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évolution

On n’arrête pas le Progrès, disent-ils, sachant maintenant qu’ils disent : on n’empêche pas la catastrophe, on ne peut s’interdire de polluer l’atmosphère, de contaminer les fleuves et d’appauvrir le sol, de consommer de l’énergie qu’on ne recrée jamais, de laisser le développement démographique atteindre le seuil redoutable des cinq milliards d’individus, condamnés à l’avance aux famines, aux massacres raciaux, à la torture légale ou, dans le meilleur des cas, à la destruction sans souffrance de la prochaine guerre atomique.
Un mythologue ne croit pas à cette fatalité. Il sait, par le message en clair des millénaires, que la raison humaine n’est pas le seul facteur en cause. Des structures, des Idées, des Anges, des Noms de Dieu, des Tribus, des Astres, des Nombres, des Couleurs, des Notes de musique, des Principes, des Personnes –ou Dieu sait quoi !- apparaissent ou disparaissent à des époques déterminées, qui n’interviennent pas à proprement parler dans les affaires humaines, mais dont la présence ou l’absence ne peuvent pas ne pas influencer les hommes, comme les influencent effectivement les nombres, les couleurs, les sons, les principes, les idées, les personnalités entre autres.

Auteur: Pichon Jean-Charles

Info: Histoire des mythes, 2002

[ modèles ] [ humanité ] [ symboles ] [ paradigmes ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

dualisme pulsionnel

[...] si les pulsions d’autoconservation sont elles aussi de nature libidinale, il n’y a peut-être absolument pas d’autres pulsions que libidinales. Du moins n’en existe-t-il pas d’autres qui soient visibles. Mais alors il faudrait donner raison aux critiques qui ont cru pressentir dès le début que la psychanalyse expliquait tout par la sexualité ou aux novateurs comme Jung qui, hâtivement, ont utilisé le terme de libido dans le sens de "force de pulsion" en général. Doit-il en être ainsi ?

Une telle conclusion ne serait pas du tout conforme à notre intention. Nous sommes bien plutôt partis d’une distinction tranchée entre pulsions du moi = pulsions de mort, et pulsions sexuelles = pulsions de vie. [...] Notre conception était dès le début dualiste et elle l’est encore aujourd’hui de façon plus tranchée, dès l’instant où les termes opposés ne sont plus pour nous pulsions du moi – pulsion sexuelles mais pulsions de vie – pulsions de mort. La théorie de la libido de Jung est au contraire moniste ; en appelant libido ce qui est pour lui l’unique force de pulsion, il ne pouvait que créer de la confusion, sans que cela doive nous influencer davantage. Nous supposons qu’il y a à l’œuvre dans le moi d’autres pulsions encore que les pulsions libidinales d’autoconservation.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Dans "Au-delà du principe de plaisir" (1920), trad. de l'allemand par Jean Laplanche et J.-B. Pontalis, éditions Payot, Paris, 2010, pages 129-130

[ division ] [ psychanalyse-psychologie ] [ questions ] [ opposition ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

guerre

Le front est une cage dans laquelle il faut attendre nerveusement les événements. Nous sommes étendus sous la grille formée par la trajectoire des obus et nous vivons dans la tension de l'inconnu. Sur nous plane le hasard. Lorsqu'un projectile arrive, je puis me baisser, et c'est tout ; je ne puis ni savoir exactement où il va tomber, ni influencer son point de chute.
C'est ce hasard qui nous rend indifférents. Il y a quelques mois, j'étais assis dans un abri et je jouais aux cartes ; au bout d'un instant, je me lève et je vais voir des connaissances dans un autre abri. Lorsque je revins, il ne restait plus une miette du premier ; il avait été écrabouillé par une marmite. Je retournai vers le second abri et j'arrivai juste à temps pour aider à le dégager, car il venait d'être détruit à son tour.
C'est par hasard que je reste en vie, comme c'est par hasard que je puis être touché. Dans l'abri "à l'épreuve des bombes", je puis être mis en pièces, tandis que, à découvert, sous dix heures du bombardement le plus violent, je peux ne pas recevoir une blessure. Ce n'est que parmi les hasards que chaque soldat survit. Et chaque soldat a foi et confiance dans le hasard.

Auteur: Remarque Erich Maria

Info: A l'Ouest rien de nouveau, Chapitre VI

[ chance ]

 

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littérature

L'efficacité du langage tient à un savant mélange de justesse, et à sa puissance de synthèse. Il peut mieux "tout couvrir et expliquer" que les maths - que je connais très mal et qui me repoussent par une froide et rigide abstraction qui me les fait voir comme mortes et désincarnées. Bien moins chaleureuses en tout cas qu'un simple marteau. 

Un idiome humain donné, consensuel par essence, n'est limité que par la précision et l'ouverture de chacun de ses termes-segments et la culture-réceptivité de ses lecteurs-capteurs. 

Précision au sens où les éléments du contexte et la pensée du formulateur peuvent autant ouvrir : le mot arbre impliquant quasiment la vie dans son entier puisqu'il évoque la naissance de l'univers jusqu'aux émergences terrestres de longues chaines carbonnées. 

Ou focaliser-centrer sur un mot-élément comme dans cette phrase de Becky Chambers : "La route elle-même était une relique d’asphalte noir - une route à pétrole, faite pour des moteurs à pétrole, des pneus en pétrole, des tissus en pétrole, des carrosseries en pétrole." 

J'ai l'impression qu'un poète véritable est celui à même de manipuler ces pôles avec de belles qualités d'artisan du verbe, doublés d'une sincérité suffisamment acceptée, "terre à terre", bien ancrée dans son époque-formacja linguistique. Au point d'influencer les langages postérieurs.

Shakespeare ou Bukowski me viennent ici à l'esprit.

Auteur: Mg

Info: 7 septembre 2023

[ centrage - décentrage ] [ poésie ] [ tétravalence ] [ objecti ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

biologie

La découverte d'une interaction entre les quatre hèmes a rendu évident le fait qu'ils devaient se toucher, mais en science, ce qui est évident n'est pas nécessairement vrai. Lorsque la structure de l'hémoglobine fut finalement été résolue, on a découvert que les hèmes se trouvaient dans des poches isolées à la surface des sous-unités. Sans contact entre eux, comment l'un d'entre eux pourrait-il savoir si les autres se sont combinés à l'oxygène ? Et comment un ensemble aussi hétérogène d'agents chimiques que les protons, les ions chlorure, le dioxyde de carbone et le diphosphoglycérate pouvait-il influencer la courbe d'équilibre de l'oxygène de la même manière ? Il ne semblait pas plausible que l'un d'entre eux puisse se lier directement aux hèmes ou qu'ils puissent tous se lier à un autre site commun, mais là encore, il s'est avéré que nous nous trompions. Pour ajouter au mystère, aucun de ces agents n'affectait l'équilibre en oxygène de la myoglobine ou de sous-unités isolées d'hémoglobine. Nous savons maintenant que tous les effets coopératifs disparaissent si la molécule d'hémoglobine est simplement divisée en deux, mais cet indice vital nous a échappé. Comme Agatha Christie, la nature a gardé cet indice jusqu'à la fin pour rendre l'histoire plus excitante. En science, il y a deux façons de sortir d'une impasse : expérimenter ou réfléchir. Par tempérament, peut-être, j'expérimente, alors que Jacques Monod pense.

Auteur: Perutz Max Ferdinand

Info: In l'essai "Le deuxième secret de la vie", recueilli dans I Wish I'd Made You Angry Earlier (1998), 263-5.

[ métalloprotéines ] [ macromolécules ] [ théorie-pratique ]

 

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mouvement idéologique

Monsieur le docteur,

Je ne peux pas faire ce que vous souhaitez. Ma réticence à intéresser le public à ma personnalité est insurmontable et les circonstances critiques actuelles ne me semblent pas du tout y inciter. Qui veut influencer le grand nombre doit avoir quelque chose de retentissant et d’enthousiaste à lui dire et cela, mon jugement réservé sur le sionisme ne le permet pas. J’ai assurément les meilleurs sentiments de sympathie pour des efforts librement consentis, je suis fier de notre université de Jérusalem et je me réjouis de la prospérité des établissements de nos colons. Mais, d’un autre côté, je ne crois pas que la Palestine puisse jamais devenir un État juif ni que le monde chrétien, comme le monde islamique, puissent un jour être prêts à confier leurs lieux saints à la garde des Juifs. Il m’aurait semblé plus avisé de fonder une patrie juive sur un sol historiquement non chargé ; certes, je sais que, pour un dessein aussi rationnel, jamais on n’aurait pu susciter l’exaltation des masses ni la coopération des riches. Je concède aussi, avec regret, que le fanatisme peu réaliste de nos compatriotes porte sa part de responsabilité dans l’éveil de la méfiance des Arabes. Je ne peux éprouver la moindre sympathie pour une piété mal interprétée qui fait d’un morceau de mur d’Hérode une relique nationale et, à cause d’elle, défie les sentiments des habitants du pays.

Jugez vous-même si, avec un point de vue aussi critique, je suis la personne qu’il faut pour jouer le rôle de consolateur d’un peuple ébranlé par un espoir injustifié.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Lettre à Chaim Koffler, 26 février 1930

[ opinion ] [ scepticisme ] [ judaïsme ]

 

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homme-par-machine

L’affirmation selon laquelle la méthode utilisée par le cerveau humain pour encoder les relations entre les concepts n’est pas uniquement mathématique est fondée sur notre compréhension actuelle des neurosciences, de la psychologie cognitive et des complexités observables du comportement et de l’expérience humaine. S’il est vrai que de nombreux processus cérébraux peuvent être décrits mathématiquement dans une certaine mesure (par exemple, dans les modèles d’activité neuronale ou de traitement des signaux), la profondeur du traitement cognitif et émotionnel humain transcende la simple description mathématique. Voici comment nous pouvons étayer ce point de vue :

Preuves de l’existence de processus non mathématiques dans la cognition humaine

Observations neuroscientifiques : L’imagerie cérébrale et les études neurophysiologiques révèlent des schémas complexes et dynamiques d’activité cérébrale associés à la cognition et aux émotions. Si ces schémas peuvent parfois être modélisés mathématiquement, les modèles ne rendent pas pleinement compte des expériences subjectives, des intentions et de la conscience qui accompagnent ces processus.

Complexité psychologique : les pensées, les émotions et les souvenirs humains sont liés entre eux d’une manière qui ne repose pas uniquement sur des relations mathématiques observables ou quantifiables. Par exemple, la signification personnelle, l’impact émotionnel et le contexte culturel peuvent tous influencer la manière dont les concepts sont liés, au-delà de ce qui peut être réduit à de simples valeurs numériques ou équations mathématiques.

Propriétés émergentes : La conscience et l’expérience subjective sont des propriétés émergentes des processus cérébraux que nous ne comprenons pas encore tout à fait. La qualité subjective de l’expérience (qualia) n’est pas quelque chose qui peut être directement mesuré ou entièrement capturé en termes mathématiques, bien qu’il s’agisse d’un produit des processus cérébraux.



 

Auteur: chatGPT4

Info: Sur le blog de Paul Jorion, mars 2024

[ partialité ] [ esprit défini ]

 

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lecture

Un lecteur doit acquérir une familiarité à la fois vaste et universelle avec les livres en tant que tels, si l'on peut dire. Il doit les aborder avec la totalité de ses sens ; il doit les connaître par leur toucher et par leur parfum. Il faut qu'il apprenne comment les tenir en ses mains, comment faire bruisser leurs pages et obtenir en quelques secondes une première impression intuitive de ce qu'ils contiennent. Il doit, au bout d'un certain temps, en avoir touché plusieurs milliers, au moins dix fois davantage que ce qu'il lira véritablement. Il doit parcourir les livres des yeux comme un berger le fait avec des moutons, et les juger du regard inquisiteur et rapide qu'a le maquignon pour le bétail. Il doit être entouré de davantage de livres que ce qu'il lit, vivre dans la pénombre de pages non-lues, dont il connaît le caractère général et le contenu, virevoltant autour de lui. Telle est la finalité des bibliothèques, la sienne propre et celles des autres, privées et publiques. C'est aussi la finalité des bonnes librairies, de livres neufs ou d'occasion, dont il en reste quelques-unes, et dont on aimerait qu'il y en ait davantage. Une librairie n'est pas comme un guichet de chemin de fer que l'on approche en sachant ce qu'on veut. Il faut y entrer ouvert à tout, presque comme dans un rêve, et permettre à ce qui est là d'attirer et d'influencer librement l'oeil. Se promener entre les rayons d'une librairie, en s'y plongeant selon ce que dicte la curiosité, devrait être le divertissement d'une après-midi. Abandonnez toute timidité, tout scrupule à vous y adonner. Les librairies existent pour vous l'offrir, et les libraires l'accueillent volontiers, sachant fort bien comment tout cela se terminera. Il s'agit d'une habitude à acquérir dès son jeune âge.

Auteur: Keynes John Maynard

Info: On Reading Books, 1936, Donald Moggridge

[ lire ]

 

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dévotes

C’est à elles, en effet, qu’il faut faire remonter la moisissure qui envahit les églises et les chapelles du pays. Elles sont en effet arrivées à diriger les prêtres et non à être dirigées par eux. Et cela se conçoit : elles seules donnent de l’argent, remplissent les églises et occupent les prêtres. Les hommes assidus aux offices sont rares et par le phénomène que j’expliquais au commencement, ils sont d’une mentalité spéciale, ce sont de vieux enfants de chœur. Ils ont le même état de cervelle, les mêmes goûts que les femmes.
Ils ont poussé de toutes leurs forces aux dévotionnettes, aux saint Antoine de Padoue, aux Expedit, aux prières vocales communes des chapelets. Voyez-les le dimanche à la messe. Il n’en est pas trois qui sachent quelle est la messe du jour, qui la suivent. Ils lisent des prières en français, pendant que le prêtre officie, tout comme les femmes. C’est une chose incroyable que le clergé n’ait pas réagi contre ces pratiques et n’ait pas enseigné à ces gens les premiers éléments de la liturgie. Mais non, il s’est laissé, lui-même, influencer par cette clientèle, il a abondé dans son sens ; de là, ces prônes vraiment creux et puérils, nigauderies, ces ponts-neufs, dans un style assisté, ces sermons fades, aux périodes prévues, ces appels perpétuels au Sacré-Cœur ; cette rage de chanter au lieu des hymnes de l’Eglise, de bas cantiques.
Ils se sont efféminés, dévirilisés avec leur clientèle qui a déteint sur eux. A force de ne fréquenter que ces gens-là, les prêtres qui étaient peut-être intelligents à leurs débuts, sont devenus nigauds. Ils ont fait du catholicisme on ne sait quoi, ils ont dénaturé la religion, en la sucrant. Ce n’est plus un sentiment d’âme, une substance nutritive et cordiale, c’est de la confiture de cerise.

Auteur: Huysmans Joris-Karl

Info: Dans "Les rêveries d'un croyant grincheux", pages 26-27

[ décadence ] [ mièvre ] [ édulcorée ] [ bigotes ]

 

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production marchande

La leçon fondamentale de la "critique de l’économie politique" élaborée par le Marx de la maturité, après le Manifeste, est de démontrer comment cette réduction de toute chimère sacrée à la brutale réalité économique génère sa propre spectralité. Lorsque Marx décrit la folle circulation du Capital dont la trajectoire autofécondante atteint son apogée dans les spéculations méta réflexives* contemporaines sur les marchés à terme, il est bien trop simple de considérer le spectre de ce monstre autoengendré (poursuivant sa trajectoire indépendamment de toute préoccupation humaine ou environnementale) comme une abstraction idéologique : il ne faudrait jamais oublier que derrière cette abstraction il y a de vraies gens et des objets naturels, sur les capacités productives et sur les ressources desquels la circulation du Capital est fondée, et dont celui-ci se nourrit comme un gigantesque parasite. Le problème est que cette "abstraction" n’existe pas seulement dans l’erreur de jugement du spéculateur financier : elle est "réelle", au sens où elle détermine la structure même des processus matériels et sociaux. C’est ainsi que le sort d’une partie entière d’une population – et parfois de pays entiers – peut être décidée par la danse spéculative et "solipsiste" du Capital qui poursuit sa quête effrénée du profit en affichant une indifférence tranquille à la manière dont ses mouvements vont influencer la réalité sociale. C’est en quoi réside la violence fondamentalement systématique du capitalisme, bien plus troublante que la violence socio-idéologique directe des sociétés précapitalistes : cette violence, en effet, n’est plus imputable à des individus concrets, à de "mauvaises intentions" ; elle est purement "objective", systématique, anonyme.

Nous rencontrons ici la différence lacanienne entre la réalité et le Réel : la "réalité" désigne la réalité sociale dans laquelle les gens réels interagissent dans le cadre du processus productif matériel ; le Réel, lui, désigne l’inexorable logique, spectrale et "abstraite", qui détermine la scène de la réalité sociale.

Auteur: Zizek Slavoj

Info: Dans "Fragile absolu", éditions Flammarion, 2010, pages 27-28. *méta-réflexif : qui pense sur ses propres pensées

[ transposition psychanalytique ]

 
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