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métissage

[…] Je supporterais aussi peu l'Europe que toi l'Asie. Restons ici, à Bakou, où l'Asie et l'Europe s'interpénètrent insensiblement. Je ne peux pas aller à Paris, il n'y a pas de mosquée là-bas et pas de Seyd Moustafa. Il faut que je puisse de temps à autre me délecter de l'âme asiatique pour supporter tous ces étrangers qui viennent chez nous. À Paris, je te haïrais comme tu m'as haï après la fête de Moharrem. Pas tout de suite, mais à un moment quelconque, après un carnaval ou après un bal, je commencerais soudain à te haïr à cause du monde étranger dans lequel tu voudrais me forcer à entrer. C'est pourquoi je reste ici, quoi qu'il puisse arriver. Je suis né dans ce pays et je veux y vivre et y mourir.

Elle se tut pendant tout ce temps. Lorsque j'eus fini, elle se pencha vers moi et sa main caressa mes cheveux.

- Pardonne à ta Nino, Ali khan. J'étais très sotte. Je ne sais pas pourquoi je pensais que tu pourrais changer plus vite que moi. Nous restons ici et nous ne parlons plus de Paris. Tu conserveras ta ville asiatique et moi, la maison européenne.

Auteur: Kurban Saïd

Info: Ali et Nino, pp. 319-320

[ couple ]

 
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genèse

Au commencement la Terre était une plaine sans fin, obscure, séparée du ciel et de la mer grise, étouffant dans une pénombre crépusculaire. Il n’y avait ni soleil ni lune ni étoiles. Cependant, bien loin, vivaient les habitants du ciel, êtres jeunes et indifférents, humains de forme, mais possédant des pattes d’émeu et une chevelure dorée étincelante comme une toile d’araignée dans le soleil couchant, sans âge et insensibles aux atteintes des ans, existant depuis toujours dans leur vert paradis bien arrosé, au-delà des nuages de l’ouest.
A la surface de la Terre, il n’y avait que des trous qui deviendraient un jour des points d’eau. Aucun animal, aucune plante, mais autour de ces sources étaient rassemblés des amas de matière pulpeuse, des restes de la soupe primordiale – silencieux, sans souffle, ni éveillés ni endormis – contenant chacun l’essence de la vie ou la possibilité de devenir humain.
Sous la croûte terrestre, cependant, les constellations luisaient, le soleil brillait, la lune croissait et décroissait et toutes les formes de vie gisaient endormies – la fleur écarlate du pois du désert, le chatoiement de l’aile du papillon, les moustaches blanches et frémissantes du Vieil Homme Kangourou – tous en sommeil comme les graines du désert qui doivent attendre l’averse vagabonde.

Auteur: Chatwin Bruce

Info: Le Chant des pistes

[ aborigène ] [ rêve ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

france

A leur franchise, à leur fougue naturelle les Gaulois joignent une grande légèreté et beaucoup de fanfaronnade, ainsi que la passion de la parure, car ils se couvrent de bijoux d'or, portent des colliers d'or autour du cou, des anneaux d'or autour des bras et des poignets, et leurs chefs s'habillent d'étoffes teintes de couleurs éclatantes et brochées d'or. Cette frivolité de caractère fait que la victoire rend les Gaulois insupportables d'orgueil, tandis que la défaite les consterne. Avec leurs habitudes de légèreté, ils ont cependant certaines coutumes qui dénotent quelque chose de féroce et de sauvage dans leur caractère, mais qui se retrouvent, il faut le dire, chez la plupart des nations du Nord. Celle-ci est du nombre : au sortir du combat, ils suspendent au cou de leurs chevaux les têtes des ennemis qu'ils ont tués et les rapportent avec eux pour les clouer, comme autant de trophées, aux portes de leurs maisons. Posidonies dit avoir été souvent témoin de ce spectacle, il avait été long à s'y faire, toutefois l'habitude avait fini par l'y rendre insensible. Les têtes des chefs ou personnages illustres étaient conservées dans de l'huile de cèdre et ils les montraient avec orgueil aux étrangers, refusant de les rendre même quand on voulait les leur racheter au poids de l'or.

Auteur: Thollard Patrick

Info: La Gaule selon Strabon : du texte à l'archéologie : Géographie, livre IV, traduction et études

[ historique ]

 

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insomnie

Je retournai dans ma chambre, refermai les portes et me couchai en sermonnant : "Il faut que je dorme. Il faut tout oublier jusqu’à demain. Il faut que je dorme." J’éteignis la lumière. Je fermai les yeux et, m’appliquant à ne penser à rien, m’efforçai de m’endormir. La lutte pour le sommeil est déjà quelque chose d’effrayant. On n’a pas de prises. La seule volonté de dormir vous tient éveillé. Je ne pensais à rien, mais il y avait pourtant en moi la volonté de dormir qui à mon insu me tenait éveillé. Je me retournais sans cesse. De temps en temps, à travers l’obscurité, venait à moi de très loin le tintement d’une horloge. Tout était noir. Je n’avais déjà plus de volonté. Pourtant, je ne dormais pas. Combien de temps s’écoula ainsi ? Je ne le sais pas. J’avais complètement perdu la notion du temps. J’étais absolument comme si je dormais, pourtant une conscience suffisante faisait que je savais que j’étais éveillé. A la longue, après m’être retourné je ne sais combien de fois, mon engourdissement se fit plus grand. Une joie minuscule m’envahit. J’allais perdre toute notion des choses lorsque, insensiblement, j’eus la sensation que mon cerveau grossissait, grossissait, que mon corps était de plomb, que tout mon être se gonflait et que, à mesure qu’il gonflait, je pouvais de moins en moins remuer afin de reprendre mon aspect habituel.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Journal écrit en hiver, Flammarion, 1983, pages 106-107

[ sensations ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

absoluité

Il n’y a de puissance que dans la conviction. Un raisonnement n’est fort, un poème n’est divin, une peinture n’est belle, que parce que l’esprit ou l’oeil qui en juge est convaincu d’une certaine vérité cachée dans ce raisonnement, ce poème, ce tableau.

Un petit nombre de soldats, persuadés de l’habileté de leur général, peuvent enfanter des miracles. Trente-cinq mille Grecs suivent Alexandre à la conquête du monde ; Lacédémone se confie en Lycurgue, et Lacédémone devient la plus sage des cités ; Babylone se présume faite pour les grandeurs, et les grandeurs se prostituent à sa foi mondaine ; un oracle donne la terre aux Romains, et les Romains obtiennent la terre ; Colomb, seul de tout un monde, s’obstine à croire à un nouvel univers, et un nouvel univers sort des flots. L’amitié, le patriotisme, l’amour, tous les sentiments nobles, sont aussi une espèce de foi.

C’est parce qu’ils ont cru que les Codrus, les Pylade, les Régulus, les Arrie, ont fait des prodiges. Et voilà pourquoi ces coeurs qui ne croient rien, qui traitent d’illusions les attachements de l’âme, et de folie les belles actions, qui regardent en pitié l’imagination et la tendresse du génie, voilà pourquoi ces coeurs n’achèveront jamais rien de grand, de généreux : ils n’ont de foi que dans la matière et dans la mort, et ils sont déjà insensibles comme l’une, et glacés comme l’autre.

Auteur: Chateaubriand François-René de

Info: Génie du christianisme

[ dépassement ] [ irrationnel ] [ crédo ]

 

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confiance

Il y a en métaphysique un principe du "point de repère suffisant", et c’est la conscience de la limite qui sépare la pensée suffisante et utile, de la pensée abusive et inutile ; la première est celle qui précisément nous fournit des points de repère susceptibles de nous faire dépasser le plan indéfini de la pensée comme telle. Il est naturel que l’homme qui est insensible au caractère provisoire des concepts demande à la pensée ce qu’elle ne saurait fournir, et aboutisse à la conviction que la pensée est vaine et que l’homme ne peut rien connaître ; mais il n’est pas normal que l’homme prenne la pensée pour une fin en soi.
Toutes ces considérations peuvent préciser l’image de la certitude ; mais on peut préciser cette image également par l’évocation de son contraire, qui est le doute : "pour l’homme livré au doute", dit en substance la Bhagavadgîta, "il n’y a aucun salut ni dans ce monde ni dans l’autre". Douter de l’ontologiquement certain, c’est ne pas vouloir être ; c’est par conséquent une sorte de suicide, celui de l’esprit ; et douter de la divine Miséricorde est une disgrâce aussi grande que douter de Dieu. La certitude spirituelle comporte le "oui" libérateur à ce qui nous dépasse, et qui en fin de compte est notre propre essence ; d’où le rapport entre la connaissance de soi et la connaissance de Dieu, et aussi, entre la connaissance de Dieu et l’action de la Miséricorde.

Auteur: Schuon Frithjof

Info:

[ fondations ] [ assise ] [ chair-esprit ]

 
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spinozisme

Spinoza, qui apparaît comme un cas particulièrement significatif de non-enracinement dans sa tradition spirituelle, le Judaïsme, sera en opposition manifeste avec les théologiens chrétiens aussi bien qu'avec les rabbins d'Amsterdam. Excommunié par la Synagogue, en rapport avec des Mennonites qui s'inspirent de la gnose de Marcion, il s'insurge contre le dogmatisme religieux du peuple juif, dont il ne sait plus retrouver la dimension universelle et spirituelle à la manière d'un Isaac Luria ou d'un Moïse de Léon. Au dogmatisme religieux, il oppose son dogmatisme philosophique. Il est insensible à l'aspect "symbolique" des formes traditionnelles dont il ne saisit plus que les contours et les implications passionnelles, mais au nom d'une intellectualité qui est loin d'être elle-même dépouillée de tout élément "dogmatique" et passionnel. Et ce dogmatisme-là suscitera comme un légitime choc en retour la critique kantienne du "dogmatisme" philosophique.
La spéculation intellectuelle qui s'oppose à une tradition spirituelle dont elle ne comprend plus le sens profond se hasarde à voler vers Dieu de ses propres ailes. Et le philosophe nous apporte avec l'Ethique une magistrale et géniale caricature de la perspective métaphysique dans un dogmatisme rationnel qui se heurte massivement à des évidences qu'il nie parce qu'il s'avère incapable de les intégrer, à la différence du métaphysicien qui pratique tout naturellement et sur tous les plans la synthèse des contradictoires.
Le monisme massif de l'Ethique exclut la vie, la liberté du choix ou la "personne" que le non-dualisme plus subtil du métaphysicien pur parvient à intégrer dans l'universalité concrète de sa perspective.

Auteur: Vallin Georges

Info: Dans "Perspective métaphysique", pages 78-79

[ critique ] [ philosophie passionnelle ] [ indépendance ]

 
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pensée-de-femme

Le maternage intensif est l'ultime Olympiade féminine: nous sommes toutes confrontées à une concurrence féroce, en danger constant d'être trompées par la mère d'en bas de la rue ou dans le magazine que nous lisons. La compétition n'est pas seulement de savoir qui est une bonne mère, c'est de savoir qui est la meilleure. Nous sommes en concurrence les unes avec les autres; en concurrence avec nous-mêmes. Les meilleures mères placent toujours les besoins de leurs enfants avant les leurs, un point c'est tout. Les meilleures mères sont les principales dispensatrices de soins. Pour les meilleures mères, leurs enfants sont le centre de l'univers. Les meilleures mères sourient toujours. Elles comprennent toujours. Elles ne sont jamais fatiguées. Elles ne perdent jamais leur sang-froid. Elles ne disent jamais:"Va jouer chez le voisin pendant que maman boit une bière." L'amour pour leurs enfants est sans limite, inépuisable, impeccable, total. Les mères d'aujourd'hui ne peuvent pas seulement répondre aux besoins de leurs enfants, elles doivent les prévoir - et avec la précision télépathique d'Houdini. Elles doivent mémoriser textuellement les livres de tous les experts en garde d'enfants et savoir quelles approches sont appropriées au développement à différents âges. Elles sont censées traiter leurs gniards de deux ans avec respect. Si les mères se trompent et manquent à ceci un jour donné elles sont supposées s'excuser auprès de leurs gamins parce que tout faux pas entraîne des dommages psychologiques et/ou physiques permanents. Quiconque se demande si c'est bien ainsi la meilleure façon d'élever des enfants est une brute insensible et ignorante. C'est du bon sens, non ?

Auteur: Douglas Susan J.

Info:

[ femmes-par-femmes ] [ responsabilité ]

 

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littérature

Quand il racontait des histoires, on aurait dit qu'il s'adressait aux enfants uniquement, car il voulait voir le sourire des enfants, l'effroi des enfants et l'émerveillement des enfants, alors qu'il ne prêtait guère attention aux adultes. C'était là un comportement dont il n'avait pas conscience. Il savait bien que ces adultes étaient trop léthargiques, trop mesquins, trop contusionnés, trop désespérés et navrés "au point que l'enveloppe de leur coeur est insensible, épaisse et dure comme la plante de pieds qui ont trop marché", et il semblait qu'il n'y avait que les enfants qui l'écoutaient avec attention. La Prè Antchane, la fille de M. Poute Antchane, une enfant de dix ans aux grands yeux et aux cheveux emmêlés d'un noir roux de dévitaminée et avec une cicatrice bistre au bord de l'oeil gauche, qui avait une écriture étonnamment belle, lisait couramment, était meilleure en calcul que n'importe lequel des enfants de sa classe, avait reçu en secret pour instruction de la part de madame l'institutrice Prayong Sîssane-ampaï de coucher par écrit toutes les histoires que le révérend père Tiane racontait. La Prè avait la plume facile et elle notait même des choses que l'institutrice ne lui avait pas demandées, telles que l'apparition d'arcs-en-ciel, notant le jour, l'heure et l'endroit où elle en voyait un, sa durée et même ce qu'elle faisait alors, avec qui elle était ou si elle était seule et quels arbres étaient en fleurs, quels oiseaux chantaient, rédigeait ce que racontait le révérend père Tiane et ses notes sur les arcs-en-ciel (que l'institutrice finit par découvrir) et lisait ses compositions chaque après-midi à l'école pendant le cours de thaï.

Auteur: Saneh Sangsuk

Info: Une histoire vieille comme la pluie, p. 32

[ conteur ] [ public ]

 

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différenciation

[…] je m’insurge contre l’abus de langage par lequel, de plus en plus, on en vient à confondre le racisme défini au sens strict et des attitudes normales, légitimes même, et en tout cas inévitables. Le racisme est une doctrine qui prétend voir dans les caractères intellectuels et moraux attribués à un ensemble d’individus, de quelque façon qu’on le définisse, l’effet nécessaire d’un commun patrimoine génétique. On ne saurait ranger sous la même rubrique, ou imputer automatiquement au même préjugé l’attitude d’individus ou de groupes que leur fidélité à certaines valeurs rend partiellement ou totalement insensibles à d’autres valeurs.

Il n’est nullement coupable de placer une manière de vivre et de la penser au-dessus de toutes les autres et d’éprouver peu d’attirance envers tels ou tels dont le genre de vie, respectable en lui-même, s’éloigne par trop de celui auquel on est traditionnellement attaché. Cette incommunicabilité relative peut même représenter le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent, et trouvent dans leur propre fonds les ressources nécessaires à leur renouvellement. Si comme je l’ai écrit ailleurs, il existe entre les sociétés humaines un certain optimum de diversité au-delà duquel elles ne sauraient aller, mais en dessous duquel elles ne peuvent non plus descendre sans danger, on doit reconnaître que cette diversité résulte pour une grande part du désir de chaque culture de s’opposer à celles qui l’environnent, de se distinguer d’elles, en un mot d’être soi : elles ne s’ignorent pas, s’empruntent à l’occasion, mais pour ne pas périr, il faut que, sous d’autres rapports persiste entre elles une certaine imperméabilité.

Auteur: Lévi-Strauss Claude

Info: "Le regard éloigné" (1983)

[ variété nécessaire ] [ monades communautaires ] [ cohésion ] [ identité ] [ psycho-sociologie ]

 

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