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personnage

De fait, le jour où elle se mêle à nous sous le rouge intermittent des lettres lumineuses, on ne voit pas quoi lui reprocher. Elle a des dispositions, Jeanne. Le short qu'elle porte, c'est du jean sobre, sans rien qui brille, ni fil ni clou aux lisières des coutures. Le débardeur blanc libère l'arrondi des épaules et les Converse vont discrètement à ses pieds. Au fond de la poche arrière de son short, elle a fourré les deux clés, du portail et de sa chambre, poussées sous des billets roulés. Ça lui fait un petit bourrelet sur la fesse, cerise sur le gâteau, comme une estampille qu'on a toutes. Elle ne fume pas, sûrement faudrait-il, se dit-elle, mais elle n'est pas sûre de savoir. Ses mains sont libres, pas de sac non plus. Elle peut crocheter les pouces aux passants de sa ceinture pour se donner une contenance.

Auteur: Esteban Isabel Ascencio

Info: Délit de gosse, p. 37, Rouergue, 2019

[ adolescente ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

légèreté

Il faut que la jeunesse rie, elle soulignait cet adage de son index droit pointé, et appuyait sciemment sur le "e" final du verbe rire. Quand elle me faisait réciter mes conjugaisons, à l'école primaire, elle choisissait toujours des verbes joyeux, nous les appelions les joyaux de la couronne, récite-moi un joyeux joyau du troisième groupe Jeanne, et détache bien les lettres que je vois si c'est su ; nous avions des favoris, revivre, comprendre, résoudre, elle détestait conquérir et moudre ou traire, mais rire était notre préféré. Nous avions beaucoup ri avec Karim ; en cela aussi nous avions été jeunes. Aujourd'hui, dans le métro, dans le bus, ou dans la rue, ici dans l'avenue, devant le collège Courteline, il m'arrive encore de surprendre ces rires irrépressibles, cascadés, qui secouent à l'unisson et rassemblent une grappe mouvante de filles ou de garçons oublieux du monde sous le regard interrogateur, furibard, effaré des autres, des adultes, des vieux, des gens, des tristes, des assis, des rassis.

Auteur: Lafon Marie-Hélène

Info: Nos vies

[ gaieté ] [ marrades ] [ éducation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femmes-hommes

En un sens, maintenant, le cumul des deux situations, transfuge social et femme, me confère de la force, de l'intrépidité, dirais-je, face à une société, une critique littéraire qui "surveillent" toujours ce que font et ce qu'écrivent les femmes. Remarquez qu'on désigne encore et toujours les écrivaines par leur sexe et groupées : "les femmes, aujourd'hui, osent écrire le sexe", "sont plus nombreuses à écrire que les hommes" -ce qui est faux-, etc. On ne lit pas, on n'entend pas "les hommes, aujourd'hui, publient des livres comme ci ou comme ça" ou encore "les hommes ont obtenu tous les grands prix de l'automne" (ce qui arrive). Il y a, à l'intérieur du champ littéraire, comme ailleurs, une lutte des sexes et je vois la mise en avant d'une "écriture féminine" ou de l'audace de l'écriture des femmes comme une énième stratégie inconsciente des hommes devant l'accès de celles-ci en nombre plus grand à la littérature, pour les en écarter en restant les détenteurs de "la littérature", sans adjectif, elle.

Auteur: Ernaux Annie

Info: L'écriture comme un couteau, entretien avec Frédéric-Yves Jeannet, Stock, janvier 2003, pp. 104-105

[ écriture ]

 

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marginalité

Aujourd'hui, "utopie", pour moi, ça veut dire aussi hors de l'histoire. L'histoire, aujourd'hui, c'est l'Europe, la mondialisation, la centralisation. Mon utopie, c'est de dire: laissons les gens vivre au niveau du sol, comme disait Fernand Braudel. La cour [filmée dans Marius et Jeannette], c'est le niveau du sol. Je pense qu'il faut que soient préservés des pans entiers du monde à l'écart du mouvement précipité de l'histoire. Que des gens vivent en marge, dans le bon sens du terme. Je me souviens que Braudel disait que l'écart entre les chiffres officiels de la production de chaussures à Milan et les chiffres réels prouvait la bonne santé de la société italienne. Pour lui, c'était la preuve que le niveau du sol fonctionnait, et au niveau du sol les gens sont heureux. Contrairement au discours misérabiliste qui se lamente sur "ceux que la prospérité économique laisse au bord du chemin", je pense qu'on peut être très heureux au bord du chemin. A condition de n'y être pas seul et de faire bloc.

Auteur: Guédiguian Robert

Info: Première, décembre 1997

 

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vacherie

Pour qui a un peu étudié la vie de Jésus, il semble bien que, dès qu'il a pu quitter l'atelier de son pauvre bonhomme de père, il l'a fait, de sorte qu'on est assez en droit de se demander si l'envie de "tirer sa flemme", comme on dit en style familier, n'a pas été la cause déterminante de sa prétendue vocation. Ce qui incite à le penser, c'est qu'on le voit par la suite entouré de jeunes et jolies femmes qui semblent avoir été de moeurs plutôt faciles, Marie de Magdala, Jeanne, femme de Khousa, l'un des intendants d'Antipas, Suzanne, d'autres encore qui subvenaient à ses besoins et lui permettaient ainsi de fainéantiser tout le long du jour sans faire oeuvre de ses dix doigts, si bien qu'à y regarder de près, ce Jésus qui, de nos jours, n'échapperait pas à la correctionnelle, paraît moins qualifié pour être le patron d'honnêtes charpentiers que celui des petits messieurs pour la profession desquels on a imaginé le vocable pudique de "vagabondage spécial".

Auteur: Chalmin Pierre

Info: Sur Jésus-Christ, in Le Cri Populaire, 1928, in le Dictionnaire des injures littéraires de Pierre Chalmin

[ christianisme ]

 

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joie amoureuse

Ils s’assirent, la tête à l’abri et les pieds dans la chaleur. Ils regardaient toute cette vie grouillante et petite qu’un rayon fait apparaître ; et Jeanne attendrie répétait : "Comme on est bien ! que c’est bon la campagne ! Il y a des moments où je voudrais être mouche ou papillon pour me cacher dans les fleurs."

Ils parlèrent d’eux, de leurs habitudes, de leurs goûts, sur ce ton plus bas, intime, dont on fait les confidences. Il se disait déjà dégoûté du monde, las de sa vie futile ; c’était toujours la même chose ; on n’y rencontrait rien de vrai, rien de sincère.

Le monde ! elle aurait bien voulu le connaître ; mais elle était convaincue d’avance qu’il ne valait pas la campagne.

Et plus leurs cœurs se rapprochaient, plus ils s’appelaient avec cérémonie "monsieur et mademoiselle", plus aussi leurs regards se souriaient, se mêlaient ; et il leur semblait qu’une bonté nouvelle entrait en eux, une affection plus épandue, un intérêt à mille choses dont ils ne s’étaient jamais souciés.

Auteur: Maupassant Guy de

Info: Dans "Une vie", éditions Gallimard, 1974, page 69

[ flirt ] [ jeune couple ] [ expansion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

femmes-hommes

Jeanne d'Albret ayant voulu suivre son mari aux guerres de Picardie, le roi son père lui dit qu'il voulait que si elle devenait grosse, elle revînt enfanter en sa maison. Cette princesse se trouvant enceinte, et dans son neuvième mois, partit de Compiègne, traversa toute la France jusqu'aux Pyrénées, et arriva, en quinze jours, à Pau dans le Béarn : "ceci étant, et afin que tu ne me fasses pas une pleureuse, ou une rechignée, lui dit son père, je veux qu'en accouchant tu chantes une chanson béarnaise, et quand tu enfanteras, j'y yeux être ".... Entre minuit et une heure, le 13 décembre 1553, les douleurs de l'enfantement prirent à la princesse ; son père, averti, descendit. L'entendant venir, Jeanne chante la chanson béarnaise qui commence par : Notre-Dame du bout du pont, aidez-moi en cette heure... Étant délivrée, le roi mit une chaîne d'or au cou de sa fille, lui donna une boîte d'or où était son testament, et lui dit : " Voilà qui est à vous, ma fille, mais ceci est à moi " prenant l'enfant dans sa grande robe, sans attendre qu'il fût bonnement accommodé, et l'emporta dans sa chambre. Cet enfant était Henri IV.

Auteur: Saint-Foix

Info: Essais hist.

[ accouchement ] [ historique ]

 

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espionnage

Les études de l'Institut Kinsey ont définitivement établi que parmi toutes les méthodes de séduction aucune n'est aussi prompte, efficace et économique que la révélation de secrets militaires, politiques et économiques, par ordre décroissant. "Si pour séduire une main-d'oeuvre féminine auxiliaire - écrit un chercheur non dépourvu de sensibilité sociale - la photocopie d'un traité secret de collaboration culturelle en Amérique centrale peut suffire, pour induire au péché une secrétaire de direction il faut recourir pour le moins à un traité de non-agression dans le Moyen-Orient, et une diplômée ne dira pas non à un modèle réduit de mitraillette à canon court avec chargement automatique et vitesse de tir réglable suivant le nom de la cible" ; afin de ne pas prolonger fastidieusement la citation ponctuée d'éléments techniques, je rapporte la conclusion, où il est affirmé que "même la papesse Jeanne n'aurait pu résister à une carte d'installations radars" ; et le chercheur d'affirmer peut-être audacieusement, qu'on a vu des femmes moribondes en odeur de sainteté différer frauduleusement l'agonie afin de se livrer au péché - abandonnant ainsi une carrière céleste prometteuse et stable - dans les bras d'un Lord qui exhibait, avec ce sourire cultivé et satanique typique des Lords, un plan des défenses anti-atomiques de l'Ecosse du nord-est.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: "Sexe et politique", in "L'almanach de l'orphelin samnite", éd. W, p. 96

[ vénalité féminine ] [ sexe ] [ politique ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

accouchement

La petite servante, livide, les yeux hagards, était assise par terre, les jambes allongées, le dos appuyé contre le bois du lit.

Jeanne s’élança : "Qu’est-ce que tu as, qu’est-ce que tu as ?"

L’autre ne dit pas un mot, ne fit pas un geste ; elle fixait sur sa maîtresse un regard fou, et haletait, comme déchirée par une effroyable douleur. Puis, soudain, tendant tout son corps, elle glissa sur le dos, étouffant entre ses dents serrées un cri de détresse.

Alors sous sa robe collée à ses cuisses ouvertes quelque chose remua. Et de là partit aussitôt un bruit singulier, un clapotement, un souffle de gorge étranglée qui suffoque ; puis soudain ce fut un long miaulement de chat, une plainte frêle et déjà douloureuse, le premier appel de souffrance de l’enfant entrant dans la vie.

Jeanne brusquement comprit, et, la tête égarée, courut à l’escalier criant : "Julien, Julien !"

Il répondit d’en bas : "Qu’est-ce que tu veux ?"

Elle eut grand’peine à prononcer : "c’est… c’est Rosalie qui…"

Julien s’élança, gravit les marches deux par deux, et, entrant brusquement dans la chambre, il releva d’un seul coup les vêtements de la fillette et découvrit un affreux petit morceau de chair, plissé, geignant, crispé et tout gluant, qui s’agitait entre deux jambes nues.

Auteur: Maupassant Guy de

Info: Dans "Une vie", éditions Gallimard, 1974, pages 143-144

[ description du bébé ] [ laideur ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

stéréo

Un poète, moi, dira que l'attention involontaire est le propre de la poésie. Mais n'importe qui d'autre dira : "pareil que moi !" Oui, n'importe qui pourra reprendre cette phrase exaspérante de cour de récréation, car à peu près tout le monde sait ce que c'est que d'écouter la radio : du fin fond de la brousse avec des piles au casque devant l'ordi, tandis qu'on tripote son chat ou qu'on pile du mil, c'est une expérience commune, et qui peut être vécue même sans la radio puisqu'il suffit d'entendre une voix tout en vaquant ; il ne faut pas être Jeanne d'Arc, qui stoppa d'un coup toute activité pour écouter Catherine, ou alors Jeanne, mais écoutant Catherine tout en continuant à surveiller ses moutons, les mener, les tondre, car écouter Catherine n'est ni plus ni moins cardinal que de tondre un mouton, il faut les deux pour faire un monde, et si l'on fait les deux "en simultané", alors on saisit mieux les voix, on tond plus précisément, par ce léger relâchement qui permet de ne pas se crisper, de ne pas s'angoisser, de ne pas dramatiser exagérément la tonte, de la conserver à son ordinarité (que je préfère à banalité, un peu péjoratif) ; au même titre l'écoute, au même titre la tonte, ou bien de l'un à l'autre, l'écoute, la tonte, l'écoute, la tonte, ainsi souplement.

Auteur: Quintane Nathalie

Info: In "Descente de médiums", éd. P.O.L, p. 115-116

[ dualité ] [ praxis ] [ conseils ] [ femme pratique ] [ vigilance flottante ] [ décor sonore ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama