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dialogue

Il arrive fréquemment, même à des gens de valeur, de s'apercevoir que tel ou tel débat qui s'est élevé entre eux et leur a coûté de grands efforts de logique et une énorme dépense de paroles n'est au fond qu'une question de préférences, chacun d'eux craignant de révéler la sienne par crainte de la voir mettre en doute. Si l'un des adversaires parvient par d'heureux tours de phrases à faire saisir et partager sa prédilection à l'autre, la discussion tombe d'elle-même.

Auteur: Tolstoï Léon

Info: Anna Karénine

[ dispute ] [ conflit ] [ résolution ]

 

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lire

Le cinéma, c'est le damné du concret, c'est le forçat du réel. Il n'y a qu'en littérature qu'on voit des images ; au cinéma on ne voit que l'apparence et elle est irréfutable. Par-dessus le marché, au cinéma tout le monde voit la même chose alors qu'en littérature tout le monde voit des choses différentes, mais personne ne verra jamais ce que les lecteurs voient (il n'y a pas deux Anna Karénine semblables dans la tête de deux lecteurs assis côte à côte et lisant au même rythme).

Auteur: Muray Philippe

Info: Festivus Festivus, La fin du monde est reportée pour à une date antérieure, p. 474

[ regarder ]

 

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hommes-par-femme

Ma mère relisait Anna Karénine. Selon elle, le roman prétendait qu'il existe deux types d'hommes : ceux qui aiment les femmes (Vronsky, Oblonski) et ceux qui ne les aiment pas vraiment (Lévine). Avec Vronski, Anna s'était sentie d'abord flattée par ce séducteur, mais comme il ne l'aimait pas elle spécialement, elle n'avait eu d'autre issue que de se tuer. A l'inverse, Lévine était maladroit, rasoir et pour le moins pénible, lui qui semblait s'intéressait davantage à l'agriculture qu'à Kitty, mais il était cependant un conjoint plus fiable, lui qui au fond de son coeur n'aimait guère les femmes. Anna avait donc fait le mauvais choix et Kitty, le bon. Voilà, selon ma mère, de quoi parlait Anna Karénine.

Auteur: Batuman Elif

Info: L'Idiote

[ personnages littéraires ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

littérature

L'une des choses qui m'ont vraiment impressionné dans Anna Karénine, lorsque je l'ai lu pour la première fois, c'est la façon dont Tolstoï incite le lecteur à s'attendre à ce que certaines choses se produisent - et elles ne se produisent pas. Tout est mis en place pour que vous pensiez qu'Anna va mourir en accouchant. Elle rêve que cela va se produire, le médecin, Vronsky et Karénine pensent que cela va se produire, et c'est ce qui devrait arriver à une femme adultère selon les règles d'un roman du XIXe siècle. Mais cela n'arrive pas. C'est tellement fascinant de se retrouver dans pareil espace, dans une sorte de chute libre, où on a aucune idée de ce qui va se passer.

Auteur: Batuman Elif

Info: sur www.guernicamag.com

[ analyse ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

rencontre

Vronski suivit le conducteur ; à l'entrée du wagon réservé il s'arrêta pour laisser sortir une dame, que son tact d'homme du monde lui permit de classer d'un coup d'oeil parmi les femmes de la meilleure société. Après un mot d'excuse, il allait continuer son chemin, mais involontairement il se retourna, ne pouvant résister au désir de la regarder encore ; il se sentait attiré, non point par la beauté pourtant très grande de cette dame ni par l'élégance discrète qui émanait de sa personne, mais bien par l'expression toute de douceur de son charmant visage. Et précisément elle aussi tourna la tête. Ses yeux gris, que des cils épais faisaient paraître foncés, s'arrêtèrent sur lui avec bienveillance, comme si elle le reconnaissait ; puis aussitôt elle sembla chercher quelqu'un dans la foule.

Auteur: Tolstoï Léon

Info: Anna Karénine

[ amorce ] [ femmes-hommes ]

 

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écrivain-sur-écrivain

- Faites-moi donc la grâce de me dire ce que vous pensez d’Anna Karénine, lui ai-je demandé à nouveau.

- Je vous jure que je n’ai pas envie d’en parler, répondit Dostoïevski. Tous ces personnages sont à tel point stupides, plats et mesquins qu’il est absolument incompréhensible que Tolstoï les considère comme dignes de notre attention. Alors que tant de problèmes authentiques, primordiaux, révoltants nous sollicitent, et que tant de questions nous ramènent à celle – essentielle – d’ "être ou de ne pas être", voici qu’l nous demande de perdre notre temps à propos d’un officier du nom de Vronski, qui tombe amoureux d’une mondaine, et pour qui il faudrait penser aux imbroglios qui en sont résultés. Nous étouffons déjà sans cela chaque jour dans cet air de salon, où l’on se heurte à chaque instant à des nullités, où triomphent la platitude et la banalité ! Or, voici que dans une œuvre du meilleur romancier russe nous retrouvons la même chose !

Auteur: Altchevskaïa Ch.

Info: "Dostoïevski vivant", trad. du russe par Raïssa Tarr, éditions Gallimard, 1972, page 432

[ critique ] [ superficiel ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

littérature

L'esprit russe est littéralement hanté par Dieu.

De là, une différence radicale entre le roman russe et le roman européen du XIX siècle. La tradition de Balzac, de Dickens, de Flaubert était séculière. L'art de Tolstoï et de Dostoïevski est religieux. Il jaillit d'une atmosphère pénétrée d'experience religieuse et de la croyance que la Russie est destinée à jouer un rôle capital dans l'apocalypse qui menace. Tout autant qu'Eschyle et Milton, Tolstoï et Dostoïevski sont des hommes dont le génie est tombé entre les mains du Dieu vivant. Pour eux, comme pour Kierkegaard, une seule alternative s'offre à la destinée humaine. Aussi ne peut-on comprendre véritablement leur œuvre en usant des mêmes moyens que pour Middlemarch, par exemple, ou pour la Chartreuse de Parme. Nous avons affaire à des techniques différentes et à des métaphysiques différentes. Anna Karénine et les Frères Karamazov sont, si l'on veut, des œuvres d'imagination, ou des poèmes de l'esprit, mais ils ont pour objet essentiel ce que Berdiaev appelle "la quête du salut de l'humanité".

Auteur: Steiner George

Info: Tolstoï ou Dostoïevski

[ comparaison ] [ sauvetage de la civilisation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

littérature

L'esprit du roman est l'esprit de complexité.

Chaque roman dit au lecteur : "Les choses sont plus compliquées que tu ne le penses." C'est la vérité éternelle du roman mais qui se fait de moins en moins entendre dans le vacarme des réponses simples et rapides qui précédent la question et l'excluent. Pour l'esprit de notre temps, c'est ou bien Anna ou bien Karénine qui a raison, et la vielle sagesse de Cervantes qui nous parle de la difficulté de savoir et de l'insaisissable vérité paraît encombrante et inutile.

L'esprit du roman est l'esprit de continuité : chaque oeuvre est la réponse aux oeuvres précédentes, chaque oeuvre contient toute l'expérience antérieure du roman. Mais l'esprit de notre temps est fixé sur l'actualité qui est si expansive, si ample qu'elle repousse le passé de notre horizon et réduit le temps à la seule seconde présente. Inclus dans ce système, le roman n'est plus OEUVRE (chose destinée à durer, à joindre le passé et l'avenir) mais événement d'actualité comme d'autres événements, un geste sans lendemain.

Auteur: Kundera Milan

Info: L'Art du roman

[ infobésité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

spiritualité

Quand nous lisons "bien" Tolstoï et Dostoïevski (pour paraphraser Richards), la question de la croyance ou de l'incroyance se pose a tout instant, non par leur "faute" ou la nôtre, mais à cause de leur grandeur et de notre humanité.

Comment, alors, devrions-nous les lire ? Comme nous lirions Eschyle et Dante plutôt que, mettons, Balzac ou même Henry James. Parlant de la fin de la Coupe d'or, qui est si près d'être un roman religieux, Fergusson écrit : "Maggie n'a pas un Dieu à qui renvoyer le Prince, pas plus que n'en avait James."

Ce renvoi à Dieu, et à un Dieu si terriblement proche de la vie de l'âme, est le centre même et la base de l'art des maîtres russes. La cosmologie d'Anna Karénine et des Frères Karamazov, comme celle du théâtre antique et du théâtre médiéval, est ouverte d'un côté au danger de la damnation, de l'autre à l'action de la grâce. Nous ne pouvons en dire autant du monde d'Eugénie Grandet, ou des Ambassadeurs, ou de Madame Bovary. Il s'agit ici d'un jugement non de valeur, mais de fait.

Auteur: Steiner George

Info: Tolstoï ou Dostoïevski

[ littérature ] [ Éternel ] [ religion ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

itérations linguistiques

REPETITION. Nabokov signale qu'au commencement d'Anna Karénine, dans le texte russe, le mot 'maison' revient huit fois en six phrases et que cette répétition est un artifice délibéré de la part de l'auteur. Pourtant, dans la traduction française, le mot 'maison' n'apparaît qu'une fois, dans la traduction tchèque pas plus de deux fois. Dans le même livre : partout où Tolstoï écrit 'skazal' (dit), je trouve dans la traduction proféra, rétorqua, reprit, cria, avait conclu, etc. Les traducteurs sont fous des synonymes. (Je récuse la notion même de synonyme : chaque mot a son sens propre et il est sémantiquement irremplaçable). Pascal : 'Quand dans un discours se trouvent des mots répétés et qu'essayant de les corriger on les trouve si propres qu'on gâterait le discours, il faut les laisser, c'en est la marque.' La richesse du vocabulaire n'est pas une valeur en soi : chez Hemingway c'est la limitation du vocabulaire, la répétition des mêmes mots dans le même paragraphe qui font la mélodie et la beauté de son style. 

Le raffinement ludique de la répétition dans l'incipit d'une des plus belles proses françaises : 'J'aimais éperdument la Comtesse de… ; j'avais vingt ans et j'étais ingénu ; elle me trompa, je me fâchai, elle me quitta. J'étais ingénu, je la regrettai ; j'avais vingt ans, elle me pardonna : et comme j'avais vingt ans, que j'étais ingénu, toujours trompé, mais plus quitté, je me croyais l'amant le plus aimé, partant le plus heureux des hommes…' Vivant Denon : Point de lendemain. 

(Voir : LITANIE.)

Auteur: Kundera Milan

Info: L'Art du roman

[ spécificités ] [ intraduisible ] [ idiomes musiques ]

 

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Ajouté à la BD par miguel