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arts modernes

Si la machine est entrée en contact avec la sexualité, ce n’est pas pour collaborer avec elle mais pour puiser dans la violence que celle-ci accumule l’énergie dont elle a besoin ; pour faire de la danse un processus de transformation et, des danseurs eux-mêmes, des transformateurs dont la fonction et le devoir ne consistent qu’à transformer l’énergie animale en énergie mécanique.

[...] Dans la frénésie de la danse, la machine libère bien – puisque, dans son exigence autocratique, elle ne tolère aucune autre énergie – la puissance vitale excédentaire, mais elle ne la laisse se perdre qu’après s’être assurée que le processus de cette dépense emprunte la forme même de son mouvement mécanique. Les musiques qui accompagnent cette danse ont toujours une allure impersonnelle et automatique. La fureur de la répétition, qui neutralise en elles tout sentiment du temps et piétine toute temporalité, est la fureur du fonctionnement de la machine. Et la syncope qu’elles ont érigée en principe n’est peut-être pas seulement une caractéristique "musicale", quelque chose comme une "ritournelle". Elle est aussi le symbole de l’obstination sans faille avec laquelle le rythme de la machine pénètre littéralement celui du corps humain.

[...] ce que le danseur danse n’est plus seulement l’apothéose de la machine mais aussi, en même temps, une cérémonie d’abdication et de mise au pas, une pantomime enthousiaste de la défaite la plus absolue.

Auteur: Anders Günther Stern

Info: Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, pages 103-104, chapitre consacré au jazz

[ interprétation mécaniciste ] [ mise en conformité technologique ] [ critique ] [ anti ] [ transe mécanique ] [ rythme inhumain ] [ perfection électronique ] [ homme-machine ]

 
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accélération technologique

On prépare donc le réseau téléphonique 5G. Activement. Avec frénésie et impatience ! Pour un temps de latence un peu amoindri et la certitude que les vidéos YT seront visibles "outdoor" sans la moindre interruption, nous allons déployer d'innombrables antennes, détruire les précédentes, tout renouveler - sans doute en de multiples exemplaires, opérateurs disjoints obligent ...
Voila l'archétype de ce qui mène au désastre. Notre incapacité structurelle à dire "ça suffit, nous n'avons pas besoin, pas envie, de cette débauche insensée ; nous refusons cette idée létale suivant laquelle tout ce qui est technologiquement possible doit être effectivement réalisé, pour la jouissance mortifère de la consommation pure."
La question n'est PAS de savoir s'il faut construire des centrales nucléaires ou des éoliennes pour alimenter tout cela. Elle consiste à comprendre comment endiguer cet hubris suicidaire de création de besoins matériels qui prévalent sur les ravages insensés que leur mise en acte induisent nécessairement sur le vivant. Même avec une source d'énergie parfaitement "propre", l'effet du déploiement serait dramatique.
La 5G tue. Non pas à cause des effets des ondes sur la santé humaine. Mais en tant que création artificielle d'un besoin arbitraire aux conséquences dévastatrices. On ne PEUT PLUS continuer à faire "comme si" ces folies n'avaient pas de conséquences. Nous avons DEJA tué 70% du vivant (avec presque aucun réchauffement climatique). Préfère-t-on la vie ou le débit du réseau téléphonique ? C'est (presque) aussi simple que cela.

Auteur: Barrau Aurélien

Info: Publication facebook du 10.03.19

[ simplicité volontaire ] [ hyperconnectivité ] [ vente forcée ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

planète terre

Au singulier, civilisation ne serait-ce pas aujourd'hui, avant tout, le bien commun que se partagent, inégalement d'ailleurs, toutes les civilisations, "ce que l'homme n'oublie plus" ? Le feu, l'écriture, le calcul, la domestication des plantes et des animaux ne se rattachent plus à aucune origine particulière ; ils sont devenus les biens collectifs de la civilisation. Or ce phénomène de diffusion de biens culturels communs à l'humanité entière prend dans le monde actuel une ampleur singulière. Une technique industrielle que l'Occident a créée s'exporte à travers le monde entier qui l'accueille avec frénésie. Va-t-elle, en imposant partout un même visage : buildings de béton, de verre et d'acier, aérodromes, voies ferrées avec leurs gares et leurs haut-parleurs, villes énormes qui, peu à peu, s'emparent de la majeure partie des hommes, va-t-elle unifier le monde ? [...] Cependant la "civilisation industrielle" exportée par l'Occident n'est qu'un des traits de la civilisation occidentale. En l'accueillant, le monde n'accepte pas, du même coup, l'ensemble de cette civilisation, au contraire. [...] en supposant que toutes les civilisations du monde parviennent, dans un délai plus ou moins court, à uniformiser leurs techniques usuelles et, par ces techniques, certaines de leurs façons de vivre, il n'en reste pas moins que pour longtemps encore, nous nous retrouverons, en fin de compte, devant des civilisations très différenciées. Pour longtemps encore, le mot de civilisation gardera un singulier et un pluriel. Sur ce point, l'historien n'hésitera pas à être catégorique.

Auteur: Braudel Fernand

Info: Grammaire des civilisations

[ continent ] [ diversité ]

 

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anti islam

Combien redoutables, les malédictions que le mahométanisme fait peser sur ses adeptes ! Outre la frénésie fanatique, qui est aussi dangereuse chez l'homme que l'hydrophobie chez le chien, il y a cette effrayante apathie fataliste. Les effets en sont visibles dans de nombreux pays. Partout où les adeptes du Prophète règnent ou vivent, on trouve des habitudes malhonnêtes, des systèmes d'agriculture négligés, de léthargiques méthodes commerciales couplées à une insécurité des biens. Un sensualisme dégradé prive cette vie de sa grâce et de son raffinement, ainsi que de sa dignité et de sa sainteté. Le fait que dans la loi mahométane chaque femme doive appartenir à un homme en tant que propriété absolue - soit comme enfant, épouse ou concubine - retardera l'extinction totale de l'esclavage tant que la foi musulmanne demeurera une grande puissance parmi les hommes. Des milliers de personnes deviennent les braves et loyaux soldats de cette foi : tous savent mourir, mais l'influence de la religion paralyse le développement social de ceux qui la suivent. Aucune force rétrograde plus forte n'existe dans le monde. Loin d'être moribond, le mahométanisme est une foi militante et prosélyte. Il s'est déjà répandu dans toute l'Afrique centrale, engendrant à chaque pas des guerriers intrépides ; et si le christianisme n'était pas abrité dans les bras puissants de la science, la science contre laquelle il avait vainement lutté, la civilisation de l'Europe moderne pourrait tomber, comme est tombée la civilisation de la Rome antique.

Auteur: Churchill Winston

Info: The River War

[ rationalisme triomphant ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

révolution française

Les puissances de l’air paraissaient en complicité avec la canaille dont c’était le grand jubilé. Le solstice tempérait ses feux, pour que six cent mille goujats se soûlassent confortablement au milieu des rues transformées en cabarets ; la rose des vents bouclait son pistil, ne laissant flotter qu’un léger souffle pour l’ondulation des oriflammes et des étendards ; les nuages et le tonnerre étaient refoulés, pourchassés au-delà des monts lointains, chez les peuples sans liberté, pour que les bombes et les pétards de l’Anniversaire des Assassins pussent être ouïs exclusivement sur le territoire de la République.

Cette fête, vraiment nationale, comme l’imbécillité et l’avilissement de la France, n’a rien qui l’égale dans l’histoire de la sottise des hommes et ne sera certainement jamais surpassée par aucun délire.

Les boucans annuels et lamentables qui ont suivi ce premier anniversaire ne peuvent en donner l’idée. Il leur manque la bénédiction d’En Bas. Elles ne sont plus activées, actionnées par cette force étrangère à l’homme que Dieu, quelquefois, déchaîne, pour un peu de temps, sur une nation, et qui pourrait s’appeler l’Enthousiasme de l’Ignominie.

Qu’on se rappelle cette hystérie, cette frénésie sans camisole qui dura huit jours ; cette folie furieuse d’illuminations, de drapeaux, jusque dans les mansardes où s’accroupissait la famine ; ces pères et ces mères faisant agenouiller leurs enfants devant le buste plâtreux d’une salope en bonnet phrygien qu’on trouvait partout ; et l’odieuse tyrannie de cette racaille que ne menaçait aucune force répressive.

Dans les autres fêtes publiques, à la réception d’un empereur, par exemple, et lorsque les républicains les plus fiers s’écrasent aux roues du potentat, il est trop facile d’observer que chacun ment effrontément, et tant qu’il peut, aux autres et à lui-même.

Ici, on se trouva en présence de la plus effroyable candeur universelle. En glorifiant par des apothéoses jusqu’alors inouïes la plus malpropre des victoires, cette multitude fraîchement vaincue se persuada, en vérité, qu’elle accomplissait quelque chose de grand, et les rares protestations furent si aphones, si indistinctes, si submergées par le déluge, qu’il n’y eut, sans doute, que le grand Archange penché sur son glaive, Protecteur, quand même, de la parricide Enfant des Rois, qui les pût entendre !

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "La femme Pauvre", Mercure de France, 1972, pages 261-262

[ commémoration ] [ décadence ] [ critique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

construction industrielle

Je préparais mon bachot et habitais Montbéliard, dans le Doubs, au cœur de la plus forte concentration ouvrière de France, les Automobiles Peugeot, cette pieuvre qu’on appelle la Peuge. On naît Peugeot, on vit Peugeot, on meurt Peugeot dans le pays de Montbéliard : de père en fils on travaille chez Peugeot, on fait ses courses dans les supermarchés Ravi du groupe Peugeot, on roule bien sûr en Peugeot, on est logés par Peugeot, divertis par Peugeot (le Football Club de Sochaux-Montbéliard, un des plus anciens clubs de France), emmenés en vacances par le Comité d’établissement Peugeot tenu par la CGT – une manne pour cette mafia stalinienne, "toujours prête à prolonger d’un millénaire la plainte du prolétaire, à seule fin de lui conserver un défenseur" comme l’écrira Guy Debord. Près de 200 000 personnes dans l’agglomération vivent de Peugeot. Sur les hauteurs de la ville, la "tour", le lycée technique, forme la main-d’œuvre qualifiée pour travailler chez Peugeot, destin obligé des élèves exclus du second cycle au lycée Cuvier, où un bac général leur donnerait toutes les chances de devenir cadre chez Peugeot.

Il n’y avait pas 20 000 habitants à Montbéliard lorsque j’y vivais, mais, à plein régime, la Peuge a compté jusqu’à 40 000 salariés. Pour les maos qui, après 68, venaient s’y faire embaucher comme "établis", c’était la "base ouvrière numéro un" ou la "petite Sibérie", selon leur degré d’enthousiasme. Des centaines de cars sillonnaient la région, de lourds Saviem aux carrosseries boueuses, avec des bandes rouges ou bleues décolorées, qui déversaient aux portes des usines les ouvriers ramassés à 100 kilomètres à la ronde. En Haute-Saône, dans le haut Doubs, le Territoire de Belfort, le Haut-Rhin, les fils de paysans étaient débusqués dans leurs fermes jusqu’au plus petit hameau. Lever deux heures du matin, rendez-vous au point de ramassage à 3 heures, embauche à 4 heures et demie, débauche à 14 heures, ils étaient chez eux à 16 heures et au lit avant le retour de leurs enfants. La "sortie Peugeot" était le cauchemar des Montbéliardais. On craignait de se trouver bloqués dans cette marée de travailleurs que l’usine dégueulait, ces milliers d’ouvriers dans les autobus, en voiture, à moto, à mobylette, à vélo, à pied… tous pris d’une frénésie de libération, impatients de retrouver leur HLM, leur baraquement, leur pavillon, leur ferme, leur foyer de travailleurs et les deux seules chaînes de télévision, pour revenir le lendemain après une nuit de sommeil toujours trop courte.

Auteur: Maugiron Jean-Bernard

Info: http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/entretien_j._bernard-maugiron.pdf

[ aliénation ] [ fouriérisme ]

 
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extraterrestres

De temps en temps, après une dure journée de boulot, je passe un petit moment à jouer avec mes chats en les invitant à une "chasse" frénétique. Les chats ont un instinct naturel de prédateur, et lorsque j'allume mon pointeur laser ils sont incapables de ne pas fixer du regard le point rouge projeté sur la moquette, les murs ou n'importe quel meuble dans la pièce.
Pour mes chats, le point rouge possède une vie propre, il existe comme une entité distincte. Bien qu'ils me voient tenir en main le pointeur, ils ne comprennent pas la relation entre celui-ci et le point rouge, ils ne réalisent pas que c'est moi qui est à l'origine de son apparition et de ses mouvements.
Alors ils essaient d'attraper le point rouge, ils le chassent avec frénésie. Ils pensent qu'il s'agit d'un objet physique, malgré le fait que leurs pattes se referment sur du vide à chaque fois qu'ils le "saisissent". Ils s'en approchent doucement et bondissent pour le surprendre. Moi je joue le jeu, et je fais s'échapper le point rouge au dernier moment, ce qui excite les félins, qui semblent y voir une tentative de fuite.
C'est un jeu très amusant, pour eux et pour moi. Quand je contrôle le point rouge, je le fais se comporter "avec intelligence", le faire traverser la pièce de manière aléatoire est vite ennuyeux, et d'ailleurs les chats y réagissent beaucoup moins. Donc, je le fais grimper, s'avancer doucement, se cacher dans les recoins, partir en fuite et revenir narguer mes chasseurs.
Vous l'aurez compris, cette analogie rappelle la recherche continue de véhicules extraterrestres présumés par les humains. Les apparitions d'OVNI montrent de nombreux aspects similaires à notre jeu de chasse au point rouge :
Selon Jaques Vallée, les OVNIs font partie d'un "système de contrôle" et de conditionnement psychosocial qui présente des "récompenses" pour palier à l'inexistence - ou tout du moins la grande maigreur - des preuves physique. Le phénomène, quelle que soit sa nature ultime, se nie lui-même avec obstination, et en ce faisant il permet le jeu qu'il joue avec nous.
Comme les chats, nous sommes friands de mystères et nous sommes excités par ces "lumières" étranges. Pour l'un de mes félins, le "pouvoir" du point rouge est tel, que lorsque je simule avec ma bouche le petit "clic clic" de l'interrupteur du pointeur laser, il rapplique immédiatement. J'ai même poussé le conditionnement un peu plus loin, j'ai réussi à lui apprendre à faire un "double miaulement" (miau miau), qu'il doit effectuer obligatoirement s'il veut voir le point rouge.
C'est assez surprenant, surtout si l'on considère que la récompense n'est pas comestible, comme c'est généralement le cas lors du dressage d'animaux. C'est dire à quel point il est fasciné par le "phénomène". A noter qu'avec mon autre chat, le résultat est nul, il joue avec le point rouge mais pas au point de le réclamer avec insistance.
Alors, sommes-nous également manipulés de la sorte? Nous apercevons cette soudaine lumière rouge, nous fléchissons nos muscles, cette fois nous l'attraperons ! Pour sur.

Auteur: Mac Tonnies

Info:

[ spéculation ]

 

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judéo-christianisme

De fait, la Bible ne prône nulle part l’épanouissement du vivant, le body-building, la relaxation, les loisirs, le télé-travail, l’Internet-citoyen, la réduction du temps de travail, les trente-cinq heures, les trente-deux heures, les vingt-sept heures, les dix-huit heures, les deux heures, la disparition des heures, les vide-greniers, les pique-niques citoyens, la gymaquatique, la muscu, les randonnées en tenue fluo, les félicités électroniques, la movida hilare et les Gay Prides.

On n’y trouve aucune contribution à l’accroissement des droits des malades, du droit au logement et de celui des handicapés, des sans-fenêtres, des sans-portes ou des sans-papiers. L’épisode de Babel est une insulte à notre idéal de culture interculturelle et transfrontalière. La différence des sexes marquée à jamais, dans la Genèse, comme condition de possibilité de toute humanité (avec l’énoncé des maux différents, ou plutôt différenciés avec une extrême précision, que Dieu promet à l’homme et à la femme après l’épisode du péché : multiplication des peines de grossesse pour elle, souffrance du travail quotidien pour lui et retour à la terre par la mort), justifie la haine de tous les transgenristes, de tous les partisans du "l’un et l’autre" ou du "ni l’un ni l’autre", de tous les déligitimeurs de l’ "ordre symbolique" et de tous les apologistes du "contre-pouvoir féminin" menacé par le front réactionnaire de l’Internationale machiste.

Et, assurément, les guerres et les massacres qui sont évoqués dans l’Ecriture ont le malheur d’avoir été "réels" ; de ne pas s’être rapprochés de l’idéal "zéro mort" des guerres "parfaites" d’aujourd’hui. […]

Quant à l’hostilité vétérotestamentaire vis-à-vis de ce qui relève de l’occultisme ("Si un homme ou une femme ont en eux un esprit de divination, ils seront punis de mort, on les lapidera", etc.), elle ne peut qu’apparaître odieuse à nos esprits modernes où cohabitent si harmonieusement les inepties des cartomanciennes et les prestiges de la technique la plus ravageante.

Et je ne parle même pas du paternalisme abusif dont le Livre regorge, ni de sa prétention paranoïaque à un châtiment descendu du ciel. Ou plutôt si, j’en parle. Je ne parle que de ça : de la fonction centrale du Père dans la Bible et du caractère spécifiquement douteux de la paternité réelle, introduisant la dimension symbolique et la parole articulée (du moins jusqu’à ce que les récentes conquêtes de la science n’en finissent avec ce doute et ne rendent la paternité possiblement certaine, donc sans intérêt, en même temps que d’autres conquêtes, sociétales celles-là, annonçant la joyeuse destruction du langage articulé et le retour à l’inceste).

En tous ces domaines, et en bien d’autres, la Bible n’a cessé de se rendre antipathique. Elle n’est pas du tout glamrock. Elle ne cultive pas le maximum respect. Les démocraties terminales d’Occident, dans leur frénésie de chasser tout ce qui a pu être différent, à un degré ou à un autre, de ce qu’elles considèrent maintenant comme le devenir enviable de l’humanité, ne peuvent donc qu’être conduites à mettre en accusation ses "passages sanglants" et "contraires aux droits de l’homme". […] La part d’ombre, le flou, le louche, le tortueux, l’ambivalent, la négativité, caractéristiques il n’y a pas si longtemps de ce qu’il y avait de plus humain et de plus libre dans la condition humaine, ne sont plus que des crimes ou des infirmités.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, pages 37 à 39

[ anti-moderne ] [ liste des griefs ] [ choc des discours ] [ révisionnisme ] [ évolution ]

 
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insectes

Elle eut dans son sommeil, un faible gémissement.

À la tête de l'autre lit, assis sur le divan, il lisait à la lumière concentrée d'une petite lampe. Il leva les yeux. Elle eut un léger frémissement, secoua la tête comme pour se libérer de quelque chose, ouvrit les paupières et fixa l'homme avec une expression de stupeur, comme si elle le voyait pour la première fois. Et puis elle eut un léger sourire.

- Qu'y a-t-il, chérie ?

- Rien, je ne sais pas pourquoi mais je ressens une espèce d'angoisse, d'inquiétude...

- Tu es un peu fatiguée du voyage, chaque fois c'est la même chose et puis tu as un peu de fièvre, ne t'inquiète pas, demain ce sera passé.

Elle se tut pendant quelques secondes, en le fixant toujours, les yeux grands ouverts. Pour eux, qui venaient de la ville, le silence de la vieille maison de campagne était vraiment exagéré. Un tel bloc hermétique de silence qu'il semblait qu'une attente y fût cachée, comme si les murs, les poutres, les meubles, tout, retenaient leur respiration.

Et puis elle dit, paisible :

- Carlo, qu'y a-t-il dans le jardin ?

- Dans le jardin ?

- Carlo, je t'en prie, puisque tu es encore debout, est-ce que tu ne voudrais pas jeter un coup d'œil dehors, j'ai comme la sensation que...

- Qu'il y a quelqu'un ? Quelle idée. Qui veux-tu qu'il y ait dans le jardin en ce moment ? Les voleurs ? Et il rit. Ils ont mieux à faire les voleurs que de venir rôder autour de vieilles bicoques comme celle-ci.

- Oh ! je t'en prie, Carlo, va jeter un coup d'œil.

Il se leva, ouvrit la fenêtre et les volets, regarda dehors, resta stupéfait. Il y avait eu de l'orage l'après-midi et maintenant dans une atmosphère d'une incroyable pureté, la lune sur son déclin éclairait de façon extraordinaire le jardin, immobile, désert et silencieux parce que les grillons et les grenouilles faisaient justement partie du silence.

C'était un jardin très simple : une pelouse bien plane avec une petite allée aux cailloux blancs qui formait un cercle et rayonnait dans différentes directions : sur les côtés seulement il y avait une bordure de fleurs. Mais c'était quand même le jardin de son enfance, un morceau douloureux de sa vie, un symbole de la félicité perdue, et toujours, dans les nuits de lune, il semblait lui parler avec des allusions passionnées et indéchiffrables.

Au levant, à contre-jour et sombre par conséquent, se dressait une barrière de grands charmes taillée en arches, au sud une haie basse de buis, au nord l'escalier qui menait au potager, au couchant la maison. Tout reposait de cette façon inspirée et merveilleuse avec laquelle la nature dort sous la lune et que personne n'est jamais parvenu à expliquer. Cependant, comme toujours, le spectacle de cette beauté expressive qu'on peut contempler bien sûr, mais qu'on ne pourra jamais faire sienne, lui inspirait un découragement profond.

- Carlo appela Maria de son lit, inquiète, en voyant qu'il restait immobile à regarder. Qui est là ?

Il referma la fenêtre, laissa les volets ouverts et il se retourna :

- Personne, ma chérie. Il y a une lune formidable. Je n'ai jamais vu une semblable paix.

Il reprit son livre et retourna s'asseoir sur le divan.

Il était onze heures dix.

À ce moment précis, à l'extrémité sud-est du jardin, dans l'ombre projetée par les charmes, le couvercle d'une trappe dissimulée dans l'herbe commença à se soulever doucement, par à-coups, se déplaçant de côté et libérant l'ouverture d'une étroite galerie qui se perdait sous terre. D'un bond un être trapu et noirâtre en déboucha, et se mit à courir frénétiquement en zigzag.

Suspendu à une tige un bébé sauterelle reposait, heureux, son tendre abdomen vert palpitait gracieusement au rythme de sa respiration. Les crochets de l'araignée noire se plongèrent avec rage dans le thorax, et le déchirèrent. Le petit corps se contorsionna, détendant ses longues pattes postérieures une seule fois. Déjà les horribles crocs avaient arraché la tête et maintenant ils fouillaient dans le ventre. Des morsures jaillit le suc abdominal que l'assassin se mit à lécher avidement.

Tout à la volupté démoniaque de son repas, il n'aperçut pas à temps une gigantesque silhouette sombre qui s'approchait de lui par-derrière. Serrant encore sa victime entre ses pattes, l'araignée noire disparut à jamais entre les mâchoires du crapaud.

Mais tout, dans le jardin, était poésie et calme divin.

Une seringue empoisonnée s'enfonça dans la pulpe tendre d'un escargot qui s'acheminait vers le jardin potager. Il réussit à parcourir encore deux centimètres avec la tête qui lui tournait, et puis il s'aperçut que son pied ne lui obéissait plus et il comprit qu'il était perdu. Bien que sa conscience fût obscurcie, il sentit les mandibules de la larve assaillante qui déchiquetaient furieusement des morceaux de sa chair, creusant d'affreuses cavernes dans son beau corps gras et élastique dont il était si fier.

Dans la dernière palpitation de son ignominieuse agonie il eut encore le temps de remarquer, avec une lueur de réconfort, que la larve maudite avait été harponnée par une araignée-loup et lacérée en un éclair.

Un peu plus loin, tendre idylle. Avec sa lanterne, allumée par intermittence au maximum, une luciole tournaillait autour de la lumière fixe d'une appétissante petite femelle, languissamment étendue sur une feuille. Oui ou non ? Oui ou non ? Il s'approcha d'elle, tenta une caresse, elle le laissa faire. L'orgasme de l'amour lui fit oublier à quel point un pré pouvait être infernal une nuit de lune. Au moment où il embrassait sa compagne, un scarabée doré d'un seul coup l'éventra irrévocablement, le fendant de bout en bout. Son petit fanal continuait à palpiter implorant, oui ou non ? que son assaillant l'avait déjà à moitié englouti.

À ce moment-là il y eut un tumulte sauvage à un demi-mètre de distance à peine. Mais tout se régla en quelques secondes. Quelque chose d'énorme et de doux tomba comme la foudre d'en haut. Le crapaud sentit un souffle fatal dans son dos, il chercha à se retourner. Mais il se balançait déjà dans les airs entre les serres d'un vieux hibou.

En regardant on ne voyait rien. Tout dans le jardin était poésie et divine tranquillité.

La kermesse de la mort avait commencé au crépuscule. Maintenant elle était au paroxysme de sa frénésie. Et elle continuerait jusqu'à l'aube. Partout ce n'était que massacre, supplice, tuerie. Des scalpels défonçaient des crânes, des crochets brisaient des jambes, fouillaient dans les viscères, des tenailles soulevaient les écailles, des poinçons s'enfonçaient, des dents trituraient, des aiguilles inoculaient des poisons et des anesthésiques, des filets emprisonnaient, des sucs érosifs liquéfiaient des esclaves encore vivants.

Depuis les minuscules habitants des mousses : les rotifères, les tardigrades, les amibes, les tecamibes, jusqu'aux larves, aux araignées, aux scarabées, aux mille-pattes, oui, oui, jusqu'aux orvets, aux scorpions, aux crapauds, aux taupes, aux hiboux, l'armée sans fin des assassins de grand chemin se déchaînait dans le carnage, tuant, torturant, déchirant, éventrant, dévorant. Comme si, dans une grande ville, chaque nuit, des dizaines de milliers de malandrins assoiffés de sang et armés jusqu'aux dents sortaient de leur tanière, pénétraient dans les maisons et égorgeaient les gens pendant leur sommeil.

Là-bas dans le fond, le Caruso des grillons vient de se taire à l'improviste, gobé méchamment par une taupe. Près de la haie la petite lampe de la luciole broyée par la dent d'un scarabée s'éteint. Le chant de la rainette étouffée par une couleuvre devient un sanglot. Et le petit papillon ne revient plus battre contre les vitres de la fenêtre éclairée : les ailes douloureusement froissées il se contorsionne dans l'estomac d'une chauve-souris.

Terreur, angoisse, déchirement, agonie, mort pour mille et mille autres créatures de Dieu, voilà ce qu'est le sommeil nocturne d'un jardin de trente mètres sur vingt. Et c'est la même chose dans la campagne environnante, et c'est toujours la même chose au-delà des montagnes environnantes aux reflets vitreux sous la lune, pâles et mystérieuses. Et dans le monde entier c'est la même chose, partout, à peine descend la nuit : extermination, anéantissement et carnage. Et quand la nuit se dissipe et que le soleil apparaît, un autre carnage commence avec d'autres assassins de grand chemin, mais une égale férocité. Il en a toujours été ainsi depuis l'origine des temps et il en sera de même pendant des siècles, jusqu'à la fin du monde.

Marie s'agite dans son lit, avec des petits grognements incompréhensibles. Et puis, de nouveau elle écarquille les yeux, épouvantée.

- Carlo, si tu savais quel horrible cauchemar je viens de faire. J'ai rêvé que là-dehors, dans le jardin, on était en train d'assassiner quelqu'un.

- Allons, tranquillise-toi un peu, ma chérie, je vais venir me coucher moi aussi.

- Carlo, ne te moque pas de moi, mais j'ai encore cette étrange sensation, je ne sais pas, moi, c'est comme si dehors dans le jardin il se passait quelque chose.

- Qu'est-ce que tu vas penser là...

- Ne me dis pas non, Carlo, je t'en prie. Je voudrais tant que tu jettes un coup d'œil dehors.

Il secoue la tête et sourit. Il se lève, ouvre la fenêtre et regarde.

Le monde repose dans une immense quiétude, inondé par la lumière de la lune. Encore cette sensation d'enchantement, encore cette mystérieuse langueur.

- Dors tranquille, mon amour, il n'y a pas âme qui vive dehors, je n'ai jamais vu une telle paix.

Auteur: Buzzati Dino

Info: Douce Nuit, Nouvelle

[ couple ] [ simultanéité ] [ histoire courte ]

 
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