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poète

Lorsqu'il souriait, il lui semblait que pour amener ce sourire sur ses lèvres, il lui avait fallu au préalable, péniblement, l'extraire du plus profond d'une caverne rocheuse. (...) Alors qu'en lui l'homme désespérait, que son être saignait de mille blessures douloureuses, son art s'élevait comme un danseur richement paré, très haut, et là où Hölderlin sentait qu'il sombrait, sa musique et ses vers enchantaient. Il chantait la destruction et l'anéantissement de sa vie sur l'instrument de la langue qu'il parlait, dans de merveilleuses mélodies dorées. Il demandait justice pour son droit et son bonheur en miettes comme seuls demandent les rois, avec une fierté, une hauteur sans égale dans toute la littérature.

Les mains d'un pouvoir fatal l'arrachèrent au monde et à ses dimensions trop étriqués pour lui, et le jetèrent par-dessus le bord du saisissable, dans la folie, et il sombra comme un géant dans ses abîmes désirables et bienfaisantes, inondés de lumière, riche en feux follets, afin d'y somnoler pour toujours, dans une douce distraction et dans l'opaque.

Auteur: Walser Robert

Info: Hölderlin

[ éloge ] [ contraste ] [ portrait ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

fanatisme

Nous voyons par exemple que les activistes islamistes, dont on parle souvent, et presque exclusivement quand on aborde la question de l'islam, dont désignés par de nombreux vocables : musulmans, fondamentalistes, intégristes, salafistes, jihadistes. Le profane est rebuté, l'islamisme lui paraît plus mystérieux que jamais, il s'imagine avoir affaire à une hydre à mille têtes échappée de l'Antiquité. De la même manière, le mot "islamisme" est concurrencé par autant de vocables : fondamentalisme, intégrisme, salafisme, islam politique, islam radical. La confusion est totale lorsque, en plus, et c'est ce qu'on fait souvent, on accole à ces mots d'autres vocables tels que wahhabite, sunnite, chiite, etc. On comprend qu'avec une telle profusion de mots d'aucuns en viennent à faire des amalgames, dont le plus préjudiciable pour tous est de confondre l'islam, religion respectable et brillante s'il en est, et l'islamisme, qui est l'instrumentalisation de l'islam dans une démarche politique, sinon politicienne, critiquable et condamnable. Le lecteur avisé ne tombera pas dans le piège, il cherchera plutôt à approfondir sa connaissance pour rester maître de son jugement.

Auteur: Sansal Boualem

Info: Gouverner au nom d'Allah. Islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe

[ intolérance ]

 

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avertissement

Si j'ose essayer d'écrire quelques pages sur le Problème proposé par l'Académie Royale des Sciences, pour sujet du Prix de l'année 1745, ce n'est pas que je me flate de pouvoir montrer la meilleure maniere de trouver l'heure en mer par observation, &c. en quoi consiste ce Problème, ni même d'être capable d'en approcher assez pour mériter quelque distinction de cette Piece. C'est aux personnes versées dans la Marine & dans l'Astronomie, qu'il appartient seulement de traiter ce sujet avec certaine confiance. Pour moi, qui loin d'avoir aucun usage de la navigation & des observations célestes, n'ai jamais vû ni Mer, ni Marins, ni Observatoire, ni Instruments, ni Astronomes, je sens parfaitement qu'il ne me convient point de donner des leçons, mais plutôt d'en recevoir sur un tel sujet. Aussi n'a-ce été que par occasion & pour m'excercer d'après l'ouvrage d'un fameux Maître, que j'ai pensé au Problème dont il s'agit ; & je n'y ai pensé que fort tard, en sorte que je suis resserré dans un espace de tems très-court, pour mettre au net ma tentative.

Auteur: Anonyme

Info: Introduction de "Essai d'horolepse* nautique", 1745 - il est à noter que cet auteur anonyme, malgré l'ignorance dont il s'excusait, soumettait au jugement de l'Académie un mémoire de plus de 240 pages ! *saisie de l'heure

[ modestie ] [ ignorance ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

despotisme étatique

[…] le phénomène totalitaire peut être défini comme une forme nouvelle, inédite d’expérience de domination politique mise en œuvre par un mouvement révolutionnaire, qui professe une conception intégriste de la politique, qui lutte pour conquérir le monopole du pouvoir et qui, après l’avoir conquis, par des voies légales ou illégales, dirige ou transforme le régime préexistant et construit un État nouveau, fondé sur le régime à parti unique et sur un système policier et terroriste comme instrument de la révolution permanente contre les "ennemis intérieurs". L’objectif principal du mouvement totalitaire est la conquête et la transformation de la société, à savoir la subordination, l’intégration et l’homogénéisation des gouvernés sur la base du principe du primat de la politique sur tout autre aspect de l’existence humaine. Celle-ci est interprétée selon les catégories, les mythes et les valeurs d’une idéologie palingénésique, dogmatisée sous la forme d’une religion politique, qui entend modeler l’individu et les masses à travers une révolution anthropologique, pour créer un nouveau type d’être humain, uniquement voué à la réalisation des projets révolutionnaires et impérialistes du parti totalitaire. À terme, il s’agit de fonder une nouvelle civilisation de caractère supranational et expansionniste.

Auteur: Gentile Emilio

Info: Cité dans "Parti, État et monarchie dans l’expérience totalitaire fasciste", Quand tombe la nuit, Stéphane Courtois"

[ subversion intérieure ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

sciences

Les années 1897-1900, Bose focalisa son intérêt sur la physiologie comparative, la physiologie des plantes en particulier. Ses recherches permirent d'établir que toutes les caractéristiques de réponse données par les tissus des animaux sont forts similaires à celles des tissus végétaux. En 1901, Bose soumit au Royal Society une "preliminary note on the Electric Response of Inorganic Substances" dans laquelle il montrait comment il avait obtenu une forte réponse électrique de plantes suite à des stimuli mécaniques. Cependant le papier ne fut jamais publié en raison de l'opposition de Sir John Burdon Sanderson, principal electro-physiologiste de son temps. Bose avait des dizaines d'années d'avance sur son temps, ainsi, pour pouvoir mesurer la réponse mécanique des tissus végétaux il créa un levier optique raffiné afin d'amplifier et photographier et enregistrer les infimes mouvements des plantes. Il perfectionna un enregistreur résonant qui lui permit de déterminer avec une exactitude remarquable, (au millième de seconde), la période de réponse d'une plante "touch me not" le Mimosa pudica. Il avait aussi conçu un enregistreur oscillant pour mesurer les mouvements latéraux infimes de la même plante du télégraphe (Desmodium gyrans) en enregistrent automatiquement leurs mouvements battants.
Il put même enregistrer les mouvements de croissance micrographiques de plantes en concevant le crescographe. Avec cet instrument, il pouvait agrandir 10,000 fois et enregistrer automatiquement la croissance d'allongement de tissus végétaux et leurs modifications par des stimuli externes divers.

Auteur: Bose Jagadish Chandra

Info:

[ végétal ]

 

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infini

Dans le monde, toutes nos actions sont celles de l’égoïsme ; nous nous imaginons que les forces universelles qui œuvrent en nous sont nôtres, nous revendiquons comme un effet de notre volonté et de notre sagesse, de notre force, de notre vertu personnelles, le choix, la formation et le progrès accomplis par le, Transcendant dans le cadre de notre mental, de notre vie et de notre corps. L’illumination nous apporte la connaissance que l’ego n’est qu’un instrument ; nous commençons à percevoir et à sentir que ces choses sont "nôtres" en ce sens qu’elles appartiennent à notre Moi suprême et intégral qui est un avec le Transcendant et non à notre ego instrumental. Nos limitations et nos déformations sont notre contribution au travail, le vrai pouvoir dedans est le Pouvoir du Divin. Quand l’ego humain reconnait que sa volonté est un outil, sa sagesse une ignorance et un enfantillage, son pouvoir un tâtonnement d’enfant, sa vertu une prétentieuse impureté, et qu’il apprend à se confier à Cela qui le transcende, c’est pour lui le salut. L’apparente liberté et l’indépendance de cet être personnel auquel nous sommes si profondément attachés, cachent la plus pitoyable sujétion à un millier de suggestions, d’impulsions et de forces que nous avons rendues étrangères à notre petite personne. Notre ego, qui se vante de liberté, est à chaque instant l’esclave, le jouet et la marionnette d’innombrables êtres, puissances, forces et influences de la Nature universelle.

Auteur: Gose Sri Aurobindo

Info: Dans "La synthèse des Yoga"

[ impersonnel ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

ordre symbolique

On apprend à parler. Quelqu’un, un, des adultes nous apprennent le langage. Donc on nous cadre. On nous modèle. On nous enferme. Dès que j’apprends une langue, je suis privé de ma liberté. Ma liberté de quoi ? Eh bien de créer ex nihilo ma propre langue. Et c’est une privation inacceptable, une violation du plus sacré de mes droits, celui de me faire moi-même. On me fait entrer dans un schéma déjà préparé, on m’apprend à parler selon un certain modèle. Scandale. Je hais cette parole simplement parce que moi adulte je me retourne vers mon enfance, et je m’aperçois que je ne peux plus revenir au stade de l’ingénuité absolue, où rien n’était préfixé, où tous les possibles, absolument tous étaient ouverts. On m’a enlevé ces possibles. J’ai été mis par le langage dans une conduite forcée. J’ai été frustré. Je suis frustré de la création de mon propre langage. On a exercé un pouvoir sur moi alors que j’étais innocent et sans défense. Langage instrument de pouvoir. Dans cette sublime protestation, on néglige seulement une chose : c’est que la parole ne consiste pas à pousser des hurlements inarticulés, dans le vent de la mer, mais elle est, elle n’est que véhicule de l’un à l’autre, relation d’un homme à un homme, et s’il y a une relation, il faut bien qu’il y ait un code, une entente sur la valeur des sons et des signes. Sans quoi aucune relation, aucune communication, aucun rapport ne sont possibles.

Auteur: Ellul Jacques

Info: Dans "La parole humiliée", éditions de la Table Ronde, Paris, 2014, page 271

[ castration symbolique ] [ limitation libératrice ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

anti-matérialisme

Ah ! Général, il n’y a qu’un problème, un seul de par le monde. Rendre aux hommes une signification spirituelle, des inquiétudes spirituelles, faire pleuvoir sur eux quelque chose qui ressemble à un chant grégorien. On ne peut vivre de frigidaires, de politique, de bilans et de mots croisés, voyez-vous ! On ne peut plus vivre sans poésie, couleur ni amour. Rien qu’à entendre un chant villageois du XVe siècle, on mesure la pente descendue. Il ne reste rien que la voix du robot de la propagande […] Mais où vont les États-Unis et où allons-nous, nous aussi, à cette époque de fonctionnariat universel ? L’homme robot, l’homme termite, l’homme oscillant du travail à la chaîne système Bedeau à la belote. L’homme châtré de tout son pouvoir créateur, et qui ne sait même plus, du fond de son village, créer une danse ni une chanson. L’homme que l’on alimente en culture de confection, en culture standard comme on alimente les bœufs en foin. C’est cela l’homme d’aujourd’hui. […] ça m’est égal d’être tué en guerre. De ce que j’ai aimé, que restera-t-il ? Autant que les êtres, je parle des coutumes, des intonations irremplaçables, d’une certaine lumière spirituelle. Du déjeuner dans la ferme provençale sous les oliviers, mais aussi de Haendel. Les choses je m’en fous, qui subsisteront. Ce qui vaut, c’est un certain arrangement des choses. La civilisation est un bien invisible puisqu’elle porte non sur les choses, mais sur les invisibles liens qui les nouent l’une à l’autre, ainsi et non autrement. Nous aurons de parfaits instruments de musique, distribués en grande série, mais où sera le musicien ? 

Auteur: Saint-Exupéry Antoine de

Info: Lettre au général X (extrait), 30 juillet 1944

 

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Ajouté à la BD par miguel

fric

On peut dire que l'argent est un instrument neutre qui n'a comme tel un effet ni positif ni négatif. Il constitue un simple substitut du troc : une marchandise spécialement conçue pour l'échange. Une image tout à fait différente émerge cependant au plan historique. A l'origine, les sociétés féodales étaient dominées par la caste des guerriers qui s'appropriait les terres par la force. Ils sont ce que Hegel nomme les "Maîtres". En face d'eux se tient la majorité de la population, les "esclaves" devenus "serfs" par la suite. Les uns travaillent, les autres règnent sur eux. Pour pouvoir faire circuler les produits issus de cette division du travail, il fallait les marchands. Ils vont de pays en pays, vendent leurs marchandises et vivent de leur profit. Pour ce commerce, on a besoin de l'argent comme instrument de la circulation. Au moyen âge et surtout pendant la renaissance, les régnants font une découverte surprenante. Ils n'ont plus besoin de la violence comme base de leur règne. L'argent rend le même service. Avec lui, on peut amener quelqu'un à travailler pour soi, sans autre violence. La révolution française et sa nouvelle redistribution du pouvoir n'a rien changé à cela. Les aristocrates ont vite compris qu'il pouvaient renoncer à leurs privilèges seigneuriaux s'ils possédaient suffisamment d'argent. L'épée ou le sabre ne sont plus nécessaires, on peut arranger tout cela de la même manière avec de l'argent. Aristote avait reconnu cet aspect de l'argent comme l'héritier de la violence sociale. L'argent reflète le rapport de domination et remplace l'instrument de la violence.

Auteur: Jorion Paul

Info:

[ influence ] [ historique ] [ arme ]

 

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acteurs

Je regarde l'état de comédien comme la honte des hontes. J'ai là-dessus les idées les plus centenaires et les plus absolues. La vocation du théâtre est, à mes yeux, la plus basse des misères de ce monde abject et la sodomie passive est, je crois, un peu moins infâme. Le bardache, même vénal, est, du moins, forcé de restreindre, chaque fois, son stupre à la cohabitation d'un seul et peut garder encore - au fond de son ignominie effroyable, - la liberté d'un certain choix. Le comédien s'abandonne, sans choix, à la multitude, et son industrie n'est pas moins ignoble, puisque c'est son corps qui est l'instrument du plaisir donné par son art. L’opprobre de la scène est, pour la femme, infiniment moindre, puisqu’il est, pour elle, en harmonie avec le mystère de la Prostitution, qui ne courbe la misérable que dans le sens de sa nature et l’avilit sans pouvoir la défigurer.

Il a fallu le dénûment métaphysique particulier au xixe siècle et l’énergie surprenante de sa déraison, pour réhabiliter cet art que dix-sept cents ans de raison chrétienne avaient condamné. Il paraît tout simple, aujourd’hui, de recevoir avec honneur et de pavoiser de décorations d’abominables cabots, que les bonnes gens d’autrefois auraient refusé de faire coucher à l’écurie, par crainte qu’ils ne communiquassent aux chevaux la morve de leur profession. Mais vous l’avez dit tout à l’heure, je ne suis pas de ce siècle, j’ai d’autres idées que les siennes, et parmi les choses répugnantes qu’il idolâtre, le prostibule de la rampe est surtout blasphémé par moi…

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, page 362

[ diatribe ] [ avilissement ] [ critique ]

 

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