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inspiration

Nuit d'insomnie. Homère. Et voiles qui se tendent.
Je n'ai lu qu'à moitié la liste des vaisseaux :
Cette longue nichée, cette nuée d'oiseaux
Qui d'Hellade un beau jour s'envolèrent en bande.

Flèche de grues dardée vers des terres lointaines
- Une divine écume couronnant les rois -,
Où voguez-vous ainsi ? Que serait pour vous Troie,
O mâles Achéens, s'il n'y avait Hélène ?

Et Homère, et les flots, tout est mû par l'amour.
Qui faut-il écouter ? Mais Homère se tait,
Et la mer a noirci, et près de mon chevet
Je l'entends qui déferle en pérorant toujours.

Auteur: Mandelstam Ossip

Info: In "Les poésies d'amour", éd. Circé, p. 31

[ épopée ] [ référence littéraire ] [ Grèce antique ] [ muse ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

femmes-par-femmes

La douceur de la peau, et la peau féminine la moins douce l'est toujours plus que celle d'un homme ; les seins, dont la peau est encore plus tendre et qu'il est si merveilleux de tenir dans ses paumes ; la taille, qui est toujours fluide, souple, quelle que soit sa finesse ; les muscles, qui ne sont jamais noués même s'ils sont puissants ; et puis surtout l'odeur, qui n'est pas celle des hommes, et cela même s'ils sortent du même bain. C'est cet ensemble qui fait toute la différence, qui fait qu'on désire ou qu'on ne désire pas.

Auteur: Monferrand Hélène de

Info: Journal de Suzanne

[ lesbienne ] [ sensualité ]

 

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deuil

Nous sommes retournés au salon, où la présence d’Alix demeurait inscrite dans chaque objet. Un cardigan de laine bleu pâle était encore accroché au dossier d’une chaise. J’ai déchiffré le titre du livre resté ouvert sur la tranche : Albertine disparue. Dans le jardin, que l’on voyait depuis la porte-fenêtre, des massifs de roses anciennes déployaient leurs nuances enflammées par l’été : blanches, crème, jaunes bordées de rose. J’ai effleuré du doigt la porcelaine de Sèvres, la théière posée sur la table basse. Une bouffée de chagrin m’est montée à la gorge à l’idée qu’Alix et moi ne boirions plus jamais de Darjeeling ensemble.

Auteur: Gestern Hélène

Info: L'odeur de la forêt

[ émotion ] [ absence ] [ objets ]

 

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parents

Il faut dire que ma mère n’a pas ce qu'il est convenu d'appeler un caractère facile. Elle est entière, angoissée, prompte à la colère. Sa violence pouvait, et peut encore, exploser en geysers pour une mauvaise note, une fourchette tombée à terre ou une paire de chaussures mal rangée. Ce qui ne l'a jamais empêchée d'être présente, et parfois affectueuse. Jacques, mon père, est tout l'inverse : peu démonstratif, une eau qui dort. Je lui sais cependant gré d'avoir toujours été là pour intervenir lorsque des mots tranchants, trop grands pour mon âge, commençaient à rebondir autour de la table.

Entre ces deux-là, mon enfance n'avait été ni heureuse ni malheureuse. Mais elle avait été longue.

Auteur: Gestern Hélène

Info: La part du feu

[ contrastés ] [ ennui ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

nihilisme

J’ai raison ! Le monde est devenu fou ! Vous pouvez regarder où vous voulez, sur tous les continents, on croirait assister à une orgie ! Pas besoin de faire le moindre geste pour manger, on vous le met directement dans la bouche ; pas besoin de faire le moindre mouvement, les robots de Domin arrangent tout. Nous l’humanité, le sommet de la vie, rien ne nous intéresse plus – ni les enfants, ni le travail, ni la misère ! Sauf une chose, bien sûr – les plaisirs, les jouissances, il en faut le plus possible et le plus vite possible ! Et vous voudriez des enfants ? Hélène, à quoi bon des enfants pour des hommes qui ne servent à rien ?

Auteur: Capek Karel

Info: R.U.R. in L’Homme fabriqué, récits de la création de l’homme par l’homme. Edition de Jean-Paul Engélibert, Garnier, 2000

[ saturation du désir ] [ absurde ] [ matérialisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

médias

Or il y a, j'en suis profondément persuadé, une incompatibilité absolue entre le journalisme et la littérature (...) Le public, entre son ignorance et la connaissance, ne peut pas supporter que tentent de s'interposer ceux qui savent vraiment. Il ne tolère que ceux qui savent à moitié, pour que leur discours soit légitimé devant lui par cette demi-ignorance qui lui permet de se reconnaître en eux. Le journalisme et le journaliste sont dès lors tout désignés, indispensables. Hélène Carrère d'Encausse est disqualifiée pour parler à huit heures des troubles de l'empire soviétique ; il faut absolument un Daniel Bilalian, dont il est clairement visible qu'il ne comprend pas ce qu'il dit, que le sens des mots qu'il emploie lui échappe, que les noms propres qu'il égrène ne correspondent dans son esprit à aucune réalité historique, géographique ou sensible.

Auteur: Camus Renaud

Info: L'Esprit des terrasses, p. 216

[ superficiels ]

 

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christianisme

En quel qu'endroit du monde que vous alliez, vous trouverez Jésus prêché, aimé, adoré... Je suis encore vivant et pourtant mes armées m'ont oublié: Alexandre, César, Charlemagne et moi-même avons fondé des empires, mais sur quoi avons-nous fait reposer notre pouvoir ? Sur la force, tandis que Jésus-Christ a fondé son empire sur l'amour, et des milliers d'hommes donneraient joyeusement à cette heure même leur vie pour lui.. L'union qui unit Jésus-Christ à ses rachetés est plus sacrée, plus impérieuse que quelque union que ce soit. Tous ceux qui croient sérieusement en lui ressentent cet amour surnaturel. Ils aiment quelqu'un qu'ils n'ont pas vu. C'est un fait inexplicable à la raison, impossible aux forces de l'homme; et pourtant il a été accompli. Voilà ce que j'admire au-dessus de toutes choses, moi, Napoléon; plus j'y pense, plus je suis absolument persuadé de la divinité du Christ...

Auteur: Bonaparte Napoléon

Info: le Mémorial de Ste Hélène

[ éloge ] [ croyance ]

 

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lecture

"Si ma vie avait dû s’arrêter à cet instant, je serais mort avec joie", s’exclama Dostoïevski.
Ainsi, ces mots ont fait leur lit dans mon cœur alors que j’avais à peine quinze ans. Ils ont épousé mon âme, ils l’ont entourée de milles attentions. Alors, dans des rendez-vous amoureux et passionnés, j’ai retrouvé Dostoïevski pendant des nuits entières, cachée sous mes draps avec pour seule lumière une lampe de poche. Dans ses romans que j’effeuillais selon l’ordre des pages et le désordre des passages, grâce à ses mots, guidée par son art si particulier de l’ellipse et de la parabole, je vérifiais que la douleur n’est pas le lieu de notre désir mais de notre certitude. Dostoïevski, à force d’exposer les cœurs désespérés d’éternité, me montrait jusqu’où peut aller l’amour de la vie dans les êtres profonds, nés pour la souffrance ; cet amour-là porte à tous les excès, que l’on appelle ailleurs des crimes selon le droit.

Auteur: Grimaud Hélène

Info: Variations sauvages

[ guide ] [ éloge ]

 

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écriture

L'art d'écrire est un art très futile s'il n'implique pas avant tout l'art de voir le monde comme un potentiel de fiction. Le matériau de ce monde peut être bien réel (pour autant qu'il y ait une réalité), mais n'existe aucunement en tant qu'intégralité acceptée comme telle : c'est un chaos, et à ce chaos l'auteur dit : "Va !" et le monde vacille et entre en fusion. Et voilà que se recombinent non seulement ses éléments visibles et superficiels, mais ses atomes mêmes. L'écrivain est le premier homme à en dresser la carte et à donner des noms aux objets naturels qu'il contient. Ces baies-là sont comestibles. Cette créature mouchetée qui a bondi sur mon chemin peut être domestiquée. Ce lac entre les arbres s'appellera le lac d'Opale, ou, plus artistiquement, le lac Lavasse. Cette brume est une montagne et cette montagne doit être conquise. Le grand artiste gravit une pente vierge et, arrivé au sommet, au détour d'une corniche battue par les vents, qui croyez-vous qu'il rencontre ? Le lecteur haletant et heureux. Tous deux tombent spontanément dans les bras l'un de l'autre et demeurent unis à jamais si le livre vit à jamais.

Auteur: Nabokov Vladimir

Info: In Littératures (1980), (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. " Bouquins ", 2010, partie Littératures I, Bons lecteurs et bons écrivains, p. 36

[ lecture ]

 

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pressentiment

Et peu importe que ce matin-là Hélène ait vu ou non, parmi la foule hurlante, les Juifs accroupis, à quatre pattes, forcés de nettoyer les trottoirs sous le regard amusé des passants. Peu importe qu'elle ait ou non assisté à ces scènes ignobles où on leur fit brouter de l’herbe. Sa mort traduit seulement ce qu'elle ressentit, le grand malheur, la réalité hideuse, son dégoût pour un monde qu'elle vit se déployer dans sa nudité meurtrière. Car au fond, le crime était déjà là, dans les petits drapeaux, dans les sourires des jeunes filles, dans tout ce printemps perverti. Et jusque dans les rires, dans cette ferveur déchaînée, Hélène Kuhner dut sentir la haine et la jouissance. Elle a dû entrevoir - en un raptus terrifiant -, derrière ces milliers de silhouettes, de visages, des millions de forçats. Et elle a deviné, derrière la liesse effrayante, la carrière de granit de Mauthausen. Alors, elle s'est vue mourir. Dans le sourire des jeunes filles de Vienne, le 12 mars 1938, au milieu des cris de la foule, dans l’odeur fraîche des myosotis, au cœur de cette allégresse bizarre, de toute cette ferveur, elle dut éprouver un noir chagrin.

Auteur: Vuillard Eric

Info: L'ordre du jour

[ prescience ] [ entre deux guerres ] [ prémonition ]

 

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Ajouté à la BD par miguel