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obsessionnel

Le sujet obsédé n’est pas le sujet schizoïde qui, en quelque sorte, parle directement au niveau de ses pulsions. C’est le moi en tant qu’il porte lui-même sa dépossession, c’est la mort imaginaire. Si l’obsédé se mortifie, c’est parce que, plus qu’un autre névrosé, il s’attache à son moi, qui porte en soi la dépossession et la mort imaginaire.

Et pourquoi ? Le fait est évident – l’obsédé est toujours un autre. Quoiqu’il vous raconte, quelques sentiments qu’il vous apporte, c’est toujours ceux d’un autre que lui-même. Cette objectalisation de lui-même n’est pas due à un penchant ou à un don introspectif. C’est dans la mesure où il évite son propre désir que tout désir dans lequel, fût-ce même apparemment, il s’engage, il le présentera comme le désir de cet autre lui-même qu’est son moi. [...]

Avant de lui permettre de reconnaître la fondamentale agressivité qu’il disperse et réfracte sur le monde, et qui structure toutes ses relations objectales, il faut lui faire comprendre quelle est la fonction de ce rapport mortel qu’il entretien avec lui-même, et qui fait que, dès qu’un sentiment est le sien, il commence par l’annuler. Si l’obsédé vous dit qu’il ne tient pas à quelque chose à ou à quelqu’un, vous pouvez penser que ça lui tient à cœur. Là où il s’exprime avec la plus grande froideur, c’est là où ses intérêts sont engagés au maximum. [...]

Ce n’est pas à lui-même, ni réellement, qu’il est mort. Il est mort pour qui ? Pour celui qui est son maître. Et par rapport à quoi ? Par rapport à l’objet de sa jouissance. Il efface sa jouissance pour ne pas réveiller la colère de son maître. Mais d’autre part, s’il est mort, ou s’il se présente comme tel, il n’est plus là, et c’est un autre que lui qui a un maître et, inversement, lui-même a un autre maître. Par suite, il est toujours ailleurs. [...]

Ce à quoi tient l’obsédé est toujours autre, car s’il le reconnaissait vraiment, il serait guéri.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre II", "Le moi dans la théorie de Freud", pages 369-370

[ description ] [ rapport au discours ] [ symptôme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

art pictural

Or les plus beaux dessins de Kalmykov datent de cette période. Les femmes y ressemblent à des palmiers ou à des fruits du Sud. Elles ont les mains fines, les yeux en amande. De haute taille, debout ou couchées, elles emplissent toute la surface de la feuille. Quelques-unes ont des ailes, telles des fées. D'autres sont simplement des femmes. Sur des dessins publiés, le long et lourd vêtement d'intérieur n'est que jeté sur les épaules. Il laisse voir la jambe, la poitrine, le torse. La femme porte un vase de style oriental comme on en fait dans les montagnes. Sur une petite table, un candélabre allumé (on dirait un rameau avec trois fleurs écloses) et un livre ouvert avec un signet. Dans le silence de la nuit, où va donc cette belle solitaire, que suit - chien ou chat ?- une créature étrange. Un autre dessin est intitulé Jazz lunaire. Une blonde élancée, douce et froide (il est à présumer que Kalmykov n'admettait qu'un seul type de beauté féminine), avec des ailes de papillon, porte sur un plateau une bouteille à col fin et un vase d'où jaillit une branche. Ici encore, les vêtements laissent voir le corps. (Plus exactement, tout le corps est une ligne ondoyante enfermée dans l'ovale des vêtements.) Et, ici, encore, il fait nuit. Au fond, un serviteur, en coiffure et cape baroques, descend les marches d'une estrade. Kalmykov a laissé deux ou trois cents de ces dessins dont la vertu d'envoûtement est indicible. Les techniques employées sont diverses : le pointillé et la ligne continue des contours vides ou habités de couleur, le crayon aussi bien que l'aquarelle. Dans Le Chevalier Motte, le personnage n'est pas sans ressembler à Kalmykov : même cape tumultueuse, même béret, même capuchon de couleur démente, et les décorations de tous les pays existants ou non ! L'homme va, il rit, il vous regarde. En public, Kalmykov n'a jamais ri. Jamais il n'a laissé entrer personne dans cet univers de jazz lunaire, de belles allées qui prennent leur vol et de cavaliers superbes. Dans cet univers-là, il a toujours été seul.

Auteur: Dombrovskij Ûrij Osipovic

Info: La faculté de l'inutile

[ femmes-par-hommes ] [ littérature ]

 
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monothéïsmes

Les différences religieuses se reflètent très nettement dans les différents arts sacrés : comparé à l’art gothique, surtout "flamboyant", l’art musulman sera contemplatif plutôt que volitif : il est "intellectuel" et non "dramatique", et il oppose la froide beauté de la géométrie à l’héroïsme mystique des cathédrales. L’Islam est la perspective de l’"omniprésence" ("Dieu est partout"), laquelle coïncide avec celle de la "simultanéité" ("la Vérité a toujours été"); il entend éviter toute "particularisation" ou "condensation", tout "fait unique" dans le temps et dans l’espace, bien que, en tant que religion, il comporte forcément un aspect de "fait unique", sous peine d’inefficacité ou même d’absurdité. Autrement dit, l’Islam vise à ce qui est "partout centre", et c’est pour cela que, symboliquement parlant, il remplace la croix par le cube ou par le tissu : il "décentralise" et "universalise" dans la mesure du possible, dans le domaine de l’art comme dans celui de la doctrine ; il s’oppose à tout nœud individualiste, donc à toute mystique "personnaliste".

Pour nous exprimer en termes géométriques, nous dirons qu’un point qui veut être unique et qui devient ainsi un centre absolu, apparaît à l’Islam — en art aussi bien qu’en théologie — comme une usurpation de l’absoluité divine et partant comme une "association" (shirk) ; il n’y a qu’un seul centre, Dieu, d’où l’interdiction des images "centralisatrices", surtout des statues ; même le Prophète, centre humain de la tradition, n’a aucun droit à une "unicité christique" et se trouve "décentralisé" par la série des autres Prophètes ; de même pour l’Islam, — ou le Koran, — lequel se trouve intégré lui aussi dans un "tissu" universel et un "rythme" cosmique, puisqu’il a été précédé d’autres religions — ou d’autres "Livres" — qu’il ne fait que restaurer. La kaaba, centre du monde musulman, devient l’espace dès qu’on se trouve à l’intérieur de l’édifice : la direction rituelle de la prière se projette alors vers les quatre points cardinaux.

Si le Christianisme est comme un feu central, l’Islam se présente au contraire comme une nappe de neige à la fois unificatrice et niveleuse, et dont le centre est partout.

Auteur: Schuon Frithjof

Info: Sentiers de gnose

[ comparaison ]

 

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érotisme

Le secret [du strip-tease] en est la célébration auto-érotique par une femme de son propre corps qui devient désirable dans cette mesure même. Sans ce mirage narcissique qui est la substance de tous les gestes, sans ce gestuel de caresses qui viennent envelopper ce corps et l’emblématiser comme objet phallique, pas d’effet érotique. Masturbation sublime dont la lenteur [...] est fondamentale. C’est cette lenteur qui marque que les gestes dont la fille s’entoure (dénuder, caresser, et jusqu’à la mimétique de la jouissance) sont ceux de "l’autre". Ses gestes tissent autour d’elle le fantôme du partenaire sexuel. Mais du coup cet autre est exclu, puisqu’elle se substitue à lui et s’approprie ses gestes selon un travail de condensation qui n’est pas loin en effet des processus du rêve.

[...] le strip-tease est lent : il devrait aller le plus vite possible, si sa fin était la dénudation sexuelle, mais il est lent parce qu’il est discours, construction de signes, élaboration minutieuse d’un sens différé. De cette transfiguration phallique, le regard témoigne là aussi. la fixité du regard est un atout essentiel de la bonne strip-teaseuse. On l’interprète habituellement comme technique de distanciation, de coolness destinée à marquer les limites de cette situation érotique. Oui et non : le regard fixe qui ne ferait que marquer l’interdit renverrait là encore le strip à une espèce de pornodrame répressif. Le bon strip n’est pas cela, cette maîtrise du regard n’est pas celle de la froideur voulue : s’il est cool, comme celui des mannequins, c’est à condition de redéfinir le cool comme une qualité très particulière de toute la culture actuelle des media et du corps, et qui n’est plus de l’ordre du chaud et du froid. Ce regard est le regard neutralisé de la fascination auto-érotique, celui de la femme/objet qui se regarde et, les yeux grands ouverts, referme les yeux sur elle-même. Ce n’est pas là l’effet d’un désir censuré : c’est le comble de la perfection et de la perversion. C’est l’accomplissement de tout le système sexuel qui veut que la femme ne soit jamais si pleinement elle-même, et donc si séduisante, que lorsqu’elle accepte de se plaire d’abord, de se complaire, d’être sans désir ni transcendance que de sa propre image.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, pages 177 à 179

[ effeuillage ] [ effets signifiants ] [ narcissisme ] [ agalma ]

 

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femmes-par-hommes

Maintenant, réfléchissant dans le noir à leur passé, il s'apercevait qu'il ne pouvait y avoir qu'une raison à la façon acrobatique et distante que Nora avait de faire l'amour : comme les prostituées qui vendent leur corps, mais non leur plaisir, Nora, simplement, ne l'aimait pas. Toutefois cette explication ne lui sembla pas satisfaisante : Nora répétait constamment qu'elle l'aimait dans les occasions les plus intimes et les plus désintéressées et il n'avait pas de raison d'en douter. Mais alors ? Il se dit que son manque de participation à l'amour ne pouvait s'expliquer que s'il l'entendait au-delà des limites du rapport sexuel. En réalité, pensa-t-il, la manière qu'avait Nora de faire l'amour sous-entendait une attitude psychologique analogue : aux démonstrations amoureuses de Lorenzo elle répondait, en fait, par l'immobilité, l'indifférence, carrément par l'agacement et la répulsion. Maintenant, à y bien repenser, il se rappela que Nora n'aimait pas être caressée sur le visage, alors que c'est une des caresses les plus affectueuses ; dès qu'il ébauchait ce geste, elle ne pouvait s'empêcher de détourner la tête. Qu'est-ce que cela signifiait ? Comment cela pouvait-il être compatible avec l'affirmation obstinée et sincère de Nora qui prétendait l'aimer ? Lorenzo se souvint du comportement analogue d'un de ses chats, chez ses parents, sauvage et méfiant, habitué à vivre à la maison le jour et sur les toits la nuit, il se dérobait à la caresse ou se retournait et faisait mine de le griffer. Lorenzo avait demandé à sa mère pourquoi l'animal ne voulait pas être caressé. Elle avait répondu :
- Parce que tu ne lui plais pas.
- Mais nous lui donnons une maison, de la nourriture, il devrait au moins se laisser caresser.
- Il est égoïste, il veut recevoir et non pas donner. Ou plutôt, si tu réfléchis un peu, il y a quelque chose qu'il nous donne.
- Quoi ?
- Sa beauté. Il est beau. Il se laisse contempler, il ne veut pas donner davantage.
Maintenant, en repensant aux mots de sa mère, il crut pouvoir expliquer l'attitude de Nora dans l'amour. Comme le chat de sa mère, Nora était simplement égoïste : tout en acceptant son amour, elle ne ressentait pas le besoin d'y répondre, elle se contentait de vivre sous ses yeux, de se laisser regarder.

Auteur: Moravia Alberto

Info: La femme léopard

[ distantes ] [ froides ]

 

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symbole

De même que la lumière et la chaleur, dans la manifestation physique du feu, se séparent l’une de l’autre, le sentiment n’est véritablement qu’une chaleur sans lumière (et c’est pourquoi les anciens représentaient l’amour comme aveugle) ; on peut aussi trouver dans l’homme une lumière sans chaleur, celle de la raison, qui n’est qu’une lumière réfléchie, froide comme la lumière lunaire qui la symbolise. Dans l’ordre des principes, au contraire, les deux aspects se rejoignent et s’unissent indissolublement, puisqu’ils sont constitutifs d’une même nature essentielle ; le feu qui est au centre de l’être est donc bien à la fois lumière et chaleur, c’est-à-dire intelligence et amour ; mais l’amour dont il s’agit alors diffère tout autant du sentiment auquel on donne le même nom que l’intelligence pure diffère de la raison.



On peut comprendre maintenant que le Verbe divin, qui est le "Cœur du Monde", soit à la fois Intelligence et Amour ; mais, si le Sacré-Cœur n’était pas Intelligence aussi bien qu’Amour, si même il n’était pas Intelligence avant tout, il ne serait pas vraiment le Verbe. D’ailleurs, si l’Intelligence n’était attribuée réellement au Cœur du Christ, nous ne voyons pas en quel sens il serait possible d’interpréter cette invocation des litanies : "Cor Jesu, in quo sunt omnes thesauri sapientiæ et scientiæ absconditi", sur laquelle nous nous permettons d’attirer spécialement l’attention de tous ceux qui ne veulent voir dans le Sacré-Cœur que l’objet d’une simple dévotion sentimentale.



Ce qui est fort remarquable, c’est que les deux aspects dont nous venons de parler ont l’un et l’autre leur représentation très nette dans l’iconographie du Sacré Cœur, sous les formes respectives du Cœur rayonnant et du Cœur enflammé. Le rayonnement figure la lumière, c’est-à-dire l’Intelligence (et c’est là, disons-le en passant, ce qui, pour nous, donne au titre de la Société du Rayonnement intellectuel du Sacré-Cœur toute sa signification). De même, les flammes figurent la chaleur, c’est-à-dire l’Amour ; on sait d’ailleurs que l’amour, même au sens ordinaire et humain, a été fréquemment représenté par l’emblème d’un cœur enflammé. L’existence de ces deux genres de représentations, pour le Sacré-Cœur, est donc parfaitement justifié : on se servira de l’un ou de l’autre, non pas indifféremment, mais selon qu’on voudra mettre spécialement en relief l’aspect de l’Intelligence ou celui de l’Amour. 

Auteur: Guénon René

Info: "Le coeur rayonnant et le coeur enflammé". Ecrits pour Regnabit, éd. Archè, Nino Aragno Editore, 1999, pp. 66-67

[ christianisme ] [ dévotion ]

 

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être humain

Dans ce qui va suivre, j'utiliserai la notion de "pédagogie noire" pour désigner cette attitude hautement complexe, le contexte permettant chaque fois de comprendre quel aspect je fais passer au premier plan. Les différents aspects caractéristiques ressortent directement des citations précédentes qui nous enseignent les principes suivants :
1.que les adultes sont les maîtres (et non pas les serviteurs!) de l'enfant encore dépendant ;
2.qu'ils tranchent du bien et du mal comme des dieux ;
3.que leur colère est le produit de leurs propres conflits ;
4.qu'ils en rendent l'enfant responsable ;
5.que les parents ont toujours besoin d'être protégés ;
6.que les sentiments vifs qu'éprouve l'enfant pour son maître constituent un danger ;
7.qu'il faut le plus tôt possible "ôter à l'enfant sa volonté" ;
8.que tout cela doit se faire très tôt de manière à ce que l'enfant "ne s'aperçoivent de rien" et ne puisse pas trahir l'adulte.
***
L'une des méthodes de la "pédagogie noire" consiste également à transmettre dès le départ à l'enfant des informations et des opinions fausses. Ces dernières se transmettent depuis des générations et sont respectueusement reprises à leur compte par les enfants, alors que non seulement leur validité n'est pas prouvée, mais qu'il est prouvé qu'elles sont fausses. Entre autres opinions erronées, on peut citer par exemple les principes selon lesquels ;
1.le sentiment du devoir engendre l'amour ;
2.on peut tuer la haine par des interdits ;
3.les parent méritent a priori le respect en tant que parents ;
4.les enfants ne méritent a priori aucun respect ;
5.l'obéissance rend fort ;
6.un sentiment élevé de sa propre valeur est nuisible ;
7.un faible sentiment de sa propre valeur est nuisible ;
8.les marques de tendresse sont nocives (mièvrerie) ;
9.il ne faut pas céder aux besoins de l'enfant ;
10.la dureté et la froideur sont une bonne préparation à l'existence ;
11.une reconnaissance simulée vaut mieux qu'une sincère absence de reconnaissance ;
12.l'apparence est plus importante que l'être ;
13.les parents ni Dieu ne pourraient supporter la moindre injure ;
14.les corps est quelque chose de sale et de dégoûtant ;
15.la vivacité des sentiments est nuisible ;
16.les parents sont des êtres dénués de pulsions et exempts de toute culpabilité ;
17.les parents ont toujours raison.

Auteur: Miller Alice

Info: C'est pour ton bien, p. 77

[ dressage ]

 

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après coup

J'ai manqué les deux dernière semaines parce que j'ai été enlevé par un groupe d'écureuils complètement cinglés qui m'ont kidnappé avant de m'enfermer dans une pièce sombre et froide. Heureusement il y a eu un tremblement de terre et j'ai pu m'échapper et courir vers une cabine téléphonique pour vous appeler. Mais par dommage, pile au même moment, il y eut une éclipse de soleil, et l'obscurité m'a fait me perdre de sorte que je suis tombé dans une grande caisse en bois qui a été mise immédiatement dans un bateau en partance pour les USA. Là-bas j'ai été arrêté comme illégal et mis en prison pour deux jours avant d'être extradé vers la France. J'allais arriver chez moi quand un camion fou m'a renversé, et j'ai eu les 2 jambes abîmées. L'ambulance qui me conduisait à l'hôpital a alors percuté un van et le choc m'a éjecté et propulsé dans la mer. La, heureusement, un groupe de dauphins a pu me sauver la vie et m'a ramené en Angleterre. Mais du coup je n'avais plus mes papiers. J'ai essayé de l'expliquer mais mon anglais est tellement mauvais qu'ils ont compris que je préparai une mission secrète pour déstabiliser leur gouvernement. Donc je me suis à nouveau retrouvé en prison. Heureusement j'y ai trouvé une cuillère en acier qui m'a permis de creuser un trou pour m'échapper. Après quatre jours de planque à Brighton, j'ai réussi à trouver un bateau et à me cacher dedans. Manque de pot, ce bateau a heurté un rocher et a coulé à mi-chemin dans la manche, ainsi ai-je du m'accrocher à un morceau de bois et attendre et me laisser dériver jusqu'au Havre. Deux jours ont passé et finalement j'ai vu la terre. Sur le rivage, j'étais sans connaissance. Je ne savais plus trop ou j'en étais. Un pêcheur m'a porté dans sa petite maison où, avec son épouse, ils m'ont nourri et redonné la santé. Je souffrais aussi d'un peu d'amnésie. Alors, après trois jours, ils m'ont amené à la police qui m'a arrêté - vous n'allez pas me croire - parce que je ressemble à un gangster célèbre. Bref il a fallu les convaincre que je n'étais pas la bonne personne. Ils m'ont laissé partir et j'ai pu rentrer à la maison. Mais, à cause de tous ces malheurs j'avais perdu mes clefs. Alors j'ai dû escalader le mur pour atteindre une fenêtre ouverte et suis tombé, me cassant un bras. Donc, si tout va bien, je serai là la semaine prochaine.

Auteur: Internet

Info:

[ enfumage ] [ provocation ]

 

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psycho-sociologie post-industrielle

La croyance qui règne aujourd'hui est que la proximité entre les personnes est un bien moral. Le credo en cours aujourd'hui c'est de développer la personnalité individuelle au travers d'expériences de proximité et de chaleur avec les autres. Le mythe qui prévaut aujourd'hui est que les maux de la société peuvent tous être compris comme des problèmes d'impersonnalité, d'aliénation et de froideur. La somme de ces trois éléments consiste en une sorte d'idéologie de l'intimité : les relations sociales de toutes sortes sont réelles, crédibles et authentiques plus elles se rapprochent des préoccupations psychologiques intérieures de chaque personne. Cette idéologie transforme les catégories politiques en catégories psychologiques. Cette idéologie de l'intimité définit l'esprit humanitaire d'une société sans dieux : ce qui est chaleureux représente la divinité. L'histoire de la montée et de la chute de la culture publique remet pour le moins en question cet esprit humanitaire. La croyance en la proximité entre les personnes en tant que bien moral est en fait le produit d'une profonde dislocation que le capitalisme et la croyance laïque ont généré au siècle dernier. Du à cette dislocation les gens ont voulu trouver des significations personnelles au sein de situations impersonnelles, dans des objets ou dans les conditions objectives de la société elle-même. 

Ne parvenant plus à trouver ces significations, à mesure que le monde devenait psychomorphe et donc mystificateur, ils ont alors cherché à fuir, et à trouver dans les domaines privés de la vie, en particulier dans la famille, un principe d'ordre dans la perception de la personnalité. Ainsi, le passé a construit un désir caché de stabilité dans ce désir manifeste de proximité entre  êtres humains. Même si nous nous sommes révoltés contre les rigidités sexuelles sévères de la famille victorienne, nous continuons à faire peser sur les relations étroites avec les autres ces désirs cachés de sécurité, de repos et de permanence. Lorsque les relations ne peuvent supporter ces fardeaux, nous concluons qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans la relation, plutôt que dans les attentes non exprimées. Parvenir à un sentiment de proximité avec les autres est donc souvent le résultat d'un processus de mise à l'épreuve ; la relation est à la fois proche et fermée. Si elle change, si elle doit changer, il y a un sentiment de confiance trahi. La proximité chargée d'attente de stabilité rend la communication émotionnelle - déjà assez dure en elle-même - plus difficile d'une marche. L'intimité en ces termes peut-elle vraiment être une vertu ? 

 

Auteur: Sennett Richard

Info: The Fall of Public Man

 
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émerveillement

Nous suivions un sentier étroit sur lequel rampaient en tout sens de petits serpents rouges qui se tortillaient sous nos pieds. Le silence qui régnait alentour engendrait une somnolence rêveuse. À notre suite se mouvaient lentement de noirs troupeaux de nuages. Se fondant ensemble, ils eurent bientôt couvert tout le ciel derrière nous, alors que, devant, il restait dégagé. Mais déjà des lambeaux de nuages nous dépassaient en fuyant vivement vers l'horizon. Quelque part au loin le tonnerre grondait, sa rumeur bougonne se faisait de plus en plus proche. Il tombait des gouttes. L'herbe fut parcourue d'un frou-frou de métal.

Aucun abri ne s'offrait. Soudain tout s'assombrit et le bruissement de l'herbe devint plus sonore, comme apeuré. Le tonnerre gronda, les nuées frissonnèrent, parcourues d'une flamme bleue… Une pluie drue se mit à tomber à torrents, et les coups de tonnerre commencèrent à se succéder sans interruption sur la steppe déserte. L'herbe ployée par les bourrasques de vent et de pluie se couchait à terre. Tout tremblait, remuait. Des éclairs aveuglants déchiraient les nues. Dans leur éclat bleuté apparaissait au loin la chaîne de montagnes, argentée et froide, où étincelaient des feux d'un bleu plus foncé ; quand les éclairs s'éteignaient, elle s'évanouissait, comme engloutie par l'abîme de ténèbres. Tout grondait, frissonnait, répercutait les sons et les suscitait. C'était comme si le ciel, trouble et courroucé, se purifiait par le feu de la poussière et de toutes les immondices qui lui étaient venues de la terre. Et la terre semblait trembler d'effroi devant sa colère.

Chakro grognait comme un chien apeuré. Moi, en revanche, j'étais en joie : devant ce tableau sombre et puissant d'un orage dans la steppe je me sentais soulevé au-dessus de l'ordinaire. Ce merveilleux chaos m'exaltait, m'empoignait l'âme de sa terrible harmonie et l'accordait à un mode héroïque.

L'envie me prit alors de participer à la symphonie, d'exprimer à ma façon la jubilation qui débordait de mon âme à la vue de cette puissance. La flamme bleue qui embrasait le ciel me sembla brûler aussi dans ma poitrine : comment manifester mon émoi sublime et mon enthousiasme ? Je me mis à chanter, à pleine voix, de toutes mes forces. Le tonnerre rugissait, les éclairs étincelaient, l'herbe chuintait, et moi, je chantais, je me sentais en étroite communion avec tous les sons… J'avais perdu l'esprit, mais c'était pardonnable, car je ne faisais de tort à personne qu'à moi-même. La tempête sur la mer et l'orage sur la steppe ! Je ne connais pas de phénomènes plus grandioses dans la nature.


Auteur: Gorki Maxime

Info: Mon Compagnon. Chapitre VII.

[ fusion ] [ intempéries ]

 

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