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mère-filles

De ses quatre filles, j'étais celle qui correspondait le moins à ses canons esthétiques. Planche à pain, j'avais les cheveux qui n'ondulaient pas, un front trop bombé, des sourcils mal dessinés, des dents pas du tout éclatantes, des lèvres charnues, indices d'une sensualité à réfréner, une myopie m'obligeant à porter des lunettes aux verres aussi épais que des culs de bouteille, la dégaine d'une iroquoise qui a avalé son parapluie, bref, selon Big Mother, je faisais bien d'être une bûcheuse, car je n'étais pas mariable - qui s'intéresserait à moi, promise à un emploi d'institutrice ou de prof de français, insatisfaite et mal rétribuée? Je m'offusquais de ce mépris pour mes enseignants, sans qui le dressage de Big Mother aurait occasionné un ébranlement. Aller en classe, c'était lui échapper pour quelques heures, fouiner dans les bibliothèques, c'était amasser des trésors et y puiser, pas seulement afin de me doter d'une teinture de culture: forte de ces richesses, je me fabriquais une personnalité, je me blindais contre les méchancetés de celle qui, en tous lieux, se plaisait à nous diminuer, mes sœurs et moi.

Auteur: Lê Linda

Info: À l'enfant que je n'aurai pas

[ sororie ] [ famille ] [ autoportrait ] [ humiliation ]

 
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oulipien

3. Dans le film documentaire "La vie / RFA", de Harun Farocki, tous les événements d'une vie, de la naissance à la mort, sont représentés dans le cadre de séances préparatoires, de formations proposées par des institutions, des agences, des organismes...
4. "For us, there is only the trying" (T.S. Eliot)
5. Au fil du temps, de longs travellings, jusqu'à la frontière.
6. Partout et nulle part - insaisissable ? - elle se définit parfaitement, au contraire.
7. S'éprouve, parfois fugitivement, le temps d'un souffle, l'espace d'un éclair.
8. Un beau jour de printemps 2013, nous traversions la passerelle Simone de Beauvoir, entre Bercy et la Bnf, et je me demandais si le moment était venu de l'embrasser (avec sans doute, au fond de moi, le souvenir, encore, d'Eliot : "caresses / which are unreproved, if undesired.")
9. "Je n'y peux rien, c'est elle qui m'a choisi." (Adamo)
10. Des citations, comme apprentissage, indices, amorces - avertissements, aussi...
11. Des mots, des mots, des mots, comme à la radio, pour éviter de vivre.
12. Des mots, en attendant de vivre.
13. Des mots, pour arriver à vivre.

Auteur: Benslama Karim

Info: In "99 notes préparatoires à la vie", texte inédit, écrit selon la contrainte des "99 notes préparatoires" de Frédéric Forte (on peut en apprendre plus sur le site de l'Oulipo...) - voilà pourquoi j'ai pensé faire cette proposition, pour ma 99e - rien de bien extraordinaire...

[ agrégat ] [ existence ] [ lecture ] [ refuge ] [ autoportrait ]

 
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logique sémiotique

Si le signe n'était pas lié à son objet, hors l'esprit qui pense à eux séparément, il ne remplirait pas du tout la fonction d'un signe. Supposons que la relation du signe à son objet ne réside pas dans une association mentale, il doit y avoir une double relation directe du signe à son objet, indépendamment du mental qui utilise le signe. Dans le deuxième de ces trois cas dont nous venons de parler, cette dualité n'est pas dégénérée, et le signe signifie son objet du seul fait d'être réellement connecté avec lui. Tous les signes naturels et les symptômes physiques sont de cette nature. J'appelle pareil signe un index, un doigt pointé indiquant le genre de classe.
L'index n'affirme rien ; il dit seulement "Là !" Il s'empare en quelque sorte de nos yeux et les dirige de force vers un objet particulier, et c'est là qu'il s'arrête. Les pronoms démonstratifs* et relatifs sont des indices presque purs, parce qu'ils désignent des choses sans les décrire, de même que les lettres d'un diagramme géométrique et les nombres indicatifs qui en algèbre distinguent une valeur des autres sans dire quelles sont ces valeurs.

Auteur: Peirce Charles Sanders

Info: "On The Algebra of Logic : A Contribution to the Philosophy of Notation " dans The American Journal of Mathematics 7 (1885), p. 180 - 202 *ceux-ci. ceux-là, par exemple

[ langage ] [ mathématiques ] [ analogie ] [ classification ] [ grammaire ]

 

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exil

Qu'on ne se contente pas trop facilement des explications les plus simples - un hasard, le mécénat, les commandes - quand il s'agit de cette question qui me paraît essentielle : pourquoi un peintre a-t-il changé de pays, laissant pour d'autres horizons, d'autres couleurs, et toujours une autre lumière, le lieu où il a vécu, où il a déjà travaillé ? Puisque sa grande page immobile peut s'ouvrir aux mouvements les plus rapides du ciel, aux indices les plus furtifs du passage de la journée ou du siècle, puisque son regard peut suivre sur un visage le cours paisible ou tragique de l'existence, puisque son rêve - si c'est cela qu'il préfère - peut s'évader de ce monde par simplement la contemplation d'un peu de pierre qui brille ou d'un bateau qui quitte le port, pourquoi fallait-il qu'il se dédidât à partir, et quelquefois pour si loin, comme s'il se lançait dans une poursuite, et cédait donc à une inquiétude ? Que peut espérer découvrir, là où il n'est pas arrivé encore, celui qui accède à tout, déjà, ou presque à tout, en chaque endroit où il passe ? Que semble promettre l'ailleurs à ceux qui savent l'ici du monde ?

Auteur: Bonnefoy Yves

Info: Début de "Le peintre dont l'ombre est le voyageur", in "Rue Traversière, et autres récits en rêve", éd. Poésie-Gallimard, p. 159-160

[ interrogation ] [ voyage ] [ quête ] [ beaux-arts ]

 

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ruines

Après un bref trajet, nous arrivâmes devant un grand portail métallique rouillé, flanqué, de part et d'autre, d'un réseau de fils barbelés, on aurait dit l'entrée d'un camp pénitentiaire soviétique dans un film américain. Ouvrir le barbelé et pénétrer dans la zone ne posait guère de problème. Nous nous enfonçâmes à l'intérieur, toujours plus profond, et je cessai peu à peu de chercher les indices de la catastrophe. Ce qui pouvait la rappeler, c'était, peut-être la luxuriance de l'herbe, des fleurs sauvages et des buissons, mais il était de même pour toute terre abandonnée par les hommes. Tout proliférait. Il n'y avait plus de prairies, plus de champs, plus de jardins, et les villages dans lesquels nous pénétrions étaient repris par la forêt, un peu plus chaque été. Un jour, ces villages auraient disparu, dont les maisons avaient été clouées à la hâte par leurs habitants avant de fuir, et qui sait si des gens n'allaient pas revenir. Les arbres et les vrilles, qui les avaient étreints depuis longtemps, les broyaient lentement. Sur les poteaux électriques faits de souches grossièrement taillés qui amenaient l'énergie produite par les réacteurs dans les villages, les lignes tombaient comme des branches.

Auteur: Büscher Wolfgang

Info: Berlin-Moscou, un voyage à pied, La zone contaminée de Tchernobyl, p 138

[ pollution ] [ atomique ]

 

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introspection

La dépression a en partie un effet nocebo, en ce sens qu'elle peut être produite par des impressions négatives sur soi et sur le monde. La manière dont ces attentes négatives se développent et produisent leurs effets nocifs donne quelques indices sur comment elles peuvent être inversées. Les effets d'espérance augmentent, s'auto nourrissent eux-mêmes. Une raison en est que nos états subjectifs - sentiments, humeurs et sensations - sont en constante évolution, changeant de jour en jour et d'heure en heure. Les effets de ces fluctuations dépendent donc de la manière dont nous les interprétons, et ces interprétations dépendent de nos croyances et attentes. Lorsque nous nous attendons à pire, nous avons tendance à remarquer les petits changements aléatoires négatifs et les interprétons comme preuve de l'aggravation. Interprétation qui nous fait réellement nous sentir moins bien et renforce le sentiment pessimiste, cercle vicieux dans lequel nos attentes et émotions négatives se nourrissent les unes les autres en cascade dans un épisode totalement dépressif. .. Les espérances positives ont l'effet inverse. Elles peuvent initier un début de cycle par lequel les fluctuations aléatoires de l'humeur et des sensations sont interprétées comme preuve de l'efficacité du traitement, renforçant un sentiment d'espoir qui contre les sentiments négatifs si essentiels à la dépression clinique.

Auteur: Kirsch Irving

Info: The Emperor's New Drugs: Exploding the Antidepressant Myth

[ déprime ] [ chair-esprit ]

 

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école

La multiplication des manuels et des cours oraux dans notre enseignement est l'un des plus sûrs indices de notre décadence littéraire. On dit railleusement que ceux qui sont impuissants à aider leurs élèves dans la lecture des ouvrages transcendants écrivent des manuels, ou, du moins, utilisent les manuels écrits par leurs collègues afin de suppléer à leur incompétence. On pourrait définir un manuel : une invention pédagogique pour faire entrer quelque chose dans la tête de ceux qui ne savent pas suffisamment lire pour apprendre plus activement. Les causeries qui se donnent habituellement en classe ne valent pas mieux. Quand les maîtres ne savent plus comment s'y prendre pour lire en commun avec leurs élèves, ils leur adressent une causerie. Les manuels et les vulgarisations de toutes sortes sont écrits pour ceux qui ne savent pas lire ou qui cherchent dans la lecture que des renseignements. En tant que maîtres inanimés, ces livres s'assimilent aux répétiteurs de second ordre qui les ont écrits. Animé ou non, le répétiteur s'efforce d'inculquer des connaissances à ses élèves sans exiger d'eux une activité trop grande ou trop industrieuse. L'art d'enseigner de ces répétiteurs est celui qui exige le moins, chez l'étudiant, de l'art d'apprendre. Ils saturent l'esprit au lieu de l'éclairer. Leur succès se mesure aux capacités d'absorption [sic] de l'éponge.

Auteur: Adler Mortimer J.

Info: Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle, p.72, Le Club des Grands Auteurs, 1964

[ pléthore ] [ ennui ]

 

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interaction

Or, ce que ne pouvait manquer Smuts, de son côté, c'est que les babouins la regardaient souvent et que, plus elle ignorait leur regard, moins ils semblaient satisfaits. Si le processus d'habituation semblait voué à l'échec, c'est parce qu'il repose sur un présupposé un peu simpliste : il mise sur le fait que les babouins sont indifférents à l'indifférence. Il semblait finalement que la seule créature pour laquelle la scientifique, soi-disant neutre, était invisible n'était qu'elle-même. Ignorer les indices sociaux, c'est tout sauf être neutre. Les babouins devaient percevoir quelqu'un en dehors de toute catégorie - quelqu'un qui fait semblant de ne pas être là - et se demander si cet être pouvait être ou non éducable selon les critères de ce qui fait l'hôte poli chez les babouins. Ce type de recherches, en somme, commente Haraway, consiste à se demander si les babouins sont des êtres sociaux sans penser que les babouins se demandent la même chose à propos de leurs observateurs, et doivent en conclure que non, au vu de leur attitude. La question qui finalement affecte, traverse, le plus intensément le terrain n'est pas "est-ce que les babouins sont des sujets sociaux", mais bien "est-ce que les humains le sont ?" La question de qui est sujet, en somme, se renverse : c'est à l'humain qu'elle est renvoyée.

Auteur: Despret Vinciane

Info: Penser comme un rat

[ sciences ] [ homme-animal ]

 

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abattement

La dépression est pour partie un effet nocebo, en ce sens qu'elle peut être produite par des attentes négatives concernant soi-même et le monde. La manière dont ces anticipations négatives se développent et produisent leurs effets néfastes fournit quelques indices sur la façon dont elles peuvent être inversées. Les effets de ces anticipations se développent, se nourrissant d'eux-mêmes. L'une des raisons pour lesquelles cela se produit est que nos états subjectifs - nos sentiments, nos humeurs et sensations - sont en constante évolution, changeant de jour en jour et même d'un instant à l'autre. Les effets de ces fluctuations dépendent de la façon dont nous les interprétons, et ces interprétations dépendent de nos croyances et de nos espérances. Si on s'attend à se sentir plus mal, on a tendance à remarquer les petits changements négatifs aléatoires et à les interpréter comme preuve que notre état se dégrade effectivement. Cette interprétation nous fait nous sentir plus mal et renforce la croyance que notre état empire, ce qui entraîne un cercle vicieux dans lequel nos attentes et nos émotions négatives s'alimentent mutuellement pour déboucher sur un épisode dépressif complet. ... Les attentes positives ont l'effet inverse. Elles auront tendances à enclencher un cycle initial par lequel les fluctuations aléatoires de l'humeur et du bien-être sont interprétées comme une preuve de l'efficacité du traitement, insufflant ainsi un sentiment d'espoir supplémentaire et contrant le sentiment de désespoir qui est si central à la dépression clinique.

Auteur: Kirsch Irving

Info: The Emperor's New Drugs : Exploding the Antidepressant Myth

[ processus ] [ psychothérapie ]

 

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maladie

Depuis trente ans, chaque matin il lui préparait son thé. Celui de la boîte rouge décorée d'un Ganesh, le dieu indien à tête d'éléphant, protecteur des voyageurs qui s'aventurent en pays inconnu et des écrivains, avec sa défense brisée qui lui servit de plume pour écrire Le Mahâbhârata. Thé vert, quatre doses de gingembre, trois clous de girofle, deux bâtons de cannelle, quelques cosses de cardamome, des grains de poivre noir. Son mélange à elle, souvenir de ses voyages en Inde. Parmi les boîtes de thé pour les différents moments de la journée, dans le petit meuble en bois blanc grillagé rempli d'épices, il ne se trompait jamais. Chaque matin, il dosait, ébouillantait la théière et l'appelait pour partager cet instant unique. Mais ce matin-là, il est arrivé près d'elle, hagard et désespéré, portant toutes les boîtes dans ses bras : "C'est lequel, je ne sais plus ?"
Lors des catastrophes aériennes on recherche désespérément "les boîtes noires" qui vont fournir des indices, mots, cris, graphiques. Ces traces lisibles par les spécialistes du décodage. Elles contiennent tout ce qu'il faut pour expliciter les circonstances de l'accident et ainsi autoriser à trancher les responsabilités, trouver les coupables, juger. Toutes ces révélations qui vont permettre aux familles de commencer "le travail du deuil".
Pour elle, c'est une boîte rouge, la boîte de Pandore qui a libéré en même temps que ses senteurs exotiques l'angoisse d'un à-venir inconnu et innommable. Elle connaît exactement la date et l'heure. Ce matin- là, elle a "su". L'intuition fulgurante que rien ne serait donc jamais plus comme avant. Déchirure entrevue vite pansée de déni et de refus.

Auteur: Huguenin Cécile

Info: Alzheimer mon amour

[ mémoire ] [ vieillesse ] [ oubli ]

 

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