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religions

J’accuse l’Eglise d’utiliser les hommes comme des instruments, au service de son pouvoir. Je n’en veux a aucun de ces hommes-là, pris un a un. Ils sont captifs d’un système, de l’idéologie la plus meurtrière que l’humanité ait secrétée. Quelles que soient les Eglises, elles se valent toutes : catholique, musulmane, bouddhiste… Machines à broyer.
J’accuse l’Eglise de puiser à la pelle dans ce qu’il y a de plus beau, de plus fragile en nous, et de plus dérisoire : l’idéalisme, notre besoin de noblesse, de droiture, de pureté. Ce qui fait l’homme diffèrent de l’animal.
J’accuse l’Eglise, surtout, de nous avoir privés de ce bien essentiel, indispensable à nos vies et à nos sociétés : Dieu. Pour établir par-dessus lui les murailles de sa domination.
Oui, finalement l’Eglise nous a volé Dieu, à son profit exclusif. Et qui donc, désormais nous le rendra accessible ? Où le trouverons-nous, dans sa fraîcheur et sa nouveauté ?

Auteur: Michel Benoît

Info: Prisonnier de Dieu

[ sectes ] [ pouvoir ]

 

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zen

Il existe une espèce de dicton - le néant habite l'être, et je comprends ce que ça veut dire, sauf que formulé dans ces termes c'est trop abstrait, trop philosophique. Plutôt rébarbatif, en plus - alors que ça ne l'est pas le moins du monde. John dirait que ça sonne mieux en français mais ce n'est pas ça. Ça sonne mieux quand on est au bord d'un champs de coquelicots transis et qu'on laisse venir le néant, comme ça, rien de fracassant, juste un néant prosaïque. Ça sonne mieux quand on ne le formule pas avec des mots, quand on ne le commente même pas, qu'on se contente de regarder et d'écouter pendant qu'il nous emporte - pas du tout un truc négatif, pas une condition existentielle, mais un genre d'éclosion, un événement naturel. Une chose qui, lorsqu'elle finit par venir, n'a rien d'un coup d'éclat. La conscience qui s'épanche. Le rouge des coquelicots. La fraîcheur du matin.

Auteur: Burnside John

Info: Scintillation

[ vacuité ] [ méditation ]

 

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spectateur

Vers neuf heures, lorsque je me réveillai, c’était une orgie : les marchés sont les orgies des heures matinales, et la faim, comme aurait dit Jean Paul, sonne l’ouverture du jour, comme l’amour la finale. Les pièces de monnaie firent leur entrée sur un rythme syncopé et, lentement, se pressèrent et se bousculèrent des filles avec des filets rebondis qui de tous côtés invitaient à profiter de leurs rondeurs. Mais à peine étais-je descendu tout habillé sur la place, au moment où je voulais aller sur scène, que l’éclat et la fraîcheur du spectacle avaient disparu. Je compris que tous les dons du matin, comme le lever du soleil, doivent être reçus sur des hauteurs. Et ce qui illuminait, il y a un instant encore les dés frêles du pavé, n’était-ce pas une aurore mercantile ? Elle était maintenant ensevelie sous les papiers et les ordures. Au lieu de la danse et de la musique, il n’y avait plus que l’échange et le trafic. Rien ne peut être aussi irrévocablement perdu qu’un matin.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Dans "Weimar" in Images de pensée, pages 89-90

[ décalage ] [ animation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

saison

Je m'assis sur un petit billot et sortis une cigarette. Devant moi l'Iennisseï s'étalait comme un plateau d'argent ciselé par le vent. Sur la rive opposée, au-delà de la barrière sombre des sapins, ondoyait la profondeur bleutée de la taïga qui était incroyablement automnale. J'ai toujours l'impression, je ne sais pourquoi, qu'ici l'automne n'apparaît pas sur place, mais qu'il vient d'ailleurs, sous la forme d'un air bleuté à la teneur particulière, qui jaunit, flétrit, resserre tout, tandis que soudain, de pair avec une vigueur physique accrue, nous voyons sourdre en nous une étonnante réceptivité à la nature. Et soumis à cette calme volonté, nous avons envie de grimper. sur la plus haute falaise et de tomber à genoux, en regardant la mer lointaine de l'Ienisseï....

Et longtemps s'inscrira en nous le chatoiement funèbre des rives, d'un jaune strié de vert sombre, et la fissure de feu traversant un nuage gris basalte bouchant le nord, jusqu'à ce que dans la fraîcheur d'un petit matin, un coup sourd de rame résonnant dans le brouillard ne donne des ailes au premier poème.

Auteur: Tarkovski Mikhaïl

Info: Le temps gelé, p. 36-37

[ émerveillement ]

 

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vieillir

Est-ce grotesque ? Est-il impossible de faire comprendre à autrui une illusion aussi subjective de la beauté ? En fait, dès l'instant où ils cessèrent d'avoir vingt-trois et dix-huit ans, c'est à dire dès l'année suivante, c'était devenu l'objectif essentiel de leur vie ou plutôt face à la vie. Ils mirent de l'acharnement à s'y tenir. Ils revenaient à leur première vision, autant de fois qu'il le fallait, et l'extraordinaire jeunesse de leur apparence les y aidait.

Pourtant, cette jeunesse avait des limites. Peu à peu, ils commençaient à éviter la lumière crue du jour, tout autant que la lumière artificielle de la nuit, pour préférer l'éclairage subtil du crépuscule ou de l'aube. Dans ces lueurs floues mais naturelles, l'homme de cinquante ans et la femme de quarante-cinq ans bénéficiaient de la délicatesse innée qui ne gardait de leur visage qu'un contour. Ils avaient compris que ce n'était que dans ce halo que la nature adoucissait la cruauté de ses lois, en maintenant dans sa fraîcheur le reflet de leur lointaine jeunesse, comme une aurore sur un flanc de montagne.

Auteur: Mishima Yukio

Info: Une matinée d'amour pur

[ enlaidir ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

rétrospective

Juché tout en haut des grands mâts qui oscillaient à me donner le vertige au-dessus du pont des navires, j'ai contemplé l'eau illuminée par le soleil : des profondeurs de turquoise surgissaient des coraux irisés. J'ai commandé la manoeuvre qui devait mettre les navires à l'abri dans les lagons limpides comme des miroirs, où les ancres descendaient tout près de plages de corail ombragées de palmiers. Je me suis battu furieusement sur les champs de bataille du temps passé : même quand le soleil était au terme de sa course, le carnage ne cessait pas ; il se continuait pendant la nuit, sous les étoiles qui brûlaient au ciel. Et la fraîcheur du vent nocturne, refroidi aux lointains pics neigeux sur lesquels il avait passé, n'arrivait pas à sécher la sueur de la bataille : et puis je redevenais le petit Darell Standing qui à la ferme paternelle courait pieds nus dans l'herbe humide de la rosée printanière. Où, comme aux froids matins d'hiver, j'allais, de mes mains couvertes d'engelures, porter le foin aux bestiaux dans la tiède étable qu'emplissaient leurs haleines fumantes.

Auteur: London Jack

Info: Le Vagabond des étoiles

[ vie ] [ océan ]

 

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amitié transgénérationnelle

La perte, telle qu’elle peut affecter quelqu’un de beaucoup plus jeune, dirige son regard peut-être pour la première fois sur ce qui peut prévaloir entre deux hommes séparés par une grande différence d’âge et réunis pourtant par l’affection. La mort offrait un partenaire avec lequel, bien sûr, on ne pouvait aborder la plus grande part, l’essentiel de ce qui vous touche. Mais la conversation avec lui en était remplie d’une fraîcheur et d’une paix comme jamais avec quelqu’un du même âge que soi. Il y avait deux sortes de raison à cela. D’une part, toute reconnaissance, même la plus discrète, obtenue l’un de l’autre par-delà le fossé des générations, était infiniment plus indiscutable que celle qui vient de gens de même génération. D’autre part, le plus jeune trouvait quelque chose qui, plus tard, lorsque les anciens l’auraient quitté, s’éclipse complètement jusqu’à ce qu’on soit devenu vieux à son tour : un dialogue exempt de tout calcul et de toute arrière-pensée parce qu’aucun des deux n’attend quelque chose de l’autre, parce qu’aucun des deux ne croise un autre sentiment que, chose rare, la bienveillance sans rien qui s’y ajoute.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Dans "Images de pensée" in Images de pensée, pages 235-236

[ transmission ] [ relations ] [ jeune-vieux ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

obèse

La masse de la patronne remplit un grand fauteuil d'osier auquel chacun de ses mouvements arrache des gémissements douloureux.
Elle est vêtue d'une simple combinaison beige qui déborde par tous les orifices de son tablier à fleurs. Par-devant, les boutons, acculés à l'extrémité de la bride, contiennent vaillamment les amas indistincts de son ventre et de ses mamelles.
La peau de ses jambes et de ses bras est si distendue qu'elle en est transparente. On voit, à travers, une chair rosâtre alvéolée de blancheurs, qui ressemble à du hachis à saucisse.
Elle n'a plus ni poignets ni chevilles.
Ses pantoufles tuméfiées, dont la languette de molleton inversée s'étale comme l'appendice d'un étranglé, contiennent à grand-peine la plante de ses pieds.
Depuis longtemps, la graisse est venue à bout de tous ses membres.
Il ne restait que le visage. Des détachements luisants de fraîcheur se sont lancés à l'assaut de la gorge, du menton, des joues déjà en pleine déconfiture. Seuls, le nez, le front et, retranchés au fond des orbites, les petits yeux pétillants lui échappent encore, et ils émergent de ce fatras adipeux comme les vestiges d'un empire éboulé.

Auteur: Job Armel

Info: Baigneuse nue sur un rocher

[ littérature ]

 

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irréversible

Je réécoute la radio.

Je la réécoute avec le sérieux et l'attention d'avant la coupure des quatre mois, prenant intérieurement des notes, prenant la température.

Je me souviens que pendant ces quatre mois, elle (la radio) s'était éloignée dans le temps, rendant un son de crincrin type années 1950, pas crédible, annulée par le présent, son irruption puissante comme jamais, sa fraîcheur, tout ce qu'il mettait cul par-dessus tête dans la minute. Un scandale.

On ne peut brouiller ce scandale que par un autre scandale (tel animateur bien connu traversant l'un des lieux du scandale, la place, dans le but de s'en faire expulser et d'en produire en retour la condamnation : voyez, comme ils sont intolérants).

Pendant quatre mois je n'ai plus été dans le temps comme dans ce passé bon, vieux de cinquante ans et sans limite, ni vers l'amont, ni vers l'aval.

Commencement.

Ça commence.

En septembre, j'ai cru que l'été avait repassé tout ça, après m'être dit, fin juin, jamais l'été qui vient ne fera que ce qui s'est passé ne se soit pas passé.

C'est resté...

Auteur: Quintane Nathalie

Info: in "Un oeil en moins", éd. P.O.L., p.141-142

[ rupture ] [ nuits debout ] [ médias ] [ engagement ] [ révolte ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

dépouillement

Une étrange douceur s'était emparée de moi. Je n'avais plus mal nulle part, entraîné que j'étais par les centaines de kilomètres parcourus. Mes désirs avaient maigri plus vite que moi : ils se réduisaient à quelques ambitions, certaines faciles à satisfaire, manger, boire, un autre assez inaccessible mais j'en avais pris mon parti : dormir. Je commençai à percevoir en moi la présence d'un délicieux compagnon : le vide. Mon esprit ne formait plus d'image, aucune pensée, encore moins de projet. Mes connaissances, si j'en avais eu, avaient disparu dans les profondeurs et je n'éprouvai aucun besoin d'y faire appel. En découvrant un paysage, il ne me venait pas à l'esprit qu'il pût ressembler à la Corse ni à nul autre lieu que j'aurais connu. Je voyais tout avec une fraîcheur éblouissante et j'accueillais la complexité du monde dans un cerveau redevenu aussi simple que celui d'un reptile ou d'un étourneau. J'étais un être nouveau, allégé de sa mémoire, de ses désirs et de ses ambitions. Un Homo erectus mais d'une variété particulière : celle qui marche. Minuscule dans l'immensité du Chemin, je n'étais ni moi-même ni un autre, mais seulement un machine à avancer, la plus simple qui pût concevoir et dont la fin ultime autant que l'existence éphémère consistaient à mettre un pied devant l'autre.

Auteur: Rufin Jean-Christophe

Info: Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi

[ dépassement ] [ effort physique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel