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Elle a examiné le décor. On était en train de traverser des accumulations ridicules de saloperies illuminées, toute une mélasse pénible et clinquante de stations-service en nougat, motels à donjons et poivrières, pelouses en métal bariolé, mâts d’éclairage style palmiers, galeries marchandes extra-burlesques. De nos jours, on pénètre dans les villes par le derrière, le trou du cul. Elle regardait tout ça en silence, tout ce dépotoir considérable de rocades paysagées, frontons stuqués, mâchicoulis, discothèques au bord de la ruine, recommandations infantiles, vasques à fleurs, caméras de surveillance, entrepôts couleur pistache, consignes de prudence atterantes, plaidoyers pour le monde sans caries, le tout secoué, cerné, jonché de casses de voitures et de publicités au néon rose célébrant les bienfaits de l’univers à l’aube du XXIe siècle, la vertu des vacances veules, la beauté des souris d’ordinateurs, l’érotisme de la bière sans alcool, Degriff’Sanitaires, Mondial Jean, Hangar Center, let les enchantements de la fin de tout, le pouvoir d’achat personnalisable, les huit assurances-voyage indispensables et les nouvelles consoles de jeux.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "On ferme !" pages 678-679

[ urbain ] [ périphérie ] [ zone industrielle ] [ zone commerciale ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

déshumanisation technique

S’il venait à l’idée d’un de ces danseurs, dans l’ivresse de sa transformation en machine [...] de mettre un masque, reniant ainsi son visage qui de toute façon n’a déjà plus aucune valeur, cette trouvaille n’aurait absolument rien de surprenant. Tout comme il ne serait pas étonnant qu’une nouvelle variante de honte voie le jour au cours de l’orgie : la honte du visage. Je ne parle pas de la honte que l’on éprouve lorsque l’on possède un visage ingrat ou repoussant, mais de la honte que fait naître chez le danseur le simple fait de posséder un visage (une honte analogue à celle qu’éprouve l’ascète envers son corps), la honte d’être condamné à toujours porter ce stigmate d’individualité comme un legs obligé.

Ces idées ne sont peut-être que des "exagérations philosophiques", des déformations allant dans le sens de la vérité ; il est pourtant indiscutable que le visage est devenu aujourd’hui un résidu, une pièce obsolète. Ce n’est certainement pas un hasard si cette perte du visage a lieu en un temps où les arts figuratifs négligent de prendre le visage comme sujet et où le dessin publicitaire trouve très chic d’omettre complètement le visage de l’homme dans ses représentations.

Auteur: Anders Günther Stern

Info: Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, page 106

[ danse moderne ] [ culte industriel de Dionysos ] [ élimination des traits individuels ] [ expressions subjectives ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

argent roi

Il y a déjà un demi-siècle, Arthur Koestler diagnostiqua ce mal dans une interview qu'il avait accordée au New York Times, peu après son installation aux Etats-Unis (l'installation s'avéra d'ailleurs de courte durée, et l'interview fut en grande partie censurée). Ses observations étaient tellement pertinentes qu'elles méritent d'être citées au long :

"Plus je vis ici, plus j'ai le sentiment que la vie littéraire américaine est radicalement vidée. [...]. Si l'on me demandait ce que devrait être l'ultime ambition d'un écrivain, je répondrais avec une formule : l'ambition d'un écrivain devrait être d'échanger cent lecteurs d'aujourd'hui contre dix lecteurs dans dix ans, et contre un lecteur dans cent ans.

Mais l'atmosphère générale de ce pays oriente l'ambition de l'écrivain dans une autre direction [...], vers le succès immédiat. La religion et l'art sont deux domaines totalement non compétitifs de l'activité humaine, et ils découlent l'un et l'autre de la même source. Mais le climat social de ce pays a transformé la création artistique en une entreprise essentiellement compétitive.

Sur les listes de best-sellers — cette malédiction de la vie littéraire américaine —, les auteurs sont cotés comme des actions en Bourse. Pouvez-vous concevoir toute l'horreur de cette situation ?"

Auteur: Leys Simon Pierre Ryckmans

Info: Protée et autres essais

[ mammon ] [ beaux-arts industriels ] [ ploutocrates ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

échanges portuaires

Rotterdam reste jusque dans les années 1990 le plus grand port de commerce du monde avant d'être supplanté par les ports chinois (Shanghaï, Tianjin, Canton ou Singapour). Mais peut-être devrait-on dire, l’Europe reste jusque dans les années 1990 la deuxième puissance commerciale du monde, derrière les États-Unis, avant d’être supplantée par la Chine - et plus encore par l’Asie. Bref, le Pacifique l’emporte sur l’Atlantique, Rotterdam demeurant le plus grand port d'Europe et une fierté nationale qu'on visite en famille.
Appareil photo en bandoulière, chaussettes, claquettes et sodas, 600 croisiéristes embarquent toutes les 45 minutes sur le "Spido" pour un Tour on the Rotterdam Port, 42 km le long de l'embouchure du Rhin. Le bateau-croisière vogue entre les porte-conteneurs, les vraquiers et les pétroliers. Les audiophones déroulent la visite en quatre langues : sur votre droite, le terminal méthanier, sur votre gauche, les fruits et légumes, et au premier étage, le bar est ouvert. Au large, les éoliennes offshore achèvent de boucher l'horizon. Il ne manque à ce tableau néerlandais que les "hommes fourmis" qui éblouirent Diderot. Plus un docker ne s’éreinte à décharger des marchandises. Le terminal des conteneurs est entièrement automatisé, rythmé par les robots-grues et les camions sans chauffeur. La postmodernité s'amarre là : le commerce est toujours aussi impitoyable et les terre-pleins artificiels, mais les immeubles sont désormais flottants, les énergies "renouvelables", les vaches connectées et leurs bouses méthanisées.

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/pays-bas_4-5.pdf

[ mécanisation du travail ] [ greenwashing ] [ musée vivant ] [ civilisation industrielle ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson