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culture

L'appauvrissement du vocabulaire et de la pensée qui a démarré il y a une cinquantaine d'années, et ne reviendra sans doute pas en arrière avant des lustres, est entériné par la simplification quand ce n'est pas la vulgarité des médias naguère les plus respectés. L'absence d'humour et de distance faisant partie de la règle éditoriale un peu partout, de même que cette légèreté intellectuelle que procurait une bibliothèque mentale bien garnie, un François Mauriac aurait aujourd'hui un mal fou à placer son "Bloc-Notes", pour ne prendre qu'un exemple en France, oecuménique de surcroît. La vraie vie va-t-elle se réfugier dans les revues académiques ? Il y a dans l'air comme une organisation mondiale de l'insignifiance, à laquelle chacun est ravi d'apporter chaque matin sa petite collaboration en travaillant à se montrer le moins profond, le moins subtil et le moins savant possible. Tout à l'heure on avait Donald, voici maintenant Simplet. Cette orchestration de l'existence par l'importance donnée à la marchandise idiote et au relationnel basique ne pouvait évidemment que faciliter l'entrée en scène de ce qui a toujours été en coulisses prêt à remplir le vide des esprits : la religion, elle aussi gadgétisée en ses signes extérieurs et rebaptisée "spiritualités" par le marketing...

Auteur: Polastron Lucien Xavier

Info: Livres en feu : Histoire de la destruction sans fin des bibliothèques, p. 321, Les nouveaux biblioclastes

[ décadence ]

 

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construction

Je n’ai pas commencé [ce travail] comme philosophe, et je ne désire pas particulièrement écrire à propos de philosophie ou sur la nature des choses. Ce n’est pas mon métier. Une seule question m’intéresse par dessus tout - comment créer de beaux bâtiments. Je ne m’intéresse seulement qu’à la beauté réelle. Je n’ai jamais eu l’envie de concevoir du bâti lisse que les architectes de mon temps ont généralement conçu. Nombre d’entre eux ont abandonné le travail du beau, et par ricochet abandonné ce travail en tant qu’idéal atteignable. Cela est peut être compréhensible. Construire à un degré de beauté qui pouvait être commun aux XIIème ou XVème siècle en Europe et dans des centaines d’autres cultures à presque toutes les ères de l’histoire humaine à l’exception de la notre nous est très ardu. Cela était spécifiquement dur pour nous en cette fin de XXème siècle et continuera de l’être alors que nous entrons dans le vingt-et-unième. Pour différentes raison - pas entièrement claires pour moi il y a trente cinq ans - cette difficulté est telle que les architectes ont presque abandonné. Cela je ne l’ai jamais accepté. Je n’ai jamais accepté le pis-aller, ou l’idée idiote de la "bonne architecture" avec laquelle certains architectes du XXème baratinent le public. Je voulais être capable de réaliser le vrai et pour cela je devais comprendre quel était ce vrai. La raison n’était pas curiosité intellectuelle, mais une raison pratique, je voulais pouvoir le faire moi même.

Auteur: Christopher Alexander

Info:

[ ordre ] [ expérimentation pratique ]

 
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Ajouté à la BD par Patate

idiomes

Au fond de moi il était clair que Whorf avait raison. Je savais que je pensais différemment en turc et en anglais - non pas parce que la pensée et la langue sont identiques, mais parce que les langues différentes vous obligent à penser différemment aux choses. Le turc, par exemple, avait un suffixe, -mis, que l'on appondait aux verbes pour signaler tout ce dont on n'avait pas été personnellement témoin. Vous étiez toujours en train d'énoncer votre degré de subjectivité. Il fallait y penser chaque fois qu'on ouvrait la bouche.

Le suffixe -mis n'avait pas d'équivalent exact en anglais. On pouvait le traduire par "il semble que" ou "j'ai entendu dire" ou "apparemment". Je l'associais à Dilek, mon cousin du côté de mon père - Dilek, petit, maigre, au teint sombre, qui avait mon âge mais était tellement plus petit. "Tu t'es plaint-mis à ta mère", me disait Dilek de sa voix calme et précise. "Le chien t'a fait-mis peur." "Tu as dit-mis à tes parents que si tante Hulya venait en Amérique, elle pourrait vivre dans ton garage." Quand tu entendais -mis, tu savais que tu avais été invoquée en ton absence - pas seulement toi mais ton hypocrisie, ta lâcheté et ton manque de générosité. Chaque fois que j'entendais -mis, je me sentais prise au dépourvu. J'avais peur des chiens. Je me plaignais à ma mère, souvent. Le mode -mis était une des choses dont je me plaignais à ma mère. Ma mère trouvait ça marrant.

Auteur: Batuman Elif

Info: L'Idiote

[ spécificités ] [ filtres ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

quête

Le but de l'existence humaine
Question : Quelle est la raison, quel est la finalité ultime de l'existence humaine ?
Krishnamurti : Connaissez-vous une quelconque finalité ? La façon dont nous vivons n'a ni sens ni finalité. On peut lui inventer un but, celui de la perfection, de l'illumination, de la quête de la plus haute forme de sensibilité : nous pouvons inventer sans fin des théories, nous prendre les pieds dedans, et en fabriquer nos problèmes. Notre vie quotidienne n'a aucun sens, aucune finalité à part celle de faire un peu d'argent et de mener une vie idiote. On peut voir tout cela, pas en théorie, en nous-mêmes : cette éternelle bataille intérieure pour trouver un objectif, chercher l'illumination, courir le monde (particulièrement l'Inde et le Japon) pour apprendre une technique de méditation. Vous pouvez inventer des objectifs par milliers mais vous n'avez pas besoin d'aller où que ce soit, dans les Himalayas, dans un monastère, ou dans ce nouveau genre de camp de concentration qu'est un ashram : tout est en vous. Le Très-Haut, l'Incommensurable, est en vous - si vous savez comment regarder. N'en faites pas une conviction : c'est encore un des tours idiots que nous nous jouons, que nous sommes Dieu, que nous sommes le 'Parfait', toute cette farce infantile. Et pourtant, c'est bien à travers l'illusion, à travers 'ce qui est', à travers le mesurable que l'on découvre ce qui est sans mesure - mais vous devez commencer par vous-même, c'est le lieu où découvrir soi-même comment regarder.

Auteur: Krishnamurti Jiddu

Info: Beyond Violence, pp 106-107

[ introspection ] [ sens-de-la-vie ]

 
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essai

Mais enfin je vais partir, puisqu’il faut bien faire une transition, je vais partir d’une question idiote qui m’a été posée.

Ce que j’appelle une question idiote n’est pas ce qu’on pourrait croire, je veux dire : quelque chose qui d’aucune façon me déplairait – j’adore les questions idiotes – j’adore aussi les idiotes, j’adore aussi les idiots d’ailleurs, ce n’est pas un privilège du sexe. Pour tout dire, ce que j’appelle idiot, est quelque chose, à l’occasion, de tout simplement naturel et propre. Un idiotisme c’est quelque chose qu’on confond trop vite avec la singularité, c’est quelque chose de naturel, de simple, et pour tout dire, de très souvent lié à la situation. La personne en question, par exemple, n’avait pas ouvert mon livre, elle m’a posé la question suivante :

"Quel est le lien entre vos Écrits ?"

Je dois dire que c’est une question qui ne me serait pas venue à l’idée, à moi tout seul. Bien sûr, je dois dire aussi que c’est une question dont il ne pouvait pas me venir à l’idée qu’elle viendrait à l’idée de personne. Mais c’est une question très intéressante à la vérité, à laquelle j’ai fait tous mes efforts pour répondre. Et répondre, eh bien mon Dieu, comme elle m’était posée.

[…] pour dire les choses de façon qu’elles résonnent, le départ, et qui reste un lien jusqu’au terme de ce recueil, est bien ce quelque chose de profondément discuté, c’est le moins qu’on puisse dire, tout au long de ces Écrits et qui s’exprime sous cette formule, qui vient à tous et qui s’y maintient, je dois dire, avec une regrettable certitude, et qui s’exprime ainsi : "moi, je suis moi" !

Auteur: Lacan Jacques

Info: 14 décembre 1966, La logique du fantasme

[ résumé ] [ thème ] [ idiotie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

étymologie

Serendipity est donc ce substantif créé par l'irremplaçable Horace Walpole à partir d'un conte persan traduit au XVIe siècle, Le voyage et les aventures des trois princes de Serendip, où les héros se tirent toujours d'embarras en faisant appel à leur sens de l'observation plutôt qu'à la très complète formation intellectuelle dont ils ont bénéficié.

Bien que le mot évoque un peu la pitié dépitée, les Québécois ont adopté cette sérendipité - leurs ingénieurs lui préfèrent toutefois l'aimable fortuité - pour désigner les découvertes inattendues et dire en gros : " qui ne cherche pas trouve ".

La notion, fait cependant remarquer un observateur des nouvelles ressources, s'applique assez bien à l'exploration du réseau planétaire, en particulier, pourrait-on ajouter, quand on s'est escrimé de longues heures à tenter d'assimiler des écrans abscons en corps 6 et qu'une espèce d'état d'hypnose finit par vous persuader que la vérité est sous vos yeux. Il suffit alors de la faire cadrer avec la chaîne de raisonnement déjà en place dans votre esprit, en espérant que celle-ci sera encore là. Notre maxime électronique est-elle donc plutôt " qui cherche trouve autre chose " ?

Cela sonne assez merveilleux et rappelle un peu ce cher hasard objectif. Mais selon les gardiens de l'ordre établi tel Michael Gorman, le nouveau système serait une pioche idiote qui ne ramène que des snippets déracinés de tout contexte et sans valeur réelle alors que le catalogue traditionnel, en cartes, puis informatisé, impliquait de connaître la signification globale d'un ouvrage au complet. Pieds nus et en chemise, nous serions donc en train d'embarquer pour la galaxie de l'information foisonnante en renonçant d'emblée à la comprendre et à la dominer. C'est Alzheimer effaçant Gutenberg, ronchonne l'imprécateur resté sur le tarmac.

Auteur: Polastron Lucien Xavier

Info: La Grande Numérisation : Y a-t-il une pensée après le papier ? p. 97

[ Murphy ] [ désordre ] [ évolution ] [ perdu ] [ lecture ] [ historique ] [ synonyme ]

 

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couple

Svetlana prétendait que je me prenais pour un robot uniquement capable d'actions négatives. Que mes considérations vis-à-vis du langage étaient cyniques. Tu conçois le langage comme une fin en soi. Tu crois qu'il ne signifie rien. Enfin, non, tu ne le crois pas, c'est juste que tu te fiches de le savoir. A tes yeux, une langue forme un système autosuffisant.

- Mais c'est le cas.

- Tu vois ce que tu es en train de dire ? C'est comme ça qu'on se retrouve embrigadé avec le diable. Ivan a senti cela en toi. Il est aussi cynique que toi, mais plus encore, à cause des maths. Tu l'as dit toi-même : les maths sont un langage initialement d'une grande abstraction, abstraction supérieure aux mots, et qui est soudain devenu très concret. Grâce aux maths, on a su fabriquer la bombe atomique. Ce qui était un langage abstrait te laisse désormais des brûlures au troisième degré. Voilà qu'existe dorénavant un langage spécifique avec lequel on peut tout contrôler, tout manipuler, et si tu fais partie de l'élite qui parle ... eh bien tu peux à ton tour tout contrôler.

Ivan voulait tenter une expérience, un jeu. Ça n'aurait jamais marché avec quelqu'un d'autre, sur quelqu'un comme moi. Mais toi, tu es tellement déconnectée de la vérité, tu étais tellement prête à sauter dans une réalité que vous avez inventée tous les deux, juste par le langage. Naturellement, ça lui a donné envie de voir jusqu'où il pouvait aller. Vous êtes allés de plus en plus loin - et puis quelque chose a mal tourné. Ça ne pouvait plus continuer ainsi. Il fallait que ça évolue vers autre chose - vers le sexe, ou autre chose. Mais pour une raison quelconque, ça n'a pas été le cas. L'expérience n'a pas fonctionné. Et maintenant, vous êtes si loin de tous les points de repère. Vous êtes juste en train de dériver dans l'espace.

Auteur: Batuman Elif

Info: L'Idiote

[ complicité intellectuelle ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

écrivain-sur-écrivain

Pour ce qui est de Vaudoré*, c’est le plus heureux des hommes. Tout ce que la médiocrité de l’esprit, la parfaite absence du cœur et l’absolu scepticisme peuvent donner de félicité à un homme, lui fut octroyé.

On l’appelle, volontiers, l’un des maîtres du roman contemporain, par opposition à Ohnet, toujours envisagé comme point extrême des plus dégradantes comparaisons. Toutefois, il serait assez difficile de préciser la différence de leurs niveaux. Leur public est autre, sans doute. Mais ils disent les mêmes choses, dans la même langue, et sont équitablement payés d’un succès égal.

Seulement, Vaudoré l’emporte infiniment par les supériorités inaccessibles de son impudeur. Ce médiocre devina, du premier coup, son destin. Sans tâtonner une minute, il choisit la bâtardise et l’étalonnat. Telles sont les deux clefs par lesquelles il est entré dans son paradis actuel.  […]

Les confrères, quoique pénétrés de respect pour l’énormité du succès, le nomment entre eux, volontiers, le tringlot de la littérature. Telle est, en vérité, la physionomie précise du personnage et tel son degré de distinction. C’est un sous-officier du train et même un sous-off. Petit, trapu, teint rouge et poil châtain, il porte la moustache et la mouche et a des diamants à sa chemise. C’est le traditionnel bellâtre de garnison qui affole les caboulotières et qui ne parvient pas à se remettre de son effronté bonheur. Un désir infini d’être cru parisien jusqu’au bout des ongles est la soif cachée de cet indécrottable provincial.

Étonnamment dénué d’esprit et de toute compréhension de l’esprit des autres, il est impossible de rencontrer un être plus incapable d’exprimer un semblant d’idée, ou d’articuler un seul traître mot sur quoi que ce soit, en dehors de son éternelle préoccupation bordelière. La parfaite stupidité de ce jouisseur est surtout manifestée par des yeux de vache ahurie ou de chien qui pisse, à demi noyés sous la paupière supérieure et qui vous regardent avec cette impertinence idiote que ne paierait pas un million de claques.

Auteur: Bloy Léon

Info: *Pseudonyme pour Guy de Maupassant, dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, pages 324-326

[ vacheries ] [ nullité littéraire ] [ portrait physique-moral ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

épitaphe

Riboux Caroline
(1967-1989)
bonjour bonjour je suis l'idiote du village il y en a toujours une assise sur un banc de la place de la mairie ou debout devant l'élise la bave aux lèvres c'est moi le regard débile oh pas trop quand mais quand même au bout d'une minute à me demander le chemin pour Landon et la voiture repartait et ils disaient c'est fous tous ces idiots du village y a qu'ici qu'on voit ça faudrait les enfermer mais ça aussi je l'étais au service psychiatrique de l'hôpital de Landon quand maman ne pouvait plus me calmer avec les quatorze valiums par jour un an à crier hurler derrière la grille un an à griffer les murs taper contre la porte pisser sur moi et manger mes excréments typique disait le docteur typique j'étais une idiote typique et au bout d'un an j'étais encore l'idiote oui c'est moi l'idiote bonjour bonjour alors je suis restée à la maison avec maman et papa je cassais rout papa réparait maman pleurait et je crevais les yeux du chat et papa l'enterrait et maman pleurait et je poussais des grognements et des gémissements et maman me prenait dans ses bras et papa pleurait j'étais vraiment l'idiote l'idiote typique avec les gamins qui attachaient mon pied au banc ou me cachaient dans les toilettes de la mairie j'étais quand même l'idiote du village avec mon sourire béat à rester toute la journée dehors sans bouger avec cette mare de bave à mes pieds et à rentrer pour casser ce que papa avait rafistolé et me blottir dans le giron de maman faut les comprendre et je les comprends mais je ne pouvais rien dire mais rien de rien ne sortait typique pour une idiote de village typique sauf quand maman m'a fait boire du théralène mélangé à de l'aspirine et qu'enfin j'ai arrêté de respirer alors c'est venu d'un coup d'un seul je me suis mise à parler et à parler que je n'arrête plus mais bon typique vont dire typique pour l'idiote du village.

Auteur: Kermann Patrick

Info: La mastication des morts

 

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épistémologie

- Passons au strong programme lui-même. Pourriez-vous expliquer aux lecteurs non initiés le type de relativisme qui caractérise votre analyse sociologique de la connaissance ? Quelles sont les théories relativistes que vous rejetez ?

- Je dirais que le trait essentiel de tout type de relativisme doit être le rejet de l’absolutisme. Être relativiste, c’est reconnaître que les prétentions de la science à la connaissance n’ont ni ne peuvent prendre le titre de connaissance absolue. Pour être absolue, la connaissance doit être vraie sans aucune restriction, elle doit être connue avec certitude, être une vérité complètement stable et éternelle : c’est le genre de connotations qui donnent son sens au mot "absolu". Et c’est précisément toutes ces connotations que le relativiste rejette.

Donc le relativiste peut dire : toute connaissance est conjecturale, partielle, susceptible d’être révisée ; les théories scientifiques finissent toujours par s’écrouler, elles ont presque toujours – peut-être toujours, mais certainement presque toujours – raison au sujet de certaines choses, et tort au sujet d’autres choses. Elles ont raison jusqu’à un certain degré d’approximation au sujet de certaines choses, et au sujet d’autres choses elles ont raison avec un meilleur degré d’approximation. Tout cela veut dire qu’on ne peut pas accoler le mot "absolu", avec tout son sens, à la prétention à la connaissance. Je dirais donc qu’en conséquence on doit nécessairement accepter ou adopter une certaine forme de relativisme. 

Maintenant, oui, il existe différents types de relativismes, bien que chacun de ces types doive rejeter l’absolutisme pour être une forme de relativisme. Mais bien sûr, il y a des façons idiotes de rejeter l’absolutisme. Par exemple, quelqu’un pourrait dire simplement : "Oh, nous ne connaissons rien, hein ?" ou encore : "Ouais, de toute façon c’est une question d’opinion", puis tenir des propos affligeants comme : "Bien, c’est peut-être vrai pour vous, mais ça ne l’est pas pour moi." Il y a évidemment un grand nombre de façons négligentes et idiotes de nier le caractère absolu de la connaissance, mais le faire n’oblige personne à exprimer des opinions idiotes. On peut nier le caractère absolu de la connaissance sans tomber dans le subjectivisme, sans invoquer sans réfléchir la simple opinion, ou d’autres choses de ce genre. Le lecteur non initié doit comprendre que pour être relativiste, il n’est pas nécessaire de penser "faites ce que vous voulez". C’est une forme de relativisme, mais c’est une forme stupide de relativisme, et ce n’est absolument pas nécessaire pour un relativiste d’être de ce genre-là. Je peux vous assurer que le relativisme associé à la Science Studies Unit n’est pas de ce genre-là. C’est la négation, formulée de manière beaucoup plus prudente, du caractère absolu de toute connaissance. Je rejette le relativisme du "faites ce que vous voulez", tout comme je rejette le relativisme subjectiviste, anti-scientifique, basé sur une conception très individualiste de la connaissance.

Auteur: Bloor David

Info: https://journals.openedition.org/. Entretien avec François Briatte. Traduction de Marc Lenormand

[ distanciation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel