un petit bâtiment rond comme les tours jumelles gardiennes du pont qui franchissait le fossé se dressait, isolé, devant moi, parmi les herbes et je compris à sa forme que ce devait être un colombier ; une balançoire d'enfant pendait non loin, au bout d'une seule corde, l'autre était cassé.

Une mélancolie indéfinissable enveloppait ce décor silencieux comme dans les lieux d'où les rires et la vie se sont enfuis et où des spectres accoudés comme moi dans l'ombre de vieux murs couvent leurs regrets et leurs chagrins.

Auteur: Du Maurier Daphné

Info: Le bouc émissaire

[ abandon ] [ décor ] [ obscurité ]

 

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chair-esprit

Orion se tenait de ce côté de la Terre, du côté des repères des hommes et du temps que nous déclinons en minutes, en heures et en jours. De l'autre, s'étendait le pays des Elfes, avec sa façon si particulière de ne pas le compter. Il appela sa mère à deux reprises et tendit l'oreille, puis recommença... mais pas un cri ni un murmure ne s'échappa du pays enchanté. Mesurant alors l'ampleur de ce gouffre qui la séparait de lui, il se rendit compte qu'il était bien trop vaste, bien trop sombre, infranchissable, à l'image de ces fossés incommensurables qui semblent nous séparer d'un jour passé, ou qui se dressent entre la vie diurne et les rêves, entre les gens qui labourent la terre et les héros des chansons, entre les vivants et ceux qu'ils pleurent. Et la barrière aérienne scintillait, comme si un élément aussi fragile était capable de séparer les années perdues de cette heure fugitive que nous appelons Instant...

Auteur: Lord Dunsany Edward John Moreton

Info: La fille du roi des elfes

[ réalité ] [ onirisme ]

 

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musique

Dans son album, Bitter Tears, il (Johnny Cash) choisira de placer plusieurs chansons de Peter La Farge, dont "The ballad of Hira Hayes", qui sera classé N°3 dans les charts country. Qui était Hira Hayes ? Un indien Pima, qui engagé dans les Marines pendant la seconde guerre mondiale, s'était illustré à Iwo Jima. C'est lui qui avec quatre autres marines et un marin, avait hissé le drapeau américain sur l'île conquise au prix de sanglants sacrifices. La photo de cet exploit fit le tour du monde. Nommé caporal, Hira Hayes avait été accueilli comme un héros à son retour aux Etats-Unis. Et puis, (comme ses camarades d'ailleurs) oublié. Et même, estimera t'il, discriminé, chômeur, sans domicile fixe, tombé dans l'alcoolisme, il mourra à l'âge de 32 ans, son corps sera retrouvé dans un fossé. Johnny Cash, servi par La Farge, va mettre toutes ses tripes dans la triste ballade de ce soldat passé à la trappe. La chanson sera largement boycottée par les radios.

Auteur: Sanders Alain Potier

Info: Les couleurs de l'homme en noir. Johnny Cash

[ anecdote ] [ guerre ] [ trajectoire humaine ]

 

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écrivain-sur-écrivain

Properce Beauvivier* est juif de naissance et se nomme Abraham. Abraham-Properce Beauvivier, juif cosmopolite, d’origine portugaise, rencontré et baptisé, dit-on, par un moine passant, à l’eau du premier ruisseau, sur une route d’Allemagne ; un peu plus tard, allaité par Deutz, le youtre fameux qui bazarda la duchesse de Berry, et grandissant à Bordeaux chez ce patriarche. Il se peut que tout le secret de sa destinée morale tienne dans la circonstance de ce conjectural baptême, donné par un inconnu, sur le rebord symboliquement vaseux d’un fossé de grand chemin. On assure que ses parents en conçurent une rage inouïe, dont ses dents grincent encore, et qu’il n’a jamais pu prendre son parti de ce sacrement d’occasion qui paraît agir sur lui comme un maléfice.

Aussi dénué de génie que pourrait l’être, par exemple, un expéditionnaire de l’Assistance publique, mais étonnamment rempli de toutes les facultés d’assimilation et d’imitation, il s’enleva, d’un bond, dans le cerveau déjà crevé du romantisme, avec une vigueur de reins qui lui valut, il y a vingt ans, l’adoption littéraire du vieil Hugo.

Auteur: Bloy Léon

Info: *Pseudonyme pour Catulle Mendès, dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, page 298

[ vacheries ] [ biographie condensée ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

évolution

Durant ma vie, j’ai vu la globalisation détruisant des villes entières, et les réduisant en ruines. Parallèlement à la globalisation, un raz-de-marée de l’automatisation va bientôt frapper l’économie mondiale, conduisant vers le bas le coût des marchandises et des services au détriment de millions d’emplois, ce qui aura de multiples conséquences aux proportions catastrophiques dans le monde entier. La vague d’automatisation a la propension de dévaster l’économie américaine. Peut-être qu’aucune autre nation ne supporte autant le poids de l’automatisation que les Etats-Unis.
Beaucoup d’experts financiers pensent que la menace de l’automatisation est inévitable, et qu’elle peut détruire notre économie, notre système capitaliste et notre mode de vie.
Le fossé entre riches et pauvres va faire que s’accroître de façon astronomique, et les tensions vont augmenter à un niveau sans précédent.
Le capitalisme en Amérique a conduit à un succès monumental, mais en même temps à des échecs catastrophiques. La croissance de l’automatisation pourrait signifier la disparition du capitalisme, en causant l’effondrement de l’économie sur elle-même, et il n’y a pas de plan de remplacement pour s’en sortir ou pour survivre.

Auteur: Lawles Seph

Info: Autopsy of America 2017, commentaires à propos des image du livre présentant des centres commerciaux abandonnés et en ruine

[ sociologie ] [ inquiétude ]

 

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amitié transgénérationnelle

La perte, telle qu’elle peut affecter quelqu’un de beaucoup plus jeune, dirige son regard peut-être pour la première fois sur ce qui peut prévaloir entre deux hommes séparés par une grande différence d’âge et réunis pourtant par l’affection. La mort offrait un partenaire avec lequel, bien sûr, on ne pouvait aborder la plus grande part, l’essentiel de ce qui vous touche. Mais la conversation avec lui en était remplie d’une fraîcheur et d’une paix comme jamais avec quelqu’un du même âge que soi. Il y avait deux sortes de raison à cela. D’une part, toute reconnaissance, même la plus discrète, obtenue l’un de l’autre par-delà le fossé des générations, était infiniment plus indiscutable que celle qui vient de gens de même génération. D’autre part, le plus jeune trouvait quelque chose qui, plus tard, lorsque les anciens l’auraient quitté, s’éclipse complètement jusqu’à ce qu’on soit devenu vieux à son tour : un dialogue exempt de tout calcul et de toute arrière-pensée parce qu’aucun des deux n’attend quelque chose de l’autre, parce qu’aucun des deux ne croise un autre sentiment que, chose rare, la bienveillance sans rien qui s’y ajoute.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Dans "Images de pensée" in Images de pensée, pages 235-236

[ transmission ] [ relations ] [ jeune-vieux ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

femmes-hommes

Mon expérience avec Iris avait été délicieuse et satisfaisante, et pourtant je n'étais pas amoureux d'elle, ni elle de moi. S'attacher était facile, ne pas s'attacher difficile. J'étais attaché. Nous étions assis dans la VV, sur le parking supérieur. Nous avions du temps devant nous. J'ai mis la radio. Brahms.
- Te reverrai-je ? Je lui ai demandé.
- Je ne crois pas.
- Tu veux aller boire un verre au bar ?
- Tu as fait de moi une alcoolique, Hank. Je suis tellement faible que je peux à peine marcher.
- C'est seulement la gnôle ?
- Non.
- Alors, allons boire un verre.
- Boire, boire, boire ! Tu ne penses donc qu'à ça ?
- Non, mais c'est un bon moyen de combler le fossé entre les gens. Comme en ce moment.
- Tu ne peux donc pas affronter les choses en face ?
- Je peux, mais je préfère pas.
- Mais c'est une fuite.
- Tout est une fuite : jouer au golf, dormir, manger, marcher, discuter, le jogging, respirer, baiser...
- Baiser ?
- Ecoute, on est en train de discuter comme des gosses. Je vais te mettre dans ton avion.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Women p 353 Livre de Poche

[ sexe ] [ dialogue ] [ USA ]

 

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propagande

Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes... on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle.... Que le fossé se creuse entre le peuple et la science,....Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser... On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux....que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté...L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutienne devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant, qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir.

Auteur: Carfantan Serge

Info: https://mrmondialisation.org/prosopopee-de-serge-carfantan-inspire-de-gunter-anders/

[ lavage de cerveau ] [ endoctrinement ] [ psychologie des foules ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

labeur

L'Ordre bouleversa tout.
On apprit à connaître une activité d'un type nouveau, qui fut nommé travail. Jusqu'alors, on engageait une action par désir ; on la poursuivait par agrément ; on la menait à son terme pour le plaisir. On savourait la joie comme le repos, l'ouvrage exaltant comme l'oeuvre accomplie. Le travail, en revanche, s'avéra d'emblée marqué du sceau de l'effort, du pénible, du rebutant ; entamé dans le non-consentement, il se déployait en souffrance et s'achevait par dégoût. Ainsi s'érigea le joug. Ainsi, la geôle dont l'humanité domestique n'a jamais su se libérer.
Sous la férule du Chef Illimité, il fallût bâtir murailles et hautes tours, creuser fossés, faire forteresse de la Cité, édifier en son sein un aberrant palais de marbre.
... Les enfants ne jouaient plus. Ils n'avaient plus permission de rire. Ils ne furent plus voyants. Ni les amants ne se promenaient entre bois et jardins. Il était à toute occasion interdit de... Interdit de s'amuser, de plaisanter, de sourire, de s'embrasser dans les bosquets. Interdit, tout ce qui déplaisait au Grand Conquérant. Et ce qui déplaisait par-dessus tout au Guerrier Invincible, au Conquérant du Monde, au Chef illimité, c'étaient les rires et les jeux, les cris joyeux et libre des enfants, les chants des oiseaux, les baisers des amants.

Auteur: Majrouh Sayd Bahodine

Info: Le Voyageur de minuit

[ normalisation ] [ régression ]

 

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choc psychologique

Et ce n'est que maintenant, des jours plus tard, alors que je redonne forme à ces instants, que je retrouve à nouveau ce que ce trip a brièvement abrité ; le souvenir-écran en permanence relié à tout ce qui l'a précédé et du coup interdisant l'accès à tous les autres, les bons, si différents soient-ils, si béats, éclipsés par le semi-remorque accidenté sur l'autoroute, la cabine plantée dans le fossé derrière l'accotement, une fumée grasse qui monte dans la nuit en tourbillons, à peine atténuée par le crachin cinglant, les flammes qui grimpent sous les réservoirs d'essence perforés, dénudent les peintures, calcinent les pneus et noircissent le verre brisé, le pare-brise heurté de l'intérieur, chaque ligne brisée racontant l'histoire d'un coeur brisé qu'aucun gamin de dix ans ne devrait jamais se rappeler et encore moins voir, même en demi-teinte, l'encre, toute l'encre, encore et encore, se rassemblant finalement à la pointe de ses doigts délicats, comme si en suivant l'image imprimée dans le journal il pouvait d'une certaine façon escamoter les détails de la mort, faire disparaître le taxi où l'homme qu'il considérait comme un dieu a agonisé et est mort sans prononcer un seul mot, illisible ou autre, sans le moindre dieu, et en dissolvant ainsi le ciel noir faire revenir celui qui était bleu.

Auteur: Danielewski Mark Z.

Info: La Maison des feuilles

[ trauma obscurcissant ]

 

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Ajouté à la BD par miguel