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thérapie

En cette même nuit, la femme allait avec son koto aider un homme à renaître. Battu par les pluies de tous les printemps et de tous les automnes depuis quatorze ans, le coeur dénaturé du jeune mendiant était avec le temps devenu plus dur qu'un roc. Plus aucune flèche ne pouvait le transpercer. Il semblait destiné à connaître la triste fin de son père, c'est à dire mourir en pleine nature, son cadavre exposé à tous les vents. Ou bien peut-être finirait-il sa vie enchaîné en prison, après avoir été suivi sur tous les chemins par sa misérable réputation. Pourtant aujourd'hui, soudainement, les accords nocturnes du koto faisaient ressurgir en l'apaisant la tendresse qu'il avait si longtemps enfouie au fond de son coer. Pour la première fois depuis des années, il se mit à pleurer. A moins que ces larmes n'eussent été des gouttes de rosée? Non, il ne les aurait échangées pour rien au monde, pas même contre plusieurs châteaux. Il n'avait connu ni l'amour ni la compassion, et ignorait même à quoi la personne qui jouait de l'instrument pouvait ressembler, mais en entendant la musique s'échapper par-dessus le mur du jardin, il se sentit heureux.

Auteur: Higuchi Ichiyô Kitsuko

Info: La Treizième Nuit : Et autres récits

[ mélodie ]

 

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ordre sous-jacent

Dès que David Bohm a commencé à réfléchir à l'hologramme, il a vu que celui-ci offrait également une nouvelle façon de comprendre l'ordre. Comme la goutte d'encre dans son état dispersé, les motifs d'interférence enregistrés sur un morceau de film holographique semblent également désordonnés à l'œil nu. Tous deux possèdent des ordres cachés ou enveloppés, de la même manière que l'ordre d'un plasma est enveloppé dans le comportement apparemment aléatoire de chacun de ses électrons. Mais ce n'est pas le seul aperçu que l'hologramme apportait. Plus Bohm y réfléchissait, plus il était convaincu que l'univers utilise des principes holographiques dans ses opérations, qu'il était lui-même une sorte d'hologramme géant et florissant, et que cette prise de conscience lui permettait de cristalliser toutes ses diverses idées en un ensemble vaste et cohérent. Il publia ses premiers articles sur sa vision holographique de l'univers au début des années 1970, et en 1980, il présenta une synthèse approfondie de ses idées dans un livre intitulé Wholeness and the Implicate Order. Dans cet ouvrage, il ne se contente pas de relier entre elles ses innombrables idées. Il les transfigurait en une nouvelle façon de voir la réalité, aussi époustouflante que radicale.

Auteur: Talbot Michael Coleman

Info: L'univers holographique

[ champs scalaires ] [ implicite-explicite ] [ fractal cosmos ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

mère-fille

Et ses doigts rendus croches d'être si fort rongés, ses doigts tordus de ne servir à rien, il faut dire que ma mère ne se ronge pas les ongles avec la bouche, tout occupée à n'être qu'une fente, mais avec ses doigts qui se mangent les uns les autres, ça fait tac lorsque l'ongle écorche un doigt, un tac qui laisse des gouttelettes de sang sur quoi elle tac encore, des points rouges dont elle ne se préoccupe pas, ma mère et ses mains qui s'affrontent sur ses cuisses comme si elles avaient une vie propre, comme si de rien n'était, comme si tout le reste du corps, jusque-là resté dans une torpeur de vieille folle, n'existait que pour assister à leur agitation, et elle fait ça tout le temps et sans rien dire car elle ne parle pas, elle crie ou elle se tait, elle garde le silence avec le tac de ses doigts qui envahit la pièce, une horloge à pendule qui se fait remarquer dans les temps morts, le dimanche après-midi, lorsque les enfants jouent dehors, et ce silence me rend folle, nous somme deux folles qui gardons le silence pour mieux nous détester.

Auteur: Arcan Nelly

Info: Putain

[ femme-par-femme ] [ rancoeur ] [ huis clos familial ] [ folie ] [ automutilation ] [ littérature ] [ souffrance ]

 

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se délecter

Nous savourons différentes préparations contenant chacune l’équivalent d’une cuillérée de nourriture. Leur présentation respecte des figures géométriques de base et leur poids est négligeable par rapport à celui de l’assiette. La portion la plus légère – du lièvre fumé et de l’oseille d’Åland, sous une forme presque invisible – pèse à peu près autant que la moustache dudit lièvre... Les verres de vin se multiplient devant nous. On nous sert en effet avec chaque plat une goutte du nectar recommandé par la maison pour l’accompagner, mais il est difficile d’en prolonger la dégustation quand on ne fait qu’une bouchée du mets. Et nous avons donc tous les deux devant nous une rangée de verres. Les vins sont loin d’être aussi différents les uns des autres que les descriptions que le serveur en donne. Nous croulons sous une avalanche d’adjectifs imprécis – ulmacé, flamboyant, aimable, souple, charnu, nerveux, herbacé et des dizaines d’autres – et d’informations clairement douteuses sur de petits domaines bios du nord-est de l’Italie. Je suis néanmoins conscient que le but d’un dîner aussi fortement tarifé n’est pas de relever le manque de logique de qui que ce soit ni d’exposer des arnaques, mais de rester assis face à face, et longtemps.

Auteur: Tuomainen Antti

Info: Ce matin, un lapin...  Ici deux couples sont côte à côte sur 2 tables adjacentes, l'un déguste consciencieusement alors que l'autre est absorbé pas les smartphones

[ profiter ] [ gastronomie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

bouillonnement

Les mouettes et les plongeons piquaient rapidement vers les bandes de petits poissons qui fourmillaient et sautaient à la surface, plongeaient vers le fonds et émergeaient de nouveau. Les ailes s'agitaient sans cesse. Les plongeons et les mouettes disparaissaient un moment sous les eaux. Tous les êtres vivants étaient en mouvement, à l'affût d'un petit déjeuner sur mer. Dans la confusion , on ne s'apercevait pas de la sauvagerie secrète de cette gloutonnerie animale. Des milliers de créatures vivantes pourchassaient des millions d'autres créatures vivantes. De gros poissons avalaient des centaines de milliers de petits poissons, sans qu'on vît une goutte de sang à la surface. Un maquereau ingurgitait des milliers de petits poissons minuscules qui avaient déjà avalé, chacun, une bête microscopique. Et puis, une mouette attrapait au vol, sans même se poser sur l'eau, le maquereau qui s'était aventuré à sauter hors de l'élément liquide, et, après l'avoir secoué de son bec, se l'envoyait, à demi-vivant, dans l'estomac, en trois mouvements de gorge. Et derrière tout ce défilé, un petit thon, sautant de temps à autre en l'air, fonçait avec la rapidité d'un éclair sur les bandes en pleine panique. L'ivresse d'un grand festin régnait tout autour de l'Ile pointue.

Auteur: Sait Faik Abasiyanik

Info: Un point sur la carte

[ océan ] [ nature ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

sacrifice humain

La Ghâya* nous apprend ce qui suit : un homme blond aux yeux bleus et attiré dans une salle du temple et il y est plongé dans un tonneau rempli d’huile de sésame. Il est enfermé dans le récipient de manière que seule sa tête dépasse. Il reste là pendant quarante jours et, pendant ce temps, il n’est nourri que de figues trempées dans l’huile de sésame. On ne lui donne pas une goutte d’eau. Par ce traitement son corps est macéré au point de devenir mou comme de la cire. On procède souvent à des encensements du prisonnier et on prononce sur lui des formules magiques. Pour finir, on lui tranche la tête au niveau de la première vertèbre cervicale tandis que le corps demeure dans l’huile. La tête est alors mise dans une niche sur un tas de cendre d’olives et elle est entourée de coton. Elle est de nouveau encensée et fournit des révélations sur la pénurie ou l’abondance des récoltes, sur les changements de dynasties et sur les événements à venir. Ses yeux voient mais ses paupières ne remuent plus. La tête leur manifeste aussi leurs pensées intimes. On lui aurait également posé des questions concernant les sciences et les métiers. 

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "Les racines de la conscience", trad. Yves Le Lay, éd. Buchet-Chastel, Paris, 1971, page 257, *Ghâyat al-hakim, ou Picatrix, traité arabe de magie et d'hermétisme (écrit vers l'an 1000)

[ oracle ] [ cérémonial divinatoire ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

nature

Des montagnes énormes m'entouraient, des abîmes s'ouvraient devant moi et des torrents s'y précipitaient; les fleuves au-dessous de moi coulaient à flots; forêts et montagnes retentissaient et je les voyais agir et créer, entremêlées dans les profondeurs de la terre, toutes les forces insondables, tandis qu'entre terre et ciel fourmillent les générations des créateurs en leur diversité. Tout, tout est peuplé de mille formes, cependant que les hommes se rassemblent à l'abri de leurs chaumières et se font un nid en s'imaginant qu'ils règnent sur le vaste monde! Pauvres insensés! qui jugent tout si infime, parce qu'ils sont petits. - Depuis la montagne inaccessible jusqu'à l'extrémité de l'Océan inconnu, par-dessus le désert que nul pied ne foula, souffle l'Esprit de l'Eternel Créateur. Et il se réjouit du moindre grain de poussière qui le perçoit et qui vit - Ah! que de fois alors n'ai-je pas envié les ailes de la grue qui volait par-dessus ma tête pour atteindre la rive de la mer immense, pour boire à la coupe écumante de l'infini cette volupté de vivre qui dilate le coeur, afin de sentir, ne fût-ce qu'un instant, dans la force limitée de mon sein, une goutte de félicité de l'Entre en qui et par qui tout fut créé.

Auteur: Goethe Johann Wolfgang von

Info:

[ révélée ] [ Dieu ]

 

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aqua simplex

L’histoire d’un ruisseau, même de celui qui naît et se perd dans la mousse, est l’histoire de l’infini. Ces gouttelettes qui scintillent ont traversé le granit, le calcaire et l’argile ; elles ont été neige sur la froide montagne, molécule de vapeur dans la nuée, blanche écume sur la crête des flots ; le soleil, dans sa course journalière, les a fait resplendir des reflets les plus éclatants ; la pâle lumière de la lune les a vaguement irisées ; la foudre en a fait de l’hydrogène et de l’oxygène, puis d’un nouveau choc a fait ruisseler en eau ces éléments primitifs. Tous les agents de l’atmosphère et de l’espace, toutes les forces cosmiques ont travaillé de concert à modifier incessamment l’aspect et la position de la gouttelette imperceptible ; elle aussi est un monde comme les astres énormes qui roulent dans les cieux, et son orbite se développe de cycle en cycle par un mouvement sans repos. Toutefois notre regard n’est point assez vaste pour embrasser dans son ensemble le circuit de la goutte, et nous nous bornons à la suivre dans ses détours et ses chutes depuis son apparition dans la source jusqu’à son mélange avec l’eau du grand fleuve ou de l’océan.


Auteur: Reclus Elisée

Info: Histoire d'un ruisseau. Chapitre I, La Source

[ polymorphe ] [ multi-usage ] [ pluridisciplinaire ] [ combinable ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

conte

Un roi puissant et sage gouvernait son royaume. Tous le craignaient pour sa puissance et l'aimaient pour sa sagesse. Or, il y avait au cœur de cette ville un puits dont l'eau fraîche et cristalline alimentait toute la cité.
Une nuit, alors que tout le monde dormait, une sorcière pénétra dans la ville et empoisonna le puits. Elle y versa sept gouttes d'un liquide étrange en disant : "Tous ceux qui boiront de cette eau deviendront fous."
Le lendemain, tous les habitants de la ville, excepté le roi et son chambellan, burent de l'eau du puits... et comme la sorcière l'avait prédit, ils perdirent la raison. La ville devint le théâtre des agissements les plus étranges, et le roi ne parvenait pas à calmer la population. D'autant que désormais toute la ville murmurait : "Notre roi n'agit pas comme nous. Il est devenu fou. Nous refusons d'être gouverné par un dément. Il nous faut le détrôner."
Aussi, ce soir-là, le roi fit remplir un gobelet doré de l'eau du puits. Il en but une grande gorgée, puis le passa à son chambellan qui fit de même.
Et le peuple de la ville se réjouit et organisa de grandes fêtes : le roi et son chambellan avaient, disait-on, recouvré la raison.

Auteur: Gibran Khalil

Info:

[ normalité grégaire ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

être parlant

Puisque la parole leur [aux hommes] est désormais garantie, livrée toute prête et instillée goutte à goutte dans l’oreille, ils ont cessé d’être des animaux doués de logos [...]. Les mots ne sont plus pour eux quelque chose qui se prononce, mais quelque chose qui s’écoute ; la parole n’est plus pour eux un acte mais une réception passive. [...] [Cette évolution du logos] produira un type d’homme qui, parce qu’il ne parle plus lui-même, n’a plus rien à dire ; un type d’homme qui, parce qu’il se contente d’écouter, de toujours écouter, n’est qu’un "serf". Le premier effet de cette limitation est d’ores et déjà perceptible sur ceux qui ne sont plus que des auditeurs. Il se répand dans toutes les sphères linguistiques, rendant la langue plus grossière, plus pauvre, si bien qu’elle finit par lasser ceux même qui la parlent. Mais il va bien au-delà : la vie et l’homme deviennent eux aussi plus grossiers et plus pauvres, parce que le "cœur" de l’homme – sa richesse et sa subtilité – perd toute consistance sans la richesse et la subtilité du discours ; car la langue n’est pas seulement l’expression de l’homme, mais l’homme est également le produit de son langage ; bref, parce que l’homme est articulé comme lui-même articule, et se désarticule quand il cesse d’articuler.

Auteur: Anders Günther Stern

Info: Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, page 128

[ dépossession ] [ privation ] [ condition humaine ] [ parlêtre ] [ abrutissement ] [ signes déconnectés ] [ sémiose hors-sol ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson