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vacherie

A modèle nul, chef d'oeuvre impossible. J'ai beau vous inscrire pleine page, le glacis boit mon encre, vous vous effacez. Comment faire, ô Racine, quelque chose de rien ? Buvard, éponge ou la serpillère torchent ce néant. Comment sculpter, tailler le vide, piétiner l'incertain, ou découper dans un nuage le tissu réel ? Comment figer le clapotis saumâtre d'une inexistence ? Quelle gelée inventer ? Goya, ou Daumier, n'auraient pu vous évoquer, ni Rembrandt ou Velasquez vous peindre. D'ailleurs aucun de nos caricaturistes modernes ne réussit à tracer de vous le portrait qu'on serait en droit d'attendre d'eux : vous découragez le talent, par désespérance. Vous êtes l'homme de la cinquantaine avancée des magazines de mode, le modèle passe-partout, à l'écaille visqueuse et à la queue souple, posant pour les duffle-coats et les culottes de chasse, les lodents et les parfums Lancôme. Homme, oui, homme colin, vous êtes l'homme sans contour, le colin en soi.

Auteur: Hallier Jean-Edern

Info: Lettre ouverte au colin froid, Sur Giscard d'Estaing

[ beaux-arts ]

 

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France

Sur le plan scientifique et technique, le XX°s peut être placé au même niveau que le XIX°s. Sur le plan de la littérature et de la pensée, par contre, l'effondrement est presque incroyable, surtout depuis 1945, et le bilan consternant : quand on se remémore l'ignorance scientifique crasse d'un Sartre ou d'une Beauvoir, pourtant supposés s'inscrire dans le champ de la philosophie, quand on considère le fait presque incroyable que Malraux a pu - ne fût-ce que très brièvement - être considéré comme un "grand écrivain", on mesure le degré d'abrutissement auquel nous aura menés la notion d'engagement politique, et on s'étonne que l'on puisse, encore aujourd'hui, prendre un intellectuel au sérieux ; on s'étonne par exemple de ce qu'un Bourdieu ou un Baudrillard trouvent encore des journaux disposés à publier leurs niaiseries. De fait, je crois à peine exagéré d'affirmer que, sur le plan intellectuel, il ne resterait rien de la seconde moitié du siècle s'il n'y avait pas eu la littérature de science-fiction.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Interventions : Tome 2, Traces

[ bêtise ] [ conformisme ] [ Gaule ] [ vingtième siècle ] [ vacherie ]

 

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subjonctif

Cher monsieur, lorsque ma fille nous fit inscrire à votre groupe, un peu à la légère, ma petite-fille et moi et que vous nous acceptâtes avec gentillesse, cela me réjouit. Quoique d'origine italienne, la France et son langage prirent une large place dans ma vie. Que vous souhaitassiez de vos adhérents qu'ils parlassent un français de choix, quoi de plus méritoire, mais, ne serait-il pas normal que je craignisse ne pas être une recrue de qualité. En effet à plus de quatre-vingt-trois années, qui ne furent pas toutes de lumière, il serait bon que j'émisse quelques réserves quant à mon aptitude de maîtriser ce français pétillant comme le champagne. Le grand siècle fut vraiment très grand, même si parfois il était bon que j'avouasse un certain désaccord quant à ses idées. Aujourd'hui on peut en mesurer les erreurs ! Que vous ne fussiez pas trop sévère à mon encontre, cela comblerait mon désir de toujours vouloir écrire un français correct sinon de choix. Circonstances atténuantes : mon âge et mes origines italiennes. Que vous reçussiez mes salutations cordiales, que vous souffrissiez mes remerciements, tout serait parfait !

Auteur: Salvatore B. inconnu

Info: In Bouissière A, Le bar du s.., adhérents 944. Ecrit avec Y. Salvatore

[ . ]

 

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fanatisme

Comme l'avaient très bien compris les premières générations de l'islam, le texte sacré, pris globalement, est muet, il ne nous dit pas la totalité de son sens, ni comment il doit être appliqué. C'est nous qui le faisons parler ; ce que nous appliquons, c'est la compréhension que nous en avons, ce sont les commentaires de cette parole d'une valeur infinie, et qui est comme l'océan dont ne ne pouvons retirer que quelques gouttes.

Ne pas voir cette évidence, croire qu'on peut connaître exhaustivement la parole divine revient - et cela, les musulmans d'aujourd'hui doivent absolument le comprendre - à trahir l'esprit même du Coran et donc, en un mot, à renoncer à l'islam. On entend sans cesse des musulmans dire : "ah, mais les écoles juridiques ont établi ceci, cela", et chercher, par cet argument d'autorité, à clore le débat, alors que la connaissance du travail extraordinaire accompli par les jurisconsultes des premiers siècles devrait au contraire pousser tout le monde à continuer la réflexion, à s'inscrire dans cette lignée ô combien flamboyante, ô combien riche ; bref, à débattre encore et toujours, comme ils l'ont fait.

Auteur: Bajrafil Mohamed

Info: Islam de France, l'an I

[ interprétation ] [ religions ]

 

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art d'écrire

Je ne médirai jamais de la critique littéraire. Car rien n'est pire pour un écrivain que de se heurter à son absence. Je parle de la critique littéraire en tant que méditation, en tant qu'analyse ; de la critique littéraire qui sait lire plusieurs fois le livre dont elle veut parler (comme une grande musique qu'on peut réécouter sans fin, les grands romans aussi sont faites pour des lectures répétées) ; de la critique littéraire qui, sourde à l'implacable horloge de l'actualité, est prête à discuter les oeuvres nées il y a un an, trente ans, trois cents ans ; de la critique littéraire qui essaie de saisir la nouveauté d'une oeuvre pour l'inscrire ainsi dans la mémoire historique. Si une telle méditation n'accompagnait pas l'histoire du roman, nous ne saurions rien aujourd'hui ni de Dostoïevski, ni de Joyce, ni de Proust. Sans elle toute oeuvre est livrée aux jugements arbitraires et à l'oubli rapide. Or, le cas de Rushdie a montré (s'il fallait encore une preuve) qu'une telle méditation ne se pratique plus. La critique littéraire, imperceptiblement, innocemment, par la force des choses, par l'évolution de la société, de la presse, s'est transformée en une simple (souvent intelligente, toujours hâtive) information sur l'actualité littéraire.

Auteur: Kundera Milan

Info: Les Testaments trahis

[ appréciation ] [ opinion ] [ recensions ] [ diachronie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

art pictural

Atmosphère monochrome, dilution du contour des formes, cadrages singuliers et géométrisation de l'espace définissent l'état nocturne du langage pictural mis en oeuvre par Degouve. Certes, ces principes peuvent apparaître comme des artifices. Mais qu'est-ce qu'un artifice sinon une prise de distance à l'égard de la réalité ? En cela, le paysage n'est pas seulement une enclave intemporelle, un ciel immuable, il est aussi l'agent d'une médiation avec l'univers : la représentation de la nature est un écran où chaque détail est le signe d'une réalité transcendante. Une maison, un paon immobile dans la nuit, un arbre, un coin de prairie, un morceau de parc, un bras de rivière, sont les fragments d'une globalité où se tient ce que Maeterlinck appelle le "chant mystérieux de l'infini". Sans doute est-ce ici la principale contribution de Degouve au symbolisme : la peinture, dans ce schéma, perd son devoir traditionnel de représentation pour s'inscrire en tension avec ce qui échappe au regard. Ouvrant, à l'instar de la poésie, "les grandes routes qui mènent de ce qu'on voit à ce qu'on ne voit pas", elle n'est pas la représentation claire de ce que l'entendement permet de connaître, mais l'apparition confuse, nocturne, de ce qui échappe à l'intelligence des hommes.

Auteur: Laoureux Denis

Info: William Degouve de Nuncques, maître du mystère

[ analyse ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

pouvoir scientifique

Comme l'écrit Rochard (*) :

"Déjà l'influence croissante de l'hygiène porte ombrage à plus d'un fonctionnaire. "Ces médecins sont bien envahissants", disait, il y a quelques années, un ministre que gênait quelque peu le bruit fait par la fièvre typhoïde dans les sociétés savantes et les retentissements de leurs discussions dans la presse extra-médicale. Il faut s'attendre à ce qu'on nous trouve encore bien plus encombrants le jour où nous ordonnerons au lieu de conseiller, où la direction compétente et autonome que nous réclamons, contraindra les municipalités à prendre les mesures nécessaires et fera inscrire d'office à leurs budgets les sommes que ces mesures réclameront." (1887, 24.9.°°, p.388)

Lecteur de Serres avant l'heure, notre Rochard y va de sa parasitologie (**). La fièvre typhoïde fait du bruit ; ce bruit gêne le ministre ; mais le bruit devient une voix d'abord peu sûre d'elle-même ; puis une voix qui conseille ; enfin une voix qui ordonne. La raison de cette assurance nouvelle est facile à concevoir : ils savent au nom de quoi ils parlent ; ils parlent au nom de la science bactériologique, qui, à son tour, parle au nom de cette population invisible de microbes qu'elle seule peut contrôler. L'hygiène militante a commencé. Il faut, continue notre militant, "habituer les esprits à subir le joug tutélaire de cette autorité nouvelle" (id.)

Auteur: Latour Bruno

Info: in "Les microbes, guerre et paix", éd. Métailié, p. 65-66 - (*) Jules-Eugène Rochard (1819-1896) : médecin, hygiéniste - (**) Michel Serres, philosophe, auteur de "Le parasite"

[ contagion ] [ reformulation ] [ référence philosophique ] [ citation ] [ pré-dictature sanitaire ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

drogue

Dans la séquence qui lui est consacrée, l'ethnopharmacologue Dennis McKenna commence par tourner en dérision l'objectif et les tentatives du SETI de réceptionner des signaux intelligents dans l'univers : "Comment peut-on s'imaginer qu'une civilisation extraterrestre extrêmement avancée puisse encore considérer l'intérêt de véhiculer de l'info avec des ondes radio ? Ce n'est pas totalement à exclure, mais il existe bien d'autres façons de passer un message.
Il est possible par exemple de l'inscrire dans l'ADN humain, de telle sorte qu'il soit déchiffré uniquement lorsque notre technologie le permettra. Une telle séquence particulière pourrait révéler comment l'usage de la DMT nous conduirait à voir des machines, des vaisseaux, des aliens et leurs cités étranges..."
Il cite le cas très particulier du tryptophane (le plus rare des 20 acides aminés) parce qu'il n'est pas codé de la même manière que tous les autres : "On peut s'amuser à imaginer qu'il ait été placé dans le code génétique comme un artefact. Ce pourrait être une autre blague cosmique dont la Nature est capable, comme le montrent les expériences avec la DMT : une façon de nous interpeller en nous disant : 'Vous comprenez cette fois ? Avez-vous réalisé qu'à deux pas de là il existe une molécule qui vous ouvre d'autres dimensions transcendantes ?' Je ne dis pas que l'ADN humain a été bricolé par des civilisations qui auraient des millions d'années d'avance, mais rien ne permet de l'exclure."

Auteur: Internet

Info:

[ DMT ] [ extraterrestre ]

 

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automutilation

Les scarifications [...] sont des traces effaçables, par cicatrisation, et ne sont pas faites pour inscrire dans le corps une marque, une trace signifiante. Les scarifications ne sont pas écriture sur le corps, elles sont [...] coupure. [...] Les scarifications sont la trace minimale de l’écriture signifiante, elles ont fonction de comptage comme les traits de Robinson sur l’arbre de son île déserte. Les scarifications témoignent de cette accroche minimale du sujet à la fonction signifiante. Sous chaque trait, le sujet cherche à représenter la différence, la coupure d’avec l’Autre qui le ferait exister, mais au risque que cette trace disparaisse avec la cicatrisation et que le travail soit à recommencer.

Ces pratiques de marquage du corps, qui sont de plus en plus fréquentes, spécialement dans la part la plus jeune de nos sociétés, sont toutes plus ou moins prises dans la difficulté que rencontre le sujet à trouver les signifiants nécessaires à la nomination, et donc, à entrer dans le champ de l’énonciation qui n’est plus adéquat à l’organisation du monde par les parlottes postmodernes. Le sujet alors, au lieu d’agir la séparation dans la parole (entre le signifiant qui le représente pour les autres signifiants), au lieu de faire séparation, donc, dans la relation à l’autre, l’agit directement sur lui-même, sur son corps. [...] D’ailleurs, [...] quand une figure de l’Autre se met en place de regarder ce qu’écrit sur le sujet sur son corps, alors se remet en marche le mouvement langagier. Cette dynamique de la "monstration" est induite par la structure même du discours du capitaliste qui régit l’échange interhumain sur le mode de la preuve, de la démonstration de l’existence en acte.

Auteur: Lesourd Serge

Info: Dans "Comment taire le sujet ?", éditions Érès, 2010, pages 228-229

[ psychanalyse ] [ signification ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

actualisation des enjeux psychanalytiques

La société postmoderne est ainsi [...] structurée par les enjeux du surmoi archaïque de la jouissance, et de son corollaire le moi-idéal de la puissance infantile. Les récits qui ordonnent le lien social prônent comme objectif idéal celui de la réalisation totale de la toute-puissance. Le sujet pris dans cette construction discursive se heurte alors, non aux effets de l’interdit qui s’origine toujours dans un grand Autre incarné qui empêche la jouissance, mais aux effets de l’impossible qui est le lot du réel vivant.

Les effets de ces transformations sont patents dans la clinique quotidienne. Les "états à la limite" et les troubles narcissiques sont devenus les formes classiques de l’expression de souffrance subjective. [...] A la différence des névroses classiques, ces souffrances sont l’expression d’une impossibilité pour le sujet de pouvoir situer le manque et le désir à une place fixe, de pouvoir construire une limite organisée au champ du désir dans son rapport aux autres. [...] C’est bien la limite du corps, en sa surface entre le dedans et le dehors ou dans la mort, qui semble aujourd’hui pour les sujets postmodernes devenir le seul lien possible pour tester, trouver, inscrire une limite.

La question qui sous-tend, en son fond, ces différentes formes d’expressions pathologiques liées aux changements de références idéales, est bien celle du repérage de la différence, de la construction des différenciations entre le sujet et l’objet, entre moi et l’autre. Qu’un ministre puisse rappeler en parlant du président de la République que "Moi c’est moi, et lui c’est lui" nous signale amplement cette panne dans le repérage des différences qui structure le rapport des sujets postmodernes entre eux : la différence n’est que narcissique, et non plus structurale.

Auteur: Lesourd Serge

Info: Dans "Comment taire le sujet ?", éditions Érès, 2010, pages 82-83

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson