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barbarie

Pour finir, parlons d’autre chose, parlons de l’ "humain".

 C’est là un vocable, et sans doute un concept aussi, qu’on réserve pour les temps des grands massacres. Il faut la pestilence, Lisbonne et une boucherie religieuse majeure, pour que les êtres songent à s’aimer, à foutre la paix au jardinier d’à côté, à être simplissimes.

C’est un mot qu’on se renvoie aujourd’hui avec une fureur jamais égalée. On dirait des dum-dum.

Cela pleut sur les milieux artistiques avec une abondance toute particulière. C’est dommage. Car l’art ne semble pas avoir besoin du cataclysme, pour pouvoir s’exercer.

Les dégâts sont considérables déjà. Avec "Ce n’est pas humain", tout est dit. À la poubelle.

Demain on exigera de la charcuterie qu’elle soit humaine.

Cela, ce n’est rien. On a quand même l’habitude.

Ce qui est proprement épouvantable, c’est que l’artiste lui-même s’en est mis.

Le poète qui dit : Je ne suis pas un homme, je ne suis qu’un poète. Vite le moyen de faire rimer amour et congés payés.

Le musicien qui dit : Je donnerai la sirène à la trompette bouchée. Ça fera plus humain.

Le peintre qui dit : Tous les hommes sont frères. Allons, un petit cadavre.

Le philosophe qui dit : Protagoras avait raison.

Ils sont capables de nous démolir la poésie, la musique et la pensée pendant cinquante ans. 

 

Auteur: Beckett Samuel

Info: Dans "Le monde et le pantalon"

[ humanitarisme ] [ hypocrisie ] [ belle âme diabolique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

indépendance

Je ne me suis jamais senti seul. J'ai été dans une pièce, me suis senti suicidaire. J'ai été déprimé. Je me suis senti très mal, très mal au-delà de tout, mais je n'ai jamais ressenti que quelqu'un d'autre puisse entrer dans cette pièce et guérir ce qui me tourmente... ou plus de gens même qui viendraient dans cette pièce. En d'autres termes la solitude est un truc qui ne m'a jamais dérangé, parce que j'ai toujours eu cette terrible envie de solitude. C'est en étant à une fête, ou dans un stade rempli de gens qui acclament je ne sais quoi, que je peux me sentir seul. Je cite Ibsen : "Les hommes les plus forts sont les plus seuls." Je n'ai jamais pensé : "Une belle blonde va venir me faire une branlette, me caresser les couilles, et je me sentirai bien." Non, ça n'aidera pas. Vous connaissez la foule typique, "Wow, c'est vendredi soir, que vas-tu faire ? Rester assis là ?" Eh ben oui. Parce qu'il n'y a rien dehors. De la stupidité. Des gens stupides qui se mêlent à des gens stupides. Qu'ils se stupidifient eux-mêmes. Je n'ai jamais été dérangé par le besoin de me précipiter dans la nuit. Je me suis caché dans les bars, parce que je ne voulais pas me cacher dans les usines. C'est tout. Désolé pour ces millions de gens, mais je n'ai jamais été seul. Je m'aime bien. Je suis la meilleure forme de divertissement que j'ai. Allez, buvons encore !

Auteur: Bukowski Charles

Info:

[ monde intérieur ] [ refuge ] [ isolement ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

gratitude

Un lieu où règne la douleur est terre sainte. On comprendra un jour ce que cela veut dire. Jusque-là, on ne saura rien de la vie. Quand, de ma prison, on m'amena entre deux policiers, devant le tribunal des faillites, Robbie attendait dans le sinistre et long couloir afin de pouvoir, devant toute la foule, qu'un geste si simple et si charmant réduisit au silence, soulever gravement son chapeau tandis que, menottes aux mains et tête basse, je passais devant lui. Des hommes sont allés au ciel pour de moindres actes que celui-ci.
(...) Je ne lui ai jamais soufflé mot de ce qu'il avait fait. Jusqu'à présent, j'ignore s'il sait que j'ai eu conscience de son geste. Ce n'est pas là une chose pour laquelle on puisse exprimer des remerciements conventionnels avec des mots conventionnels. Je la conserve dans le sanctuaire de mon coeur. Je la garde là comme un dette secrète que, je suis heureux de le penser, je ne pourrai jamais payer.
Alors que la sagesse ne m'était d'aucun secours, que la philosophie demeurait stérile, que les sentences et les phrases de ceux qui cherchaient à me consoler me laissaient dans la bouche un goût de cendre, le souvenir de ce petit geste d'amour, silencieux et charmant, a descellé pour moi le puits de la pitié, a fait fleurir le désert comme un rose, m'a arraché à l'amertume de la solitude et de l'exil pour me mettre en harmonie avec le grand coeur blessé du monde.

Auteur: Wilde Oscar

Info: De profundis ; La Ballade de la geôle de Reading

[ reconnaissance ]

 

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création

Comment faire pour empêcher les Monstres de me hanter ? Comment faire pour ne pas être malheureux maintenant que tu ne penses plus à moi ?

En fait, je ne sais même pas si je suis fou ou si je suis juste stupide. De toute façon, c’est vrai, je suis stupide. Il y a toutes ces choses dans ma tête.

Des Monstres, des Elfes, des Monuments. Mais en vrai, il y a du vide, un vide effroyable qui détruit tout ce que j’aime…

Je ne t’ai pas menti, jamais. Même si je sais que mes histoires sont un peu… Mais ce ne sont pas des mensonges. Ce sont des métaphores. C’est mon histoire, c’est moi qui raconte. J’ai le droit de faire des métaphores. Je n’ai pas le choix de toute façon. Il y a des choses qu’on ne peut pas raconter autrement. Et puis je ne veux pas. Ce n’est pas la direction que j’ai choisie. Il faut bien reconstruire le monde à sa façon, on ne peut quand même pas le prendre tel qu’il est. C’est trop triste. Prends le ciel, les nuages, les oiseaux, ce que tu voudras, ça n’a aucun sens si on n’y invente pas autre chose avec, un peu d’accent dans le regard qu’on y met. C’est vrai, c’est nul la nature naturelle…

Et puis, c’est à ça que ça sert de raconter des histoires depuis des milliers d’années. Il faut bien s’en servir. Ça étoffe. Et ça brouille les cartes.

Auteur: Pépin Laurent

Info: Monstrueuse féerie, p. 78

[ thérapie solipsiste ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

revanche

22 novembre. - Comment m'atteindre moi-même ? Que suis-je, au long de tant d'heures contradictoires, vides ou brusquement envahies d'un tel tohu-bohu de sensations et d'idées, plates à en mourir ou passionnées jusqu'au rouge ?

Je hais la religion où le hasard m'a fait naître. Cette haine est mon épine dorsale, mon seul tonique. Dussé-je n'avoir plus d'autre raison d'être, je voudrais que celle-ci pût me suffire. Je hais cette religion pour ses mensonges, sa férocité, sa stupidité, ses victoires, toujours frauduleuses et aussi pour tout le mal qu'elle m'a fait. J'étais debout, en bon équilibre sur mes pieds, plein de sève et de confiance. Mais je me suis souvenu de la construction catholique. J'ai eu la candeur de vouloir édifier ma destinée sur ce fallacieux échafaudage. Je ne suis pas de bois creux comme tous ces religionnaires. Je pèse mon franc poids d'homme. Le système s'est écroulé sous moi et me voilà par terre, les membres disloqués, infirme peut-être pour le reste de ma vie. Mais ma haine me sera une béquille.

Je suis cet estropié qui cherche sa vengeance et qui est parvenu à se refaire au moins une règle : travailler à cette vengeance obstinément, envers et contre tout. Je suis aussi infiniment malheureux. Dans cette ville saumâtre et chafouine, j'endure un exil des sens et de l'esprit qui s'aggrave chaque jour. J'ai encore eu des projets de fuite. Je sais qu'ils sont vains. Anne-Marie n'entrera jamais dans ma vie et cependant, elle la domine !

Auteur: Rebatet Lucien

Info: les deux étendards (1952, 1312 p., Gallimard) p. 738

[ hargne ] [ colère ] [ interrogation ] [ romantisme ]

 
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pensée-de-femme

Tu avais posté un essai en ligne, "Flâneur : mode d’emploi", sur la tradition des pérégrinations urbaines, des déambulations, et sa place dans la culture littéraire. Tu t’étais attiré des critiques pour avoir mis en doute l’idée qu’il puisse exister des flâneuses au féminin. Tu ne croyais pas qu’une femme puisse errer par les rues dans le même état d’esprit, de la même manière qu’un homme. Une marcheuse était sujette à d’incessantes ruptures de rythme : des regards insistants, des commentaires, des sifflets, des mains baladeuses. On apprenait aux femmes à être constamment sur leurs gardes : ce type, là, ne marche-t-il pas un peu trop près de moi ?
Et celui-là, est-ce qu’il me suit ? Comment, dans ces conditions, pourrait-elle jamais être assez alanguie pour se perdre dans cette absence à soi-même, cette joie pure d’être au monde, qui constitue l’idéal de la vraie flânerie ?

Tu en concluais que l’équivalent féminin était sans doute le shopping - en particulier le genre d’exploration vaine de celle qui ne cherche pas à acheter quelque chose.

Je ne pensais pas que tu aies tort. Je connais des tas de femmes qui enfilent une carapace chaque fois qu’elles sortent de chez elles, j’en connais même quelques-unes qui font tout pour éviter d’avoir à sortir de chez elles. Bien sûr, il suffit d’attendre d’avoir atteint un certain âge, l’âge de l’invisibilité, et… le problème est résolu.

Tu vois comme tu utilisais le mot femmes, alors que ce que tu voulais dire en fait, c’était jeunes femmes.

Auteur: Nunez Sigrid

Info: L'ami

[ badaudage ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

parents

J’ai été élevée dans une ascèse qui aurait pu être qualifiée de luthérienne si mes parents n’avaient été de fervents catholiques. Par conviction pour mon père, qui allait s’engager pour le séminaire au moment où il rencontra ma mère, et par obligation pour cette dernière, que la religion avait à vrai dire toujours emmerdée mais dont elle ne questionnait pas le bien-fondé des prescrits. Elle était catholique parce que c’était ce qu’on était à son époque, dans un milieu qui ne tolérait aucune excentricité. Là-bas, mettre une veste en cuir témoignait déjà d’un douteux processus de marginalisation : ma mère portait des cols Claudine.
À la fin des années soixante-dix, ils se marièrent, achetèrent une maison, se mirent en ménage, eurent des enfants, et se prirent ensuite à espérer que ceux-ci deviennent aussi conventionnels qu’eux, car enfin les conventions n’existaient pas pour rien. Ma mère était une grande femme sèche comme une merluche, noueuse comme un saule, née fâchée, comme en attestait la ride profonde entre ses sourcils. Mon père, de son côté, rasait les murs tel un moine capucin et ne parlait pour ainsi dire jamais, sauf pour donner l’heure à ma mère qui persistait à ne pas porter de montre pour entretenir sa dépendance à son époux. À la maison, nous vivions à moitié dans le noir car c’était ainsi que l’intimait notre culture domestique, tenant d’une certaine esthétique de la prostration et parce que l’électricité coûtait cher. Ma sœur et moi ne manquions de rien, sauf du superflu.

Auteur: Myriam Leroy

Info: Ariane

[ couple ] [ famille ] [ artificiel ] [ convenu ] [ coincés ] [ tradition ]

 

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faux semblants

Tu n’as pas changé, m’avait écrit Richard. […] viens me retrouver dès que tu rentres de ces fichues vacances, j’ai soif de toi comme un mourant. J’avais refermé mon ordinateur. J’avais enfoui ma tête dans mon bras et j’avais couru, la bouche pleine d’un feu pâle, jusqu’à la forêt qui n’avait plus de réalité qu’au fond de moi. Quand j’étais arrivée dans le jardin, pieds nus, chacun avait déjà mis la table, et, juchée sur des escarpins vertigineux, Nathalie Popesco, cheveux mouillés parfaitement plaqués en arrière sur sa nuque éternellement bronzée, était en train de montrer aux enfants comment faire des origamis. Paul la regardait, admiratif. Et ma joie reflua. L’horreur que m’inspira ce que je vis dans les yeux de mon compagnon lorsqu’il s’écria, attendri, Regarde, c’est formidable, tout ce que Nathalie a fait pour les enfants !, et le petit couinement qu’elle poussa pour accueillir son compliment me glacèrent. Des paquets de nuages crevèrent dans ma tête. Je pleurai à l’intérieur mais personne ne le vit. Mon esprit se retrancha plusieurs dizaines d’années en arrière et, simultanément, dans les bras de Richard, pour n’en plus bouger. De là où je me trouvais, tout ce que j’avais créé avec Paul, tout ce qui, au fil des jours, avait façonné notre vie commune, toute cette fausse sagesse profane que, comme tous les couples, nous avions accumulée, année après année, pour nous aider à vivre ensemble, sembla se défaire sous mes yeux, tel un origami dont jamais je n’arriverais à maîtriser les pliages.

Auteur: Chiche Sarah

Info: Dans "Les enténébrés" page 269

[ double vie ] [ répulsion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

citation s'appliquant à ce logiciel

Du sémiotique au sémantique.

Avec comme roche-mère la structuration sémiotique ternaire de CS Peirce et le plus possible en contextualisant, FLP aide à chercher le sens et ses diverses formulations et reformulations. "De où à où" donc, avec une forte volonté de simplification des expressions linguistiques, d'où le classement "par ordre de grandeur" des recherches par défaut. 

Depuis le corps/cerveau/secondéité qui transforme la priméité subjective en une tiercité humaine consensuelle objective c'est à dire l'émergence d'un monde linguistique syntonisé, ici francophone, cet outil/corpus collectif offre trois pistes-quêtes principales : 

- Introspective, réflexive, auto-psychanalytique

- Lexicographique, qui veut préciser/définir, dictionnaire, frontière... même si Internet et Google lui sont infiniment supérieur en ce domaine.

- Extravaguante, au sens étymologique (latin extravagans : extra = "en dehors de, au delà de", et vagans, participe présent de vagari "errer"), avec une volonté de surpassement de nos limites conceptuelles. Dépassement qui passe souvent ici par les nouveaux termes-consensus qui émergent de nos réalités, poussés que nous sommes par la curiosité source, incessante volonté de comprendre et formuler/communiquer. Nouveaus mots - multivers par exemple - qui élargissent peut-être notre niveau de préhension sémantique. 

Tout ceci sans jamais cesser d'indiquer/montrer comment le sens des termes peut se modifier du tout au tout en fonction des époques/situations. La propriété primaire du signe/mot/langage demeurant celle du miroitement, reflet de nos capacités adaptatives d'êtres vivants.

D'où beaucoup de fantaisie et de rigolades itou.


Auteur: Mg

Info: 18 avril 2021

[ langage ] [ classification ]

 
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abrutissement

J'ai passé la journée à regarder les programmes [TV] pour mômes. Ça déversait ferme de la daube, dans les chirauds des petits enfants...
Bouffer le cerveau aux moins de douze ans, s'assurer qu'ils prennent l'habitude de boire ce qu'il faut de Coca par jour, pénétrer tous les crânes de gosses pour y enfoncer des mensonges : le bonheur, c'est être conforme, ça s'obtient en se payant des trucs et pour ça il faut obéir, rentrer dans tous les rangs, que rien ne dépasse de non monnayable, et surtout ne jamais faire chier, être convenable c'est être heureux et être le premier, y a pas mieux. Une société d'adultes s'abattant sur ses propres enfants, en tout cynisme, les détruisant avec ardeur. Puisque tout ce qui compte, au final, c'est de satisfaire le chef du dessus : as-tu bien vendu tes burgers tes CD tes DVD tes baskets tes sacs à dos tes figurines tes beaux t-shirts. Les as-tu vendus massivement, les as-tu vendus assez cher ? Que le chef du dessus soit content de tes résultats. Toute réflexion annexe sera taxée d'anachronisme et chassée d'un mouvement d'épaules.
Jamais propagande n'avait été mieux dispensée, et jamais propagande n'avait connu pareil cynisme. Même dans les pires bourrages de crâne, staliniens, hitlériens, sionistes ou palestiniens, catholiques ou scientologues, les professeurs avaient eux-mêmes été formatés, et croyaient en ce qu'ils dispensaient. On n'en était plus là, les directeurs de chaînes, les réalisateurs de clips, les producteurs de groupes, les cadres marketing, tous savaient pertinemment qu'ils escroquaient des innocents.

Auteur: Despentes Virginie

Info: Teen Spirit, p. 42-43

[ consumérisme ] [ société ] [ consommation ]

 

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