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femmes-hommes

Ce monstrueux hasard à la base : l’homme qui est forcé de prendre une compagne pour la vie, alors qu’il n’y a pas de raison pour que ce soit celle-là plutôt qu’une autre, puisque des millions d’autres sont aussi dignes d’être aimées. L’homme qui est forcé par la nature de répéter à dix femmes les mêmes mots d’amour, y compris à celle qui lui est destinée, faux s’il le lui cache, cruel s’il le lui avoue. L’homme qui est forcé par la nature de tromper sa femme, avec tout ce qui s’ensuit de mensonges et de bassesse, malfaisant s’il laisse aller la nature, malheureux s’il la combat. La jeune fille qui devient enfant dans les larmes, et mère dans les gémissements. L’enfant, fait naturel, qui enlaidit et déforme la femme. L’acte soi-disant naturel par excellence, et qui ne peut être fait qu’à certaines époques, dans certaines conditions, avec certaines précautions. La terreur de l’enfant, ou la terreur de la maladie, comme un spectre au-dessus de chaque alcôve. L’acte soi-disant naturel par excellence entouré de toute une pharmacie qui le salit, l’empoisonne et le ridiculise. En vérité, quel homme, à condition qu’il réfléchisse un peu, ne se dira pas, lorsqu’il s’approche d’une femme, qu’il met le doigt dans un engrenage de malheurs, ou tout au moins un engrenage de risques, et qu’il provoque le destin ? Et cependant il le désire, la femme le désire, la société le désire, et la nature, si elle était capable de désirer quelque chose, le désirerait aussi, et tout cela est l’amour, qui est le fil de flammes qui retient le vivant à la terre, et suffirait à justifier la création.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Les jeunes filles (I/IV) : Les Jeunes filles

[ reproduction moteur ] [ hommes-par-hommes ]

 

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portraits de Napoléon

Le premier, maigre, sobre, d'une activité prodigieuse, insensible aux privations, comptant pour rien le bien être et les jouissances matérielles, ne s'occupant que du succès de ses entreprises, prévoyant, prudent, excepté dans les moments où la passion l'emportait, sachant donner au hasard, mais lui enlevant tout ce que la prudence permet de prévoir; tenace dans ses résolutions, connaissant les hommes, et le moral qui joue un si grand rôle à la guerre; bon, juste, susceptible d'affection véritable et généreux envers ses ennemis.

Le second, gras et lourd, sensuel et occupé de ses aises, jusqu'à en faire une affaire capitale, insouciant et craignant la fatigue, blasé sur tout, indifférent à tout, ne croyant à la vérité que lorsqu'elle se trouvait d'accord avec ses passions, ses intérêts et ses caprices, d'un orgueil satanique et d'un grand mépris pour les hommes, comptant pour rien les intérêts de l'humanité, négligeant dans la conduite de la guerre les plus simples règles de la prudence, comptant sur la fortune, sur ce qu'il appelait son "étoile", c'est à dire sur une protection toute divine. Sa sensibilité s'était émoussée, sans le rendre méchant; mais sa bonté n'était plus active, elle était toute passive. Son esprit était toujours le même, le plus vaste, le plus étendu, le plus profond, le plus productif qui fût jamais; mais plus de volonté, plus de résolution, et une mobilité qui ressemblait à de la faiblesse. Le Napoléon que j'ai peint d'abord a brillé jusqu'à Tilsitt: c'est l'apogée de sa grandeur et l'époque de son plus grand éclat. L'autre lui a succédé, et le complément des aberrations de son orgueil a été la conséquence de son mariage avec Marie-Louise.

Auteur: De Broc Hervé

Info: La Vie en France sous le Premier Empire.

[ personnage historique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

émerveillement

Lorsque je partis pour la Lune, j'étais un pilote d'essai, un ingénieur et un scientifique tout aussi pragmatique que n'importe lequel de mes collègues. [...] À maintes reprises, ma vie a reposé sur la validité de certains principes scientifiques et sur la fiabilité des technologies fondées sur ces mêmes principes. [...]

Mais pendant Apollo 14, mon expérience comporta un autre aspect qui est entré en contradiction avec mon attitude d'"ingénieur pragmatique". Le tout commença avec cette expérience étonnante qui consiste à voir la planète Terre flotter dans l’immensité de l’espace.

La première chose qui me vint à l’esprit lorsque je regardais la Terre fut son incroyable beauté. Les photos les plus spectaculaires sont très en deçà de la réalité. C’était un spectacle majestueux que ce magnifique joyau bleu et blanc sur un ciel de velours noir. Avec quelle paix, quelle harmonie merveilleuses elle semblait s’insérer dans le processus évolutionnaire qui sous-tend l'univers! J'eus alors une expérience paroxystique; la présence du divin devint presque palpable et je sus que la vie dans l’univers était autre chose qu'un accident du hasard. Ce savoir me vint directement, d’une façon noétique. Il n'avait rien à voir avec le raisonnement discursif ou l’abstraction logique. C’était une cognition expérientielle. C’était une connaissance acquise à travers une prise de conscience subjective et personnelle, mais qui était – et qui est toujours – tout aussi réelle que les données objectives sur lesquelles reposent, disons, le programme de pilotage ou le système de communication. Manifestement, l’univers avait un sens et une direction. Ce n’était pas perceptible par les organes sensoriels, mais c’était là quand même, une dimension invisible derrière la création visible, qui lui donne un dessein intelligent et qui donne un but à la vie.

Auteur: Mitchell Edgar

Info: “From Outer Space to Inner Space...,” ed. J. White (Putnam’s, 1976).

[ vue de l'espace ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

étymologie

Serendipity est donc ce substantif créé par l'irremplaçable Horace Walpole à partir d'un conte persan traduit au XVIe siècle, Le voyage et les aventures des trois princes de Serendip, où les héros se tirent toujours d'embarras en faisant appel à leur sens de l'observation plutôt qu'à la très complète formation intellectuelle dont ils ont bénéficié.

Bien que le mot évoque un peu la pitié dépitée, les Québécois ont adopté cette sérendipité - leurs ingénieurs lui préfèrent toutefois l'aimable fortuité - pour désigner les découvertes inattendues et dire en gros : " qui ne cherche pas trouve ".

La notion, fait cependant remarquer un observateur des nouvelles ressources, s'applique assez bien à l'exploration du réseau planétaire, en particulier, pourrait-on ajouter, quand on s'est escrimé de longues heures à tenter d'assimiler des écrans abscons en corps 6 et qu'une espèce d'état d'hypnose finit par vous persuader que la vérité est sous vos yeux. Il suffit alors de la faire cadrer avec la chaîne de raisonnement déjà en place dans votre esprit, en espérant que celle-ci sera encore là. Notre maxime électronique est-elle donc plutôt " qui cherche trouve autre chose " ?

Cela sonne assez merveilleux et rappelle un peu ce cher hasard objectif. Mais selon les gardiens de l'ordre établi tel Michael Gorman, le nouveau système serait une pioche idiote qui ne ramène que des snippets déracinés de tout contexte et sans valeur réelle alors que le catalogue traditionnel, en cartes, puis informatisé, impliquait de connaître la signification globale d'un ouvrage au complet. Pieds nus et en chemise, nous serions donc en train d'embarquer pour la galaxie de l'information foisonnante en renonçant d'emblée à la comprendre et à la dominer. C'est Alzheimer effaçant Gutenberg, ronchonne l'imprécateur resté sur le tarmac.

Auteur: Polastron Lucien Xavier

Info: La Grande Numérisation : Y a-t-il une pensée après le papier ? p. 97

[ Murphy ] [ désordre ] [ évolution ] [ perdu ] [ lecture ] [ historique ] [ synonyme ]

 

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oser

Deux routes divergeaient dans un bois jaune,
Et je regrettai de ne pouvoir prendre les deux
Et, unique voyageur, je suis resté longtemps
Et ai regardé aussi loin que possible
Là où ils se fondent dans les sous-bois ;

Puis j'ai pris l'autre, tout aussi bien,
Peut-être la meilleure alternative,
Parce qu'herbeux il voulait être pris ;
Bien que comme passages de cet endroit
Je les percevais comme similaires,

Donc ce matin-là, ils se présentaient égaux
Dans leurs feuilles sombres, aucune trace de pas.
Oh, j'ai gardé le premier pour un autre jour !
Maintenant sachant qu'une voie mène à une autre,
Je doutais pouvoir y revenir un jour.

Je devrai le dire avec un soupir
Quelque part, à des âges et des âges d'ici :
Deux routes divergeaient dans un bois, et je...
J'ai pris le moins fréquenté,
Et ça a fait toute la différence.

*******

Two roads diverged in a yellow wood,
And sorry I could not travel both
And be one traveler, long I stood
And looked down one as far as I could
To where it bent in the undergrowth;

Then took the other, as just as fair,
And having perhaps the better claim,
Because it was grassy and wanted wear;
Though as for that the passing there
Had worn them really about the same,

And both that morning equally lay
In leaves no step had trodden black.
Oh, I kept the first for another day!
Yet knowing how way leads on to way,
I doubted if I should ever come back.

I shall be telling this with a sigh
Somewhere ages and ages hence:
Two roads diverged in a wood, and I—
I took the one less traveled by,
And that has made all the difference.

Auteur: Frost Robert

Info: Selected Poems. The Road Not Taken. Trad Mg

[ risquer ] [ choisir ] [ hasard ]

 
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dialogue de sourds

- L’oncle, j’ai une mauvaise nouvelle à vous apprendre…
M. Elie leva la tête vivement, écarquilla les yeux, montrant toutes ses prunelles pâles.
- Quoi donc ?
- Il y a une nouvelle dette dans la succession et quand elle sera payée, je n’aurai plus que deux mille francs.
M. de Coëtquidan respira. C’est une singulière façon de s’exprimer, propre à l’espèce des MM. de Coantré, que parler à un tiers de "mauvaise nouvelle", quand cette nouvelle n’est mauvaise que pour soi.
- A vrai dire, dit M. de Coantré, il n’est pas encore sûr qu’on paye. Il faut que je recherche dans mes papiers. Si par hasard je retrouvais…
- Hon, voilà Minine ! dit M. Elie. Il veut rentrer.
Il avait entendu miauler derrière la porte de la maison. Il se leva et alla ouvrir au chat, auquel il donna quelques morceaux, dépeçant bravement la viande avec ses doigts, à la marocaine.
- Oui, reprit M. de Coantré, il se peut que la trouvaille que j’avais faite de la lettre de M. d’Aumagne, qui, si elle avait été conçue en termes…
- Hon, Minine ! Vous voulez sortir ?
Le chat, en effet, était retourné vers la porte, et miaulait, pour sortir à présent. Ces chats de la maison Arago tenaient de l’homme : ils voulaient sans cesse être où ils n’étaient pas. Aussi M. de Coëtquidan, esclave passionné de leurs moindres désirs, était-il toujours à ouvrir une porte quelque part, et la phrase : "Il veut rentrer. Il veut sortir", avait même tourné à la scie entre Mme de Coantré, Léon et Mélanie. Remarquons, en passant, que M. de Coëtquidan disait vous aux chats, ce qui a assez grand air. Disait-on vous aux chats à la cour de Louis XIV ?

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, pages 113-114

[ homme-animal ] [ indifférence ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

cobaye

Avant cela, j'ai eu un autre ami. Un artiste. Il peignait. Nous voulions également nous marier. Tout allait bien jusqu'au jour où je l'ai entendu, par hasard, parler au téléphone avec un ami. Je suis entrée dans son atelier alors qu'il criait dans le combiné: "Quelle chance! Tu ne te rends même pas compte de la chance que tu as!" C'était surprenant de le voir aussi agité, lui qui était tellement calme et flegmatique d'habitude. J'ai vite compris ce qui motivait son enthousiasme. Son copain habitait dans un foyer d'étudiants et, dans une pièce voisine, il venait de voir une jeune fille qui s'était pendue. Il l'avait décrochée. Et mon ami me racontait cela avec des trémolos d'excitation dans la voix: "Tu ne peux pas t'imaginer ce qu'il a vu! Ce qu'il a vécu! Il l'a portée dans ses bras! Il a touché son visage... Elle avait de l'écume aux lèvres... Viens! Viens vite, on arrivera peut-être à temps pour la voir!" Il n'a pas eu la moindre compassion pour la fille morte. Il voulait juste la voir et la graver dans sa mémoire pour la dessiner... Je me suis aussitôt rappelé les questions qu'il me posait: quelles étaient les couleurs de l'incendie de la centrale, si j'avais vu des chiens et des chats abattus, dans les rues, comment les gens pleuraient, si j'en avais vu mourir... Après cela, je n'ai pas pu rester avec lui... (Après un silence.) Je ne sais pas si je serai d'accord pour vous revoir. Il me semble que vous me percevez de la même manière que lui. Que vous m'observez, tout simplement. Que vous essayez de garder mon image, comme pour une expérience... Je ne peux pas me défaire de cette impression. Je ne le pourrai plus...

Auteur: anonyme

Info: Témoignage de Katia P. recueilli par Svetlana Alexievitch dans La Supplication, Tchernobyl, chronique du monde après l'apocalypse

[ froideur ]

 

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interactions

A Chloé, grande ville, les gens qui circulent dans les rues sont tous des inconnus. À chaque rencontre, ils imaginent mille choses les uns sur les autres ; des rencontres qui pourraient avoir lieu entre eux, des conversations, des surprises, des caresses, des morsures. Mais personne ne salue personne ; les yeux se bloquent une seconde, puis s'éloignent, cherchent d'autres yeux, ne s'arrêtent jamais. Une jeune fille s'avance, qui fait tournoyer une ombrelle sur son épaule, faisant aussi légèrement tournoyer ses hanches arrondies. Une femme en noir déboule, affichant son âge, yeux agités sous son voile, lèvres tremblantes. Un géant tatoué arrive ; un jeune homme aux cheveux blancs ; une femme naine ; deux filles, des jumelles, habillées de corail. Quelque chose court entre eux, échanges de regards comme des lignes qui relient une figure à une autre et dessinent des flèches, des étoiles, des triangles, jusqu'à ce que toutes les combinaisons soient épuisées en un instant, alors que d'autres personnages entrent en scène : un aveugle avec un guépard en laisse, une courtisane avec un éventail à plumes d'autruche, un éphèbe, une grosse femme. Et ainsi, lorsque quelques personnes se trouvent par hasard réunies, s'abritant de la pluie sous une arcade, ou se pressent sous un auvent de bazar, ou arrêtées pour écouter des musiciens, des rencontres, séductions, copulations, des orgies se consomment entre elles sans qu'un mot soit échangé, sans qu'un doigt ne touche quoi que ce soit, presque sans qu'un œil soit levé.

Une vibration voluptueuse agite constamment Chloé, la plus chaste des villes. Si les hommes et les femmes commençaient à vivre leurs rêves éphémères, chaque fantôme deviendrait une personne avec laquelle débuter une histoire de poursuites, de faux-semblants, de malentendus, de heurts, d'oppressions, et le carrousel des fantasmes s'arrêterait.

Auteur: Calvino Italo

Info: Villes invisibles

[ foule ] [ mégapole ] [ rapports humains ] [ fugacité ] [ potentialités ] [ anonymat ] [ cité imaginaire ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

santé marchandisée

"Les théories transhumanismes reposent sur des conceptions très matérialistes du corps, de la conscience...", oppose pour sa part Edouard Kleinpeter, ingénieur de recherche Centre national français de la recherche scientifique (CNRS). "Pour eux, il n'y a pas de différence de nature entre un cerveau et un microprocesseur". 

Or "l'être humain n'est pas uniquement une idée ou un esprit, mais un être de chair, fait de cellules vivantes, de vaisseaux remplis de sang nourricier ", s'insurge Jean Mariani, neurobiologiste auteur du livre "Ça va pas la tête !".

Approche marchande des Gafa

Autre problème, selon Nathanaël Jarrassé : ceux qui martèlent que les technologies vont sauver l'humanité sont parfois aussi ceux qui les vendent, comme les Gafa. Le corps humain représente pour eux un nouveau marché.  

"Il ne faudrait pas que des décisions politiques, stratégiques ou économiques soient prises en fonction [...] des intérêts économiques de sociétés qui promettent un futur de science-fiction, d'entreprises en démarrage qui vantent des produits incroyables", ajoute le chercheur, jugeant que "cela pourrait indirectement faire dériver la recherche des vrais besoins".

"Le transhumanisme est davantage le reflet de l'homme d'aujourd'hui que celui du futur", analyse Edouard Kleinpeter : "un mélange de toute puissance du fait des avancées techniques et de rejet de la fragilité et du hasard lié au fait que nous sommes des êtres biologiques et que nous vivons en société".  

Mais une chose semble mettre tout le monde d'accord : la nécessité de réfléchir sur le futur que nous voulons, sur la place que nous jugeons bon de laisser aux technologies.  

"Le monde est de plus en plus inégalitaire. Cette technologie est le privilège d'un petit groupe de personnes très riches. Je crains qu'elles l'utilisent pour s'enrichir davantage. Voulons-nous ce genre d'avenir ?", s'interroge Blay Whitby.

Auteur: Internet

Info: Laurence Coustal. Afp, décembre 2018

[ humain amélioré ] [ question ]

 

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hyperfestivité

La société de l'autonomie individuelle sécrète des solitaires dépressifs. Le processus est multiforme. L'individu, plus que jamais confronté à l'obligation de faire des choix en permanence, se sent pleinement responsable de ses échecs. Ce n'est évidemment pas un hasard si l'existentialisme s'est développé au moment de la révolution de l'autonomie : l'homme s'éprouve comme pure liberté, comme existant, élaborant son essence dans l'angoisse. L'individu a en outre le devoir de "s'accomplir". Dans une société où tout est affaire de séduction, il faut savoir se vendre, faire preuve de motivation, de dynamisme, donner une image positive de soi. Le culte du look et du corps, la hantise des signes de vieillissement et des traits disgracieux sont une obsession supplémentaire. Il faut à la fois être différent et reconnu de ses pairs. Et toutes ces obligations sont beaucoup plus pesantes que ne l'étaient les règles sociales d'autrefois, qui ne requéraient qu'obéissance et conformisme.

Aux contraintes de la société du narcissisme s'ajoutent les contraintes et frustrations de la société de consommation qui, pour écouler une production de masse, a besoin de consommateurs isolés. Tous pareils et tous différents. Créer des besoins massifs en profondeur et encourager la personnalisation superficielle ; faire croire à chacun qu'il est unique, tout en le réduisant à l'état de clone indifférencié. Pour cela, créer un climat hédoniste, encourageant la satisfaction immédiate des besoins et abolissant les interdits, ce qui suppose la disparition des valeurs transcendantales et de toute idée d'un sens de l'existence ; instaurer la liberté de choix, privilégier l'initiative individuelle, la nécessité pour chacun de s'affirmer, de se faire une place.

L'atmosphère euphorique est entretenue par les fêtes, célébrations, jeux, animations, émissions centrés sur le narcissisme. Tous ces éléments combinés créent un climat propice à une prise de conscience de la solitude individuelle.

Auteur: Minois Georges

Info: Histoire de la solitude et des solitaires, XXe siècle

[ vingtième siècle ] [ psycho-sociologie ] [ individualisme ] [ développement personnel ]

 
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