confirmation céleste
Cette Comète eût pu nous échapper sans doute, passer par son périhélie dans des mois où sa distance à la Terre eût été très-grande, elle pouvoit descendre dans les temps, où enseveli dans les brouillards, le ciel cesse d'exister pour nos yeux, alors nous eussions été réduits à la seule confiance qu'inspire une connoissance approfondie de l'ordre naturel, à une persuasion qu'en vain peut-être nous nous serions efforcés de faire passer dans le Public ; nous eussions vu renaître les questions dans les Colléges, les dédains parmis les ignorans, & les terreurs parmi le Peuple, le retour que nous venons d'annoncer nous affranchit de ces incertitudes ; il met une barrière éternelle entre les hypothèses des tourbillons, dont une Physique naissante s'étaya pour quelques temps, & les heureuses découvertes dont elle s'est accrue depuis ; enfin cette Comète, je ne crains pas de le dire, est venue assurer le triomphe de l'Astronomie & la gloire de l'esprit humain.
Auteur:
Lalande Joseph Jérôme Lefrançois de
Années: 1732 - 1807
Epoque – Courant religieux: préindustriel
Sexe: H
Profession et précisions: Astronome
Continent – Pays: Europe - France
Info:
in "Histoire de l'Académie royale des sciences", 1759
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science
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Halley
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aléas
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discours scientifique
Laisse donc là cette Science,
Laisse là cette outrecuidance,
Garde toy bien de ce poison,
Conserve entiere ta raison,
Que ta vertu soit toute tienne,
Et qu’aprez tout il te souvienne
Qu’en un bon Livre il est escript
Bien heureux les pauvres d’esprit.
Que toute la sagesse humaine
Est aussy folle qu’elle est vaine :
Et que si nos premiers Parens
Fussent demeurez ignorans
Sans donner au diable creance,
Nous serions tous dans l’innocence…
Non, je n’ayme point ceste estude
Qui promet une certitude,
Et ne donne que fiction
Qu’erreur, et que presomption ;
En un mot, je hay la Science :
Mais j’ayme la belle Ignorance ;
J’ayme ceste divinité
Qui me donne la liberté
De tout penser et de tout dire…
La debonnaire conscience,
La simple et facile creance,
Sont les plus communes vertus,
Dont les sujets sont revestus.
Ils ne cognoissent point le vice,
Ils vivent sans nul artifice,
Et dans leur sagesse occupez
Ils endurent d’estre trompez.
L’impie et perfide heresie
Vient elle de leur fantaisie ?
Les troubles et les factions
Sont ce de leurs inventions ?
Non, non, par leurs obeissances,
Ils recognoissent les Puissances,
Qui disposent de leur destin,
Et vont tousjours leur grand chemin…
Ce peu suffit, comme je pense,
À te faire aymer l’ignorance
Et rejetter de ton esprit
Ce que les Docteurs ont escript
Pour le tourment de qui se fie
À leur vaine philosophie.
Quittant donc là tous ces fatras
Allons, d’Alibray, de ce pas
Avec Lambert et Benserrade
Chez le Bon-Puis faire grillade ;
C’est là que par un art divin
Dans une bouteille de vin
Nous estoufferons la memoire
De la science et de la gloire,
Et que nous rendrons triomphans
Et l’ignorance et les enfans.
Auteur:
Le Pailleur Jacques
Années: 16??-1654
Epoque – Courant religieux: Renaissance
Sexe: H
Profession et précisions: mathématicien, poète
Continent – Pays: Europe - France
Info:
A Monsieur d’Alibray, pour reponse à plusieurs sonnets qu’il luy avoit envoyez par lesquels il luy demandoit son sentiment de l’opinion de Galilée touchant le mouvement de la terre
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religion
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relativisation
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mise à distance
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imaginaire
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simplicité
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