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racisme

On peut tout se permettre avec les gros. Leur faire la morale à la cantine, les insulter s'ils grignotent dans la rue, leur donner des surnoms atroces, se foutre d'eux s'ils font du vélo, les tenir à l'écart, leur donner des conseils de régime, leur dire de se taire s'ils prennent la parole, éclater de rire s'ils avouent qu'ils aimeraient plaire à quelqu'un, les regarder en faisant la grimace quand ils arrivent quelque part. On peut les bousculer, leur pincer le bide ou leur mettre des coups de pied : personne n'interviendra. C'est peut-être à cette époque qu'elle a appris à renoncer à son genre : mâles ou femelles, les gros sont soumis à une exclusion similaire. On a le droit de les mépriser. Et s'ils se plaignent des traitements qu'on leur inflige, au fond tout le monde pense la même chose : mange moins, gros sac, tu pourras t'intégrer. Deb était dans le sucre comme elle serait dans la coke quelques années plus tard : à fond.

Auteur: Despentes Virginie

Info: Vernon Subutex, tome 1

[ obèses ]

 

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jazz

Les premiers musiciens professionnels avec qui j'ai joué étaient John Young (piano), Eddie Calhoun (basse) et Vernel Fournier (batterie). C'était dans un endroit appelé Cadillac Bob's, sur la 70th Street et Stony Island Avenue à Chicago (juste au coin de l'endroit où je vivais à l'époque). Je n'avais aucune idée de la grandeur de ces types à l'époque. Je ne savais rien du tout ! Ignorant total. J'avais environ 17 ans. Je leur ai demandé si je pouvais m'asseoir, John Young m'a regardé et a dit : "Je ne sais pas, le peux-tu ?" Et ils ont tous rigolé. Puis il m'a demandé ce que je voulais jouer. J'ai dit : "Connaissez-vous tous 'Now's The Time' ?" Ils ont tous ri à nouveau, cette fois beaucoup plus fort. Une fois leur rire éteint, John a dit, "Oui, jeune homme, je pense qu'on peut faire ça." 

Après avoir joué (j'étais ridiculement triste), John Young m'a dit de revenir, "mais la prochaine fois, asseye-toi et écoute d'abord." C'était ma première leçon de composition spontanée, toutes les autres furent similaires.

Auteur: Coleman Steve

Info: Sur son fil FB, 24 décembre 2021

[ palier initiatique ] [ réalité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

abandon

Plus le statut de l’enfant est sacralisé, plus le vécu enfantin est déclaré déterminant, plus se développe, en regard des responsabilités écrasantes qui en résultent, un discours affirmant qu’assumer au mieux ces responsabilités consiste à intervenir le moins possible. Le respect de la liberté et des droits, le sujet auto-fondé sont de merveilleux antidotes au fardeau qui risquait d’écraser, transformé de plomb en plume. Là encore, sous les généreuses protestations, se perçoit cette petite voix : qu’ils se débrouillent tout seuls.
Le retournement dans les poussettes le murmure à sa manière. On prétend œuvrer pour le bonheur des enfants. Mais, dans les poussettes ainsi conçues, ils ne sourient plus. A qui, à quoi adresseraient-ils leurs sourires ? Au monde ? De là où ils le découvrent, il n’y a pas de quoi rire. Au ras du sol, sans regard pour les rassurer, ils jouent le rôle d’étrave pour fendre la foule, pour frayer un chemin à travers la circulation urbaine. Impossible de parler. Et si jamais une souffrance ou un tourment s’emparent d’eux, ils pleurent dans le vide, sans aucun visage pour seulement réfléchir leur chagrin.

Auteur: Rey Olivier

Info: Dans "Une folle solitude", pages 300-301

[ cadre formateur ] [ responsabilité ] [ parents-enfants ] [ éducation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

aliments

Après la plage, nous raccompagnions les filles jusqu'à la ferme, Mme Le Dour avait préparé un goûter de crêpes - non pas les crêpes fines ou les galettes de sarrasin fourrées de choses salées comme on les trouve maintenant, mais de vraies krampouzen de froment épaisses et lourdes, sans sucre ni beurre, et les bolées de cidre tiède (le cidre glacé doit être une invention américaine). Comme de toutes les nourritures d'enfance (les gnocchis cuisinés par la bonne Maria chez ma grand-mère, ou le foufou et la soupe de cacahuètes d'Ogoja au Nigéria), j'ai gardé le goût de ces crêpes, l'épaisseur chaude, le tanin du cidre dans les bols de grès, quelque chose de doux et de sauvage à la fois, dans la pénombre enfumée de la ferme, avec l'odeur des vaches, la lueur du jour par la porte ouverte, les reflets du quinquet sur la vaisselle des étagères et sur les clous des lits-clos formant des losanges et des rosaces, et aussi le rire niais des deux filles qui les vengeait de la violence des arrosages et des poignées de sable dans leurs cheveux.

Auteur: Le Clézio Jean-Marie

Info: Chanson bretonne - L'enfant et la guerre : Deux contes

[ manger ] [ jeunesse ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

spleen thérapie

Eh bien, donc, lorsque je ne suis plus capable de rien, que je ne tiens plus sur mes jambes, avec mon mauvais point de côté, je vais me cacher dans un coin, toute seule et - vous allez rire - au lieu de me raconter des choses gaies, des choses qui remontent, je pense à tous ces gens que je ne connais pas, qui me ressemblent - et il y en a, la terre est grande ! - les mendiants qui battent la semelle sous la pluie, les gosses perdus, les malades, les fous des asiles qui gueulent à la lune, et tant ! et tant ! Je me glisse parmi eux, je tâche de me faire petite, et pas seulement les vivants, vous savez ? les morts aussi, qui ont souffert, et ceux à venir, qui souffriront comme nous… - "Pourquoi ça ? Pourquoi souffrir?" qu’ils disent tous… Il me semble que je le dis avec eux, je crois entendre, ça me fait comme un grand murmure qui me berce. Dans ces moments-là, je ne changerais pas ma place pour celle d’un millionnaire, je me sens heureuse.

Auteur: Bernanos Georges

Info: Journal d'un curé de campagne

[ empathie prolétaire ] [ altruisme ] [ remède ] [ déprime ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

répartie

Quand le comte, qui ne fit rien pour se dérober, fut à sa hauteur, le duc vint vers lui de sorte que, flanqué de ses deux amis, il lui barra la route.
Beaufort n'y alla pas par quatre chemins :
- Mais ne serait-ce point le comte de Nissac ?... Voyez-vous, cher comte, je vous regardais, et je regardais également ce bassin et les poissons qui le peuplent en me disant "Tiens, voilà le premier Nissac qui n'est point marin. Souffrez-vous donc du roulement de la mer ? Refusez-vous de servir de nourriture aux crabes comme vos glorieux ancêtres ?... En un mot, seriez-vous un lâche, Nissac ?"
Les compagnons du duc partirent aussitôt à rire, forçant un peu la mesure.
Nissac, cependant, ne quittait pas Beaufort du regard et le duc, confronté à ces yeux sombres, froids et inexpressifs en ressentit un passager malaise.
Nissac répliqua enfin :
- Ce genre de question ne souffre pas de réponse mais une démonstration.
- J'en suis tout aise et désolé pour vous qui allez mourir !
- Je sais, je sais : des tas de cadavres m'ont dit cela bien avant vous.

Auteur: Fajardie Frédéric H.

Info: Les Foulards rouges

[ menace ] [ mort ]

 

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nature

<Fablebarge> Je sais, je suis un hêtre extraordinaire! ^^
<LuDaX> Un hêtre? Ta langue a fourché dans ta buche? :)
<Fablebarge> Arrête! Tu me chêne!
<LuDaX> Allons allons... tu es gland maintenant! Tu ne dois plus rougir de ce genre de choses
<Fablebarge> Tu sais bien que je m'écorce d'être drôle!
<LuDaX> Et tu fais du très bon bouleau pour ça!
<Fablebarge> Stop!!! Tu vas me faire pleureur! :D
<LuDaX> Je suis un peuplier de rire!
<Fablebarge> Sapinrlipopette!
<LuDaX> Mais quelle source inépuisable! Tes idées bourgeonnent à une vitesse incroyable!
<Fablebarge> Oui! A chaque fois je suis cyprès du but!
<LuDaX> Et tu y arrives très bien! Marron-nous encore quelques minutes avant mon départ!
<Fablebarge> Mélèze tomber frangin!!!
<LuDaX> Mais tu es connecté sur l'encyclopédie du bois ma parole! Tu es le saule que je connaisse avec qui je peux avoir un délire pareil!
<Fablebarge> Epicéa ça que tu sers au taff? A délirer sur les arbres?
<LuDaX> Boah tu sais, si je ne t'avais pas, je ne prendrais pas racines ici!
<Fablebarge> Il n'y a pas à dire, on tient le bambou! :-)
<LuDaX> Allez a+ vieille branche...

Auteur: Internet

Info:

[ forêt ] [ jeu de mots ] [ dialogue-web ]

 

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dévoilé

Bareïm se met à rire de sa propre remarque - ce qui fait bouger toute sa carcasse. C'est à ce moment-là qu'on entend la voix électronique de son Curasix monter de sa poche :

"IMC : 39,7...Artère bouchée à 67%. Pression sanguine saturée à + 16. Il vous reste six ans, huit mois et vingt-deux jours à vivre..."

Le géant fouille dans sa parka, un peu honteux, et éteint l'appareil.

"Putain...Il suffit que je rigole ou que je tousse pour que cette saloperie se déclenche..."

Sparak le regarde, un sourire un peu narquois sur ses lèvres. Ainsi donc le gros Baréïm a cédé à la mode de ce petit gadget inutile qui fait fureur. En récoltant quelques données, il annonce fièrement à son possesseur les heures de vie gagnées si celui-ci mange mieux, fait du sport, monte les escaliers à pied. Il n'aurait jamais pensé que Baréïm ait le souci de se ménager et cela le fait rire. Baréïm le voit et dit, comme pour répondre à la phrase que Sparak n'a pas prononcée :

"C'est ma femme..."

Auteur: Gaudé Laurent

Info: Chien 51

[ embarrassé ] [ justification ] [ découvert ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

décadence

Les Pringsheim et leurs affidés symbolisaient tout ce qu'il avait en horreur. Ils étaient frelatés, superficiels, prétentieux : une bande de clowns dont les excentricités, contrairement aux siennes, n'avaient même pas l'excuse de la naïveté. Ils faisaient non seulement semblant de s'amuser. Ils riaient pour s'entendre rire et faisaient étalage d'un appétit sexuel qui n'avait rien à voir avec un sentiment ou un instinct quelconque et n'était que le fruit sec de leur imagination rabougrie. Copulo ergo sum. Et la Sally Salope qui s'était foutu de lui parce qu'il n'avait pas le courage de ses instincts. Comme si l'instinct consistait à éjaculer dans le corps chimiquement stérilisé d'une femme qu'il avait rencontrée vingt minutes auparavant. Wilt avait réagi tout à fait instinctivement en fuyant devant cette concupiscence faite de goût du pouvoir, d'arrogance et d'un insupportable mépris qui présupposait que ce qu'il était, ce peu de chose qu'il était, ne représentait qu'une extension de son pénis, et que l'expression ultime de ses pensées, de ses sentiments, de ses espoirs et de ses ambitions ne pouvait être atteinte qu'entre les cuisses d'une pute à la mode. Et c'était ça la libération ?

Auteur: Sharpe Tom

Info: Wilt, Tome 1 : Comment se sortir d'une poupée gonflable et de beaucoup d'autres ennuis encore

[ sexe ] [ obsédé ]

 

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insensibilité

Une fourreuse du passage Dauphine, une soixantaine d'années, à qui j'ai souvent parlé à cause de ses chiens, s'est jetée à la Seine il y a quelques jours. Inconsolable de la mort d'un fils il y a une dizaine d'années. Pertes d'argent. Mauvaises affaires. Mari toujours dehors. Le "Fléau" me parlait de cela ce soir dans mon bureau. Je me suis mis à éclater de rire. Scandalisée de cela. Me traitant de monstre, homme abominable. Je n'en riais que plus fort. C'est vrai, à la fin. Faut-il que je me désole parce que cette femme s'est jetée à l'eau ? Je m'en fiche complètement. Va-t-il falloir aussi que je m'attendrisse sur les tuberculeux, les goitreux, les borgnes, les bancals, les gens qui n'ont qu'un testicule, tous les mal bâtis d'une façon ou d'une autre. C'est agaçant, à la fin. Je m'en fiche complètement. Toutes ces jérémiades à la mode d'aujourd'hui ! C'est comme l'affaire des timbres antituberculeux. Des timbres antituberculeux ? Quel français ! J'attends qu'on vienne m'en offrir dans la rue. Car c'est devenu maintenant une sorte de quête. Je crois bien que je m'offrirai ce plaisir de répondre que je m'en fiche complètement.

Auteur: Léautaud Paul

Info: 19 décembre 1932 II p.1149

[ rejet ] [ sécheresse ] [ hargne ] [ vacherie ] [ misanthropie ]

 

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