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transcendant

Pour parler chinois, l’archétype est seulement le nom du Tao et non le Tao lui-même. De même que les Jésuites ont traduit Tao par "Dieu", de même on peut définir le "vide" du centre comme "Dieu". Le mot "vide" ne signifie pas qu’il y ait un "manque" ou une "absence", mais renvoie plutôt à un Inconnaissable caractérisé par une suprême intensité. Ce qui se passe quand je nomme "Soi" cet Inconnaissable, c’est seulement que la somme des effets produits par l’Inconnaissable a reçu un nom, ce qui ne préjuge en rien de ce qu’il contient en substance. Une partie de mon propre être, de grandeur inconnue, y est certes incluse, mais je ne peux pas, puisqu’elle est l’inconscient, en préciser les limites et l’extension. C’est pourquoi le Soi est un concept limite dont les processus psychiques n’épuisent pas le contenu, à beaucoup près.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans le tome IV de sa "Correspondance", page 80

[ nomination ] [ chose en soi ] [ subconscient ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

perte de l'insouciance

Une jeune fille morte est couchée sur un lit. Je dois dire que j'ai rarement vu une peinture aussi émouvante. Trois ou quatre écolières, des camarades de la défunte, sont en face du mystère qui, dans sa grandeur majestueuse, bouleverse et saisit les âmes en fleur et les refroidit d'un souffle. Elles ont peur ; elles ne s'y retrouvent plus dans leurs jeux et leurs exercices : les parents, les demeures, les champs, l'église, mais elles vont reprendre pied, et dès le lendemain, ou même déjà dans l'heure qui suit, elles rentreront dans l'habituel. Mais à présent, elles sont devant le corps de leur amie, prenant congé, et tout ce qu'elles connaissaient, elles ne le connaissent plus, l'inconnaissable est là, familier. Mourir est tellement imposant, et c'est infiniment peu de chose, aussi. C'est comme n'importe quoi, comme cueillir les cerises quand elles sont mûres, comme faire de la luge en hiver ou boire un café.

Auteur: Walser Robert

Info: in "Histoires d'images", éd. Zoé, p. 61-62 - trad. Marion Graf

[ tableau ] [ similitudes ] [ stupéfaction ] [ principe de réalité ] [ cadavre ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

inconnaissable nécessaire

La morale n’est pas la doctrine qui nous apprend comment nous devons nous rendre heureux, c’est celle qui nous enseigne seulement comment nous devons nous rendre dignes du bonheur. Et l’on peut dire qu’à cause de cela même, et pour que nous soyons vraiment dignes du bonheur, nous ne saurions avoir de connaissance du suprasensible.
Une telle connaissance, si nous la possédions, nous amènerait à agir d’une façon intéressée. Elle laisserait perdre cette pureté d’intention qui fait le mérite de notre désintéressement, et sans laquelle le souverain bien lui-même, tel que le définit Kant, ne serait plus concevable. Dieu ne veut pas, purement et simplement, que nous soyons heureux. Il ne veut pas le bonheur universel. Il veut le bonheur joint à la moralité. Et notre moralité suppose, par conséquent, quelque ignorance, c’est-à-dire la limitation de notre connaissance, telle que la Critique de la raison pure l’a, une fois pour toutes, définie. Cette limitation de notre connaissance est par conséquent la source de notre moralité, de notre véritable liberté.

Auteur: Alquié Ferdinand

Info: Dans "Leçons sur Kant", page 276

[ anti-synthétique ] [ résumé ] [ cheminement aveugle ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

corps-esprit

Comment pourrait naître, de l’équivalence de deux hypothèses opposées, autre chose qu’une indécision oscillant sans force dans le vague ? Cette situation fait bien ressortir l’avantage d’un principe explicatif unique, celui-ci permettant de prendre un parti nettement défini. Nous nous heurtons ici indubitablement à un problème fort ardu. Il nous faut une réalité, un fondement explicatif réel sur lequel nous puissions nous appuyer, et il est pourtant impossible au psychologue moderne de se cantonner dans le recours à l’ordre physique après qu’il a pris conscience de ce que l’interprétation spiritualiste a de justifié. Mais il ne pourra pas davantage adopter totalement celle-ci, car ce serait perdre de vue les motifs de la validité relative du point de vue physique. A quel saint alors se vouer ?

[…] Le conflit entre la Nature et l’Esprit n’est que la traduction de l’essence paradoxale de l’âme : elle possède un aspect physique et un aspect spirituel qui ne paraissent se contredire que parce qu’en dernière analyse nous ne saisissons pas son essence.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: L'Homme à la découverte de son âme

[ limitation ] [ inconnaissable ] [ indécision ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

inconnaissable

La parabole bouddhiste de l'éléphant et des aveugles : un roi dans le Nord de l'Inde aurait un jour réuni en un lieu tous les habitants aveugles de la ville. Puis il fit passer devant les assistants un éléphant. Il laissa les uns toucher la tête, en disant - c'est ça un éléphant- D'autres purent toucher l'oreille ou la défense, la trompe, la patte, le derrière, les poils de la queue. Là-dessus le roi demanda à chacun :
- Comment c'est, un éléphant ?
Et selon la partie qu'ils avaient touchée, ils répondirent :
- C'est comme une corbeille tressée... c'est comme un pot... c'est comme la barre d'une charrue... c'est comme un entrepôt... c'est comme un pilastre... c'est comme un mortier... c'est comme un balai...
Là-dessus -continue la parabole- ... ils se mirent à se disputer, et en criant :
- L'éléphant, c'est comme ci, c'est comme ça, ils se jetèrent l'un sur l'autre et se frappèrent avec les poings, au divertissement du roi.
La querelle des religions apparaît aux hommes d'aujourd'hui comme cette querelle des aveugles nés. Car face aux secrets du divin nous sommes, semble-t-il, nés aveugles.

Auteur: Verlinde Joseph-Marie

Info: Quand le voile se déchire

[ théologie impuissante ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

islam

H. Corbin fait l'hypothèse suivante : pour que la coupure galilléenne ait lieu, n'a-t-il pas fallu d'abord, en Occident, une autre coupure, dont Galilée, au fond, ne ferait rien d'autre qu'achever le programme ?

Cette rupture antérieure H. Corbin la découvre dans le triomphe (il dit "la crue") de l’averroïsme. Lorsqu’Averroès rend inutiles les Âmes célestes ou le destin singulier des âmes terrestres, lorsqu’il prépare l’évanouissement des anges, du monde intermédiaire de l’Imagination, il rend possible un monde purement matériel, phénoménal, et renvoie le monde nouménal dans la pureté inconnaissable du suprasensible. Tout cela n’est chez lui qu’en puissance. Mais n’est-il pas vrai que la lecture averroïste d’Aristote, sa réfutation d’Avicenne, la solution qu’il propose au conflit de la foi et du savoir, et peut-être, surtout, la caricature que l’Occident en connaît sous le nom de "double vérité" sont nécessaires à l’aventure de la science moderne, au moins autant que le platonisme florentin ?

Si l’on admet cette hypothèse, l’avicennisme iranien, dont Sohravardî est le grand réformateur, apparaît comme l’élément de pensée dont la grande mutation commencée avec Averroès n’a cessé de nous éloigner. Il acquiert la dignité du grand Autre de notre culture moderne, de fondation refusée et oubliée.

Auteur: Jambet Christian

Info: In, Le Livre de la sagesse orientale de Shihâbôddîn Yahyâ Sohravardî, p. 46

[ christianisme ] [ historique ]

 

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savoirs

Les "sciences humaines" ne sont des sciences que par une flatteuse imposture. Elles se heurtent à une limite infranchissable, car les réalités qu'elles aspirent à connaître sont du même ordre de complexité que les moyens intellectuels qu'elles mettent en oeuvre. De ce fait, elles sont et seront toujours incapables de maîtriser leur objet.

Jusqu'au XIXe siècle au moins, la chance des sciences "dures" a été que leurs objets furent considérés comme moins complexes que les moyens dont l'esprit dispose pour les étudier. La physique quantique est en train de nous apprendre que cela n'est plus vrai et qu'à cet égard une convergence apparaît entre les différentes sciences (ou prétendues telles). Seulement, même si les réalités dernières du monde physique sont inconnaissables, le physicien parvient à découvrir entre elles des rapports exprimables en termes mathématiques, et dont des expériences lui permettent de démontrer l'exactitude.

Pour nous autres des sciences humaines, ces expériences sont hors de portée. Aussi, quand nous nous efforçons - et c'est le sens de l'entreprise structuraliste - de substituer, à la connaissance illusoire de réalités impénétrables, la connaissance - possible, celle-ci - des relations qui les unissent, nous en sommes réduits aux tentatives maladroites et aux balbutiements. 

Auteur: Lévi-Strauss Claude

Info: Le Monde, 8 octobre 1991.

[ rationalisme miroir ] [ limitation cognitive ] [ solipsisme anthropique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

anthro-syntonisation

Il y a ce mot russe, un peu daté selon ceux qui parlent la langue : bytié. Il vient du verbe "byt" qui signifie être. Mais au-delà de la vie ou l’existence, "bytié" exprime la présence d'une réalité objective indépendante de la conscience humaine. (On est pas loin du noumène kantien au passage). Concept admirable, comme s'il englobait tous les Umwelts humains, et bien au-delà puisqu'on pourra y mettre TOUT l'inconnaissable.

Maintenant cette réalité qui existe, a existé - et existera sans l'observateur-, apparaît quand même comme mouvante et instable au regard des savoirs humains, ces rapports collectifs anthropomorphes rassemblés et confortés au cours des générations.

Il y a maintenant MOI, qui écrit ces lignes, être-chair, incarnation éphémère et fragile bientôt disparue. Mais aussi "esprit formulant" qui laisse ces phrases, phrases peut-être lues un jour par TOI, ce MOI du présent ou du futur. En ce sens on a l'impression que la trace écrite laissée par l'esprit d'une incarnation dérisoire, apporte sa pierre à l'édifice des limites de la représentation humaine face à ce mot : "bytié".

Et par la magie de la littérature, ce message de MOI à TOI est un reflet supplémentaire au sein du grand interféromètre d'un Umwelt humain en constante métamorphose.

Auteur: Mg

Info: 5 novembre 2017

[ postérité ] [ solipsisme ethnique ]

 

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vieillesse

Môme, aie patience et foi, car la vie dure tant de jours, et chaque heure présente passera. Fils, fils, tu as été fou et ivre, furieux et sauvage, empli de haine et de désespoir, avec toutes les sombres confusions de l'âme - tout comme nous l'avons été. Tu trouvais la terre trop grande pour seule ta vie, tu trouvais ton cerveau et ta vigueur plus petits que la faim et le désir qui s'en nourrissaient - mais il en fut ainsi pour tous les hommes. Tu as trébuché dans les ténèbres, tu as été attiré par des directions opposées, tu as faibli, tu as raté le chemin, mais mon enfant, telle est la chronique de la terre. Et maintenant, parce que tu as connu folie et désespoir, et parce que tu recommenceras encore à désespérer avant de rejoindre le soir, nous qui avons pris d'assaut les remparts de la terre furieuse et avons été repoussés, nous qui avons été rendus fous par le mystère inconnaissable et amer de l'amour, nous qui avions faim de gloire et qui avons goûté toute la vie le tumulte, la douleur et la frénésie, et qui sommes maintenant assis tranquillement à nos fenêtres pour contempler tout ce qui désormais ne nous touchera plus - nous te demandons de prendre courage, car nous pouvons te jurer que tout ça passe.

Auteur: Wolfe Thomas Clayton

Info: You Can't Go Home Again

[ sérénité ] [ harangue ] [ père-fils ]

 

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philosophie antique

Pyrrhon était l’apôtre d’un scepticisme intégral. Selon lui, quel que soit le point de vue que nous envisageons, nous devons prendre soin de comprendre le point de vue opposé, afin de cerner la pertinence de chacune des perspectives en conflit – ou du moins leur pertinence apparente – et de nous tenir en retrait de toute croyance ou conviction. Le sceptique radical évite d’accorder un trop grand crédit aux idées, même en relation à un contexte donné, et préfère se ranger à la "tranquillité heureuse". Chacun se rappelle la formule latine : "In dubio abstine" ("Dans le doute, abstiens-toi"). Au lieu de nous rendre malheureux à force de chercher la vérité, résignons-nous à ne rien connaître ; et, au lieu de lutter contre les conventions établies, choisissons de nous y soumettre avec calme. […] Même le fait de s’obstiner à dire que rien n’est vrai et que nul ne peut rien connaître du monde constitue pour Pyrrhon un attachement excessif à la recherche de la vérité et trouble notre quiétude, que les Grecs qualifiaient d’ "ataraxie".
Cette démarche philosophique est exclusivement morale : elle porte sur l’attitude subjective à adopter face au monde et ne dit rien sur la nature objective du réel. Elle refuse par principe de porter un quelconque jugement de connaissance, y compris pour affirmer que l’Être paraît inconnaissable. Le seul jugement qu’elle porte est éthique : l’homme tranquille se garde de chercher la vérité.

Auteur: Isabel Thibault

Info: Dans "Manuel de sagesse païenne", éd. Le passeur, 2020, pages 43-44

[ résumé ]

 
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