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femmes-entre-elles
Son plaisir me touchait comme jamais encore aucun plaisir de femme ne m’avait touchée. Son sexe humide, tiède et profond ne m’inspirait jamais cette espèce de dégoût, de fatigue qui me vient souvent après la volupté ! La sentir jouir m’était une émotion extraordinaire et je savais la caresser indéfiniment, moi qui ai eu souvent l’horreur du baiser. Je lui demandais au contraire de me laisser l’embrasser, ce qu’elle me refusait, disant qu’il fallait attendre, que c’était meilleur nu, qu’il fallait accumuler en soi du désir, avoir beaucoup, beaucoup de désir l’une pour l’autre. Petit Suzanne, [...] Tu m’avais rendu ma jeunesse, le goût de la vie ! Je m’éveillais dans tes bras, l’amour se détachait pour n’être plus que cette chose saine, vive, délicieuse comme le printemps, comme un fruit, comme le plaisir même. Ah ! que tu as pu atteindre loin dans ma chair le désir de vivre, que j’aimais la vie près de toi et que je m’y sentais puissante !
Auteur:
Havet Mireille
Années: 1898 - 1932
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: F
Profession et précisions: poétesse
Continent – Pays: Europe - France - Suisse
Info:
Journal 2, 11.04.22, p. 262. Merci à Marthe Compain et à son travail de Doctorat : Le journal intime de Mireille Havet: entre écriture de soi et grand œuvre
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baise
]
[
lesbiennes
]
[
volupté
]
[
gratitude
]
générations
mon grand-père était allemand et plutôt bien balancé
mais avec une drôle d’haleine.
il se tenait tout raide
sous la véranda de sa petite maison
et sa femme le haïssait
et ses enfants pensaient qu’il était dérangé.
j’avais six ans la première fois que je l’ai rencontré
et il m’a donné toutes ses décorations militaires.
la deuxième fois
il m’a donné sa montre de gousset qui était en or.
elle pesait son poids et je la ramenai chez moi
mais elle s’arrêta de marcher
car je l’avais trop remontée,
ce qui me désespéra.
je ne l’ai jamais revu
et mes parents ne parlaient jamais de lui
ni ma grand-mère d’ailleurs
qui avait cessé depuis longtemps
de vivre avec lui.
une fois pourtant je leur ai demandé de me
parler de lui
et ils m’ont tous dit
qu’il buvait trop.
n’empêche, c’est lui que j’aimais le plus.
je le revois
se tenant tout raide
sous la véranda de sa petite maison
et me disant : "hello, Henry, toi
et moi, on se connaît bien,
n’est-ce pas ?"
Auteur:
Bukowski Charles
Années: 1920 - 1994
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
Dans "L'amour est un chien de l'enfer", pages 350-351, "une montre de gousset en or"
[
fidélité
]
[
transmission
]
[
aura
]
[
souvenir d'enfance
]
femme-par-homme
Le 8 mai j’avais quitté l’usine effiloché comme d’habitude
couvert de poussière dans les rues coudoyant des messieurs en pelisses
parmi de belles femmes fatigué et effiloché
et un humide dégoût emplissait ma bouche
cette belle dame m’avait perçu du haut de sa voiture
j’étais un gars pas mal – le crachat ça ne se voit pas
elle avait des cheveux ondulés et une voiture
ma présence là noyée de poussière éveillait en elle un suave frisson sous ses bas
et jusqu’à la porte de son appartement luxueux la voiture légère a roulé
où travailles-tu me demanda-t-elle pendant qu’elle enlevait son manteau
depuis quelques jours à l’usine de gaz
tu es un gars bien bâti et assez beau tu pourrais mieux gagner
depuis six mois et jusqu’à hier je ne mangeais qu’une fois tous les deux jours
notre discussion pouvait se prolonger à l’infini
mes paroles à moi sentaient le pain le gaz
elle gazouillait comme un piano ouvert des paroles de romances à la mode
et pourtant la manière virile dont ma chair s’arrondissait sur les os
faisait que nous nous entendions à merveille
l’heure est avancée, couchons-nous
le lit sentait moelleusement le chaud et le propre
la dame savait mieux faire l’amour que discourir
et moi j’aimais ses cheveux parce que j’avais besoin de les tirer.
Le matin elle me dit au revoir mon cher
(il était 5 heures et à 6 l’usine ouvrait)
nous nous reverrons ce soir à 8 nous dînerons ensemble
auprès de mes paroles sentant le pain le gaz
je conservais une bouche pleine de crachats
elle la vit elle s’en effraya
cette belle dame avec laquelle toute nuit je me suis promené dans l’amour et l’automobile – elle disparut
à sa place fumait une vieille ridée, ses lunettes sur son nez qui lisait assidûment les Saintes Écritures.
Auteur:
Luca Ghérasim
Années: 1913 - 1994
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: poète et théoricien du surréalisme
Continent – Pays: Europe - France - Roumanie
Info:
La Sainte communion. Publié dans "Meridian" N° 11,1927, puis traduit du roumain par Micaela Slăvescu et cité dans "La Réhabilitation du rêve", p. 510-511
[
rencontre
]
[
différences sociales
]
éloge
- Et puis alors, à un certain moment, il y a eu évidemment une sorte de bouleversement, je dirais presque d’illumination incendiaire. Nous avons assisté, je dis nous parce que il s’agissait surtout de Bernard Dort et de moi, nous avons assisté à la représentation que le Berliner Ensemble, le théâtre de Brecht et d’Hélène Weigel a donné dans le cadre du festival international du théâtre à Paris, au théâtre Sarah Bernhardt ; nous avons assisté à une représentation de Mère courage par la troupe de Brecht. Et alors là, ça a été, pour ma part, quelque chose que je qualifie vraiment d’une sorte d’incendie. Ça a illuminé entièrement, non seulement ma conception du théâtre, ça a révélé, ça a donné une assise théorique à ce que j’aimais et ce que je n’aimais pas dans le théâtre. Mais, de plus, alors, j’ai découvert avec passion, concernant le théâtre, une pensée qui ne craignait pas la théorie. C’est ça qui m’a touché dans Brecht. Et, aussi, dans Brecht, un marxiste qui ne craignait pas de se poser des problèmes esthétiques de goût, de non vulgarité, de sens moral, et cetera.
(Jean-José Marchand) - Mais l’exemplarité de Brecht, selon vous, était liée à sa base marxiste ?
- Oui, mais, comme toujours, pas seulement. C’est-à-dire que justement, il ne suffit pas d’être marxiste pour faire du bon théâtre, c’est bien évident, et même, c’est souvent un obstacle. Et alors, justement, Brecht, pour moi, c’était l’exemple de quelqu’un qui avait assimilé profondément l’essence même du marxisme que maintenant, on perd beaucoup de vue, à ce qui est, à savoir la dialectique. Brecht était tout de même un grand dialecticien, au sens vraiment fort du terme, et au sens que le mot dialectique a dans le marxisme. Brecht était un grand dialecticien, et ce qu’il y avait d’admirable, c’est que ce dialecticien se posait sur la scène des problèmes techniques de dramaturgie d’une extrême finesse. Et il n’adoptait jamais des solutions, disons, vulgaires, de type réaliste. C’est ça qui me plaisait dans Brecht.
Auteur:
Barthes Roland
Années: 1915 - 1980
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe, critique littéraire et sémiologue
Continent – Pays: Europe - France
Info:
[
engouement
]
auto-analyse
Oui ! Et telle fut ma destinée, dès ma plus tendre enfance. Tout le monde lisait sur mon visage les signes des plus mauvais penchants ; ces signes n’existaient point, mais on les pressentait, et ils ne parurent jamais, j’étais modeste, on m’accusa d’astuce et je devins sournois. Je ressentais profondément le bien et le mal ; personne ne me prodiguait la moindre caresse ; tous m’outrageaient ; je devins vindicatif. J’étais morose, les autres enfants étaient gais et babillards ; je me sentais au-dessus d’eux, on me mit plus bas, je devins envieux. J’étais disposé à aimer tout le monde ; personne ne me comprit ; j’appris la haine. Ma jeunesse flétrie s’écoula au milieu d’une lutte entre la société et moi. Craignant de voir tourner en ridicule mes meilleurs sentiments, je les enfouis au fond de moi-même et ils s’évanouirent. J’aimais la vérité, on ne me crut pas : je me mis à mentir. Connaissant à fond le monde et le mobile de la société, je devins habile dans la science de la vie et je m’aperçus que d’autres, sans la moindre habileté, étaient heureux et recevaient des honneurs et des avantages que je briguais infatigablement. Alors le désespoir naquit dans mon cœur, mais non pas ce désespoir que guérit la balle d’un pistolet ; non ! mais un désespoir froid et sans force, qui se cache sous un sourire aimable et bienveillant. Je devins un paralytique moral. Une moitié de mon âme languit, se dessécha, et mourut. Je la coupai et la rejetai. L’autre partie s’agita et se mit à vivre dans chacune de ses parties, et personne ne remarqua cela, parce que personne ne savait l’absence de la moitié perdue. Mais vous venez de réveiller en moi son souvenir et je vous lirai son épitaphe. Au plus grand nombre, les épitaphes paraissent ridicules, mais à moi, non ; je pense toujours à celui qui repose sous elle. Du reste je ne vous prie point de partager mon opinion ; si ma sortie vous paraît ridicule, riez-en ! Je vous préviens que cela ne m’affligera pas le moins du monde.
Auteur:
Lermontov Mikhail Yuryevich
Années: 1814 - 1841
Epoque – Courant religieux: préindustriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain et poète romantique
Continent – Pays: Europe - Russie
Info:
Un héros de notre temps
[
confession
]