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inspiration

Nuit d'insomnie. Homère. Et voiles qui se tendent.
Je n'ai lu qu'à moitié la liste des vaisseaux :
Cette longue nichée, cette nuée d'oiseaux
Qui d'Hellade un beau jour s'envolèrent en bande.

Flèche de grues dardée vers des terres lointaines
- Une divine écume couronnant les rois -,
Où voguez-vous ainsi ? Que serait pour vous Troie,
O mâles Achéens, s'il n'y avait Hélène ?

Et Homère, et les flots, tout est mû par l'amour.
Qui faut-il écouter ? Mais Homère se tait,
Et la mer a noirci, et près de mon chevet
Je l'entends qui déferle en pérorant toujours.

Auteur: Mandelstam Ossip

Info: In "Les poésies d'amour", éd. Circé, p. 31

[ épopée ] [ référence littéraire ] [ Grèce antique ] [ muse ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

question

TOUZENBACH : - (...) dans un million d'années la vie restera telle qu'elle a été. La vie ne change pas, elle est constante, suivant ses propres lois, desquelles nous ne pouvons pas nous mêler ou, du moins, que vous ne connaîtrez jamais. Les oiseaux migrateurs, les grues par exemple, volent, volent, et que les pensées qui les pensées qui les traversent soient élevées ou vulgaires, elles voleront toujours, sans jamais savoir pourquoi ni vers où. Elles volent et elles voleront, quels que soient les philosophes qui se seraient nichés parmi elles : qu'ils fassent de la philosophie à leur aise, pourvu qu'elles volent...
MACHA : - Mais quel est le sens de tout ça ?
TOUZENBACH : - Le sens... Voyez, la neige tombe. Quel sens cela a-t-il ?

Auteur: Tchekhov Anton Pavlovitch

Info: Oncle Vania, Les trois Soeurs

[ vie ] [ mystère ] [ dialogue ] [ littérature ]

 

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nature

Dans les marais du sud du Mississippi on peut regarder le monde s'éveiller quand les rayons d'or pâle du soleil s'immiscent entre les arbres et la mousse et les grues aux larges ailes. Les libellules bourdonnent et les ratons laveurs sortent de leur tanière et crapahutent le long des troncs d'arbres effondrés. Les tortues vont se percher sur des souches qu'inondera bientôt la chaleur du jour et mille autres créatures cachées frétillent sous les eaux noires, armées d'une patience et d'une agilité meurtrières. Des branchages accablés par le temps, incapables de soutenir leur propre masse, ploient et se brisent tels des vieillards se résignant à rejoindre leur tombeau marécageux. Les reptiles ondoient et les merles criaillent dans le paysage zébré par la lumière de l'aube venue prendre la relève de la nuit profonde et paisible.

Tel était le monde auquel Russell songeait, assis dans le car, la tête appuyée contre la vitre. [...] Le monde dont il se rappelait avoir fait partie dans sa jeunesse. Dans son enfance.

Auteur: Farris Smith Michael

Info: Nulle part sur la terre

[ enchevêtrée ] [ matin ] [ éveil ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

variété

Il y avait là des illustrations, semblables à des joyaux de vie florale et aviaire, et on voyait de minuscules personnages lancés, sur des montures aux formes rebondies, à la poursuite de lions ou de gazelles, ou bien agenouillés devant des saints barbus dans des grottes de montagne. J'entrevis un couple de grues effectuant une parade nuptiale sur un tertre verdoyant, avant de passer à une jeune fille conversant avec son perroquet en cage et une autre écrivant une lettre à son bien-aimé lointain, puis à l'image d'un jeune homme épiant de derrière un arbre un groupe de jouvencelles se baignant dans une rivière, vêtues mais d'une manière transparente. Ici des éléphants, un howdah doré sur le dos, transportait des nobles vers un fort crénelé au sommet d'une colline, et là de menaçants nuages bleus apparaissaient, chassant les aigrettes blanches devant eux ; une jeune bayadère dansait dans une cour entourée de murs, un prince posait, une rose à la main, un autre montrait fièrement un faucon posé sur son poignet. Des chiens de chasse traquaient un cerf dans une forêt, suivis d'un chasseur armé d'un arc et de flèches. Un grand voilier appareillait. La foudre frappait. Des lignes d'exquise calligraphie couraient le long des bords, nommant, racontant.

Auteur: Desai Anita

Info: L'art de l'effacement, Le musée des ultimes voyages

[ littérature ] [ nature ]

 

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cité imaginaire

Qui arrive à Tecla ne voit pas grand-chose de la ville, au-delà des clôtures en planches, des écrans en toile de sac, des échafaudages, des armatures métalliques, des passerelles en bois suspendues à des cordes ou soutenues par des scies, des échelles, des tréteaux. Si l'on demande : "Pourquoi la construction de Tecla prend-elle tant de temps ?", les habitants continuent de soulever des sacs, de  jouer du fil à plomb, de déplacer de longues brosses de bas en haut, et répondent : "Pour que sa destruction ne puisse commencer."

Et si on leur demande s'ils craignent qu'une fois les échafaudages enlevés, la ville ne commence à s'écrouler et à tomber en morceaux, ils ajoutent hâtivement, dans un murmure : " Pas que la ville."  Si, peu satisfait des réponses, vous jettez un oeil œil par la fissure d'une clôture, vous verrez des grues qui soulèvent d'autres grues, des échafaudages qui enserrent d'autres échafaudages, des poutres qui soutiennent d'autres poutres. "Quelle est la signification de votre construction ?" demande-t-on alors. "Quel est le but d'une ville en construction, à moins qu'elle ne soit une ville ? Où est le plan que vous suivez, le schéma directeur ?" "Nous vous le montrerons dès que la journée de travail sera terminée ; nous ne pouvons pas interrompre notre travail maintenant", répondent-ils. Le travail s'arrête au coucher du soleil. L'obscurité tombe sur le chantier. Le ciel est empli d'étoiles.

"Voilà le plan", disent-ils.


Auteur: Calvino Italo

Info: Les Villes invisibles

[ continue édification ] [ fuite en avant ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

mécanisation

Un bipode auto-équilibrant à base d'adaptateurs à 28 pôles ; une installation de réduction électrochimique, intégrée à des entrepôts séparés d'extraits énergétiques spéciaux mis dans des batteries de stockage, pour activation ultérieure de milliers de pompes hydrauliques et pneumatiques, avec moteurs accouplés ; 62 000 milles de capillaires ; des millions de signaux de signalisation, systèmes ferroviaires et transporteurs, des concasseurs et les grues (dont les bras sont de magnifiques systèmes à 23 articulations avec procédés d'autosurveillance et de lubrification), avec un système téléphonique universellement réparti (ne nécessitant aucun service pendant 70 ans si bien géré). Le tout mécanisme extraordinairement complexe, guidé avec une précision totale depuis une tourelle où sont installés des télémètres auto-enregistreurs télescopiques et microscopiques, un spectroscope et cetera, admission et l'échappement d'air conditionné avec alimentation principale pour le carburant. Dans les quelques pouces cubes qui abritent le mécanisme de la tourelle, il y a aussi place pour deux diaphragmes d'enregistrement directionnels à ondes sonores, un système de classement et de référence instantané, et un laboratoire d'analyse conçu de façon experte et suffisamment vaste non seulement pour contenir les enregistrements minutieux de chaque dernier événement continu ayant jusqu'à 70 ans d'expérience ou plus, mais pour étendre, par calcul et fabrication abstraite, cette expérience avec une précision relative dans tous les coins de l'univers observé. Il existe également un département de prévision et de traçage tactique pour la réduction des possibilités et des probabilités à venir à des bons niveaux généraux pour des choix futurs spécifiques adéquats.

Auteur: Buckminster Fuller R.

Info: Nine Chains to the Moon Chapter 4 (p. 18) Doubleday & Company, Inc. Garden City, New York, USA. 1971

[ futurisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

cité imaginaire

On atteint Despina de deux manières : par bateau ou à dos de chameau. La ville se présente différemment selon qu’on y vient par terre ou par mer.

Le chamelier qui voit pointer à l’horizon du plateau les clochetons des gratte-ciel, les antennes radar, battre les manches à air blanches et rouges, fumer les cheminées, pense à un navire, il sait que c’est une ville mais il y pense comme à un bâtiment qui l’emporterait loin du désert, un voilier qui serait sur le point de lever l’ancre, avec le vent qui déjà gonfle les voiles pas encore larguées, ou un vapeur dont la chaudière vibre dans la carène de fer, il pense à tous les ports, aux marchandises d’outre-mer que les grues déchargent sur les quais, aux auberges où les équipages de diverses nationalités se cassent des bouteilles sur la tête, aux fenêtres illuminées du rez-de-chaussée, avec à chacune une femme qui refait sa coiffure.

Dans la brume de la côte, le marin distingue la forme d’une bosse de chameau, d’une selle brodée aux franges étincelantes entre deux bosses tachetées qui avancent en se balançant, il sait qu’il s’agit d’une ville mais il y pense comme à un chameau, au bât duquel pendent des outres et des besaces de fruits confits, du vin de datte, des feuilles de tabac, et déjà il se voit à la tête d’une longue caravane qui l’emporte loin du désert de la mer, vers des oasis d’eau douce à l’ombre dentelée des palmiers, vers des palais aux gros murs de chaux, aux cours sur les carreaux desquelles dansent nu-pieds les danseuses, remuant les bras un peu dans leurs voiles et un peu en dehors.

Toute ville reçoit sa forme du désert auquel elle s’oppose ; et c’est ainsi que le chamelier et le marin voient Despina, la ville des confins entre deux déserts.

Auteur: Calvino Italo

Info: Les villes invisibles

[ relativité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

grand nord

J’aurais préféré partir seul et couper tout de suite tout lien avec le monde. Deux cent kilomètres, c’est une longue distance à parcourir avec des cochers, à supporter leurs quintes de toux, leurs tentatives de conversation et leurs silences. Je serais bien parti pour Kaltio à bicyclette si Uggelvik n’avait pas jugé l’idée totalement insensée.

" On ne joue pas avec l’hiver, quoi qu’il se soit passé chez vous ", a-t-il déclaré.

C’est pourquoi je sais que j’ai l’air de ce que je suis : un fuyard pour qui presque plus rien n’a plus d’importance.

Au chaud sous la couverture du traîneau, je regarde le paysage recouvert de neige jusqu’à hauteur de cheville. Finis les fermes prospères, les champs et les lisières de forêt grignotées par les bûcherons. D’immenses espaces s’étendent derrière les arbres. Je les ai d’abord pris pour des cultures, mais il y pousse des pins rabougris et des arbrisseaux recroquevillés dans le froid. Au printemps, quand les canards, les grues cendrées et les pluviers reviendront, elles résonneront de l’incommensurable registre du désir de vivre. Je ne supporterais pas non plus, alors, de me trouver là.

Nous faisons halte, et le silence me bouche les oreilles. L’air écrasé par les nuages de neige avale les sons, j’ai du mal à entendre les rares paroles du cocher, bien que nous soyons assis face à face. Je pense plusieurs fois être devenu sourd, jusqu’à ce qu’il se racle la gorge ou que des étincelles jaillissent du feu de camp. J’avale à grandes gorgées l’amer café bouilli. Aurais-je le temps de faire la sieste ? Mais le cocher se lève bientôt, rince sa tasse dans la neige et va vérifier le harnais du cheval. Les partis métalliques cliquettent.

" Regardez ", dit-il.

Je termine mon café et obéis à l’injonction. Une souche grise se dresse dans la tourbière.

" Il y a un étang, là-bas. Poissonneux. "

Afin de secouer ma torpeur, je vais voir. Le gel a solidifié la tourbière, mais l’eau qui sort des mousses colore de noir l’empreinte de mes pas. Je m’arrête devant la souche. Derrière s’étend en effet un petit lac, un ovale où la neige est moins haute qu’alentour. La pointe du vieil arbre mort brisé à hauteur de poitrine a été sculptée en forme de nageoire. La surface est craquelée de rides verticales. Le bois est chaud et glissant.

Je retourne au traîneau où le cocher a déjà pris sa place. Je hoche le menton en direction du lac.

" Vous pouvez m’en dire plus ? "

Je me frotte les mains. Le bois y a laissé des traces huileuses.

" Non, je suis du village.

- Ce ne sont pas les habitants qui l’ont sculpté ?

- Ce n’est pas dans nos habitudes. Ce sont des Lapons.

- Le bois était bizarre, gras.

- Quelqu’un le nourrit s’en doute encore. C’est du saindoux, je pense, ils ont coutume de l’enduire. "

Je m’installe sous la couverture. Le cocher ordonne au cheval de se mettre en route. Les contours de son dos disparaissent peu à peu dans le crépuscule.

" Ca se dégage, constate-t-il par dessus son épaule. On arrivera avant la nuit à Sodankylä. "

Les nuages se déchirent et l’air fraîchit. Je tire ma chapka sur les oreilles. Une à une, les étoiles les plus hautes apparaissent, soleils sûrement déjà éteints, nous éclairant d’une lumière qui n’existe plus.

Je souffle sur mes moufles et gratte la glace de mes sourcils. Les patins du traîneau crissent, preuve que nous touchons encore terre. Le cosmos est clair et profond, paré d’argent et du vert d’une aurore boréale. Nous y flottons. Le monde entier flotte. La sculpture de bois se dresse dans les tourbières parce qu’il faut pouvoir s’appuyer sur quelque chose face à l’infini du ciel.

Auteur: Kytömäki Anni

Info: Gorge d'or

[ littérature ] [ crépuscule ] [ périple ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste