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femmes-hommes

Ah, je me le demande parfois : que se serait-il passé si elles avaient vraiment été les filles de Kali ? Imaginez un seul instant que cette déesse toute-puissante se manifeste à chaque fois que les femmes sont abusées des mille façons inventées dans ce pays d’excès et de dérives, dans ce pays où l’homme est la seule vraie religion et les femmes ses adoratrices subjuguées ! Il suffit qu’une femme soit seule sur un chemin mal éclairé, un soir, pour qu’elle soit plus qu’un corps offert. Ministre, femme d’affaires, médecin, enseignante, millionnaire ou villageoise intouchable, peu importe ce que tu es : la nuit, toutes les femmes sont chair. Corps offert en pâture.

(…) Personne n’érige de temples à la seule gloire du vagin. Mais le sexe de Shiva, lui, se dresse, triomphal, dans toute l’Inde, des plus grands temps aux coins paumés de la campagne, où il suffit d’une pierre judicieusement formée ou taillée, dressée, haute et phallique, pour que toute l’Inde se prosterne devant elle.

Auteur: Nirsimloo Ananda Devi

Info: Le rire des déesses

[ hindous ] [ hindoues ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

non-voyant

J'ai eu une hémorragie des yeux. Un matin, au réveil, un voile rouge me barrait la vue. Je voyais encore la lumière et les ombres. Après, tout s'est éteint. Un cauchemar. (...) En réalité, aujourd'hui, je ne suis pas dans le noir. Quand cela ne va pas, on peut avoir l'impression d'être dans un gouffre. Mais dès que l'on se sent mieux, on a des couleurs. On peut même "voir" des étoiles !
(...)
Dernièrement, je suis allé voir deux films, Polisse et Intouchables. En disant cela, je ne crois pas usurper quoi que ce soit. Je perçois l'atmosphère, j'entends les sons et je reconstruis l'image dans ma tête...
Je suis allé une fois à une séance de cinéma en "audiovision" : une voix décrivait les scènes trop imagées. J'ai enlevé mon casque : - Décrire ainsi l'image, je trouvais cela pauvre...
Je garde en mémoire les traits de mes parents, mais je préfère ne pas y penser. Je ne veux pas être plaint.
- Et votre définition de la beauté ?
Cela dépend de mes sentiments... Je m'intéresse davantage à l'être humain. Mais c'est peut-être l'âge qui me fait parler ainsi, et non mon expérience d'aveugle.

Auteur: Kerroumi Bachir

Info: a perdu la vue à 18 ans, interview suite au livre de Sophie Calle sur les aveugles

[ témoignage ] [ cinéma ]

 

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rapports humains

(...) Il y a bien des frontières entre les gens. L'argent, par exemple. Cette frontière-là, entre les lecteurs et les autres, est encore plus fermée que celle de l'argent. Celui qui est sans lecture manque du manque. La muraille entre les riches et les pauvres est visible. Elle peut se déplacer ou s'effondrer par endroits. La muraille entre les lecteurs et les autres est bien plus enfoncée dans la terre, sous les visages. Il y a des riches qui ne touchent aucun livre. Il y a des pauvres qui sont mangés par la passion du livre. Où sont les pauvres, où sont les riches. Où sont les morts où sont les vivants. C'est impossible à dire. Ceux qui ne lisent jamais forment un peuple taciturne. Les objets leur tiennent lieu de mots : les voitures avec sièges en cuir quand il y a de l'argent, les bibelots sur les napperons quand il n'y en a pas. Dans la lecture on quitte sa vie, on l'échange contre l'esprit du songe, la flamme du vent. Une vie sans lecture est une vie que l'on ne quitte jamais, une vie entassée, étouffée de tout ce qu'elle retient comme dans ces histoires du journal, quand on force les portes d'une maison envahie jusqu'aux plafonds par les ordures. Il y a la main blanche de ceux qui ont pour eux l'argent. Il y a la main fine de ceux qui ont pour eux le songe. Et il y a tous ceux qui n'ont pas de mains - privés d'or, privés d'encre. C'est pour ça qu'on écrit. Ce ne peut être que pour ça, et quand c'est pour autre chose c'est sans intérêt : pour aller les uns vers les autres. Pour en finir avec le morcellement du monde, pour en finir avec le système des castes et enfin toucher aux intouchables.

Auteur: Bobin Christian

Info: Une petite robe de fête, préface

[ lecteurs ]

 

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religion

Un lecteur d'une première version de ce chapitre s'en est plaint, disant qu'en traitant l'éventualité de Dieu comme une hypothèse scientifique de plus, - à évaluer selon les normes de la science en particulier et de la pensée rationnelle en général, Dawkins et moi négligeons cette affirmation très répandue des croyants comme quoi leur foi est totalement au-delà de la raison, et qu'il ne s'agit donc pas d'une question à laquelle s'appliquent des méthodes de test aussi banales. Ce n'est pas seulement désobligeant, prétendait-il, mais strictement injustifié que de simplement supposer que la méthode scientifique continue à s'appliquer avec toute sa force dans ce domaine de la vérité.

Très bien, examinons l'objection. Je doute que le défenseur de la religion la trouve intéressante, une fois que nous l'aurons investiguée avec attention.

Le philosophe Ronaldo de Souza a un jour décrit de façon mémorable la théologie philosophique comme "du tennis intellectuel sans filet", et je reconnais volontiers que j'ai effectivement supposé sans commentaire ni question jusqu'à présent que le filet du jugement rationnel était bien présent. Mais nous pouvons l'enlever si vous le voulez vraiment.

A vous de servir donc. 

Quoi que vous argumentiez, supposons que je vous réplique grossièrement comme suit : "Ce que vous dites implique que Dieu est un sandwich au jambon emballé dans du papier d'aluminium. Ce n'est pas vraiment un Dieu à adorer !". Si vous rétorquez en demandant de savoir comment je peux justifier logiquement mon affirmation selon laquelle votre mise en jeu a une implication aussi absurde, je vous répondrai : "Aha, vous voulez donc enlever le filet pour mes retours, mais pas pour vos services ?

Dans les deux cas, le filet est mis ou pas. S'il est enlevé, il n'y a pas cette règle et tout le monde peut dire n'importe quoi, jeu de dupes s'il en est. Je vous donne donc le bénéfice de l'hypothèse comme quoi  vous ne perdriez pas votre temps, ou le mien, en jouant sans filet.

Auteur: Dennett Daniel C.

Info: Darwin's Dangerous Idea: Evolution and the Meanings of Life

[ débat ] [ dualité prison ] [ sacré intouchable ] [ rationalisme impuissant ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

recherche extrême

Si le déni du signifiant chez le dépressif rappelle le mécanisme de la perversion, deux remarques s’imposent.

D’abord, dans la dépression, le déni est d’une puissance supérieure à celle du déni pervers, qui atteint l’identité subjective elle-même et non seulement l’identité sexuelle mise en cause par l’inversion (homosexualité) ou la perversion (fétichisme, exhibitionnisme, etc.). Le déni annihile jusqu’aux introjections du dépressif et lui laisse le sentiment d’être sans valeur, "vide". En se dépréciant et en se détruisant, il consume toute possibilité d’objet, ce qui est aussi un moyen détourné de le préserver... ailleurs, intouchable. Les seules traces d’objectalité que conserve le dépressif sont les affects. [...] Aussi l’affect dépressif – et sa verbalisation dans les cures, mais aussi dans les œuvres d’art – est-il la panoplie perverse du dépressif, sa source de plaisir ambiguë qui comble le vide et évince la mort, préservant le sujet aussi bien du suicide que de l’accès psychotique.

Parallèlement, les diverses perversions apparaissent, dans cette optique, comme l’autre face du déni dépressif. [...] Ces actes et relations avec des objets partiels préservent le sujet et son objet d’une destruction totale et procurent, avec l’homéostase narcissique, une vitalité qui contrecarre Thanatos. La dépression est ainsi mise entre parenthèses, mais au prix d’une dépendance souvent vécue comme atroce vis-à-vis du théâtre pervers où se déploient les objets et les relations omnipotentes qui évitent l’affrontement à la castration et font écran à la douleur de la séparation pré-œdipienne. La faiblesse du fantasme qui est évincé par le passage à l’acte témoigne de la permanence du déni du signifiant au niveau du fonctionnement mental dans les perversions. Ce trait rejoint l’inconsistance du symbolique vécue par le dépressif ainsi que l’excitation maniaque par des actes qui ne deviennent effrénés qu’à condition d’être considérés insignifiants.

[...] Le déni dépressif [...] atteint jusqu’aux possibilités de représentation d’une cohérence narcissique et prive, par conséquent, le sujet de sa jubilation auto-érotique, de son "assomption jubilatoire". Seule demeure alors la domination masochique des replis narcissiques par un surmoi sans médiation qui condamne l’affect à rester sans objet, fût-il partiel, et à ne se représenter à la conscience que comme veuf, endeuillé, douloureux. Cette douleur affective, résultante du déni, est un sens sans signification, mais elle est utilisée comme écran contre la mort. Lorsque cet écran cède aussi, il ne reste comme seul enchaînement ou acte possible que l’acte de rupture, de dés-enchaînement, imposant le non-sens de la mort : défi pour les autres ainsi retrouvés au titre de rejetés, ou bien consolidation narcissique du sujet qui se fait reconnaître, par un passage à l’acte fatal, comme ayant toujours été hors du pacte symbolique parental, c’est-à-dire là où le déni (parental ou le sien propre) l’avait bloqué.

Auteur: Kristeva Julia

Info: Dans "Soleil noir", éditions Gallimard, 1987, pages 60-61

[ conjonction impossible ] [ absurde ] [ suicide ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

exposition

Dès le débarquement en ville [Avignon], c’est par la laideur que l’on est saisi. Des fanions de kermesse rose corail sèchent grotesquement aux branches des platanes de la rue de la République, achevant de transformer en musée des horreurs une ville déjà malmenée chaque année par un festival de théâtre qui n’a que trop duré. Des bus boursouflés de peinturlure, hérissés de cabochons de toutes les couleurs, accablés de barbouillages atroces, inspireraient le plus sain effroi si l’on ne savait, grâce aux documents qui vous ont été remis au début de l’épreuve, qu’ils ont été décorés par un "atelier d’hôpital psychiatrique". L’art contemporain use de toutes les armes, et jusqu’au chantage lâche à la compassion, pour rendre sa propre misère, sa misère bien à lui, intouchable et incritiquable, en l’accrochant sadiquement à la remorque d’une vraie misère involontaire et subie. "Votre idée du beau est-elle définitive ?" vous interpellent les mêmes prospectus. Ma réponse est : oui. Bien entendu. Mon idée du beau est définitivement définitive. Mais il est évident qu'on attend que vous répondiez non, si vous voulez avoir l'air d'un honnête moderne, c'est-à-dire d'un esclave de bonne volonté qui a appris à ânonner en rampant, dans les sombres écoles des avant-gardes, que tout est relatif.

Mais c’est dans le palais des Papes, soi-disant livré à "la Beauté in fabula", qu’éclatent véritablement le malheur et la solitude spécifiques de ce qui se prétend encore "art" et qui n’est que "contemporain" au plus haut point. […]

Là-dedans déambulent des hommes et des femmes qui sont des ombres parce que ce sont des touristes, et qui pourraient se trouver n’importe où ailleurs, jouer n’importe quel autre rôle que celui de spectateurs ou de consommateurs de cette incohérence misérable (otages à Jolo, par exemple ?), et qui le feraient avec la même bonne volonté hébétée, la même soumission flottante, molle, la même timidité obscène vis-à-vis de quelque chose de tellement absurde que ça doit bien tout de même, croient-ils sans doute, avoir un sens. Mais ça n’en a aucun, et la seule chose qui en a, dans ce calvaire, c’est l’audioguide qu’ils tiennent tous collé contre l’oreille et qui leur rappelle, en un peu plus gros, le portable sur lequel ils vont se ruer dès qu’ils en auront fini avec leur foutu parcours initiatique. […]

Dans les âges farouches, c’est-à-dire il y a une centaine d’années, un autre public se bousculait pour rire des impressionnistes, s’indigner devant l’Olympia, trouver burlesques les cubistes, les fauves, Picasso. C’est peu dire que le public actuel n’entretient pas le moindre lien de filiation avec ces foules de jadis, vibrantes de conviction généralement réactionnaire, et donc parfaitement analysables, et qui, en un sens, maintenaient vivant l’art par leur action négatrice, et même, en un sens encore plus profond, l’inventaient par leur hostilité […]. Le public content et morne d’aujourd’hui a depuis longtemps abdiqué ce droit à l’action négatrice où résidait sa liberté.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, pages 375-378

[ description ] [ dépossession du discours critique ] [ bienveillance obligatoire ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson