Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 99
Temps de recherche: 0.0628s

judaïsme

Les juifs, par contre, influencés par le genre d'affaire et le passé de leur nation, s'attendent à tout sauf à être crus: examiner à cet égard leurs savants; ils font tous grand cas de la logique, c'est-à-dire de l'art de forcer l'approbation par des raisons; ils savent qu'ils vaincront fatalement avec elle, même quand ils se heurteront à des répugnances ethniques ou sociales et quand on ne voudra les croire qu'à contrecoeur. Rien n'est en effet plus démocratique que la logique : elle n'a pas égard aux personnes et met les nez crochus dans le même sac que les droits. (L'Europe, soit dit en passant, ne doit pas aux Juifs mince reconnaissance en ce qui concerne la logique et l'habitude de la propreté intellectuelle; surtout les Allemands, déraisonnable race, auxquels il faut toujours commencer par "laver la tête". Partout où les Juifs ont acquis de l'influence ils ont enseigné à distinguer plus finement, à conclure plus rigoureusement, à écrire plus clairement et plus proprement: ils ont toujours eu pour tâche de mettre les peuples "à la raison").

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info: Le gai savoir, 1882, p.298

[ éloge ] [ rationalisme ] [ égalité ]

 

Commentaires: 0

discours scientifique

La science moderne, avec sa négation de fait ou de principe de tout ce qui est réellement fondamental, et son refus subséquent de la "seule chose nécessaire", est comme une planimétrie qui n’aurait aucune notion des autres dimensions ; elle s’enferme dans la seule réalité - ou irréalité - physique en y accumulant un énorme savoir, mais aussi en engageant sa responsabilité dans des conjectures de plus en plus exigeantes. Partant de l’illusion que la nature finira par se livrer en entier et à se laisser réduire à quelque formule mathématique ou autre, cette science prométhéenne se heurte partout à des énigmes qui démentent ses postulats et qui apparaissent comme des fissures imprévues dans son système édifié à grand-peine ; ces fissures, on les plâtre avec des hypothèses nouvelles, et le cercle infernal continue sans freins, avec les menaces que l’on sait. Certaines de ces hypothèses, tel l’évolutionnisme, deviennent pratiquement des dogmes en raison de leur utilité, sinon de leur vraisemblance ; cette utilité n’est pas seulement scientifique, elle peut être également philosophique, voire politique suivant les cas.

Auteur: Schuon Frithjof

Info: Dans "Logique et transcendance", éditions Sulliver, 2007, page 69

[ limites ] [ dangers ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

sens dévoyé

Car celui qui use des mots pour toucher autrui se heurte en eux à une société qui tend à imposer son ordre avec son langage. En prétendant m’exprimer ainsi personnellement sur la liberté, je me heurterai constamment à une sourde résistance qui pèsera sur le sens que j’essaye de lui rendre. Il est donc nécessaire, dès le niveau du langage, de commencer par où commence tout acte libre, par la prise de conscience de la détermination. Pour retrouver le sens originel du terme, je dois soumettre à l’exorcisme de la conscience le contenu fallacieux, produit de l’inconscient collectif d’une époque. Acte de liberté, ce combat ne pourra jamais être livré une fois pour toutes.

La crise du langage reflète celle de la société. La puissance qui tend à vider ce terme de liberté de son contenu est celle d’un monde qui tend à la détruire – soit que le plus grand nombre n’éprouve plus dans sa vie ce qu’il veut dire, soit que pour quelques-uns la menace rende la liberté si vraie qu’elle en devient indicible.

Auteur: Charbonneau Bernard

Info: Dans "Je fus", R&N Éditions, 2021, pages 32-33

[ parole creuse ] [ élagage signifiant ] [ sémantique désamorcée ]

 
Mis dans la chaine
Commentaires: 4
Ajouté à la BD par Coli Masson

littérature

Il était sur le point de s'endormir quand, soudain, il vit briller dans la nuit la petite lucarne de sa radio qu'il avait oublié de fermer. Il se redressa et, machinalement, il fit passer d'un poste à l'autre l'aiguille de métal qui boucla le tour du cadran sans se heurter au moindre son, pas même un parasite. Il allait fermer le poste quand soudain l'aiguille se buta à une voix. L'homme s'étonna: il n'avait jamais obtenu le moindre programme sur cette longueur d'ondes.
- Cher auditeur... dit la voix.
De cela, l'homme était certain : la voix n'avait pas fait mention des chers auditeurs. Cher auditeur, avait-elle dit. Et cette voix ne semblait pas appartenir au monde des spectacles et diffusions. Elle n'en avait pas la sonorité classique, il lui manquait une certaine onctuosité, un certain pouvoir rassurant. Elle sonnait sèche, personnelle. Le ton était distant, neutre, légèrement froid.
- Cher auditeur, dit la voix sans aucun effet oratoire, il est maintenant zéro heure, zéro minute, zéro seconde. Votre programme est terminé. Nous vous donnons rendez-vous demain matin dans un autre monde.
L'homme, en effet, ne passa pas la nuit.

Auteur: Sternberg Jacques

Info: Contes glacés, Le Communiqué

[ mort ] [ annonce ]

 

Commentaires: 0

printemps

Un grand souffle chaud parcourt depuis huit jours la vallée de Chamonix. Venant d'Italie, le vent s'engouffre dans le corridor de la mer de Glace, vient heurter les raides pentes herbeuses de l'aiguille à Bochard, puis retombe comme une haleine tiède sur les étroites prairies qui bordent l'Arve, faisant éclore brusquement en une nuit l'admirable flore alpestre. Chaque jour la vieille neige de l'hiver recule, monte, se réfugie dans les alpages, puis plus haut dans les grands couloirs et dans les glaciers... On peut suivre cette progression du printemps : c'est comme un immense assaut que donne la nature à la montagne. Les forêts toutes rougies par les gels et les tourments reverdissent de jeunes pousses d'un vert très tendre, mais plus haut, vers les deux mile, tout est encore brûlé. Les névés fondent les uns après les autres, laissant sur le paysage une tache rougeâtre. On dirait une plaie mal guérie ; cela fait comme une croûte qu'on aurait arrachée et qui laisserait dessous le ton plus clair de la peau mal formée. Puis, ces plaies des alpages se cicatrisent à leur tour, verdissent, et le gazon dru des altitudes vient unifier la teinte fraîche de la montagne.

Auteur: Frison-Roche Roger

Info: Premier de cordée

 

Commentaires: 0

savoirs

Les "sciences humaines" ne sont des sciences que par une flatteuse imposture. Elles se heurtent à une limite infranchissable, car les réalités qu'elles aspirent à connaître sont du même ordre de complexité que les moyens intellectuels qu'elles mettent en oeuvre. De ce fait, elles sont et seront toujours incapables de maîtriser leur objet.

Jusqu'au XIXe siècle au moins, la chance des sciences "dures" a été que leurs objets furent considérés comme moins complexes que les moyens dont l'esprit dispose pour les étudier. La physique quantique est en train de nous apprendre que cela n'est plus vrai et qu'à cet égard une convergence apparaît entre les différentes sciences (ou prétendues telles). Seulement, même si les réalités dernières du monde physique sont inconnaissables, le physicien parvient à découvrir entre elles des rapports exprimables en termes mathématiques, et dont des expériences lui permettent de démontrer l'exactitude.

Pour nous autres des sciences humaines, ces expériences sont hors de portée. Aussi, quand nous nous efforçons - et c'est le sens de l'entreprise structuraliste - de substituer, à la connaissance illusoire de réalités impénétrables, la connaissance - possible, celle-ci - des relations qui les unissent, nous en sommes réduits aux tentatives maladroites et aux balbutiements. 

Auteur: Lévi-Strauss Claude

Info: Le Monde, 8 octobre 1991.

[ rationalisme miroir ] [ limitation cognitive ] [ solipsisme anthropique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

art d'écrire

Je ne médirai jamais de la critique littéraire. Car rien n'est pire pour un écrivain que de se heurter à son absence. Je parle de la critique littéraire en tant que méditation, en tant qu'analyse ; de la critique littéraire qui sait lire plusieurs fois le livre dont elle veut parler (comme une grande musique qu'on peut réécouter sans fin, les grands romans aussi sont faites pour des lectures répétées) ; de la critique littéraire qui, sourde à l'implacable horloge de l'actualité, est prête à discuter les oeuvres nées il y a un an, trente ans, trois cents ans ; de la critique littéraire qui essaie de saisir la nouveauté d'une oeuvre pour l'inscrire ainsi dans la mémoire historique. Si une telle méditation n'accompagnait pas l'histoire du roman, nous ne saurions rien aujourd'hui ni de Dostoïevski, ni de Joyce, ni de Proust. Sans elle toute oeuvre est livrée aux jugements arbitraires et à l'oubli rapide. Or, le cas de Rushdie a montré (s'il fallait encore une preuve) qu'une telle méditation ne se pratique plus. La critique littéraire, imperceptiblement, innocemment, par la force des choses, par l'évolution de la société, de la presse, s'est transformée en une simple (souvent intelligente, toujours hâtive) information sur l'actualité littéraire.

Auteur: Kundera Milan

Info: Les Testaments trahis

[ appréciation ] [ opinion ] [ recensions ] [ diachronie ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

libéralisme roi

Ce n’est pas un hasard si la pensée post-moderne s’est déployée, depuis les années 1980, très exactement en parallèle avec le capitalisme spéculatif et si elle fait figure aujourd’hui de "critique officielle" dans les départements universitaires de sciences sociales ou humaines. Les vrais dissidents, remarquez-le, ne passent jamais à la télé et n’ont pas de postes dans les universités. Quant aux idéologies qui s’affichent comme contestataires, tel le marxisme de jadis et ce qu’il en reste, ou tel encore le néo-conservatisme et l’écologisme, elles se heurtent à la puissante muraille que dresse devant elles l’esprit malin du capitalisme spéculatif : la dynamique radicalement progressiste qui l’anime. Car spéculer, c’est croire résolument en l’avenir, c’est être optimiste quant aux moyens que nous trouverons pour résoudre les problèmes du moment, c’est parier sur un futur meilleur et y investir dès aujourd’hui, c’est croire que l’homme lui-même peut être amélioré, augmenté.

- Quelle idéologie peut faire le poids et promettre un avenir radieux face à cette déferlante "progressiste" ?

Aucune, et c’est pourquoi soit elles sont absorbées par le capitalisme spéculatif dont elles deviennent un relais de croyance – comme l’écologie devenue l’"économie verte" par exemple –, soit elles sont soupçonnées de tourner le dos au "progrès" – comme le néo-conservatisme –, et elles deviennent son ennemi-repoussoir le plus efficace.

Auteur: Gomez Pierre-Yves

Info: Interviewé par Thibault Isabel sur l'inactuelle.fr

[ récupération capitalistique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

rapports humains

C'est selon l'ordre des affections que le caractère se forme ; c'est dans le cercle de la famille et des amitiés qu'il se fixe ; par les jugements ; cela se voit ; cela saute aux yeux. On se demande si l'effet des reproches, et même leur fin, n'est pas de nous rappeler à notre caractère, et de nous mettre en demeure de faire exactement ce mélange de bien et de mal que l'on attend de nous. Votre jeu est de mentir, et je vous le rappelle en annonçant que je ne vais pas croire un mot de ce que vous direz. Mais l'autre, par sa manière de dire le vrai comme si c'était faux, me somme à son tour d'être défiant. On fuit le brutal ; cela attire les coups, et en quelque façon les aspire, par ce vide promptement fait. Il est presque impossible que celui qui est réputé paresseux s'élance pour rendre service, car l'espace lui manque ; tout est fermé autour de lui ; nul n'attend rien de lui. Il ne trouve point passage. Il se heurte, il importune, dans le moment où il devrait servir. "Toujours le même, dit-on de lui ; les autres ne sont rien pour lui." Il le croit, il se le prouve, par la peur de se l'entendre dire.

Auteur: Alain

Info: Les idées et les âges <p.266>

[ psychologie ]

 

Commentaires: 0

wu-wei

Entre toutes les choses plus ou moins incohérentes qui s’agitent et se heurtent présentement, entre tous les “mouvements” extérieurs de quelque genre que ce soit, il n’y a donc nullement, au point de vue traditionnel ou même simplement “traditionaliste”, à “prendre parti”, suivant l’expression employée communément, car ce serait être dupe, et, les mêmes influences s’exerçant en réalité derrière tout cela, ce serait proprement faire leur jeu que de se mêler aux luttes voulues et dirigées invisiblement par elles ; le seul fait de “prendre parti” dans ces conditions constituerait donc déjà en définitive, si inconsciemment que ce fût, une attitude véritablement antitraditionnelle. Nous ne voulons faire ici aucune application particulière, ce qui serait en somme assez peu utile après tout ce que nous avons déjà dit, et d’ailleurs tout à fait hors de propos ; il nous paraît seulement nécessaire, pour couper court aux prétentions de tout faux “traditionalisme”, de préciser que, notamment, aucune tendance politique existant dans l’Europe actuelle ne peut valablement se recommander de l’autorité d’idées ou de doctrines traditionnelles, les principes faisant également défaut partout, bien qu’on n’ait assurément jamais tant parlé de “principes” qu’on le fait aujourd’hui de tous les côtés, appliquant à peu près indistinctement cette désignation à tout ce qui la mérite le moins, et parfois même à ce qui implique au contraire la négation de tout véritable principe. 

Auteur: Guénon René

Info: "Tradition et traditionalisme", Etudes traditionnelles, 1936

[ temporel ] [ bonne volonté malfaisante ] [ compromission ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson