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histoire absurde

Cela me rappelle une blague, qui est un jeu de mots qui est faux, idiot et conçu pour apporter le plaisir en trompant l’esprit. Il était une fois des marins, plus qu’un mais moins que beaucoup, et leurs noms étaient Jown Yeux-proches et Jawn Petit-pied. Ils se dandinaient ensemble comme les oiseaux des glaces au ventre blanc dans les airs creux près de l’océan quand là, sur le sable sec à leurs pieds, Jawn Yeux-proches voit la nourriture que tous les hommes apprécient le plus. C’est, bien sûr, le bâton sexuel bouilli d’un chien enveloppé de pain. Jawn Yeux-proches et Jawn Petit-pied ne peuvent y résister et ils fondent tête la première pour essayer de le mettre dans leurs petites bouches en forme d’anus en même temps. Mais, et c’est le meilleur moment de ma blague, il y a de douloureux crochets dans le bâton sexuel du chien qui percent leurs fines lèvres, et Jawn Yeux-proches et Jawn Petit-pied sont traienés dans l’eau. Avant qu’ils ne se noient complètement des lames transpercent leur ventre, et leurs entrailles sont arrachées. Jawn Yeux-proches, dans son dernier sursaut, dit à Jawn Petit-pied : "Eh bien, c’est le yh’naghu de ce à quoi je m’attendais". C’est la fin de ma blague. Si nous prenons plaisir à un tel jeu de mots, c’est que yh’naghu qui signifie "contraire" ressemble beaucoup eau mot yh’nak’hu, qui signifie "contraire", ressemble beaucoup eau mot yh’nak’hu, qui signifie découper et manger des hommes. Même si je ne l’ai pas compris tout de suite moi-même, si on la répète de nombreuses fois dans l’air, cela peut donner un bruit qui n’est pas volontaire et pas fortement déplaisant.

Auteur: Moore Alan

Info: Dans "Providence", tome 1

[ tordue ] [ torsion sémantique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

faux érotisme

Ce qui fait toute la force austère, à vrai dire, d’une émission comme "Sophie sans interdit" sur TF1, le formidable côté sanitaire, hygiénique même, de ce "magazine de charme", réside dans la capacité de dissuasion sans bornes de son animatrice. La regarder cinq minutes, l’écouter surtout, et ça y est, c’est terminé, on a oublié jusqu’à ce qui restait de sens au mot volupté. Deux phrases d’elle en font plus pour vous convertir à l’abstinence que toutes les lourdes et lentes campagnes d’information possibles et imaginables. Une telle niaiserie pétrifiante a quelque chose de miraculeusement prophylactique et humanitaire. La moindre de ses remarques vous glace le fantasme. En nos temps de virus meurtrier, on devrait la montrer tous les jours, Sophie Favier. Ce n’est pas qu’elle soit pénible à regarder, bien au contraire, elle est plutôt alléchante, comme ça, en péplum, avec sa torchère blonde allumée au-dessus de la tête, ou en collant de danse en train de mimer péniblement, avec je ne sais plus quelle chorégraphe, une "leçon d’érotisme" sous vide. Mais tout ce qu’elle fait ou montre n’éveille jamais rien en vous qu’un vague effroi, et en tout cas pas le moindre souvenir de ce qu’ont pu être, jadis, il y a très longtemps, les plaisirs de la chair. Aucune hostilité non plus. On en sort, hébété, comme après une visite morne dans un écomusée lamentable, une espèce de Disneyland en ruine, un conservatoire analphabète, des arts et traditions sexuels disparus. Comme le reste, à la télé, le sexe a l’allure de ces manifestations dispersées depuis des éternités et dont il ne subsiste plus, sur place, que des banderoles abandonnées avec leurs slogans indéchiffrables. 

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, page 459

[ critique ] [ débandant ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

crispation vitale

Le ciel est occupé par une Aurore boréale. Il ne fait pas trop froid dehors. Soleil brille plusieurs heures par jour en ce moment, bientôt elle éclipsera complètement les Aurores. Je sors marcher sur la banquise et quand la ville n'est plus qu'un tout petit globe lumineux à l'horizon, je m'étends. Terre plate et glace lisse effacent les limites du Ciel. On dit que le temps est relatif. C'est vrai. Les humains n'ont rien compris au temps. Le temps ne se hâte jamais. Le temps n'écoute pas les horloges. Le temps obéit aux lois de la physique, tout comme la matière, mais peut aussi la contrôler. Le temps est Matière. Le temps est vivant. Le temps à un poids. Le temps s'accouple avec la gravité pour nous ramener sur terre. On ne voyage pas dans le temps, c'est lui qui passe à travers nous et nous mène devant lui. Le temps nous dirige à la baguette ; il nous envoie au tombeau. Endormi près de mon corps allongé sur la surface gelée, le temps aide mon cœur à battre moins vite et ma température à baisser.

La Paix me pénètre. À l'instant où le Corps entre en dormance, l'Âme s'éveille. Le Corps est tellement brut, visqueux, mal dégrossi. L'Âme a appris à hiberner dans son cachot de morve et de tendons. Notre viande distrait l'Âme et la tient occupée. Notre électricité prend l'Âme dans ses filets, et notre chair, dans son piège. On a beau passer notre vie à tenter de contempler et de canaliser la divinité de notre Âme, on chemine à pas hésitants sans jamais se déraidir suffisamment pour la laisser la Communication s'établir.

Auteur: Tagaq Tanya

Info: Croc fendu

[ raideur ] [ fermeture ] [ chronos ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

nature

Nous habitons une minuscule cabane en rondins, au bord d'un étang, qui est en fait le bras mort d'une rivière où des castors ont construit un barrage. Nous n'avons qu'un seul fourneau à bois pour chauffer la cabane, composée d'une seule pièce ouverte à tous les vents. C'est la plus ancienne cabane de la vallée : elle a été construite en 1903, quand les colons blancs débarquèrent ici au cours de la ruée vers l'or. N'ayant pas trouvé d'or, ils redescendirent vers le sud, loin de cette drôle de vallée pleine de neige et d'arbres géants. Ma cabane possède une grande baie vitrée donnant sur l'étang qui se déploie à vingt pieds seulement de la fenêtre.

Les hérons bleus s'y pavanent au milieu des roseaux, embrochant du bec les grenouilles et les truitelles. La mère castor y mène ses petits tous les matins. Les aigles à tête blanche le survolent, bas dans le ciel, surtout en hiver - leur vol à travers une pluie de neige est d'une beauté inouïe. La femelle de l'élan aime venir s'y poster avec son petit les jours de canicule. Parfois je m'offre une virée en canoë : j' attrape une truite ou deux pour notre dîner ou je les pêche par simple plaisir avant de les remettre à l'eau. En hiver, les loutres s'ébattent sur la glace, à travers laquelle elles plongent, disparaissent le temps d'une minute, puis ressortent avec un poisson qu'elles partagent en famille, pas le moins du monde incommodées par la température inférieure à moins trente. Un jour d'hiver, une biche a traversé la glace, et j'ai dû me glisser hors de ma cabane, le lasso à la main, pour l'aider à s'en sortir.

Auteur: Bass Rick

Info: Le livre de Yaak : Chronique du Montana

[ paradis ]

 

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cosmétique miraculeux

Du bout des doigts, Marguerite appliqua une touche de crème sur la paume de sa main ; l’odeur de forêt humide et d’herbe des marais se fit plus forte. Marguerite commença alors à enduire de crème son front et ses joues.
La crème s’étalait aisément, et – sembla-t-il à Marguerite – s’évaporait aussitôt. Après quelques frictions, Marguerite se regarda de nouveau, et partit d’un rire fou, irrépressible.
Ses sourcils, affilés au bout en fines pointes, s’épaississaient en arcs noirs d’une régularité parfaite, au-dessus de ses yeux dont l’iris vert avait pris un vif éclat. La mince ride qui, depuis octobre, c’est-à-dire depuis la disparition du Maître, coupait verticalement la racine de son nez était complètement effacée. Les ombres jaunes qui ternissaient ses tempes, ainsi que les pattes d’oie qui ridaient imperceptiblement le coin de ses yeux, s’étaient également effacées. Une teinte rose uniforme colorait ses joues, son front était devenu blanc et pur, et ses cheveux, artificiellement bouclés par le coiffeur, s’étaient dénoués.
Dans la glace, la Marguerite de trente ans était contemplée par une jeune femme de vingt ans, à la souple chevelure noire naturellement ondulée, qui riait sans retenue en montrant toutes ses dents.
Réprimant enfin son rire, Marguerite, d’un geste vif, se débarrassa de son peignoir, puisa largement dans le pot la légère crème grasse et en enduisit énergiquement son corps nu. Aussitôt, celui-ci devint rose et chaud. En même temps se dissipa, comme si on venait d’ôter une aiguille de son cerveau, la douleur lancinante qui avait enserré ses tempes toue la soirée, depuis la rencontre de l’inconnu dans le jardin Alexandrovski ; les muscles de ses bras et de ses jambes s’affermirent, et enfin, le corps de Marguerite perdit toute pesanteur.

Auteur: Boulgakov Mikhaïl

Info: Dans "Le Maître et Marguerite", trad. Claude Ligny, Editions Laffont, Paris, 1968, page 326

[ rajeunissement ] [ fantastique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

réformisme langagier

Certains de nos dirigeants politiques accompagnent l’affront fait à la langue. Parfois, ils essaient d’imiter la langue supposée de ceux dont ils briguent les suffrages : “Le président, il doit faire peuple, because le peuple, il redonde le sujet.” D’autres fois les techno-managers usent d’un mélange de sabir faussement canaille, de volapük cyber-mercantile, de globish planétaro-débile, de cette hideuse langue d’affaires destinée à la rencontre d’une plante verte avec une machine à café (les deux totems de la “stareteup”). Cela donne : “Il faut gérer le copartage pour un futur plus juste.” Et voilà qu’aujourd’hui, avec une autosatisfaction inouïe, des technos, persuadés que la Terre a attendu leur venue au monde pour commencer sa rotation, voudraient transformer la langue.

Il faut se représenter la confiance qu’ils ont en eux, ces “gestionnaires du monde qui change”, pour s’en prendre à la langue française, vieille dame punk. Imaginons la scène: ils se lèvent le matin, se regardent dans la glace et se disent : “Je vais réformer la langue, fleurie par Marie de France, stabilisée par les Valois, soulevée par Rabelais, solennisée par Racine, déliée par Marivaux, polie par Montesquieu, enluminée par Hugo, illuminée par Rimbaud, stratosphérisée par Breton, électrocutée par Céline, solarisée par Camus, évangélisée par Mauriac – je vais la réinventer totalement, moi, Mme Michu de l’écriture inclusive et moi M. Jourdain de la vigilance lexicale.” Quel culot !

Vous remarquerez qu’à leur arrogance de tripatouilleurs·ses et de précieux·ses ridicules s’adjoint une tristesse climatique d’expression, une platitude géologique, une timidité acnéique devant “l’hénaurme” flaubertien, une crainte de ce qui dépasse, de ce qui pue, de ce qui saigne et qui glougloute, de ce qui éructe, une impossibilité en somme de jouir et d’accueillir les turbulences de la langue quand elle tressaute, quand elle divague du châtié à l’ordurier, de l’imparfait du subjonctif aux insultes de grand chemin. L’inclusif ! Mais ne serait-ce pas qu’ils seraient en train de nous les briser grave ces Trissotin·e·s ?

Auteur: Tesson Sylvain

Info: Figaro du 3 décembre 2021

[ orgueilleux ] [ aplanissement ] [ critique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

propagande

Plus subtile, la stratégie n°1 consiste à créer du brand content (ou du contenu de marque) qui leur permet de travailler sur leur image positive à long terme, que ce soit à travers des sites ludiques, des conseils pratiques, des événements uniques, des films originaux à partager sur les réseaux sociaux, des jeux vidéo ou encore des magazines au nom de la marque.
"Il s'agit de créer du lien avec le consommateur, de lui donner la parole, de faire de lui un ambassadeur et de l'inscrire dans une relation d'échange durable, ajoute Julien Intartaglia. Car l'idée, au final, est d'exposer le consommateur à la marque de manière constante et ludique, en jouant sur l'affect et en créant du relationnel, histoire que le filtre cognitif du scepticisme n'agisse plus. N'oublions pas que la raison d'être de la marque est de ne jamais être oubliée au moment de l'acte d'achat."
Se rendre "utile" Des exemples concrets de ces "nouvelles" dynamiques communicationnelles ? C'est Nutella qui joue sur la corde sensible des étiquettes personnalisables pour mieux caresser le consommateur dans le sens du poil et augmenter son capital sympathie. C'est Coca-Cola qui met au point un distributeur de canettes qui délivre gratuitement une boisson quand le consommateur lui fait un câlin, le tout filmé en caméra cachée et diffusé massivement sur les réseaux sociaux. C'est Nike qui développe une application mobile baptisée running pour accompagner les joggeurs, afin de leur permettre de suivre leurs performances et d'atteindre leurs objectifs. C'est Red Bull qui crée l'événement en permettant à Felix Baumgartner de battre le record de saut en chute libre pour augmenter la visibilité de la marque autour du monde et surtout l'associer durablement à la notion du dépassement de soi. Ce sont les glaces Magnum qui développent un advergame (un jeu publicitaire) de grande qualité baptisé Pleasure Hunt et qui entraîne l'internaute dans une aventure haletante où la marque reste discrète mais omniprésente, histoire d'offrir une expérience unique et sympathique au consommateur. Et la liste des exemples est évidemment longue, très longue...

Auteur: Brebant Frédéric

Info: Article : La pub parle à votre inconscient

[ marketing ] [ consumérisme ] [ médias ]

 

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minéraux

La biominéralisation est le processus physiologique qui permet aux organismes vivants d’élaborer une structure minérale, le biominéral. Un biominéral se distingue de son équivalent purement minéral par la présence de molécules organiques qui lui confèrent des propriétés spécifiques telles qu’une meilleure résistance à la fracture. Parmi les nombreux biominéraux on peut citer quelques exemples comme les os et les dents des animaux, la coquille des mollusques mais aussi le squelette des coraux. En construisant leur squelette, les coraux édifient les récifs coralliens qui sont responsables, avec les coccolithophores et les foraminifères, de la majorité des dépôts calcaires à la surface du globe. Dans la mesure où le biominéral formé chez les coraux est du carbonate de calcium, on parle également de calcification pour décrire le processus.

Les équipes de Physiologie/Biochimie et Ecophysiologie coralliennes du Centre Scientifique de Monaco développent des recherches centrées sur la biominéralisation des coraux et ses interactions avec notre environnement. Le choix de cette thématique est justifié par le rôle majeur joué par la calcification dans le contrôle du climat et dans le modelage des paysages géologiques. La calcification est en effet, avec la respiration et la photosynthèse, l'un des mécanismes qui contrôlent la concentration en gaz carbonique (CO2), important gaz à effet de serre dans notre atmosphère. D'autre part, les squelettes des coraux constituent des enregistrements des conditions physico-chimiques (température, concentration en CO2, nutriments) qui prévalaient au moment de leur dépôt, et à ce titre on les qualifie d'archives environnementales. La lecture de ces archives par les paléoclimatologistes, au même titre que celles incluses dans les glaces polaires et dans les cernes des arbres, devrait permettre une meilleure prévision de l'évolution de notre climat. 

En plus de son intérêt dans le domaine des sciences environnementales, la biominéralisation est également un processus clé dans de nombreux autres domaines : santé humaine (processus d'ostéogenèse, chirurgie orthopédique...), chimie des matériaux (biomatériaux et nanotechnologies). Enfin certains biominéraux présentent une haute valeur économique et culturelle, comme le squelette axial du corail rouge ou les perles des huîtres.

Auteur: Internet

Info: https://www.centrescientifique.mc/fr/article/biologie-marine-fr/biomineralisation

[ spécificité ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

pensée-de-femme

Cet homme fait l’amoureux mais ne me désire pas. Dois-je comprendre que je suis désormais trop vieille pour que mon corps suffise à l’exciter ? Pourtant c’est bien de cela que j’ai envie, d’un homme gourmand de mes fesses, de mes seins, de mon ventre et dont l’insatiabilité tempère, minimise la mienne (et mon besoin de consolation impossible à rassasier). Ce n’est pas tant le manque qui me taraude que le besoin de m’oublier dans le désir de l’autre qui, s’il n’existe pas, me fait ressentir de nouveau cet appel du vide de l’automne dernier. Cet homme simple, qui ne tergiverse pas, et dont j’imagine les mains me pétrir le corps comme un boulanger la pâte, je l’ai rencontré hier chez Cécile : son cousin, de passage à Paris, qui m’a regardée comme si j’étais une glace italienne vanille-fraise.
[…]
Voilà la nuit que j’ai vécue, me ramenant à cette sensation que j’ai eue parfois, sous les étoiles en pleine nature, d’être aussi violente et douce que les animaux qui m’entouraient. Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel de Marianne Rubinstein
Cet homme fait l’amoureux mais ne me désire pas. Dois-je comprendre que je suis désormais trop vieille pour que mon corps suffise à l’exciter ? Pourtant c’est bien de cela que j’ai envie, d’un homme gourmand de mes fesses, de mes seins, de mon ventre et dont l’insatiabilité tempère, minimise la mienne (et mon besoin de consolation impossible à rassasier). Ce n’est pas tant le manque qui me taraude que le besoin de m’oublier dans le désir de l’autre qui, s’il n’existe pas, me fait ressentir de nouveau cet appel du vide de l’automne dernier. Cet homme simple, qui ne tergiverse pas, et dont j’imagine les mains me pétrir le corps comme un boulanger la pâte, je l’ai rencontré hier chez Cécile : son cousin, de passage à Paris, qui m’a regardée comme si j’étais une glace italienne vanille-fraise.

[…]

Voilà la nuit que j’ai vécue, me ramenant à cette sensation que j’ai eue parfois, sous les étoiles en pleine nature, d’être aussi violente et douce que les animaux qui m’entouraient. Ça s’appelle baiser et Dieu que c’est bon.

Auteur: Rubinstein Marianne

Info: Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel

[ sexualité ] [ plaisir ]

 

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film-par-philosophe

(...) la perversion sexuelle consiste dans le fait de ne pouvoir saisir l'autre comme objet de désir dans sa totalité singulière de personne, mais seulement dans le discontinu : l'autre se transforme en paradigme des diverses parties érotiques de son corps, avec cristallisations objectale sur l'une d'entre elles. Cette femme n'est plus une femme, mais sexe, seins, ventre, cuisses, voix ou visage : ceci ou cela de préférence. A partir de là, le désir inventorie les différents termes, dont le signifié réel n'est plus du tout la personne aimée, mais le sujet lui-même dans sa subjectivité narcissique, se collectionnant-érotisant lui-même et faisant de la relation amoureuse un discours à lui-même. Ceci était assez bien illustré par la séquence initiale d'un film de J.L. Godard Le mépris où le dialogue, sur des images "nues", se déroulait ainsi :

- "Tu aimes mes pieds ?" disait-elle (notons que pendant toute la scène, el le se détaille elle-même dans une glace, ce qui n'est pas indifférent : elle se valorise elle-même comme vue, à travers son image, et donc déjà comme discontinuée dans l'espace.)

"Oui je les aime.

- Tu aimes mes jambes ?

- Oui.

- Et mes cuisses ?

- Oui, répondait-il encore, je les aime."

(Et ainsi de suite, de bas en haut jusqu'aux cheveux.)

"Alors tu m'aimes totalement.

- Oui, je t'aime totalement.

- Moi aussi, Paul " dit-elle en résumant la situation.

Il est possible que les réalisateurs aient vu là l'algèbre d'un amour démystifié. Il n'en reste pas moins que cette absurde reconstitution du désir de l'inhumanité même. Désintégré en série selon son corps, la femme objet pur est alors reprise par la série de toutes les femmes objets dont elle n'est qu'un terme parmi d'autres. La seule activité possible dans la logique de ce système est le jeu de substitution. C'est ce que nous avons reconnu comme le ressort même de la satisfaction collectrice.

Cette discontinuation de l'objet en détails dans un système auto-érotique de perversion est freinée dans la relation amoureuse par l'intégrité vivante de l'autre.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Le système des objets (1968, Gallimard, 288 p.)

[ cinéma ] [ rapport homme-femme ] [ industrialisation des membres ]

 

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