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autodafé

Le 28 février, au lendemain de l’incendie du Reichstag, un décret fut passé pour assurer la "protection du peuple et de l’Etat", suspendant les libertés personnelles consacrées par la constitution de Weimar. Le 23 mars, les partisans de Hitler enfonçaient le clou, lui donnant les pleins pouvoirs en faisant voter la loi d’habilitation. Ensuite, ce furent les lois antijuives adoptées en avril, écartant notamment les juifs de la fonction publique et des carrières juridique et médicale. Le 10 mai, encouragés par les acclamations de quelque quarante mille citoyens, cinq mille étudiants portant la croix gammée brûlèrent plus de deux mille livres, dont les œuvres de Freud que les étudiants jetaient sur le bûcher en vociférant "contre la surestimation de la vie sexuelle, destructrice de l’âme" et "au nom de la noblesse de l’âme humaine, j’offre aux flammes les écrits d’un certain Sigmund Freud." [Ronald W. Clark, Freud : the man and the cause, 1980, p. 489]

Auteur: Bair Deirdre

Info: Dans "Jung", trad. de l’anglais par Martine Devillers-Argouarc’h, éd. Flammarion, Paris, 2007, page 660

[ psychanalyse ] [ nazisme ]

 

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évolution démentielle

Les amibes grisâtres, lançant des tentacules, se traînaient de toutes leurs forces vers la bande rouge et là, comme par miracle, revivaient. C'était comme si une force mystérieuse leur avait insufflé le souffle de vie. Elles glissaient en masses compactes et luttaient entre elles pour obtenir une place dans le rayon. Là s'y produisait une multiplication littéralement démentielle. Brisant et renversant toutes les lois que Persikov connaissait sur le bout du doigt, elles bourgeonnaient sous ses yeux à la vitesse de l'éclair, éclataient en deux morceaux et chacun des morceaux au bout de deux secondes se transformait en un organisme entièrement neuf. Ces organisme parvenaient en quelques instants à une taille adulte mais c'était pour donner aussitôt le jour à une nouvelle génération. Dans la bande rouge, puis dans le disque tout entier, la place se mit à manquer et l'inévitable combat commença. Les nouveau-nés se jetaient furieusement les uns contre les autres, se mettaient en pièces et s'entre-dévoraient.

Auteur: Boulgakov Mikhaïl

Info: Les Œufs fatidiques, III - Persikov capte le rayon, p 22

[ science-fiction ] [ multiplication ] [ compétition ] [ radiation revivifiante ] [ accélération ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

choisir

Donc, tu as lu dans un journal que venait de paraître "Si par une nuit d'hiver un voyageur", d'Italo Calvino, qui n'avait rien publié depuis quelques années. Tu es passé dans une librairie, et tu as acheté le volume. Tu as bien fait. Dans la vitrine de la librairie, tu as aussitôt repéré la couverture et le titre que tu cherchais. Sur la trace de ce repère visuel, tu t'es aussitôt frayé chemin dans la boutique, sous le tir de barrage nourri des livres-que-tu-n'as-pas-lu, qui, sur les tables et les rayons, te jetaient des regards noirs pour t'intimider. Mais tu sais que tu ne dois pas te laisser impressionner. Que sur des hectares et des hectares, s'étendent les livres-que-tu-peux-te-passer-de-lire, les livres-faits-pour-d'autres-usages-que-la-lecture, les livres-qu'on-a-déjà-lus-sans-avoir-besoin-de-les-ouvrir-parce-qu'ils-appartiennent-à-la-catégorie-du-déjà-lu-avant-même-d'avoir-été-écrits. Tu franchis donc la première rangée de muraille : mais voilà que te tombe dessus l'infanterie des livres-que-tu-lirais-volontiers-si-tu-avais-plusieurs-vies-à-vivre-malheureusement-les-jours-qui-te-restent-à-vivre-sont-ce-qu'ils-sont. Tu les escalades rapidement, et tu fends la phalange des livres-que-tu-as-l'intention-de-lire-mais-il-faudrait-d'abord-en-lire-d'autres, des livres-trop-chers-que-tu-achèteras-quand-ils-seront-revendus-à-moitié-prix, des livres-idem-voir-ci-dessus-quand-ils-seront-repris-en-poche, des livres-que-tu-pourrais-demander-à-quelqu'un-de-te-prêter, des livres-que-tout-le-monde-a-lus-et-c'est-donc-comme-si-tu-les-avais-lus-toi-même. Esquivant leurs assauts, tu te retrouves sous les tours du fortin, face aux efforts d'interception des livres-que-depuis-longtemps-tu-as-l'intention-de-lire, des livres-que-tu-as-cherché-des-années-sans-les-trouver, des livres-qui-concernent-justement-un-sujet-qui-t'intéresse-en-ce-moment, des livres-que-tu-veux-avoir-à-ta-portée-en-toute-circonstance, des livres-que-tu-pourrais-mettre-de-côté-pour-les-lire-peut-être-cet-été, des livres-dont-tu-as-besoin-pour-les-aligner-avec-d'autres-sur-un-rayonnage, des livres-qui-t'inspirent-une-curiosité-soudaine-frénétique-et-peu-justifiable.

Auteur: Calvino Italo

Info: Si par une nuit d'hiver un voyageur, p.392 Relevé par Umberto Ecco dans Vertige de la liste

[ bouquins ] [ littérature ] [ choix ]

 

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épidémie

Ce qui aggrava le fléau, ce fut l'affluence des gens de la campagne dans la ville : ces réfugiés étaient particulièrement touchés. Comme ils n'avaient pas de maisons et qu'au fort de l'été ils vivaient dans des baraques où on étouffait, ils rendaient l'âme au milieu d'une affreuse confusion ; ils mouraient pêle-mêle et les cadavres s'entassaient les uns sur les autres ; on les voyait, moribonds, se rouler au milieu des rues et autour des fontaines pour s'y désaltérer. Les lieux sacrés où ils campaient étaient pleins de cadavres qu'on n'enlevait pas. La violence du mal était telle qu'on ne savait plus que devenir et que l'on perdait tout respect de ce qui est divin et respectable. Toutes les coutumes auparavant en vigueur pour les sépultures furent bouleversées. On inhumait comme on pouvait. Beaucoup avaient recours à d'inconvenantes sépultures, aussi bien manquait-on des objets nécessaires, depuis qu'on avait perdu tant de monde. Les uns déposaient leurs morts sur des bûchers qui ne leur appartenaient pas, devançant ceux qui les avaient construits, et y mettaient le feu ; d'autres, sur un bûcher déjà allumé, jetaient leurs morts par-dessus les autres cadavres et s'enfuyaient.

Auteur: Thucydide

Info: Histoire de la guerre du Péloponnèse, Livre II, Chapitre LII

[ historique ]

 

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rapports humains

Il était une fois un lieu avec un petit enfer et un petit paradis, et les gens allaient et venaient, et l'enfer et le paradis ils le rencontraient et les faisaient leurs, et ils l'étaient pour de vrai. Les gens étaient petits, mais ils faisaient beaucoup de bruit. Et ils disaient : c'est mon enfer, c'est mon paradis. Et il ne faut pas mépriser ce genre de mythologies, parce qu'elles font partie des gens et, pour ce qui est des gens, le mieux c'est de les aimer. Et alors on aime leurs mythologies. A part ça le lieu était exécrable. Les gens couinaient comme des rats, et ils prenaient les choses et ils les jetaient, et ils se prenaient et ils se jetaient. Ils disaient : bonjour, bonsoir. Et ils s'agrippaient, couchaient les uns avec les autres, puis se réveillaient. Parfois ils se réveillaient au coeur de la nuit et ils s'agrippaient avec frénésie. J'ai peur - disaient-ils. Et ils s'aimaient à la va-vite et se lavaient, et ils disaient : bonsoir, bonsoir. C'était là une partie de leur vie, et c'était une des zones (attendrissantes) de leur humanité, et ce qui est humain est terrible et possède une sorte de beauté palpitante et ambigüe. Et alors on aime ça parce qu'on est humain et que c'est bon d'aimer, de comprendre, bien sûr, etc.

Auteur: Herberto Hélder de Oliveira

Info: Les cent pas, P47

[ contemplation ] [ littérature ]

 

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fantasmagorie

La nuit dernière encore, cela a commencé ainsi.

En fin d’après-midi, le vent et la pluie avaient forci et, au lieu d’aller accrocher les volets comme je l’aurais dû, je m’étais paresseusement réfugié dans mon lit toujours défait. Mais dans la nuit, les vitres se sont mises à gémir. D’une façon tout à fait différente des vibrations qui les agitaient jusque-là. Cela m’a réveillé. Pour commencer, j’ai pensé à un chat ou quelque autre animal. Je m’apprêtais à me rendormir sans intervenir, mais les craquements empiraient. Pour finir, le vacarme est devenu tel qu’on aurait cru que la maison geignait ; bien obligé, j’ai fini par me lever, j’ai allumé la lampe à pétrole et je suis parti inspecter les fenêtres de la véranda.

Derrière les vitres, la lampe a révélé des ténèbres de poix, des rafales de vent et de pluie qui les battaient follement et, alors qu’en temps normal leur extrémité se contentait de frôler la fenêtre, même par grand vent, les fleurs du lilas des Indes qui se jetaient contre le carreau, face la première, comme aplaties par quelque force gigantesque. Les grandes branches déferlaient contre la fenêtre avant de reculer un instant, telle la vague qui se retire, et ainsi de suite. Leur grincement avait un effet hallucinatoire et, peu à peu, il m’a semblé entendre : … laisse-moi entrer…

Auteur: Nashiki Kaho

Info: Lilas des Indes

[ nocturne ] [ végétaux ]

 

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gematria

Robert Stratton alla étudier la nomenclature au Trinitiy collège de Cambridge. Là-bas il éplucha les textes kabbalistiques écrits des siècles plus tôt, à l'époque où ceux qui deviendraient des nomenclateurs étaient encore appelés des ba'alei et les automates des golems, des textes qui jetaient les bases de la science des noms : le Sefer Yetsirah, le Sodet Razayya d'Eléazar de Worms, le Hayyei ha-Olam ha-Ba d'Abulafia. Puis il disséqua les traités alchimiques qui placaient les techniques de manipulation alphabétique dans un contexte philosophique plus étendu : Ars Magna de Llull, De Occulta Philosophia d'Agrippa et Monas Hieroglyphyca de Dee.

Il appris que chaque nom était une combinaison de plusieurs épithètes, chacune désignant une capacité particulière. Les épithètes étaient créées par compilation de tous les termes décrivant le trait désiré : mots apparentés et étymons, de langues tant vivantes que mortes. Remplacer et permuter les lettre de façons sélective permettait de distiller à partir de ces mots leur essence commune, l'épithète de cette caractéristique. En certains cas les épithètes étaient utilisés comme base d'une triangulation à partir de laquelle étaient forgés des termes servant à qualifier des caracttéristique que ne définissait aucun langage. Le processus reposait sur l'intuition autant que sur les fornules ; la capacuté de choisir les meilleures permutations de lettres relevait d'un art que personne n'aurait pu enseigner.

Il se familiarisa avec les techniques modernes d'intégration et de factorisation nominale (...)

Auteur: Chiang Ted

Info: La tour de Babylone. "Soixante-douze lettres", pp 222, 223

[ guématrie ] [ numération hébraïque ] [ alphanumérique ] [ gématrie ]

 
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signe divin

- Je me suis trompé ! cria encore Lévi d’une voix presque complètement éteinte. Tu es le Dieu du mal ! Ou bien tes yeux ont été aveuglés par la fumée des encensoirs du Temple, ou bien tes oreilles ont cessé d’entendre quoi que ce soit, sauf les trompettes de tes prêtres ! Tu n’es pas le Dieu tout-puissant ! Tu es un dieu vil et vulgaire ! Je te maudis, dieu des brigands, leur protecteur et leur âme !
A ce moment, un souffle passa sur le visage de l’ancien percepteur, et quelque chose bruissa sous ses pieds. Puis un souffle, de nouveau, effleura sa figure. Lévi ouvrit alors les yeux : était-ce sous l’influence de ses malédictions, ou pour quelque autre cause inconnue, mais tout, alentour, avait soudainement changé. Le soleil avait disparu, mais sans avoir atteint la mer dans laquelle il s’enfonçait chaque soir. Il avait été avalé par un nuage qui montait de l’occident, un nuage redoutable qui portait en lui l’inéluctable menace d’une tempête. Une frange blanche écumait à son pourtour, et les épaisses volutes noires qui formaient son ventre jetaient des reflets jaunes. Un grondement continu sortait du nuage, et de temps à autre, des traits de feu jaillissaient de ses flancs. Le long de la route de Jaffa, le long de la maigre vallée de la Géhenne, au-dessus des tentes des pèlerins, volaient des tourbillons de poussière, chassés par le vent soudain levé.

Auteur: Boulgakov Mikhaïl

Info: Lors de la crucifixion du Christ, dans "Le Maître et Marguerite", trad. Claude Ligny, Editions Laffont, Paris, 1968, page 260

[ atmosphère inquiétante ]

 

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nouveau monde

Je n’eus pas plutôt mis le pied dans cette nouvelle terre, que je me sentis tout affamé ; si bien qu’après avoir attaché mes Gansas [oies], et ma machine au premier arbre que je rencontrais, je ne pensais plus qu’à satisfaire mon ventre. Pour cet effet, je fouillais tout aussitôt dans mes pochettes, pour en tirer les provisions dont j’ai parlé ci-devant. Mais au lieu des perdrix et des chapons que je pensais y avoir mis, je n’y trouvais qu’un mélange confus de feuilles sèches, parmi de la mousse, du poil de chèvre, des crottes de brebis et de semblables ordures. Il m’en arriva de même de mon vin de Canarie, qui se tourna en une puante et vilaine liqueur, telle à peu près du pissat de cheval, ou quelque autre bête ; d’où vous pouvez bien juger, que toutes ces choses n’étaient qu’illusions de malins esprits, et de quelle force j’en aurais été servi, si je m’y fusse fié. Mais tandis que je m’amusais à considérer de si étranges métamorphoses, j’ouïs un grand bruit que faisaient mes oiseaux ; qui battaient des ailes derrière moi, et me tournant tout en même temps, je vis comme ils se jetaient à corps perdu sur un certain arbrisseau, qui s’était fortuitement embarrassé dans l’étendue de leurs cordages, je pris garde qu’ils en mangeaient les feuilles avec une grande avidité, et m’en étonnais d’autant plus, que je ne les avais jamais vu jusqu’alors, se repaître d’aucune forme de mangeaille...

Auteur: Godwin Francis

Info: L'homme dans la Lune

[ exploration ] [ voyage spatial ] [ science-fiction ]

 
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lire

Chez lui, la lecture avait même pris une place qu'il n'avait jamais accordée à un être humain. Pourquoi perdre son temps dans de vains et quotidiens bavardages quand on peut entrer en communion avec les meilleurs, les plus excitants penseurs de toutes les époques ? Pourquoi peupler sa vie d'êtres médiocres, attachants certes, mais faibles raisonneurs, quand on a le choix de rendre visite à Platon, Sénèque et Proust ? Le culte de ce que le monde appelait communément la réalité, la matière solide de l'existence, lui était étranger. L'air triomphant avec lequel ses contemporains se jetaient dans le combat du quotidien le faisait sourire. Il n'avait jamais compris ce qu'il pouvait y avoir d'héroïque à affronter la surface plane et lisse de la condition humaine dans sa plus banale expression. Enfant, ses parents lui avaient souvent reproché de fuir la réalité comme s'ils avaient décelé quelque couardise dans son comportement qui consistait à s'acquitter le plus vite possible des tâches incontournables de tous les jours afin de pouvoir retourner à ses livres et à sa rêverie. Il s'étaient sentis blessés de l'ennui qu'il affichait ouvertement face à cette dimension de la vie qui était leur unique territoire. [...] Au lieu de fuir, il était en marche vers quelque chose. Mais comment aurait-il pu décrire ce vaste univers de la pensée dans lequel il s'était aventuré à quelqu'un qui n'avait jamais ouvert un livre de sa vie avec plaisir, qui ne savait pas ce que c'était. [...] Kouros s'était alors très vite habitué à voler du temps. Il lisait dans les toilettes où personne ne le dérangeait. il lisait dans la nature prétextant d'autres besognes pour pouvoir s'éloigner.

Auteur: Henrichs Bertina

Info: La joueuse d'échecs

[ motivation ] [ élitisme ] [ cloître littéraire ]

 

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