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justesse terminologique

Laisse-moi en dehors de ça. On s'en fout. Peut-être que Brodie a été malmené, peut-être pas. Je n'en sais rien. Ca ne compte pas. C'est un rustre du langage. Je ne peux pas aider quelqu'un qui pense, ou pense qu'il pense, qu'éditer un journal c'est de la censure, ou que jeter des briques c'est une manif alors que la construction de tours est une violence sociale, ou qu'une déclaration désagréable n'est que de la provocation alors que perturber l'orateur représente l'exercice de la liberté d'expression... Les mots ne méritent pas ce genre d'âneries. Ils sont innocents, neutres, précis, ils signifient ceci, décrivent cela, désignent l'autre, et si on s'en occupe un peu, on peut jeter des ponts par-dessus l'incompréhension et le chaos. Mais si on leur enlève leurs angles, ils ne valent plus rien, et Brodie leur enlève leurs angles. Je ne pense pas que les écrivains soient sacrés, mais les mots le sont. Ils méritent le respect. Si tu prends les bons mots dans le bon ordre, tu peux un peu faire bouger le monde, ou pondre un poème que des enfants prononceront à ta place après ta mort.

Auteur: Stoppard Tom

Info: The Real Thing, Act II, Scene 5, Henry and Annie

[ nécessaire ] [ indispensable ] [ justice ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

évolution

Un aspect négligé de la question, enfin. Tu te demandes ce qui a fait tomber en désuétude le message amoureux, et tu en rends responsable la médicalisation des souffrances. Est-ce vraiment tout ? A mon sens, c’est aussi une affaire de technologie. La poésie amoureuse s’effondre au XXe siècle, quand l’écrit, sa lenteur d’acheminement et le caractère partiel de sa représentation du réel sont concurrencés par les communications instantanées (le téléphone) et l’image exhaustive (la photographie). Du moment où l’instantané est redevenu écrit, nous avons recommencé à nous érotiser les uns les autres par messages textuels. L’omniprésence des autres sur le réseau redonne une place paradoxale à la lyrique amoureuse. De fait, la surprésence virtuelle aboutit à un sentiment d’absence impossible à apaiser. L’espace de ce qu’il y a à dire à l’autre grandit sans cesse, avec la réduction des
écarts temporels de communication. Il est certain que les messages ne remplacent pas les corps. L’absence prend juste un nouveau tour, et la manière de s’en plaindre, et la manière d’en souffrir. Il y a un sophisme torturant au coeur des technologies numériques : puisque nous pouvons communiquer tout le temps, comment pourrions-nous nous manquer ?

Auteur: Lucbert Sandra

Info: La Toile

[ rapports humains ] [ trop-plein ] [ téléphone ]

 

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paradoxe

La mort de Dieu – comme la mort du Père – ne conduit pas à la levée de l’interdit, donc à la jouissance, mais justement à la mise en place de la loi, la surveillance du surmoi et la culpabilité qui en découle. […] Au lieu d’offrir plus de jouissance, la mort de Dieu en ferme l’accès. Elle forme une barrière infranchissable. Cette mort n’autorise pas l’être humain à prendre la place du disparu ; elle marque plutôt une place pour toujours, et depuis toujours, impossible à occuper ; elle fonde une loi à laquelle chacun est soumis : Il n’y a pas de dieu que je puisse être. Certes, cette loi fait aussi l’objet d’un constant refus ; elle est contournée de bien des manières, avec cette idée que si Dieu est mort, la place qu’il occupait est disponible, et l’on peut y accéder. C’est pourquoi notre temps est certainement marqué, contrairement à ce que l’on pourrait penser, par la négation de la mort de Dieu afin de maintenir le projet d’une jouissance sans limite. Il est aussi caractérisé par la résurgence du Père de la horde, qui annule tout rapport à la loi et aux interdits fondamentaux.

Auteur: Causse Jean-Daniel

Info: Dans "Lacan et le christianisme", pages 26-27

[ dénégation ] [ illusion ] [ toute puissance ] [ responsabilité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

suffrage universel

Du reste nous devons nous rappeler que bien longtemps avant, les Grecs de l'Antiquité eux aussi avaient vécu en démocratie : d'ailleurs le mot vient justement de chez eux, c'est un mot grec.

Une fois de plus il me sembla entrevoir dans les yeux de certains d’entre eux (comme au cours de nos conversations au Musone) l'espoir que l'on pourrait trouver à la fin le moyen de sortir des malheurs écrasants de notre temps.

- Mais pourquoi est-ce que par la suite la démocratie a disparu en Italie ? voulut savoir Leonardo.

- Parce qu'il y avait eu - exactement comme chez les Grecs en son temps - une dégradation des mœurs, et que peu à peu les gens n'ont plus été disposés à renoncer en partie à leur point de vue pour faire de la place à celui des autres. La situation qui en est venue à se créer au quatorzième siècle, Dante l’a bien décrite : en pratique, pour en finir avec les luttes et les abus continuels, il était devenu indispensable que quelqu'un impose l'ordre par la force. C'est comme ça qu'un peu partout se sont constituées les seigneuries et les principautés et que la démocratie a disparu.

Auteur: Corti Eugenio

Info: Les derniers soldats du roi

[ historique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

mémoire

Tout finit par s'oublier, de toute manière. D'abord, on oublie tout ce qu'on a appris : les dates de la guerre de Cent Ans, le théorème de Pythagore. On oublie surtout tout ce qu'on n'a pas vraiment appris mais juste mémorisé la veille au soir. On oublie les noms de pratiquement tous ses profs à part un ou deux, qu'on finira par oublier eux aussi. On oublie son emploi du temps de première, sa place dans la classe, le numéro de téléphone de son meilleur ami et les paroles de cette chanson qu'on a bien écoutée un million de fois. Pour moi, c'en était une de Simon & Garfunkel. Qui sait laquelle ça sera pour toi ? Et finalement, mais lentement, tellement lentement, on oublie ses humiliations... même celles qui semblaient indélébiles finissent par s'effacer. On oublie qui était branché et qui ne l'était pas, qui était beau, intelligent, sportif ou pas. Qui est allé dans une bonne fac. Qui donnait les meilleures fêtes. Qui pouvait vous trouver de l'herbe. On les oublie tous. Même ceux qu'on disait aimer, et ceux qu'on aimait vraiment. Ceux-là sont les derniers à disparaître. Et ensuite, une fois qu'on a suffisamment oublié, on aime quelqu'un d'autre.

Auteur: Zevin Gabrielle

Info: Je ne sais plus pourquoi je t'aime

[ éloignement ] [ disparition ] [ amnésie ]

 

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être humain

Massacrer les bêtes de Dieu pour le plaisir était à mon avis la plus "foutue" besogne. Elles ont été créés pour nous, disent ces prédicateurs suffisants, pour nous nourrir, nous divertir, ainsi que pour d'autres usages qu'on n'a pas encore découverts. En se mettant à la place d'un ours qui conclut à son avantage un différend avec un chasseur malchanceux, on pourrait dire avec tout autant de justesse : "Les hommes et les autres bipèdes on été créés pour les ours, et grâce soit rendue à Dieu pour des griffes et des dents si longues".
(...) Si un chasseur chrétien va dans les forêts du Seigneur tuer les animaux dont IL prend soin ou des Indiens sauvages, tout est normal ; mais que parmi ces victimes ad hoc, prédestinées, un spécimen entreprenant aille dans les maisons ou par les champs et qu'il tue le plus méprisable de ces tueurs divins et verticaux, c'est un épouvantable sacrilège, et de la part d'Indiens un meurtre atroce ! Ma foi, je n'ai pas grande sympathie pour l'égoïsme distinctif de l'homme civilisé : si une guerre des races se déclarait entre les bêtes sauvages et Monseigneur l'Homme, j'aurais plutôt tendance à prendre parti pour les ours.

Auteur: Muir John

Info: Quinze cents kilomètres à pied à travers l'Amérique profonde : 1867-1869

[ anthropocentrisme ] [ égoisme ]

 

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Dostoïevski

Raskolnikov vivait sa véritable vie lorsqu'il reposait sur le sofa dans sa chambre, ne gambergeant pas du tout sur la vieille femme, non plus sur l'idée qu'il est permis qu'un homme en supprime un autre de la surface du globe, mais plutôt si il devait vivre à St Petersbourg ou non.. ou encore si il devait accepter de l'argent de sa mère ou pas... et sur d'autres questions, pas reliées du tout à la vieille femme. Alors - dans cette région plutôt indépendante des activités animales - la question de tuer ou pas cette vieille femme fut tranchée. La chose fut décidée... alors qu'il ne faisait rien si ce n'est penser, sa seule conscience active : et dans cette conscience, de petites, toutes petites altérations prennent place. C'est dans une telle période qu'on doit avoir la plus grande clarté pour décider correctement la - ou les - questions qui se posent. Et c'est juste à cet instant qu'un verre de bière, ou une cigarette, peuvent empêcher la solution... différer la décision, étouffer la voix de la conscience et favoriser une décision sur la question proche la basse nature animale - tel est le cas avec Raskolnikov. D'infimes altérations - mais d'elles dépendent les plus énormes et terribles conséquences.

Auteur: Tolstoï Léon

Info: sur Raskolnikov dans Crime et châtiment...

[ détail ] [ littérature ]

 

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espoir

[…] Le transhumanisme offre encore quelque chose à dire face au nihilisme, c’est-à-dire au vide laissé par l’effondrement des grandes religions, métaphysiques et idéologies modernes. […] Il promeut rationnellement et délibérément une espérance d’auto-transcendance matérielle de l’espèce humaine, sans limites absolues a priori… […] Son intérêt est aussi critique : il invite à réfléchir à certains préjugés et illusions attachés aux humanismes traditionnels et modernes dont il révèle, par contraste, des aspects généralement peu ou non perçus. […] Pour une part dominante, ces humanismes sont antimatérialistes et spiritualistes. S’ils ne sont plus pré-coperniciens, ils véhiculent des images pré-darwiniennes. Ils reconnaissent l’Histoire, mais guère l’Évolution. Ils ne voient l’avenir de l’homme que sous la forme de l’amélioration de son environnement et de son amélioration propre par des moyens symboliques (éducation, relations humaines, institutions plus justes, plus solidaires, plus égalitaires, etc.)
L’humanisme relève d’une image implicite partiellement obsolète de l’homme.
[…] C’est à l’actualisation de l’image de l’homme et de sa place dans l’univers que le transhumanisme modéré bien compris travaille. Le transhumanisme, c’est l’humanisme, religieux et laïque, assimilant les révolutions technoscientifiques échues et la R&D à venir, capable d’affronter le temps indéfiniment long de l’Évolution et pas simplement la temporalité finalisée de l’Histoire. C’est un humanisme apte à s’étendre, à se diversifier et à s’enrichir indéfiniment.

Auteur: Hottois Gilbert

Info: Le transhumanisme est-il un humanisme ? pp. 75-77, sur le blog Jorion

[ progrès ] [ évolution ]

 

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portrait

Jesse Lemisch est bien sûr largement et justement connu pour son travail de pionnier avec son “History from the bottom up,” (l'histoire de la base au sommet), parue en fin des années 1960 et début des années 1970, et évidemment vue comme une nouvelle approche de l'histoire sociale. Lui et d'autres personnes qui ont contribué à créer cette nouvelle forme d'"histoire des peuples" (Herbert G. Gutman, Staughton Lynd, Alfred F. Young) faisaient partie d'une nouvelle gauche, répondant aux, et exprimant les demandes d'une nouvelle approche historique, alors exprimées par les Afro-Américains, les étudiants, les femmes et les travailleurs, réunis dans divers mouvements pour la paix, la justice et le pouvoir. Son "histoire par la base"  apparut donc comme un défi explicite aux traditions élitistes de l'écriture historique au sein des académies américaines, plus particulièrement l'approche "consensuelle" du passé américain qui s'était développée dans l'atmosphère répressive de la guerre froide. Lemisch a contribué à définir et à écrire cette nouvelle histoire, plus généreuse et plus inclusive, se battant (très durement) pour sa place au sein des disciplines de la profession de l'histoire et de la société en général, en opposition aux hypothèses et pratiques conservatrices alors dominantes. Il l'a fait à un coût personnel considérable, puisqu'il fut licencié par l'Université de Chicago en 1966.

Auteur: Rediker Marcus Buford

Info:

[ historien réaliste ] [ mémorialiste collectiviste ] [ hommage ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

gamins

- Un autre truc fascinant, reprit-il en s'inclinant vers Elizabeth, c'est que les enfants ont des aptitudes d'apprentissage qui dépassent largement celles des adultes. Vous savez d'où ça vient ? Se préparant à un laïus scientifique, la jeune femme fit signe que non. - parce qu'ils sont ouverts d'esprit. Parce qu'ils ont un appétit insatiable de savoir. Les grandes personnes, elles, se croient revenues de tout. Les gens prennent de l'âge, vident leur mémoire et, au lieu d'élargir leur champ de vision, choisissent ce qui vaut ou non la peine d'être cru, selon eux, alors que ces choses ne se choisissent pas: elles s'imposent à nous. Voilà pourquoi ils se retrouvent à la traîne par rapport aux enfants. Leur cynisme, leur scepticisme et leur esprit étriqué, tout cela les ralentit. Ils ne pensent qu'à s'en sortir au jour le jour, sans voir plus loin que le bout de leur nez. Les à-côtés, ils s'en fichent. Mais, Elizabeth, souffla Ivan, les yeux écarquillés, irradiant d'un enthousiasme qui fit frissonner son auditoire, ce sont justement les à-côtés qui font la vie. (...) Vous savez, seuls les enfants comprennent exactement la marche du monde. Ils voient au-delà de ce que voient les adultes, sont ouverts à l'inconnu, ne connaissent pas l'hypocrisie et, en toutes circonstances, vous remettent à votre place d'une phrase, d'un simple regard.

Auteur: Ahern Cecelia

Info: Si tu me voyais maintenant

[ enfance ] [ ouverture ]

 

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