Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 22
Temps de recherche: 0.0394s

insomnie

Arrivé à ce stade de l'ouvrage, le lecteur doit retenir une chose essentielle, véritable moteur de ma motivation à écrire, le mot "somnifère" comme le mot "hypnotique" reposent sur un abus de langage, pour ne pas dire une escroquerie intellectuelle: l'état d'inconscience dans lequel on est plongé quand on prend des somnifères ou des hypnotiques ressemble plus à une anesthésie légère qu'à du sommeil réparateur. Pour que le sommeil soit vraiment du sommeil, il doit être naturel, sinon, au bout de quelques semaines, on ne fait qu'oublier qu'on ne dort pas.

Auteur: Lemoine Patrick

Info: Dormir sans médicaments... ou presque

[ thérapie ]

 

Commentaires: 0

décor

J'étais au centre d'un univers voué au rouge. Un rouge aride, stérile, couleur de sang séché. A perte de vue, de la latérite et une brousse maigre, poudrée de rouge. Le tout occupait un plateau d'un taille qui défiait l'imagination. Je me suis éloigné du combi et, planté au milieu de la route, j'ai contemplé les quatre horizons. Au nord, rien. Et rien non plus au sud, à l'est ou à l'ouest... Pas la moindre bicoque, pas un poteau téléphonique, pas l'ombre d'un panneau, qu'il soit routier ou publicitaire. N'était le ruban de bitume que j'avais sous les pieds, j'aurais pu être le premier homme à m'aventurer dans cette contrée. Un désert sans limites, sous un ciel d'un bleu implacable. L'infini hypnotique à force de monotonie.

Auteur: Kennedy Douglas

Info: cul-de-sac

[ paysage ]

 

Commentaires: 0

science-fiction

Tandis que le grand soleil se rapprochait, toujours battant, emplissant presque le ciel, l'épaisse végétation qui longeait les falaises de grès se vit brutalement repoussée pour révéler les têtes - noir et gris pierre - d'énormes lézards du Trias. Paradant jusqu'au bord des pentes abruptes, ils rugirent en chœur, tournés vers l'astre et le vacarme, peu à peu, enfla jusqu'à ne plus faire qu'un avec le martèlement volcanique des explosions solaires. Kerans, qui sentait battre en lui, tel son propre pouls, la puissante attraction hypnotique des reptiles hurlants, s'avança dans la lagune dont les eaux semblaient désormais former une extension de son système sanguin. Alors que s'accroissait encore la sourde pulsation, les barrières séparant ses cellules du milieu environnant lui parurent se dissoudre, et il se mit à nager, disséminant son être au sein des eaux noires vibrantes...

Auteur: Ballard James Graham

Info: Le monde englouti

[ réchauffement climatique ]

 

Commentaires: 0

état second

Voyez-vous, la transe hypnotique ne doit pas être une chose laborieuse. La simple confiance dans votre voix ; la simple confiance dans votre capacité à induire une transe, c'est cela le plus important. Et n'importe quel être humain entrera en transe - même des patients très paranoïdes - si vous faites bien attention. Je ne recommande pas l'hypnose avec des patients paranoïdes, parce qu'ils peuvent devenir paranoïdes aussi en état de transe. Mais, expérimentalement, j'ai déterminé que tous les patients peuvent entrer en transe - que n'importe qui le peut.

Maintenant, est-il nécessaire de savoir qu'on est en transe ? Et bien non. Quelle profondeur de transe est requise ? Toute transe, d'un degré suffisant pour permettre à l'inconscient d'avoir un regard, un regard mental, sur ce qui se passe, est suffisante. Dans ces moments, on apprend beaucoup plus que lors d'un effort conscient. Et vous devez utiliser votre esprit à un niveau inconscient, même lorsque vous l'utilisez à un niveau conscient.

Auteur: Erickson ​​​​​​​Milton Hyland

Info: Ma voix t'accompagnera, MHE raconte

[ hypnose ] [ évocation ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

rapports humains

Même dans un entretien non hypnotique, ou dans les événements de vie quotidienne, le thérapeute apprendra à observer les signes de comportements minimaux chez une personne entrant dans une transe commune* [...]. C'est dans de tels moments que la plupart d'entre nous recevons beaucoup de notre conditionnement inconscient, pendant que nous sommes en contact avec le monde environnant, en lui répondant d'une manière semi-automatique. Nous avons fréquemment de petites amnésies pour ces périodes de transe légère tout au long de la journée (correspondant à un cycle nycthéméral de quatre-vingt dix à cent-vingt minutes et c'est ce qui fait que nous ne pouvons pas comprendre ensuite comment nous avons pu faire ou dire telle ou telle chose. Ce facteur apparaît particulièrement important dans la compréhension des relations inter-personnelles. Les parents et les enfants, les professeurs et les étudiants, les hommes et les femmes, pourraient tous développer énormément leurs interactions grâce à une attention plus soigneuse l'un pour l'autre, lors de ces périodes de conscience externe émoussée et de sensibilité exacerbée au monde intérieur.

Auteur: Rossi Ernest Lawrence

Info: Commentaire dans L'hypnose thérapeutique de Milton Erickson. *Aussitôt que notre attention se déplace en dehors de l' "ici et maintenant", nous sommes dans un état de "transe commune" très similaire à celui de l'hypnose.

[ phénomène physiologique naturel ] [ inattention ] [ rêverie ] [ lecture immersion ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

parapsychologie

La maladie de Brocq était incurable jusqu'en 1951, date à laquelle un garçon de seize ans atteint d'un cas avancé de l'affliction fut adressé en dernier recours à un hypnothérapeute nommé A. A. Mason à l'hôpital Queen Victoria de Londres. Mason a découvert que le garçon était un bon sujet hypnotique et qu'il pouvait facilement être mis en état de transe profonde. Pendant que le garçon était en transe, Mason lui a dit que sa maladie de Brocq était en train de guérir et qu'elle disparaîtrait bientôt. Cinq jours plus tard, la couche d'écailles qui recouvrait le bras gauche du garçon s'est détachée, révélant une chair douce et saine. Au bout de dix jours, le bras était complètement normal. Mason et le garçon ont continué à travailler sur différentes parties du corps jusqu'à ce que toute la peau écailleuse ait disparu. Le garçon n'a plus présenté de symptômes pendant au moins cinq ans, après quoi Mason a perdu le contact avec lui. C'est extraordinaire, car la maladie de Brocq est une affection génétique, et s'en débarrasser ne se limite pas à contrôler des processus autonomes tels que les schémas de circulation sanguine et diverses cellules du système immunitaire. Il s'agit de puiser dans le plan directeur, notre ADN se programmant lui-même. Ainsi, il semblerait que lorsque nous accédons aux bonnes strates de nos croyances, notre esprit peut passer outre même notre constitution génétique.

Auteur: Talbot Michael Coleman

Info: L'univers holographique

[ thérapie ] [ médecine ] [ anecdote ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par miguel

cognition

La synesthésie à travers le mathématicien Jason Padgett

Jason Padgett est un américain qui a acquis, sans le vouloir, des capacités étonnantes en mathématiques après une agression en 2002. Il a été durement touché à la tête et il vit maintenant la réalité sous forme de fractales mathématiques descriptibles par des équations. Il est atteint du syndrome du savant qui lui permet désormais de pratiquer une forme de synesthésie.

Avant l’incident, Jason ne possédait aucune capacité particulière en math, il était même plutôt mauvais. Il a copié la plupart des réponses à son examen de géométrie dans l’enseignement secondaire et n’a jamais eu beaucoup d’intérêt pour cette matière. Il est allé à l’université pour la quitter sans finir son cycle. Il a ensuite travaillé dans la vente pendant quelques années et puis s’est installé dans un magasin de meubles fabriqués par son père. L’accident vasculaire cérébral provoqué par son agression a ostensiblement changé l’architecture du cerveau de Jason. Après une période d’introspection d’une durée de trois ans, il a commencé à dessiner ce qu’il voyait juste en face de ses yeux. Les résultats étaient incroyables, une série d’approximations mathématiques, de fractales dessinées à la main, les premières du genre. Les mathématiciens et les physiciens ont été surpris : certains des dessins de Jason dépeignent des équations mathématiques qui, jusque-là, étaient seulement présentables sous forme graphique. D’autres représentent de réels modèles d’interférences électroniques.

Il semblerait bien que notre conscience soit fractale et possède de multiples couches qui sont sous jacentes à notre conscience de veille. Lorsque nous atteignons certaines couches, d'autres facultés jusque là inhibées réapparaissent, telle est le cas de la synesthésie. La synesthésie (du grec syn, "avec" (union), et aesthesis, "sensation") est un phénomène neurologique par lequel deux ou plusieurs sens sont associés. Par conséquent, tout état de conscience modifiée peut amener à une certaine synesthésie, les rêves appartiennent à ce domaine de conscience modifiée. Nous devons donc aborder également les animaux et les végétaux, qui possèdent une certaine forme de conscience, selon ce point de vue. Lorsque nous observons une abeille par exemple, son monde est synesthésique, elle évolue dans un monde où la différenciation des sens est moins présente et semble comme enivrée par ses émotions. L'état hypnotique n'est pas étranger à cette forme de conscience synesthésique que nous pourrions appeler "conscience collective" ou "conscience plurielle", parce que l'organisme et ses divers composants psychiques se retrouvent comme condensés et plus unifiés, ce qui l'amène à vivre dans une subjectivité plus grande et dans un état de fascination hypnotique plus prégnante également. L'abeille considère donc ses congénères de la ruche comme des parties d'elle-même, et non comme extérieur à elle-même, d'où la conscience collective.

Ce que nous observons du monde extérieur à partir de notre conscience de veille n'est donc qu'une réalité, lorsque nous pénétrons dans notre intériorité, d'autres types de conscience émergent dont la conscience collective. C'est alors que nous pouvons voir des réalités qui furent jusque là cachées, la vision de l'abeille ou de Jason Padgett peuvent jaillir de la pénombre de notre inconscient.

Auteur: Shoushi Daniel

Info: 16 Feb 2018. Source : Struck by Genius : How a brain injury made me a mathematical marvel, Jason Padgett, Maureen Seaberg. Editions Headline

[ niveaux de perception ] [ grégarisme ] [ anthropismes ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

autosuggestion

L'autohypnose est une forme de technique de méditation poussée qui permet d'accéder à son inconscient sans être guidé par une tierce personne. Par ce biais, on peut apprendre à se relaxer et à mieux se connaître. Voici 5 méthodes d'autohypnose accessibles et rapides.

L'autohypnose a des bienfaits surprenants pour apprendre à mieux se comprendre, se connaître, dénouer certains blocages, réduire l'état dépressif ou mieux contrôler nos émotions.

Ces techniques permettent d'accéder aux ressources inconscientes par la focalisation de l'esprit et l'imagerie mentale. Choisissez, testez, pratiquez-les pour trouver celle qui vous correspond et qui sera la plus efficace pour vous.

Avant toute chose, installez-vous confortablement, assis ou couché, et surtout assurez-vous d'être aucunement dérangé. Vous pouvez également créer un cadre de détente : bougies, encens, musique douce, lumière tamisée... C'est parti.

Technique 1 : La spirale sensorielle (technique de Betty Erickson, fille du célèbre psychiatre)

Fixez un point légèrement au-dessus de la ligne du regard, jusqu'à ce que les yeux se ferment afin d'amorcer un état différent.

Puis les yeux fermés, sans changer la focalisation du regard, dites à voix haute ou dans votre tête 5 phrases décrivant votre expérience visuelle interne (je vois A, je vois B, je vois C...), 5 phrases décrivant votre expérience auditive (j'entends...), 5 phrases décrivant votre expérience kinesthésique (je ressens...)

Puis ensuite 4 descriptions de chaque sens, puis 3, puis 2, puis 1 description.

Technique 2 : L'escalier

Imaginez un escalier devant vous qui descend, déterminez un nombre de marches (au moins 10) et décrire intérieurement cet escalier (clair, obscur, droit, en colimaçon, quelle matière, quelle couleur, quels détails...).

Descendez ensuite mentalement chacune des marches, le plus lentement possible, en prêtant attention aux ressentis et en les accentuant à chaque marche. Par exemple : "Et à chaque marche que je descends, je rentre un peu plus à l'intérieur de moi, en toute confiance, en toute sécurité, toujours plus profondément détendu, le corps de plus en plus lourd".

Technique 3 : Le body scan

Les yeux fermés, visualisez devant vous une boule de lumière, observez les détails qui la composent, sa couleur, sa texture...

Puis ensuite déplacez mentalement cette boule au-dessus du crâne pour ensuite la faire pénétrer à l'intérieur de la tête en ressentant sa chaleur, les ondes bienfaisantes et apaisantes qu'elle procure.

Imaginez que cette boule libère toutes les pensées parasites, chacune des tensions et la faire descendre lentement dans l'ensemble des parties du corps jusqu'au bout de chaque orteil comme si ce corps était entièrement scanné.

Technique 4 : La main aimantée

Mettez une main à hauteur des yeux, paume face à soi et focalisez le regard sur un point au centre. Tout en relâchant le corps et en restant focalisé, demandez à l'inconscient d'avancer la main jusqu'au visage par des mouvements lents et saccadés, comme si elle était aimantée par le visage.

Répétez-vous ensuite que plus la main se rapproche du visage, plus la détente s'approfondit, que le corps devient de plus en plus lourd, que les yeux fatiguent jusqu'à ce fermer totalement.

Remerciez l'inconscient, laissez faire et soyez spectateur·rice.

Technique 5 : Le souvenir agréable

Beaucoup de nos activités quotidiennes sont hypnotiques : télé, transport, lecture... car elles permettent de se focaliser et de s'évader par la pensée. Imaginez un souvenir agréable, revivez chaque détail, retrouvez chaque élément présent dans la scène (images, sons, sensations, émotions, odeurs) comme si vous y étiez, et d'ailleurs vous y êtes.

Une fois en état modifié de conscience, demandez à l'inconscient de bien vouloir faire tout ce qui est possible pour lui afin d'améliorer telle ou telle chose et de laisser ensuite venir les images, les pensées, les sensations, les souvenirs...

Auteur: Hort Javi

Info: https://www.terrafemina.com, 1 Mars 2019

[ auto-thérapie ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

traumatisme

Elle donne de l'amour aux morts.
"Jamais de ma vie je ne me suis sentie aussi maladroite - sauf peut-être pour mon premier baiser ou la première fois que j'ai fait l'amour. Je peux vous dire que le temps paraît drôlement long quand on se retrouve tout seul avec un vieillard mort, un rasoir rose à la main".
Caitlin Doughty, belle brune née à Hawaï, est extrêmement connue aux Etats-Unis pour sa série de vidéos Internet "Demandez à un croque-mort" (Ask a mortician). Entrepreneur en pompes funèbres, elle milite en faveur de pratiques funéraires plus humaines et surtout plus "intimes", disons, affectueuses, enfin... difficile de trouver le mot adéquat. Il s'agit d'aider les gens à vaincre leur peur des cadavres, même et surtout quand c'est celui d'un proche : lavez-le vous-même, encourage-t-elle. Donnez-lui les derniers soins. Lui, ça ne lui fera ni chaud ni froid. Mais vous... cela vous aidera.
Dans un livre récemment publié aux éditions Payot-Rivages (Chroniques de mon crématorium), Caitlin raconte qu'a priori rien ne la destinait à manipuler des restes humains. Sur son site Internet, on peut lire que ses "parents avaient peu de raison de penser qu'elle finirait par gagner sa vie en sondant les limites séparant les morts des vivants. C'est seulement lorsqu'elle s'est mise à poser des questions bizarres, qu'ils ont commencé comprendre : "Maman, si je me trouvais en haut d'une falaise et que je glissais, si mon corps se fracassait contre les rochers, est-ce que tu serais triste ?".
Tout vient d'un accident auquel elle assiste, à l'âge de 8 ans. Sous ses yeux, dans un centre commercial, une petite fille gravit une rambarde puis s'écrase 10 mètres plus bas, la tête la première sur le rebord d'un comptoir, dans un bruit d'os et de chair broyée. Caitlin n'en dort plus. "C'est comme si la petite fille n'en finissait pas de tomber dans un puits de terreur au beau milieu de mon corps".
Tout peut donc s'arrêter d'une seconde à l'autre ? Pour combattre cette hantise, Caitlin accomplit d'abord des petits rituels. Faire le tour de la maison trois fois avant de nourrir le chien. Marcher sur les dalles impaires pour aller à l'école... Ces tics disparaissent peu à peu, sans que cela ne résolve rien. Après le lycée, Caitlin rédige une thèse sur le sexe démoniaque dans l'imaginaire de la sorcellerie au XVe siècle. Puis, au lieu de chercher du travail comme historienne, elle se met à envoyer son curriculum à toutes les entreprises funéraires de Californie, essuyant d'innombrables refus jusqu'à ce qu'une petite firme spécialisée dans l'incinération l'accepte. Elle n'a strictement aucune expérience.
A 23 ans, le premier jour de son embauche, le patron lui tend un rasoir de plastique rose et lui demande de raser le visage d'un homme mort de cancer à 70 ans. Elle doit donc toucher le cadavre. Et en douceur : la peau des morts ne cicatrise pas. La moindre blessure serait du plus mauvais effet sur la famille venu leur dire adieu. Après avoir fixé le corps pendant dix longues minutes en essayant de se convaincre qu'il s'agit juste d'une carcasse d'animal, Caitlin se penche sur le défunt (qu'elle nomme Byron) et, craignant de lui faire mal, se met doucement à le raser...car "Byron était bien autre chose qu'une viande avariée : une créature noble et féerique, au même titre qu'une licorne ou qu'un griffon".
Pour son patron, l'épreuve est réussie. Caitlin désormais sera en charge du travail principal. A elle d'aller chercher, parmi les "cercueils" (boîtes) en carton empilés dans la salle froide, celui des morts ayant reçu leur permis de crémation. Une fois qu'elle les a trouvés, parfois sous une pile, Caitlin doit charger l'élu sur une table roulante aussi difficile à manier qu'un wagon de mineur avant de pousser son contenu dans la chaudière à 800°.
Chaque crémation prend environ deux heures, au cours de laquelle elle doit ouvrir la porte du four et munie d'une fourche, déplacer le cadavre en combustion pour le positionner correctement dans le coeur de la flamme. C'est salissant. Mais Caitlin ne trouve pas cela sale, au contraire : lorsque le corps a été entièrement brûlé, elle effectue avec son râteau un va-et-vient presque hypnotique qu'elle compare aux mouvements des moines qui chaque matin brossent des motifs de vague dans les graviers des jardins zen. Les cendres viennent à elle, mêlées d'os tièdes. Les cendres lui recouvrent les cheveux, s'infiltrent sous ses ongles, lui imbibent les pores de leur odeur étrange... Elle prend ses repas où elle peut, cherchant un abri, terrifiée à l'idée qu'il y ait des "des gens" dans ses nouilles. Mais heureuse d'avoir pu transformer leur corps en une poudre si douce et si légère.
Caitlin parle de tout, même du putride, avec des mots simples et lumineux. Elle parle aussi de la difficulté qu'il y a à draguer des garçons lorsqu'elle sort du travail, traînant après elle l'odeur tenace du crématorium. Et de la magie qui consiste à clore les paupières et la bouche d'un cadavre, dont il faut masser les muscles pour lui donner l'expression apaisée. Ce contact peau à peau c'est sa thérapie quotidienne. Le livre, rédigé six ans après ses débuts dans le crématorium, retrace l'histoire d'une réconciliation avec soi-même. Ses mots ne sont pas sans rappeler ceux du livre Mille cercueils, bouleversant documentaire consacré à la morgue improvisée de Kamaishi dans laquelle - après le grand séisme du 11 mars 2011 au Japon - des survivants se sont battus pour redonner aux morts un nom, un visage et une famille. Il y a de la beauté dans le rapport aux cadavres. Une beauté extrêmement proche parfois de ces gestes amoureux qui nous réconcilient avec ce corps que nous aimons si peu. Et pourtant, c'est ce corps-là que l'autre désire. C'est ce corps-là que quelqu'un caresse, même lorsque nous n'y sommes plus... qu'en souvenir. Il y a donc quelque chose de précieux en lui ?

Auteur: Giard Agnes

Info: 7 avril 2015

[ thérapie ]

 

Commentaires: 0

spiritualité

La question qui s'impose est la suivante : sur quels arguments les promoteurs de cette technique [la méditation de la pleine conscience] se basent-ils pour établir un lien de filiation entre Vipassana – la Vision Pénétrante – et la Pleine Conscience ? Dans le Septième Pas de l'Octuple Sentier, l'Attention Juste (discipline de Dhyâna), et en particulier dans la contemplation du corps, des sentiments, de l'esprit et des phénomènes, il est régulièrement mentionné que le pratiquant doit être attentif, avec une conscience claire. Il développe, par cette pratique, certains "pouvoirs psychiques" : ouïe céleste, vision du cœur des autres êtres, mémoire des naissances précédentes, vision céleste supra-humaine et enfin, avec la cessation des passions, la délivrance de l'esprit par la sagesse. Ces indications comportementales relatives à la contemplation, en particulier pour ce qui concerne l'attention et la conscience claire, pourraient – exception faite des "pouvoirs psychiques" – sembler en adéquation avec la pratique de la Pleine Conscience, telle que définie par ses promoteurs. Cependant, ces derniers omettent un détail essentiel de la pratique de l'Attention juste : "Cette claire connaissance (de la nature des éléments contemplés) est présente en lui (le pratiquant) parce qu'il possède la compréhension et la vision profonde intérieure."

Que signifie "posséder la compréhension et la vision profonde intérieure" ? Ça signifie que la pratique de la contemplation dans l'Attention juste s'appuie sur la Prajna et non sur une intention qui, privée de la Compréhension juste (Premier Pas de l'Octuple Sentier) et de la vision profonde intérieure (Vision Pénétrante) préalables, est une activité du mental sous l'emprise de l'Ignorance, qui est le premier des douze liens interdépendants (qui génèrent le Samsara). Autrement dit, la méditation de la Pleine Conscience fonctionne en quelque sorte à l'envers, par rapport à l'Attention juste. En effet, pour la mindfulness, c'est l'attention intentionnelle qui est le préalable ou la cause ou encore le moteur, alors que pour le Bouddhisme, c'est exactement l'inverse : ce sont la compréhension et la vision profonde intérieure qui sont moteur de l'Attention juste. Et de fait, la pratique de l'attention intentionnelle – même "non jugeante" – ne peut en aucun cas aboutir à la compassion et à la sagesse telles qu'elles sont définies dans le Bouddhisme. En d'autres termes, il n'y a aucun lien de filiation justifié entre Vipassana et la méditation de la Pleine Conscience.

Par ailleurs, la notion de "présence" est étrangère au Bouddhisme. On retrouve ce concept dans les religions éternalistes, sans doute en lien avec les états de samadhi qui provoquent le sentiment d'une union avec le divin, lequel est non soumis au temps et donc éternellement présent. Si l'on devait préciser les choses, dans le Bouddhisme, on réalise plutôt – par l'éclairage de la Prajna – une Absence qu'une Présence, non pas dans le sens d'un néant, d'un "rien", mais dans le sens de l'Anatman – le Non soi – ou encore de la Vacuité non phénoménale (et donc ne résultant pas de l'interdépendance des phénomènes).

La méditation de la Pleine Conscience, privée de Prajna, est – du point de vue bouddhique – une pratique "aveugle", sans discernement. Le pratiquant n'observe pas le corps, les sentiments, l'esprit et les phénomènes avec l'œil de la Prajna – qui est l'œil du Bouddha qui possède la Vue juste, ou la Vision Pénétrante –, c'est-à-dire selon le mode de Prajna, mais avec les représentations mentales "souillées" (ou disons "orientées") par des apprentissages qui consistent à mettre spontanément des mots sur les choses, comme si celles-ci étaient enfermées dans des cases linguistiques ou sémantiques qui se substituent au réel et donc au "moment présent". Quand le pratiquant entend une cloche, il reconnaît la cloche ; il n'entend pas la cloche (comment sait-il qu'il s'agit d'une cloche ?). Et bien qu'il vide – ou plutôt tente de vider – la cloche de tout jugement, de toute émotion perturbatrice, de toute représentation... il n'en demeure pas moins vrai qu'il contemple un objet surnuméraire, sans pour autant reconnaître spontanément la véritable nature de cet objet, c'est-à-dire sa vacuité intrinsèque. Il peut bien sûr analyser secondairement cet objet comme étant constitué d'interdépendance d'autres objets ou phénomènes, il n'en demeure pas moins vrai que cette analyse n'est pas le fait de la Prajna mais de la pensée discursive, dualiste. Au sens strict, ce n'est pas une Vue (Vision Pénétrante).

Cette "présence attentive", cette "Pleine Conscience" n'est pas une qualité bouddhique. C'est vraisemblablement une forme de samadhi, qui se développe aussi bien dans les disciplines éternalistes (yoga) que dans les états hypnotiques de modification de conscience induits par la prière ou la récitation d'un mantra. Sans doute peut-on en tirer quelques bénéfices au plan de la santé physique ou mentale, mais ce n'est certainement pas l'expression de la Compassion bouddhique ou d'une Sagesse (la Compassion est une Sagesse, dans le Bouddhisme, et non un "état d'esprit"), telle qu'elle résulte de l'expérience de la Vacuité et de la Sapience (clarté/illumination). Il n'y a donc aucun argument sérieux qui puisse affirmer qu'il existe un lien de filiation entre la Vision Pénétrante, qui est l'activité de Prajna, et la "Pleine Conscience" qui n'a aucun équivalent dans le Bouddhisme.

Cependant, on ne peut blâmer les promoteurs de la Pleine Conscience d'être à l'origine de cet amalgame fâcheux, quand on constate que certains enseignants de tradition bouddhiste, généralement rattachés au Théravada mais aussi au Zen ou au Bouddhisme tibétain, en font également la promotion. Ces "maîtres" ont pour la plupart pignon sur rue, et, si l'on y regarde d'assez près, ce sont plutôt des laïcs, non spécifiquement rattachés au Bouddhisme (ils n'ont pas pris refuge), qui les apprécient. Ces enseignants n'hésitent pas à s'associer aux concepts new age. Et pour cause, ils n'ont en réalité aucune Vue ou Compréhension juste de ce qu'est la nature de l'esprit, du corps, des sensations et des phénomènes. Tout ce qu'ils savent, parce qu'ils ont bien appris la leçon, c'est que les phénomènes sont vides de nature propre parce qu'ils sont en interdépendance. Et quand un maître zen, dans l'émission "Sagesse Bouddhiste", affirme : "en zazen, nous réalisons que rien n'existe par soi-même, que tout est interdépendant", en présence de Christophe André, le psychiatre promoteur de la Pleine Conscience en France, également invité à l'émission sus-nommée, on atteint véritablement le pompon.

Dans un échange sur les réseaux sociaux, une personne me demande : "pourquoi faire zazen quand on a eu kenshô ?" La question est légitime, car dans l'esprit de cette personne, on pratique zazen pour obtenir kenshô comme on pratique l'attention intentionnelle pour obtenir la Pleine Conscience. Et à la façon dont l'exprime le maître zen à l'émission Sagesse Bouddhiste, il y a lieu de penser en effet qu'on pratique zazen pour réaliser la vacuité phénoménale (l'interdépendance phénoménale). Et dans l'esprit de cette personne sur les réseaux sociaux, quand on a réalisé ce qu'il y a à réaliser, le but est atteint et n'a donc plus à être recherché (il faut se souvenir que l'intention suppose le but, par définition). Mais, ainsi que je l'exprime plus haut à propos de Vipassana, c'est comprendre zazen à l'envers, si j'ose dire. Il n'y a pas d'attention intentionnelle. Il y a juste activité de la Prajna.

Un bon enseignant du Zen devrait commencer par dire à son élève qu'il n'y a pas dans le Zen (ou dans le Bouddhisme en général) de but à atteindre qui ne soit déjà atteint. Zazen ne consistera donc pas à pratiquer pour devenir un bouddha ou pour atteindre des états de conscience spécifiques, qu'ils soient transcendants ou qu'ils reflètent l'ennui, l'errance, ou encore des sensations de bien être ou – plus rarement – orgasmiques. Zazen ne consiste pas à être autre chose que soi-même, non pas selon le mode de la pensée dualiste, c'est-à-dire selon le mode des représentations psychologiques, culturelles ou sociétales, mais selon le mode de Prajna. 

Pour conclure, je dirai que dans la méditation de la Pleine Conscience, c'est l'activité du mental qui prévaut et Prajna est passive, alors que dans la pratique de zazen, c'est l'activité de Prajna qui est active, quels que soient par ailleurs les états de conscience, car ceux-ci ne reflètent jamais que des phénomènes transitoires, vide de nature propre et, ultimement (si l'on s'y attache), facteur de souffrance. Dans le Zen, on appelle "makyo" ces états de conscience, et n'ont strictement rien à voir avec kenshô. 

Cela étant, qu'on ne s'y méprenne pas : l'activité de Prajna n'est pas spontanée dans la conscience. Elle s'éveille à condition d'atteindre la coïncidence de l'esprit observé (objet) et l'esprit observant (sujet). Dans cette coïncidence, la dualité sujet/objet disparaît. C'est l'Absence (et non la Présence). C'est l'Anatman – le Non-soi – et non le Soi. Ne vous y trompez pas.

Auteur: Dumè Antoni

Info: https://voirsavraienature.blogspot.com/2020/05/activite-du-mental-et-activite-de-la.html?

[ adaptation moderne ] [ confusions ] [ différences ] [ enseignements traditionnels ] [ grand véhicule ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson