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matin

Ma commençait sa journée par balayer. Tous les matins, Saroj s'éveillait au chuintement étouffé du balai dans la cour, tandis qu'elle-même chassait la nuit de son esprit, avec les toiles d'araignée qui le tapissaient. Pour Ma ce qu'on pensait était plus important que ce qu'on disait ou ce qu'on faisait. Aussi, quand elle avait fini de balayer, consacrait-elle une demi-heure à dessiner un kolam devant l'entrée, un kolam chaque jour différent. Elle commençait par répandre de la farine de riz, de manière à établir un réseau de points qu'elle reliait par des traits ou des lignes courbes, jusqu'à ce qu'apparaisse un étonnant motif symbolique, compliqué, fragile, parfaitement symétrique, une oeuvre d'art fugitive qui, dès midi, serait effacée par les pas indifférents des personnes qui entraient et sortaient de la maison.

Auteur: Maas Sharon

Info: Noces indiennes

[ routine ]

 

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chair-esprit

Orion se tenait de ce côté de la Terre, du côté des repères des hommes et du temps que nous déclinons en minutes, en heures et en jours. De l'autre, s'étendait le pays des Elfes, avec sa façon si particulière de ne pas le compter. Il appela sa mère à deux reprises et tendit l'oreille, puis recommença... mais pas un cri ni un murmure ne s'échappa du pays enchanté. Mesurant alors l'ampleur de ce gouffre qui la séparait de lui, il se rendit compte qu'il était bien trop vaste, bien trop sombre, infranchissable, à l'image de ces fossés incommensurables qui semblent nous séparer d'un jour passé, ou qui se dressent entre la vie diurne et les rêves, entre les gens qui labourent la terre et les héros des chansons, entre les vivants et ceux qu'ils pleurent. Et la barrière aérienne scintillait, comme si un élément aussi fragile était capable de séparer les années perdues de cette heure fugitive que nous appelons Instant...

Auteur: Lord Dunsany Edward John Moreton

Info: La fille du roi des elfes

[ réalité ] [ onirisme ]

 

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écriture

Louange à Dieu ! Louange qui parvienne à Le satisfaire. Bénisse les plus nobles de ceux qu'Il a choisis, Ceux qui vivent dans Sa compagnie et Son alliance ! Qu'Il leur accorde un salut qui n'ait pas de terme.

Comme mes idées papillonnent quand elles tournent les pages du grand livre des choses qui s'ouvre devant elles, comme très vite ensuite, elles s'en détournent et disparaissent, il m'a paru indispensable de les retenir dans leur fuite vers l'oubli.

"Consignez le savoir par écrit" a dit le Prophète. Que d'idées me sont venues que je n'ai eu le loisir de fixer et qui ont fui en me laissant dans le regret !

Lorsque, sur le mystère divin, j'ouvre l’œil de ma réflexion, les merveilles qu'il recèle se révèlent, innombrables, à ma vue et des explications qu'il ne m'est pas possible de taire, s'amoncellent devant moi comme sables sur la dune.

Ainsi ai-je fait de ce livre un filet que j'ai tendu aux idées fugitives.

Auteur: Shaykh Âbu al-Faraj Ibn al-Jawzi

Info: La pensée vigile

[ pensées captées ] [ Allah ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

oulipien

3. Dans le film documentaire "La vie / RFA", de Harun Farocki, tous les événements d'une vie, de la naissance à la mort, sont représentés dans le cadre de séances préparatoires, de formations proposées par des institutions, des agences, des organismes...
4. "For us, there is only the trying" (T.S. Eliot)
5. Au fil du temps, de longs travellings, jusqu'à la frontière.
6. Partout et nulle part - insaisissable ? - elle se définit parfaitement, au contraire.
7. S'éprouve, parfois fugitivement, le temps d'un souffle, l'espace d'un éclair.
8. Un beau jour de printemps 2013, nous traversions la passerelle Simone de Beauvoir, entre Bercy et la Bnf, et je me demandais si le moment était venu de l'embrasser (avec sans doute, au fond de moi, le souvenir, encore, d'Eliot : "caresses / which are unreproved, if undesired.")
9. "Je n'y peux rien, c'est elle qui m'a choisi." (Adamo)
10. Des citations, comme apprentissage, indices, amorces - avertissements, aussi...
11. Des mots, des mots, des mots, comme à la radio, pour éviter de vivre.
12. Des mots, en attendant de vivre.
13. Des mots, pour arriver à vivre.

Auteur: Benslama Karim

Info: In "99 notes préparatoires à la vie", texte inédit, écrit selon la contrainte des "99 notes préparatoires" de Frédéric Forte (on peut en apprendre plus sur le site de l'Oulipo...) - voilà pourquoi j'ai pensé faire cette proposition, pour ma 99e - rien de bien extraordinaire...

[ agrégat ] [ existence ] [ lecture ] [ refuge ] [ autoportrait ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

évolution

Les décryptage de génomes comme ceux d'Emiliania Huxleyi ou du riz, montrent combien le plancton et les plantes sont bien plus évolués que nous. Ils se développent depuis bien plus longtemps que l'animal pour trouver des stratégies de survie. Ces organismes, avec beaucoup plus de gènes que l'humain, montrent ainsi des possibilités d'adaptation très supérieures.
Nous voyons là une fantastique intelligence de la matière, intelligence que notre propre esprit peut "apprécier" alors que nos capacités physiques de survie et d'adaptation à des conditions très contrastées restent dérisoire par rapport à ces organismes.
A la différence que nous saurons peut-être un jour trouver refuge ailleurs. Ceci grâce à notre esprit qui, s'inspirant de la matière, aura permis d'en avoir une certaine maîtrise. Et produire des spationefs, machines dématérialisantes... ou autres.
Ce qui est impressionnant ce sont les échelles de temps, si différentes dans ces processus évolutifs. Vu sous cet angle la race humaine apparaît comme une étincelle fugitive dans l'Histoire. Sommes-nous transitoires ? Un cul-de-sac, une simplification/spécialisation, destinée à être plus efficace dans un laps de temps plus court. Condamnés à nous démerder très vite ?...
Il semble ici que le temps n'a qu'une importance relative ou, dit autrement, qu'il a des valeurs changeantes en fonction des entités. Dans l'absolu l'organisme génère son temps propre.
On retrouve là d'une certaine manière la monade de Leibniz ou le Janus Holon de Koestler. Quelques-uns des horizons de nos conceptualisations.

Auteur: Mg

Info: 14 juin 2013

[ être humain ] [ spéculation ]

 

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mystère

Chère Hanna, Tu m'écris que tu aurais voulu vivre il y a un siècle... Irène, elle, m'affirme qu'elle aurait préféré vivre plus tard, dans les siècles à venir. Je pense qu'à chaque époque on peut avoir une vie intéressante et utile. Ce qu'il faut, c'est ne pas la gâcher et pouvoir se dire: " J'ai fait ce que j'ai pu." C'est tout ce que l'on peut exiger de nous et c'est aussi la seule chose capable de nous apporter un peu de bonheur. Au printemps dernier, mes filles ont élevé des vers à soie. J'étais très malade encore et, durant des semaines d'inaction forcée, j'ai longuement observé la formation des cocons. Cela m'a énormément intéressée. Ces chenilles si actives, si consciencieuses, travaillant avec tant de bonne volonté et de persévérance, m'ont vraiment impressionnée. En les regardant, je me suis sentie tellement de leur race - quoique peut-être moins bien organisée qu'elles pour le travail. Moi aussi, j'ai toujours tendu patiemment vers un but unique. Je l'ai fait sans avoir la moindre certitude que là était la vérité, en sachant que la vie est fugitive et fragile, qu'elle ne laisse rien derrière elle, que d'autres êtres la conçoivent tout autrement. Je l'ai fait sans doute parce que quelque chose m'y obligeait, tout comme la chenille est obligée de faire son cocon. Elle, la pauvre, doit commencer ce cocon même s'il lui est impossible de l'achever, en travaillant avec le même soin. Et si elle n'arrive pas au bout de la tâche, elle meurt sans métamorphose, sans récompense. Que chacun de nous, chère Hania, file son cocon, sans demander pourquoi et à quelle fin.

Auteur: Curie Marie

Info: 6 janvier 1913, à sa nièce Hanna Szalay deux ans avant sa mort

[ sens-de-la-vie ]

 

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langage

Nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles. Cette tendance, issue du besoin, s’est encore accentuée sous l’influence du langage. Car les mots (à l’exception des noms propres) désignent des genres. Le mot, qui ne note de la chose que sa fonction la plus commune et son aspect banal, s’insinue entre elle et nous, et en masquerait la forme à nos yeux si cette forme ne se dissimulait déjà derrière les besoins qui ont créé le mot lui-même. Et ce ne sont pas seulement les objets extérieurs, ce sont aussi nos propres états d’âme qui se dérobent à nous dans ce qu’ils ont d’intime, de personnel, d’originalement vécu. Quand nous éprouvons de l’amour ou de la haine, quand nous nous sentons joyeux ou tristes, est-ce bien notre sentiment lui-même qui arrive à notre conscience avec les mille nuances fugitives et les mille résonances profondes qui en font quelque chose d’absolument nôtre ? Nous serions alors tous romanciers, tous poètes, tous musiciens. Mais, le plus souvent, nous n’apercevons de notre état d’âme que son déploiement extérieur. Nous ne saisissons de nos sentiments que leur aspect impersonnel, celui que le langage a pu noter une fois pour toutes parce qu’il est à peu près le même dans les mêmes conditions, pour tous les hommes. Ainsi, jusque dans notre propre individu, l’individualité nous échappe. Nous nous mouvons parmi des généralités et des symboles, comme en un champ clos où notre force se mesure utilement avec d’autres forces ; et, fascinés par l’action, attirés par elle, pour notre plus grand bien, sur le terrain qu’elle s’est choisi, nous vivons dans une zone mitoyenne entre les choses et nous, extérieurement aux choses, extérieurement aussi à nous-mêmes.

Auteur: Bergson Henri

Info: Le rire

[ aveuglant ] [ signifiants consensus ] [ tiercités limitantes ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

cité imaginaire

A partir de là, après sept jours et sept nuits, l'homme arrive à Zobéïde, ville blanche, bien exposée à la lune, avec des rues qui tournent sur elles-mêmes comme des files d'une pelote. Voici ce qu'on raconte à propos de sa fondation : des hommes de diverses nations firent un rêve semblable, ils virent une femme courir en pleine nuit dans une ville inconnue, ils la virent de dos avec ses cheveux longs, et elle était nue. Ils rêvèrent qu'ils la suivaient. A la fin, chacun la perdit. Ayant rêvé, ils partirent à la recherche de la ville, ils ne la trouvèrent pas mais se retrouvèrent ensemble ; ils décidèrent de construire une ville comme dans leur rêve. Dans la disposition des rues chacun reconstitua l'itinéraire de sa poursuite : là où il avait perdu les traces de la fugitive, il ordonna l'espace et les murs autrement que dans le rêve, de telle sorte qu'elle ne puisse plus s'échapper. Ce qui donna la ville de Zobéïde où ils s'établirent dans l'attente qu'une nuit se répète la scène. Aucun d'entre eux, ni en rêve, ni à l'état de vaille, ne revit jamais la femme. Les rues de la ville étaient celles par lesquelles ils allaient au travail tous les jours, sans plus aucune relation avec la poursuite du rêve. Qui du reste était déjà oublié depuis longtemps. D'autres hommes arrivèrent d'autres pays, ayant fait un rêve semblable au leur, et ils reconnaissaient dans la ville de Zobéïde quelque chose des rues de leur rêve, et ils changeaient de place arcades et escaliers de manière à ce que cela ressemble mieux au chemin de la dame poursuivie et que là où elle avait disparu il ne reste plus d'issues par ou s'échapper. Les premiers arrivés ne comprenaient pas ce qui attirait ces gens à Zobéïde, dans cette ville sans grâce, cette souricière.

Auteur: Calvino Italo

Info: les villes invisibles

[ légende ] [ littérature ] [ femmes-hommes ]

 

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channeling

Les Nyilas* font la chasse à toutes les femmes qui se sont cachées ; la cave, les ateliers, le grenier sont fouillés de fond en comble, et toutes les ouvrières sont parquées dans le plus grand atelier en attendant le chef. Le père Kun arrive ; c’est un homme plutôt petit, maigre, aux yeux hagards. J’ai l’impression fugitive qu’il a dû se torturer lui-même, quand il était prêtre, dans un excès d’ascèse. Sa soutane noire est barrée d’une large ceinture rouge bardée de revolvers et de poignards.
Il demande à voir le commandant. Je fais un pas en avant. S’adressant aux Nyilas, le père Kun se lance alors dans une espèce de sermon, expliquant que j’étais moi, chrétienne qui s’était abaissée à aider les juifs, plus coupable que les juifs eux-mêmes (il était bien informé). Il s’arrangera pour qu’on me réserve un "traitement spécial". Lorsque Hanna et Lili entendent ces mots, elles voient s’évanouir l’illusion que ma qualité d’ "aryenne" me préserverait du danger.
Je suis sommée de dire combien d’ouvrières travaillent dans l’atelier. Si ma réponse n’est pas exacte, je serai fusillée sur-le-champ. Je n’ai pas la moindre idée du nombre des femmes qui ont pu s’échapper par les trous aménagés dans la clôture. Incapable de répondre, je reste muette. Puis, tout à coup, je m’entends dire : soixante-douze.
On commence à compter. Il y a là soixante et onze femmes. Un lourd silence s’installe.
Tout à coup, la porte s’ouvre brutalement, et un nazi pousse dans la pièce une jeune fille qui s’était cachée dans les W.C.
Le père Kun me fixe sans un mot – s’est-il senti en présence d’une autre force ? -, puis tourne les talons. Avant de quitter la pièce, il ordonne à ses soldats de m’emmener sous "surveillance spéciale". Trois nazis, armés jusqu’aux dents, me jettent à terre, me bourrent de coups de pied et me crachent dessus.

Auteur: Mallasz Gitta

Info: Dans "Dialogues avec l'ange", page 371, *Nyilas : nazis hongrois

[ miracle ] [ sauvée par le gong ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

ars conjectandi

Pour s'orienter dans ce monde de symptômes mouvants le médecin doit disposer de toutes les ressources d'une intelligence aussi polymorphe que son adversaire protéiforme: il doit faire preuve d'autant de polytropie que le héros d'Homère aux mille tours. Parallèlement, un aspect essentiel de la pratique médicale est d'agir vite et sûrement: la médecine, dit un aphorisme, est un art de mesure fugitive (oligokairos) et les occasions d'intervenir sont toujours ponctuelles (oxus). Il n'est pas question de traiter à midi ce qui doit être traité le matin. Comme le chasseur à l'affût, le médecin doit guetter le moment précis où son intervention sera décisive. Mais il ne peut saisir l'occasion d'attraper Kairos par les cheveux que s'il est suffisamment lesté de tout le savoir acquis par l'expérience pour avoir deviné et pressenti le temps où surgira l'Instant propice. Car si la maladie est une puissance douée de métamorphose elle est aussi traversée par un rythme propre. Il vient un moment dans son évolution où se produit une transformation décisive, où soudainement le cours des choses tourne et se renverse : c'est la crise, ce sont les jours dits critiques, c'est le point fugitif où la téchnè du médecin, ce chétif, peut triompher des puissances hostiles de la maladie. Afin d'orienter son action, le savoir médical dispose d'un mode de connaissance approprié. La prognose est le pronostic qui combine trois opérations intellectuelles: réfléchir sur les cas présents; les comparer aux cas passés qui offrent des circonstances analogues; en tirer des conclusions qui permettent de prévoir comment la maladie va évoluer. Mais ce n'est pas seulement par sa capacité d'avoir prise sur le temps que le médecin offre un aspect providentiel, qu'il est, comme dit Pindare, epikairotatos, à la manière du pilote tenant le gouvernail sur la mer démontée ; il n'atteint le but visé conjecture (tekmairesthai) sa route en s'aidant de tous les signes que sa polytropie lui permet de reconnaître, de comparer et d'utiliser au mieux. Il faut, dit le Traité de l'Ancienne Médecine, viser une sorte de mesure (stochazesthai métrou tinos) car, dans ce domaine, il n'y a ni nombre ni poids qui permettraient d'atteindre la vérité exacte (akribès). Le seul critère admis est le correct (orthon) : "Ce qui est possible, le médecin l'entreprend; ce qui ne l'est pas, il l'abandonne; s'il lui échappe quelque bévue, il est capable de la réparer. " Comme le marin, assez habile pour éviter à chaque fois la catastrophe que son art incertain l'oblige à frôler - car on ne saurait, dit Platon, connaître le secret de la colère ou de la bienveillance des vents -, le médecin est condamné à se frayer un chemin en le conjecturant à coup d'opinions (doxais).

Auteur: Detienne Marcel

Info: Les ruses de l'intelligence, la mètis des Grecs, écrit avec Jean-Pierre Vernant

[ métaphore ] [ méta-rationnel ] [ analyse immédiate ] [ diagnostic ] [ holisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson