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épitaphe

Terre, sois clémente au vieil Amynthichus, accueille-le doucement dans ton sein. Pense à tous les soins qu'il t'a prodigués pendant sa vie. Il [...] t'a couverte de grains, abreuvée d'eau claire pour que tu fasses parade de tes légumes et resplendissent les fruits de l'automne. Sois donc légère à ses tempes grises et couvre toi de fleurs lorsque reviendra ce printemps qu'il ne peut plus voir.

Auteur: Pensée de l'antiquité grecque

Info:

 

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matin

La rosée, sous la caresse du soleil, diamantait les grands genêts dont la floraison vigoureuse nimbait d'or la verdure sombre ; elle se suspendait aux fougères dentelées, aux touffes de pâquerettes blanches dédaignées des brebis, aux bruyères grises, et masquait d'une buée uniforme l'herbe fine des clairières. Cependant que des bouchures, des buissons et de la forêt s'élevaient sans fin des trilles, vocalises, pépiements et roucoulements, tout le concert enchanteur des aurores d'été.

Auteur: Guillaumin Emile

Info: La vie d'un simple

[ nature ]

 

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incipit

Le froid força Sergueï Sergueïtch à se lever vers trois heures du matin. Le poêle-cheminée bricolé de ses mains d'après un croquis relevé dans la revue "Datcha bien aimée", avec porte vitrée et deux plaques de cuisson circulaires, ne dispensait plus aucune chaleur. Les sceaux de fer blanc, posés à côté, étaient vides. L'obscurité régnant, il avait plongé la main dans le plus proche, et ses doigts n'avaient rencontré que des miettes de charbon.

Auteur: Kourkov Andreï

Info: Les abeilles grises

 

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Ajouté à la BD par miguel

humilité

Monsieur, j'ai confié ma vie à des planches de bois grises qui sont dans un mûrier ; aux sons des sept cordes d'une viole ; à mes deux filles. Mes amis sont les souvenirs. Ma cour, ce sont les saules qui sont là, l'eau qui court, les chevesnes, les goujons et les fleurs du sureau. Vous direz à sa majesté que son palais n'a rien à faire d'un sauvage qui fut présenté au feu roi son père il y a trente-cinq ans de cela.

Auteur: Quignard Pascal

Info: Tous les matins du monde

[ littérature ] [ musique ]

 

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monstre

Moi, grande et molle masse de gelée. Doucement arrondie, sans bouche, avec des trous blancs remplis de brouillard là où il y avait auparavant des yeux. Des appendices de caoutchouc qui étaient autrefois mes bras. En dessous des grosseurs qui pendent, excroissances mais non jambes, faites de matière glissante. Je laisse une large trace visqueuse quand je bouge. De grises et maléfique taches de maladie vont et viennent sur ma surface, comme si de la lumière venait de l'intérieur. [...] Je n'ai pas de bouche. Et je dois crier.

Auteur: Ellison Harlan

Info: I Have No Mouth, and I Must Scream, 1967

[ science-fiction ]

 

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fuite

Et ce fut une station de montagne et une petite ville et une grande ville et des sentiers abrupts et des auberges et des huttes paysannes et des wagons, des faubourgs ouvriers ; incohérentes étapes d'une entité pure et cohérente. Noëmi devenait maigre et pâle, transparente comme le sont certaines pensées d'enfant. Et je n'avais rien à lui offrir que cette poignée misérable de nuits grises. Elle fondait à vue d'oeil, cette poignée de nuits qu'au prix de mon sang je ne parvenais plus à rendre noires. Mauvais abri, ces nuits anémiques et brèves, telles un vêtement troué.

Auteur: Rawicz Piotr

Info: Le Sang du ciel

[ errance ] [ fatigue ] [ littérature ]

 

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lieu saint

Dans une église, tout le monde opte pour le silence ou le murmure de la prière. Dans une église, seul le prêtre a le droit d’élever la voix. Eh bien c’était comme si, tout en marchant, il pensait et rêvassait en un chuchotement. Dans une église, même les odeurs sont plaisantes, et l’édifice, en outre, est conçu pour que tout ce qui naît en son sein, les senteurs d’huile sainte, le souffle des prières, la sensation de contact avec l’éternité qui attend chacun après la vie terrestre, tout cela y demeure, derrière les murs épais, derrière les portes de fer, sous les hautes coupoles. Pour qu’on y revienne toujours, en quête de ces instants merveilleux.

Auteur: Kourkov Andreï

Info: Les abeilles grises

[ monument ] [ refuge ] [ enceinte religieuse ] [ quiétude ] [ apaisement ] [ basilique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

saison

On est en hiver, donc, et l'on ne sort pas. On met des plaques en carton sur les pares-brise des voitures. Quand on les enlève, le matin, c'est gelé autour. On attaque les journées en arrondissant le dos, en rentrant le cou, front baissé. Jamais les rues n'ont paru si grises. On a perdu jusqu'au souvenir de l'été, lorsqu'il y avait des marchés de plein air, ou qu'on allait en chemise aux terrasses des bistros. Il semble, comme dans certains contes, que le soleil ne reviendra pas - qu'il a été volé. Les rares passants se croisent à Montmirail en échangeant des regards soupçonneux. L'homme est ainsi bâti qu'il accuserait d'autres hommes du temps qu'il fait.

Auteur: Holder Eric

Info: Mademoiselle Chambon

[ maussade ] [ grincheux ] [ météo ]

 

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obèse

Son visage, totalement dénué de curiosité ou de méchanceté, affichait une autosatisfaction aveugle, preuve indéniable que le cerveau niché sous cette absurde crête de coq n'avait jamais été perturbé par la moindre pensée.
Deux énormes jambes s'échappaient de son short; elles ressemblaient à des pattes d'hippopotame, sauf qu'elles étaient roses et poilues plutôt que grises et ridées. Son corps paraissait posé directement sur ses jambes, et non relié à elles, car on ne lui voyait aucune taille : son tronc était comme celui d'un arbre jusqu'à ce que soudain, des jambes apparaissent. Le raccordement était dissimulé par le short bouffant, mais on avait l'impression que ces jambes pouvaient s'en aller à tout instant et laisser le corps au comptoir.

Auteur: Cook Kenneth

Info: Le koala tueur : Et autres histoires du Bush

[ littérature ]

 

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après-guerre

Ici, comme à Belgrade, je vois dans les rues un nombre considérable de jeunes femmes dont les cheveux sont en train de devenir ou sont déjà complètement gris. Leur visage est tourmenté, mais encore jeune, alors que la forme de leur corps trahit leur jeunesse bien plus clairement. Il me semble voir comment la main de cette dernière guerre est passée sur la tête de ces êtres fragiles.

Cette vision ne peut pas être conservée pour l'avenir ; ces têtes deviendront bientôt encore plus grises et disparaitront. C'est pitié. Rien ne pourrait parler plus clairement de notre époque aux futures générations que ces juvéniles têtes grises auxquelles a été dérobée la nonchalance de la jeunesse.

Qu'elles trouvent au moins un mémorial dans cette petite note. 


Auteur: Andric Ivo Andritch

Info: Sarajevo, 1946

[ femmes-par-homme ] [ vieillies prématurément ]

 

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Ajouté à la BD par miguel