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christianisme

Lorsque l’Eglise catholique s’était orientée vers la visualisation, elle avait commis la plus grande erreur possible, au nom de l’efficacité. Et cette erreur s’inscrivait dans le double processus qui exprimait la grande tentation de l’Église, d’une part la transformation de la Révélation et de la foi en religion (à l’imitation de toutes les religions du monde), d’autre part la volonté de produire une société chrétienne, une civilisation chrétienne, un ordre chrétien du monde. Cela ne pouvait se faire, en effet, que par la visualisation et l’entourage d’images pour toutes les réalités de la vie. Cependant cette grande perversion accomplie en Occident entre le VIII et le Xie siècle [...] me paraît fort différente de ce qui se passe aujourd’hui, à deux points de vue. D’abord tout fonctionnait grâce à une symbolique qui en même temps était créée par l’Eglise et était tout à fait compréhensible par les fidèles. Mais dans l’opération symbolique il y avait une authentique formation spirituelle, une progression de tous. Alors qu’aujourd’hui les Eglises fournissent de mauvais spectacles, où rien n’engage les hommes dans une nouvelle symbolisation, mais simplement les alimentent en images passagères toutes faites, sans profondeur. La seconde différence, c’est que l’Eglise médiévale était créatrice de ce courant. Elle avait elle-même découvert l’importance de la vue, elle innovait dans la statutaire et la liturgie, elle produisait ce que personne d’autre ne réalisait ! Elle était évocatrice. C’était une erreur théologique, mais au moins c’était une invention. Alors que de nos jours, c’est la plus plate imitation de ce qui se fait partout, c’est l’obéissance au courant sociologique.

Auteur: Ellul Jacques

Info: Dans "La parole humiliée", éditions de la Table Ronde, Paris, 2014, pages 312-313

[ décadence ] [ historique ] [ suivisme ] [ moderniste ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

résumé

La théorie de l'évolution s'est longtemps heurtée à une énigme qui, pour les créationnistes plus ou moins déclarés, avait valeur d'objection : comment les exceptionnelles capacités cognitives, sociales et culturelles des humains sont-elles apparues, démarquant notre espèce de toutes les autres ? Faute d'apporter une réponse étayée à cette question fondamentale, la symphonie de Darwin est restée inachevée. Kevin Laland s'attache ici à compléter les pages manquantes de notre histoire évolutive pour comprendre par quels processus le langage, la technologie, les sciences et les arts ont été possibles. A partir d'études expérimentales étonnantes menées dans le domaine de l'apprentissage social chez les animaux et d'analyses novatrices issues de la théorie des jeux évolutionnaires, cet ouvrage retrace la manière dont la faculté propre à l'humanité de complexifier et d'accroître continuellement son patrimoine culturel a évolué à partir de comportements d'apprentissage, d'innovation et d'imitation largement répertoriés non seulement chez les grands singes, mais également chez les oiseaux, les poissons ou les insectes. Il met ainsi en évidence la dynamique de coévolution entre gènes et culture par laquelle des compétences socialement transmises ont pu orienter de façon spectaculaire le cours de la sélection naturelle chez nos ancêtres. Ce récit captivant de l'origine de notre espèce renverse la perspective de la psychologie évolutionniste, qui envisage les phénomènes culturels seulement comme des réponses adaptatives à des circonstances extérieures, dans une relation causale à sens unique allant des gènes à la culture. Il montre que la culture n'a pas simplement émergé à partir de l'intelligence, mais qu'elle a constitué le principal moteur de l'évolution dans notre lignée. Autrement dit, l'esprit humain n'est pas façonné pour la culture, mais véritablement par la culture.

Auteur: Laland Kevin Neville

Info: La symphonie inachevée de Darwin : comment la culture a créé l'esprit humain. La Découverte, 2022. 422 pages. Quatrième de couverture. Trad Thierry Hoquet

[ simultanéité ] [ intrication ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

abandon de soi

Ne ressentir jamais aucun trouble, n’éprouver aucune peine dans son cœur, aucune souffrance dans son corps, tout cela n’appartient pas à la vie présente : c’est l’état du repos éternel.

Ne t’imagine donc pas avoir trouvé la véritable paix lorsque tu ne rencontres aucune contrariété ou lorsque tu ne te heurtes à aucune opposition, ni avoir atteint à la perfection lorsque tout se réalise selon tes désirs.

Ne te crois pas non plus devenu l’objet d’un amour spécial quand tu éprouves la douceur d’une vive dévotion, car ce n’est pas par là que l’on reconnaît l’homme véritablement épris de verti, ni en cela que consiste le progrès de l’âme.

En quoi donc consiste-t-il, Seigneur ?

A te livrer de tout ton cœur à la volonté divine, sans te poser de questions d’aucune sorte, à aucun moment, de sorte que tu embrasses d’un même regard les biens et les maux et que tu m’en rendes grâce indistinctement.

Si tu demeures si ferme, si constant dans l’espérance que, privé intérieurement de tout réconfort, tu prépares ton cœur à résister à des épreuves plus dures encore, si tu ne cherches jamais à te justifier comme si tu ne méritais pas de tant souffrir, mais si tu reconnais au contraire ma justice et si tu loues ma sainteté dans tout ce que j’ordonne, alors tu es dans la bonne voie, la véritable voie de la paix, et tu peux avec assurance revoir mon visage dans l’allégresse i(Jb 33, 26).

Et si tu parviens à un parfait renoncement à toi-même, sache que tu jouiras alors d’une paix aussi complète qu’il est possible sur cette terre d’exil.

Auteur: Hemerken Thomas a Kempis

Info: Dans "L'imitation du christ", traduction du latin de Dominique Ravinaud SSP revue et mise à jour par Marcel Driot osb, Médiaspaul éditions, Paris, 2012, pages 162-163

[ délaissement de l'ego ] [ acceptation ]

 

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philosophe

Thomas Hobbes fut un homme admirable en ce sens que, le premier de tous, il osa écrire, en 1654, en tête de son introduction au Léviathan, que si la nature est ce monde que Dieu construit et gouverne par son art divin, l’homme, de son côté, par industrie, produit en imitation un animal artificiel, et cet animal formidable, ce Léviathan, c’est la société, c’est l’État.

[…]

Ce fut certainement ce que l’on conçut de plus fort, de plus précis, pour établir la théorie matérialiste de l’Etat. Pour Hobbes, il n’est rien dans l’intelligence qui n’ait son origine dans la sensation. Nos idées générales ne sont qu’une addition ou une soustraction d’images de corps existant au dehors et la connaissance ne peut être incorporelle.

L’Etat également n’est qu’une collection d’individus, mais groupés par les sensations sociales qui sont l’égoïsme et la peur. Dans l’état de nature, l’homme est un loup pour l’homme, suivant le mot de Plaute, car les hommes étant égaux, la guerre et l’anarchie sont leurs conditions normales, puisque rien ne borne leurs appétits et leurs désirs. C’est par besoin de sécurité que les hommes renoncent à leurs forces individuelles au profit d’une force unique et ce contrat social artificiel crée la souveraineté absolue.

Quant à la religion, elle est fille de l’imagination et de la peur. Elle n’est que basse superstition lorsque l’imagination peureuse est individuelle ; elle est un moyen de gouvernement utile lorsque cette imagination et cette peur sont collectives.

Au temps où vivait Hobbes, cette assimilation matérialiste du corps social au corps humain n’était guère qu’une image littéraire destinée à frapper les esprits ; au dix-neuvième et au vingtième siècle, elle prit avec le développement scientifique des théories évolutionnistes une importance singulière.

Auteur: Pawlowski Gaston de

Info: Voyage au pays de la quatrième dimension, Flatland éditeur, 2023, pages 107-108

[ résumé ] [ explication ]

 

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inexprimable

POLOZOV. Je veux te raconter quelque chose. En fait, je n'en ai jamais parlé à personne. C'est pourquoi il m'est difficile de parler. Très difficile. Cela vient de se produire. Cela vient même tout juste de se produire. Il y a trois ou quatre minutes. Bien que j'y pense depuis très longtemps, depuis environ seize ans. Mais c'est aujourd'hui que j'en ai eu la révélation. Maintenant. Juste au moment où tu te tenais au milieu du salon et que tu énumérais les objets qui s'y trouvent. Tu ne les énumérais même pas : tu les nommais - un vase de Chine, un requin empaillé, une vitrine avec les verres en cristal, une collection de couteaux, un piano. Tu étais là avec une allure désinvolte, tu parlais sur un ton assez moqueur, à peine certes, comme cela t'arrivait fréquemment, mais... (Silence.) Tu n'imagines pas à quel point ce que tu faisais à cet instant-là était grave. Tu attribuais un nom aux objets. Et toutes ces choses correspondaient à leur nom. Et cela m'a secoué comme le tonnerre. Oui ! Tous les objets correspondent à leur nom. Le vase de Chine était, est et sera un vase de Chine. Le cristal restera à jamais du cristal et il demeurera quand la Lune tombera sur la Terre. Tu te tenais au milieu de ces choses mortes, tel un homme vivant, au sang chaud, et tu étais le seul à ne pas correspondre à son nom. Et il ne s'agit absolument pas des particularités de ton âme ni de ton honnêteté ou de ton immoralité, de ton honneur ou de ta fourberie, pas plus que du bien et du mal qui emplissent ta personne. Simplement, tu n'avais pas de nom. Comme nous tous. L'homme n'a pas de nom. Serguéï Léonidovitch Stange, monsieur le docteur, homo sapiens, un animal pensant, à l'image et à l'imitation de Dieu, tout cela ce ne sont pas des noms. Ce ne sont que des désignations. Mais il n'y a pas de nom.

Auteur: Sorokine Vladimir Georgievic

Info: Le lard bleu

[ vocabulaire ] [ illumination ] [ littérature ]

 

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saynète

Il gèle à pierre fendre en cette veille de Noël mais les quatre jeunes étudiants, gais et prêts à plaisanter sur tout et sur rien, ne sentent pas la morsure du froid. Bien qu’ils n’aient plus que quelques minutes jusqu’au départ du train pour le Nord du pays, ils ne se pressent pas, trop heureux d’avoir obtenu quelques jours de vacances entre Noël et le Jour de l’An. Chargés de sacoches et débordant d’une joie naturelle à leur âge, ils mettent le pied sur la dernière marche du wagon au moment où le train s’ébranle déjà. Ils s’installent dans le premier compartiment libre. Une seule personne s’y trouve : une petite vieille mince et effacée qui, à leur arrivée, se blottit dans son coin.

— Ne bougez pas, petite mère, nous avons de la place, lui lance Émile. Puis, les gars se mettent à plaisanter et à bavarder : les professeurs, les camarades et surtout les filles, rien n’échappe à leurs commentaires, à leurs imitations. Nos copains n’ont pas eu le temps de manger avant leur départ et ils mordent, à pleines dents, les " covrigi" -craquelins ronds qu’ils ont emportés. Ensuite ils ouvrent leurs sacoches et entament les oranges pour lesquelles ils se sont tant bousculés avant d’attraper le train !

Émile pèle son orange, la sépare en deux et se tourne vers l’ombre, immobile dans son coin :

— Tenez petite mère quelques tranches d’orange, vous avez peut-être soif ou bien l’odeur vous a-t-elle donné envie d’y goûter ! La veille femme esquisse un geste pour tendre la main, puis se recroqueville sur elle-même et chuchote d’une voix sourde :

— Merci, Monsieur mais vraiment, il ne faut pas.

— Prenez, petite mère, puisqu’il vous l’offre, car il ne vous la proposera pas une deuxième fois ! plaisante un des jeunes gens.

— Laissez, messieurs, ne vous dérangez pas. La vieille n’est pas habituée à ces bonnes choses. S’il vous reste quelques peaux d’orange, je vous remercie.

— Maman fait aussi des peaux d’orange confites pour les gâteaux, dit, l’eau à la bouche, le jeune homme grassouillet. Mais, celles-ci, nous pouvons les lui donner. Il ramasse avec soin les peaux, les met dans un sac en papier et les tend à la femme.

— Merci, Monsieur, Dieu vous les rendra, dit-elle en cachant, discrètement, le sac.

Auteur: Petrescu Cornelia

Info: Les Écorces d'orange, pp. 7-8

[ voyage ] [ nourriture ] [ recyclage ] [ récupération ]

 

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en douceur

Les choses sont noires parce que tu essayes trop fort.

Légèrement, mon enfant, légèrement. Apprends à tout faire avec légèreté.

Oui, ressentir avec légèreté même si tu ressens beaucoup de choses.

Laisse les choses arriver avec légèreté et gère-les avec légèreté.



J'étais tellement sérieux à l'époque, un petit con sans humour.

Léger, léger - c'est le meilleur conseil qu'on m'ait jamais donné.

Même lorsqu'il s'agit de mourir. Rien de pesant, ni de prétentieux, ni d'emphatique.

Pas de rhétorique, pas de trémolos,

pas de personnage conscient de lui-même imitant le Christ ou la petite Nell.

Et bien sûr, pas de théologie, pas de métaphysique.

Juste le fait de mourir et le fait de la lumière claire.



Alors, débarrasse-toi de tes bagages et va de l'avant.

Il y a des sables mouvants tout autour de nous, qui nous aspirent par les pieds,

Qui tentent de nous faire sombrer dans la peur, l'apitoiement et le désespoir.

C'est pourquoi il faut y aller avec légèreté.

Légèrement, ma chérie,

sur la pointe des pieds et sans bagages,

pas même un sac en éponge,

complètement désencombré. 





It’s dark because you are trying too hard.

Lightly child, lightly. Learn to do everything lightly.

Yes, feel lightly even though you’re feeling deeply.

Just lightly let things happen and lightly cope with them.



I was so preposterously serious in those days, such a humorless little prig.

Lightly, lightly – it’s the best advice ever given me.

When it comes to dying even. Nothing ponderous, or portentous, or emphatic.

No rhetoric, no tremolos,

no self conscious persona putting on its celebrated imitation of Christ or Little Nell.

And of course, no theology, no metaphysics.

Just the fact of dying and the fact of the clear light.



So throw away your baggage and go forward.

There are quicksands all about you, sucking at your feet,

trying to suck you down into fear and self-pity and despair.

That’s why you must walk so lightly.

Lightly my darling,

on tiptoes and no luggage,

not even a sponge bag,

completely unencumbered.

Auteur: Huxley Aldous

Info: Island. Trad Mg

[ poème ] [ délicatement ] [  doucement ] [ sans se presser ] [ succomber ] [ aérien ] [ lâcher prise ] [ acceptation ] [ facilement ] [ simplement ] [ diaphane ]

 

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stratégie du capitalisme

Le cul est devenu une silhouette. Et quelle silhouette ! Celle de l'archétype Hollywoodien. Les jeans à l'origine tenue de travail, permettent de camoufler cette promotion mondaine, du derrière. La tenue de vulgarisation Hollywoodienne pourra même être proposé comme mépris de toute sophistication mondaine (constante inversion des significations de la réalité par les signifiants mondains). Hollywood est descendu dans la rue, et les idéologies diront que la jeunesse tourne le dos au passé, qu'elle méprise les modes ! Promotion du derrière : il est devenu enfin une silhouette et celle-ci est celle de la mode. Une matière a pris forme. Ce qui était en puissance est devenu en acte. La sexualité a revêtu la mode. Quelle séduction ! Quel triomphe narcissique ! L'objet lourd, gros, obscène, la femme encombrée de son derrière, culpabilité secrète, pesante, pendante au dos (étalée sur la poitrine) s'efface et devient la silhouette longue, fine, souple, galbée, élégante "sans le vouloir", nonchalante, décontractée. Libre, l'unisexe. Pour revendiquer l'identité, (laquelle ?).

Le couturier vous faisait porter la toilette : toute une civilisation. Et celle-ci s'avérait non seulement incapable de résoudre le problème mais aussi de le poser. Que faire d'un derrière qui révèle, dans le moindre geste, à travers la sexualité, la maternité ? Cet élargissement du bassin, cette disposition de l'os iliaque, qui proclame la fonction de l'espèce en même temps que le désir de la créature ?

Le couturier ne savait comment s'y prendre : le cacher ou le révéler, le révéler en le cachant ? Ce qui s'avérait alors c'est l'ambiguïté du statut de la femme : objet de désir et moyen de reproduction, et à mesure que la bourgeoisie accède à la société civile - à la sphère des besoins - l'idéologie du désir se développe de telle manière que le derrière, moyen de reproduction est de trop (de Rubens, Fragonard, Delacroix, Renoir à Van Dongen et Modigliani)

Le nouveau bourgeois devenu le parfait consommateur ne veut que d'un derrière objet de désir. Le derrière de la pondeuse doit s'effacer pour ne plus être que la silhouette inventée par la libido capitaliste.

Cette opération est réalisée par les blue-jeans. L'eurêka de la mondanité : l'uniforme du désir, l'objectivation de la phallocratie. Voici le nouveau corps prêt à porter, le corps du désir. Les couturiers peuvent aller se rhabiller. Les modélistes doivent se soumettre au modèle. Certes, déjà la mode était descendue dans la rue. L'élégance des modélistes était devenue celle du prêt-à-porter. L'imitation de Chanel pour un dernier combat d'arrière-garde, une banalisation chère. Alors la femme pauvre élégante. La toilette de la femme qui ne peut la porter. Quel style : la prétention petite-bourgeoise de sa maman, affichée, proclamée. La copie de la copie comme bonne tenue respectueuse. Le blue-jeans permet de franchir d'un bond barrières et niveau de l'étiquette bourgeoise, pour revêtir le corps idéal, celui qu'Hollywood a mis si longtemps à forger dans son usine à rêver. Les jeans permettent de passer de la robe modèle au corps modèle. La toilette était valorisante du couturier de la mode. Elle revêtait le corps. Alors que les jeans donnent forme - parfaite - au corps. Le corps réinventé ! Une autre peau. La forme culturelle, d'abord prototype de l'usine à rêver, est reproduite en série. C'est le modèle parfait qui devient prêt-à-porter. Il suffit de l'endosser pour se l'approprier.

Blue-jeans, rêve de femme ! À la portée de toutes, corps parfait revêtu en masse. Enfin une féminité désencombrée de la maternité, le sexe sans la reproduction, le désir sans le mariage et le mariage avec le divorce. Le corps libre, naturel, spontané ! Le corps sans la toilette ! Le corps sans la mode !

C'est toute l'idéologie de la libéralisation qui est endossée avec les jeans. Idéologie sans laquelle ces jeans ne seraient qu'un banal instrument de mode.

Auteur: Clouscard Michel

Info: Le capitalisme de la séduction (1981, 340 p., éditions delga, 2006, p.49, 50, 51)

[ évolution vestimentaire ] [ féminisme ] [ masculinisation vestimentaire ]

 

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politiquement correct

Le "n-word», ce tabou américain
Le mot "nigger", forcément tabou chez les Blancs, est très prisé des jeunes Afro-Américains, qui l’utilisent souvent entre eux, sans modération. Avec parfois quelques situations bizarres – merci Kendrick Lamar –, raconte notre chroniqueuse.

"Hey, nigga!" Je l’avoue, à chaque fois que j’entends des Afro-Américains s’apostropher de la sorte dans la rue, j’esquisse un petit sourire. Nigga, comme diminutif de nigger, pour "nègre". Le "Hey, nigga!" s’accompagne généralement immédiatement d’une bonne vieille accolade. C’est une marque d’amitié, de fraternité, très prononcée, mais qui peut surprendre. Les médias américains, eux, optent pour le tabou le plus absolu: c’est le fameux n-word.

Un marqueur identitaire
Cela faisait longtemps que j’avais envie d’écrire à ce sujet, à force d’entendre les nigga ou nigger à chaque coin de rue. Mais j’hésitais. Comment l’aborder? Le thème est délicat, et le dérapage ou la maladresse involontaire vite là. Et puis, à force de faire quelques recherches, je suis tombée sur le rappeur Kendrick Lamar. Kendrick Lamar, donc, a fait un jour monter une fan sur scène lors d’un concert en Alabama, lui prêtant son micro. Delaney est restée très fidèle à ses paroles. Trop. Car lorsqu’elle a répété "nigga" à plusieurs reprises – c’est le texte de la chanson qui voulait ça –, Kendrick Lamar a vu rouge et l’a interrompue. Précision: Delaney est Blanche. Totalement hypocrite? L’actrice Gwyneth Paltrow ne peut que compatir. En 2012, à un concert de Kanye West qui chantait Niggas in Paris avec Jay-Z, elle a eu le malheur de tweeter le mot. Elle a reçu une avalanche de critiques.

Le n-word renvoie à l’esclavagisme et au racisme. Au dernier mot que des Noirs ont parfois entendu avant d’être lynchés. Un Blanc qui le prononce, même par simple imitation, passe pour un suprémaciste qui considère les Noirs comme des êtres inférieurs. Mais dans la communauté noire, chez les rappeurs plus spécifiquement, il devient un marqueur identitaire, une sorte de revendication pour souligner la fierté de ses racines. Même l’écrivaine noire Toni Morrison, récemment décédée, l’utilisait souvent. Pour relever la discrimination raciale qui prévaut aux Etats-Unis.

Le bruit d'un fouet
"Le débat sur le racisme aux États-Unis s'articule autour du n-word et du nombre de membres de la communauté blanche qui l'ont historiquement utilisé comme une arme verbale contre les Noirs américains. C'est un rappel aussi vivifiant que le coton, les chaînes et les souvenirs de la Confédération de ce que nos ancêtres ont enduré pendant des siècles", écrit le journaliste Jeremy Helligar dans Variety. "Même aujourd'hui, pour beaucoup d'entre nous, lorsqu'une personne blanche prononce le n-word, c'est comme le bruit d'un fouet qui tape dans le dos d'un esclave. En raison de son histoire chargée, il ne sera jamais acceptable que des Blancs utilisent le n-word (pas même si c'est Eminem, bien qu'il semble inexplicablement obtenir un laissez-passer de la communauté hip hop), peu importe les circonstances."

Il ajoute: "Ces dernières décennies, des Noirs se sont emparés du mot que certains Blancs utilisent encore contre eux, et l'utilisent comme un terme presque affectueux pour leurs compatriotes afro-américains, le transformant souvent en "nigga", vraisemblablement pour le diluer et le rendre vainqueur. C'est une façon de prendre une arme qui a permis aux Afro-Américains de rester mentalement battus pendant des générations et de l'embrasser, lui ôtant ainsi son pouvoir destructeur". Mais Jeremy Helligar ne cache pas son scepticisme quant à cette utilisation-là.

Même Barack Obama
Lorsqu’il était président, Barack Obama a osé prononcer ce mot lors d’une interview à une radio de Los Angeles en 2015, dans le but de dénoncer le racisme ambiant. Cette phrase a déclenché la panique dans les rédactions: "Il ne s’agit pas seulement de ne pas dire "nègre" en public parce que c’est impoli." Le quotidien USA Today n’a retranscrit que la première lettre du mot. Le New York Times a choisi de faire une exception, en l’expliquant: "Dans ce cas précis, une paraphrase ou l’usage d’un euphémisme aurait laissé les lecteurs dans la confusion et aurait ôté de la substance à l’article." A la télévision, Fox News a prévu un "bip" et CNN a averti qu’un mot allait "beaucoup offenser".

Blancs et Noirs restent forcément inégaux face à l’utilisation de ce mot. Mais rien n’est simple. D’ailleurs, des Noirs eux-mêmes s’en offusquent, tant le terme, qu’il soit utilisé comme marque d’affection ou non, est dépréciatif. En 2007, nigger a eu droit à un enterrement officiel à Detroit, avec une procession funéraire mise sur pied par une grande organisation de défense des droits des Noirs américains. Et en 2011, raconte l’AFP, une maison d’édition de l’Alabama a même remplacé les 219 "nigger" dans Les Aventures de Huckleberry Finn de Mark Twain (1885) par "esclave".

Mais il a vite ressuscité. Est-ce finalement une bonne chose que de jeunes Blacks se réapproprient à leur manière un mot très chargé historiquement? On n’a pas fini d’en débattre.

Auteur: Graffenried Valérie de

Info: Le Temps online, 26 sept 2019

[ retournement linguistique ] [ langage ]

 

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citation s'appliquant à ce logiciel

Pour entamer cette chaîne (approche d'une systématique des pensées) nous voulons partir de la création du signe (voir la chaîne évolution de la lecture) parce que nous sommes acquis à l'idée de C.S. Peirce comme quoi il n'est pas de pensée sans signe.

Ensuite se pose la question de la clarté ; l'idée étant qu'il faudrait, dans l'absolu, qu'on puisse expliquer notre cheminement à un Bonobo (voire à un aveugle sourd muet) pour, petit à petit et avec beaucoup de temps, la développer plus avant. Parce qu'à y regarder de près, ça ne s'est pas passé différemment pour l'homme. Moi ou toi lecteur, sommes "assis" sur quelques dizaines de milliers d'années de développement et d'accumulation d'un processus comme celui-ci.

On imagine d'abord la domestication du feu qu'on suppose couplée d'une manière ou d'une autre au développement d'un langage, c'est à dire de "conventions" quand à la signification de gestes ou de sons proférés par le groupe - ce qu'il se passe chez l'animal depuis lurette. Et il y a ce saut incroyable - tout aussi extraordinaire que la maîtrise du feu - avec l'apparition des conventions écrites (ici on imagine un bipède en train de tracer un trait sur la roche avec le charbon de l'extrémité d'une branche à demi consumée - ce qui ramène aussi aux pigments de l'encre noire d'imprimerie, encore de nos jours à base de suie. Le feu est toujours là). Conventions écrites "externes" qui correspondent à l'apparition d'une conscience humaine tribale et donc en même temps à une forme d'isolement solipsiste de son espèce, début d'une manière de "séparation formelle" d'avec les autres mammifères. Passons. Où que ce soit ces conventions, traces/signes/mots, seront d'abord beaucoup utilisées sous forme de listes/inventaires, bien plus que comme supports d'histoires, ces dernières restant principalement orales. Allons vite ici et constatons les quelques milliers d'années de développement des langages "écrits" et l'apparition subséquente de recueils (alphabets, lexiques, dictionnaires "interlangues", etc) apportent et rassemblent tout un arsenal idiomatique qui précède/accompagne l'émergences des concepts, mots-concepts, idées, notions... "Representamen" étant la terminologie usée par C.S. Peirce pour cerner une "entité sémiotique" qui est en réalité un carrefour sémantique. Au-delà de l'alphabet font surface ces "machins bizarres", accommodables quasiment à toutes les sauces, les mots. Voyez plutôt. Nous sommes ici dans l'idée du "mot univers", ou, vu de l'autre bout de la lorgnette, du "terme monade". Le signe originel est devenu immense.

Continuons à grande vitesse. La civilisation des mots et des nombres a aussi fait émerger la logique formelle et ses développements mathématiques et puis, grâce à la musique et au puissant instinct de Jean-Sébastien Bach, une logique plus profonde, quasiment mécanique, utilisée dans le développement contrapuntique de ses fugues - elles-mêmes pensées de manière symétriques - ou graphiques - par le maître, si j'ai bien saisi ce qu'on en dit. Une symétrie très bien exposée par Anton Webern (qui, à la suite du traité de l'harmonie de Schoenberg, enfonçait ainsi un clou définitif dans l'extension théorique du système tonal), avec ses 4 parties renversables : l'original (vérité), le renversement de l'original (mensonge), le miroir de l'original (vérité pessimiste) et le renversement du miroir de l'original (mensonge optimiste). Les mots entre parenthèses sont ici de notre crû, afin transférer l'idée dans le langage. 1) motif original 2) miroir de l'original (rétrograde) 3) inversion de l'original (intervalles) 4) miroir du renversement de l'original. Lien vers les 4 exemples graphiques sur portée musicale. Tout ceci a base de concordances, c'est à dire d'imitations et de répétitions de motifs, car le désordre n'est pas le fondement du fonctionnement d'un système tonal - 12 demi-tons tempérés avec une gamme centrale à 7 notes - déjà fortement établi depuis les grecs.

On notera au passage que toute notion d'ordre ne s'impose que subjectivement par rapport à un chaos (désordre). Suivant où l'on se situe le désordre va être libérateur ou... dérangeant. L'ordre réconfortant... ou assommant.  Ici on a envie de penser aux fonctionnalités de la tétravalence du carbone, sur base de quatre valeurs de vérités, qui engendre, une fois appliqué au mathématiques, une logique formelle beaucoup plus puissante que celle du tiers exclus. (Qui représente les bases du calcul quantique) 4 valeurs auxquelles nous appliquerons la triade de C.S. Peirce ; objet (representamen - mot - concept) - interprétant (récepteur - raisonneur - arbitre des élégances) - signe (média utilisé - écrit - visuel - sonore - mélange).

Nous voilà avec une base à sept pôles, (l'homme en son centre, tout comme au centre du représentamen), déclinable ad infinitum, et que nous allons nous amuser à mettre en concordance avec le développement - très primitif à ce jour - de nos représentations et d'une pensée articulée. Mais avant cela nous allons nous intéresser à l'homme et à son fonctionnement de récepteur-émetteur. Comment fonctionne la bio-machine qui se situe au centre de ce jeu ? Comment définir les paramètres qui nous concernent en ce domaine, nous autres lecteurs, surfeurs, écrivains... pauvres mammifères évolués et instables. Donc, dans une certaine mesure, libres. C.S. Peirce, et d'autres, nous indiquent quelques pistes.

Auteur: Mg

Info: 12 nov. 2019

[ mathématiques mystiques ] [ septénaire ] [ sociolinguistique ] [ pré-mémétique ] [ théandrie ]

 
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