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remède

Ne buvez-vous pas? Je remarque que vous parlez légèrement de la bouteille. Je bois depuis que j'ai quinze ans et peu de choses m'ont donné plus de plaisir. Lorsque vous travaillez dur toute la journée avec votre tête et que vous savez que vous devrez travailler à nouveau le lendemain quoi d'autre que le whisky peut vous changer les idées et les faire courir sur un plan différent? Lorsque vous avez froid et êtes mouillés quoi d'autre peut vous réchauffer? Avant une attaque qui peut dire quoi que ce soit qui vous donne un bien-être momentané meilleur que le rhum? ... Le seul moment où ce n'est pas bon c'est lorsque vous écrivez ou quand vous vous battez. Ce que vous devez faire froidement. Mais l'alcool m'a toujours été utile pour tirer. La vie moderne, pareillement, est souvent une oppression mécanique et la liqueur en est le seul soulagement mécanique.

Auteur: Hemingway Ernest

Info:

[ drogue ]

 

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déception

Toute ma vie, j’avais désiré devenir écrivain, mais maintenant que je tenais le bon bout, rien ne venait. Il n’y avait ni corridas, ni matches de boxes, ni jeunes señoritas. Il n’y avait même pas d’inspiration. J’étais refait. Je n’arrivais pas à écrire un mot et ils m’avaient acculé dans un coin. Voilà, il n’y avait plus qu’à attendre la mort. Pourtant, j’avais toujours vu les choses différemment. L’écriture, je veux dire. Peut-être à cause du film de Leslie Howard. Ou des biographies de Hemingway, ou de D. H. Lawrence. Ou de Jeffers. On peut se mettre à écrire pour toutes sortes de raisons. Après, on écrit un peu. On rencontre quelques écrivains. Des bons et des mauvais. Tous ont la cervelle en compote. Suffit de discuter cinq minutes avec eux pour s’en apercevoir. Il n’y a qu’un grand écrivain tous les cinq cent ans, tu n’étais pas celui-là, et je suis prêt à parier gros qu’eux non plus.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Au sud de nulle part" page 176

[ page blanche ] [ identité publique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivains

... Pour vous orienter, inutile de lire Marx, trop desséché, comme came. ne vous branchez, s'il vous plaît que sur l'esprit. Marx, ce sont les chars à Prague. ne vous égarez pas sur cette voie de garage. Plongez vous en priorité dans Céline, le plus grand écrivain depuis 2000 ans, mais bien sûr sans négliger L'ETRANGER de Camus, que vous ferez suivre par CRIME ET CHATIMENT et LES FRERES KARAMASOV, tout Kafka également, ainsi que les bouquins du méconnu John Fante. ajoutez-y les nouvelles de Tourgeniev, évitez Faulkner, Shakespeare, et surtout George Bernard Shaw, la plus abominable baudruche de notre Ère, un authentique con doré sur tranche qui ne s'est - promis - juré - imposé que grâce à ses relations politiques et littéraires. Pour les contemporains, le seul qui me vienne à l'esprit et qui était parti pour tout casser mais qui s'est traîné à plat ventre quand on le lui a demandé, c'est Hemingway. Reste qu'entre Shaw et Hemingway, il y a un gouffre : Hemingway a réussi dans ses début quelques bons trucs alors que Shaw a, sa vie durant, aligné les stupidités vaniteuses et soporifiques.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Journal d'un gros dégueulasse, Le livre de poche, p. 101

[ littérature ] [ hiérarchie ] [ vacherie ]

 

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déception

J’ai continué à écrire non parce que je me trouvais bon mais parce que les autres me paraissaient si mauvais, y compris Shakespeare, tous ces gars. Le formalisme guindé, comme l’impression de mâcher du carton. J’étais un peu paumé quand j’avais 16, 17, 18 ans, alors je suis allé à la bibliothèque et il n’y avait rien à lire. J’ai parcouru tous les rayons, tous les livres. Ensuite je suis retourné dans la rue et j’ai vu le premier visage, les immeubles, les bagnoles, tout ce qui avait été dit dans les livres n’avait rien à voir avec ce qui se trouvait sous mes yeux, c’était une imitation, une farce. Personne pour me venir en aide. Hegel, Kant… Un branleur du nom d’André Gide… Des noms, des noms, et des baudruches. Keats, quel sac à merde. Rien à sauver. J’ai commencé à voir quelque chose en Sherwood Anderson. Il a failli me montrer la voie, il était stupide et maladroit, mais il te laissait combler les vides. Impardonnable. Faulkner était aussi bidon qu’un tas de cire. Hemingway a démarré très fort, puis il a commencé à se tripoter la nouille et s’est transformé en cette grosse machine qui te pétait à la gueule. Céline a écrit un livre immortel qui m’a fait rire pendant des jours et des nuits (Voyage), ensuite il a viré vieille mémère en colère.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Sur l'écriture", lettre à David Evanier, fin 1972

[ vacheries ] [ littérature ] [ fiction-réalité ] [ écrivains ] [ éloges ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

beaux-arts

Le style est la réponse à tout.

L’approche neuve d’une chose terne et dangereuse.

Mieux vaut faire une chose terne avec du style qu’une chose dangereuse sans style.

Faire une chose dangereuse avec style, c’est ça l’art.



La tauromachie peut être un art.

La boxe peut être un art.

Faire l’amour peut être un art.

Ouvrir une boîte de sardines peut être un art.



Rares sont ceux qui ont du style.

Rares sont ceux qui peuvent le garder.

J’ai vu des chiens avoir plus de style que les hommes.

Bien que peu de chiens aient du style.

Les chats en ont à profusion.



Hemingway se faisant gicler la cervelle contre le mur au calibre 12, ça c’est du style.

Quelquefois les gens vous donnent du style.

Jeanne d’Arc avait du style.

Jean-Baptiste,

Jésus,

Socrate,

César,

Garcia Lorca.



J’ai connu en prison des gens qui avaient du style.

J’en ai connus plus en prison que hors de prison.

Le style, c’est une différence. Une façon de faire, une façon d’être.

Six hérons juchés sur leurs pattes dans un étang…

ou vous, qui sortez nu des chiottes, sans me voir.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Mockingbird, Wish Me Luck (Oiseau moqueur, souhaite-moi bonne chance) (1972) Traduction ? merci aux contributeurs si jamais

[ manière ] [ homme-animal ] [ poème ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

itérations linguistiques

REPETITION. Nabokov signale qu'au commencement d'Anna Karénine, dans le texte russe, le mot 'maison' revient huit fois en six phrases et que cette répétition est un artifice délibéré de la part de l'auteur. Pourtant, dans la traduction française, le mot 'maison' n'apparaît qu'une fois, dans la traduction tchèque pas plus de deux fois. Dans le même livre : partout où Tolstoï écrit 'skazal' (dit), je trouve dans la traduction proféra, rétorqua, reprit, cria, avait conclu, etc. Les traducteurs sont fous des synonymes. (Je récuse la notion même de synonyme : chaque mot a son sens propre et il est sémantiquement irremplaçable). Pascal : 'Quand dans un discours se trouvent des mots répétés et qu'essayant de les corriger on les trouve si propres qu'on gâterait le discours, il faut les laisser, c'en est la marque.' La richesse du vocabulaire n'est pas une valeur en soi : chez Hemingway c'est la limitation du vocabulaire, la répétition des mêmes mots dans le même paragraphe qui font la mélodie et la beauté de son style. 

Le raffinement ludique de la répétition dans l'incipit d'une des plus belles proses françaises : 'J'aimais éperdument la Comtesse de… ; j'avais vingt ans et j'étais ingénu ; elle me trompa, je me fâchai, elle me quitta. J'étais ingénu, je la regrettai ; j'avais vingt ans, elle me pardonna : et comme j'avais vingt ans, que j'étais ingénu, toujours trompé, mais plus quitté, je me croyais l'amant le plus aimé, partant le plus heureux des hommes…' Vivant Denon : Point de lendemain. 

(Voir : LITANIE.)

Auteur: Kundera Milan

Info: L'Art du roman

[ spécificités ] [ intraduisible ] [ idiomes musiques ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

lectures

Je lus tous les livres de D.H. Lawrence. Cela m'amena à d'autres. Cela m'amena à H.D. la poétesse. Et puis à Huxley - le plus jeune, l'ami de Lawrence. Tous ces livres qui m'arrivaient dessus ! Un livre conduisait à un autre. Arriva Dos Passos. Pas très bon, non, vraiment, mais assez bon quand même. Il me fallut plus d'une journée pour avaler sa trilogie sur les U.S.A. Dreiser ne me fit rien. Mais Sherwood Anderson, alors là, si ! Et puis ce fut Hemingway. Quels frissons ! En voilà un qui savait pondre ses lignes. Quel plaisir ! Les mots n'étaient plus ternes, les mots étaient des choses qui pouvaient vous faire chantonner l'esprit. Il suffisait de les lire et de se laisser aller à leur magie pour pouvoir vivre sans douleur et garder l'espoir, quoi qu'il arrive.

Mais retour à la maison

"EXTINCTIONS DES FEUX ! " hurlait mon père.

C'était les Russes que je lisais maintenant, Gorki et Tourgueniev. Mon père avait pour règle que toutes les lumières devaient être éteintes à huit heures du soir : il voulait pouvoir dormir pour être frais et dispo au boulot le lendemain. A la maison il ne parlait que de ça. Il en causait à ma mère dès l'instant où il franchissait la porte et jusqu'au moment où ils s'endormaient enfin. Il était fermement décidé à monter dans la hiérarchie.

"Bon alors, maintenant, ça suffit, ces putains de bouquins ! Extinction des feux !"

Pour moi, tous ces types qui débarquaient dans ma vie du fin fond de nulle part étaient la seule chance que j'avais d'en sortir. C'étaient les seuls qui savaient me parler.

"D'accord ! D'accord !" lui répondais-je.

Après quoi, je prenais la lampe de chevet, me faufilait sous la couverture, y ramenais l'oreiller et continuais de lire mes dernières acquisitions en les appuyant contre l'oreiller, là, en plein sous la couvrante. Au bout d'un moment, la lampe se mettait à chauffer, ça devenait étouffant et j'avais du mal à respirer. Je soulevais la couverture pour reprendre un bol d'air.

"Mais qu'est-ce qui se passe ? Ca serait-y que je verrais de la lumière ? Henry, tu m'éteins tout ça !"

Je rabaissais la couverture à toute vitesse et attendais le moment où mon père se mettait à ronfler.

Tourgueniev était un mec très sérieux mais qui arrivait à me faire rire parce qu'une vérité sur laquelle on tombe pour la première fois, c'est souvent très amusant. Quand en plus la vérité du monsieur est la même que la vôtre et qu'il vous donne l'impression d'être en train de la dire à votre place, ça devient génial.

Je lisais mes livres la nuit, comme ça, sous la couverture et à la lumière d'une lampe qui chauffait. Tous ces bons passages, je les lisais en suffoquant. Pure magie.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Souvenirs d'un pas grand-chose

[ enfance ] [ hiérarchie ] [ réflexivité ] [ littérature ] [ écrivains ]

 

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