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chasse

Ma foi, en ces hautes latitudes, nous trouvâmes de telles quantités de phoques et de morses que nous ne savions tout bonnement pas quoi en faire. Ils étaient des centaines et des centaines étendus là ; nous marchions parmi eux et les frappions à la tête, en riant de bon coeur devant cette abondance créée par Dieu.

Auteur: Welzi Jan

Info: cité par W. Vollmann William dans Les fusils

[ inconscience ] [ barbarie ]

 

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pédagogie

Un jour que mon père, d'un visage riant, formait devant moi différents caractères avec des lames de plomb flexibles, je lui demandai ce qu'il faisait là ? Eh Je joue aux lettres, " me répondit-il. Je le priai de m'apprendre ce jeu ; après me l'avoir fait désirer quelque temps, il feignit de se rendre à mes prières, et je goûtai, pour la première fois, le plaisir d'avoir désiré. Quand je n'avais pas été sage, on me défendait de jouer aux lettres, ce qui m'en donnait plus d'envie ; enfin, au bout de neuf à dix mois, je savais lire couramment et tracer des mots. Ma mère, de son côté, feignit de vouloir apprendre le latin ; je fus chargé du soin de lui faire répéter son rudiment, et de la reprendre lorsqu'elle ferait quelque faute. C'est ainsi que je m'instruisais moi-même sans le savoir.

Auteur: Favart Charles-Simon

Info: Mélanges

[ éducation ] [ émulation ]

 

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écrivain-sur-écrivain

Je ne comprends pas les gens qui trouvent que Michel Houellebecq n’a pas de style. Faut-il qu’ils manquent d’oreille ! Houellebecq a le style imperturbable, c’est bien différent — le style Buster Keaton, deadpan, pince-sans-rire, tongue-in-cheek. En fait c’est un des tons les plus difficiles à trouver et surtout à garder, à tenir sur la distance. Lui s’acquitte de cet exercice de haute voltige avec une virtuosité sans égale, qui forcément se doit de rester discrète, comme tout le reste : il y a là une contradiction dans les termes, cette maestria pataude, qui fait toute la tension de la phrase et de la page, page après page (je suis en train de lire Sérotonine). Un autre avantage, c’est un effet comique permanent. On connaissait l’Apocalypse en riant, voici la dépression planétaire à se tordre : plus c’est triste, plus c’est drôle ; plus c’est désespéré et désespérant, plus on s’amuse.

Auteur: Camus Renaud

Info:

[ éloge ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

largué

les chevaux galopent
et elle est à des miles de là
riant avec un
taré

Bach et la bombe à hydrogène
et elle est à des miles de là
riant avec un taré

le système bancaire
va à vau-l’eau
sur des gondoles à Venise
et elle est à des miles de là
riant avec un
taré

auparavant c’était comme si vous
n’aviez jamais tout à fait vu un escalier
(chaque marche vous
dévisageant)
et dehors
le vendeur de journaux semble
immortel
tandis que les voitures roulent
sous le soleil
qui brille comme un ennemi
et vous vous étonnez
qu’il soit aussi difficile
de devenir cinglé –
si vous ne l’êtes pas
déjà

jusqu’à cet instant
vous n’aviez jamais vu un
escalier qui ressemble
à un escalier
une poignée de porte qui ressemble
à une poignée de porte
et jamais entendu des bruits pareils à ceux-là

et quand l’araignée apparaît
et vous regarde
en définitive
vous ne la détestez pas
et elle est à des miles de là
riant avec
un taré.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "L'amour est un chien de l'enfer", pages 76-77, "communion"

[ séparation ] [ acuité du réel ] [ inquiétante étrangeté ] [ perdu ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

religion

Le prêtre dit à mon père : "Chef, mon église a la forme d'un tipi. Mes vêtements sacerdotaux sont ornés de perles, et la Pipe voisine avec la croix. Je me purifie dans la loge à sudation, et tous les ans je me rends à Bear Butte pour participer à la danse du Soleil, en compagnie de l'homme qui doit me peindre le corps.
- Mon père, est-ce que votre évêque est au courant ?
- Bien sûr, répondit le prêtre en riant. Nous ne sommes pas de ces missionnaires d'autrefois qui s'efforçaient d'annihiler la religion indienne. Nous soutenons votre culture traditionnelle. Mais il y a une chose que je voudrais vous dire : nos religions sont identiques. Dieu et le Grand Esprit, Jésus et Médecine Douce, le Calvaire et la Danse du Soleil, la Croix et la Pipe, c'est la même chose. Seuls les noms diffèrent.
Mon père le regarda longuement avant de lui demander : "Mon père, dans votre religion, est-ce que les animaux ont une âme ?
- Chef, là vous m'avez pris en défaut", répondit le prêtre.

Auteur: Archie Fire Lame Deer

Info: Le Cercle sacré, Mémoires d'un homme-médecine sioux

[ animisme ] [ christianisme ] [ homme-animal ] [ colonisation ] [ répartie ]

 

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métempsycose

Lorsqu’au jour suprême la vie a quittées [les âmes], les malheureuses ne sont pourtant pas débarrassées complètement de tout le mal et de toutes les souillures corporelles, et le mal qui s’est longtemps amoncelé au fond d’elles-mêmes y a nécessairement des racines d’une longueur étonnante. Elles sont donc soumises à des châtiments et expient dans les supplices leurs maux invétérés : les unes, suspendues en l’air, sont déployées au souffle des vents légers ; les autres lavent au fond d’un vaste gouffre le crime dont elles sont souillées, ou s’épurent dans le feu. Chacun de nous subit ses Mânes ; ensuite on nous envoie dans l’ample Elysée, dont nous occupons en petit nombre les riantes campagnes. Enfin, lorsqu’un long jour, au cercle révolu des temps, a effacé la souillure profonde, et purifié le sens éthéré, étincelle du souffle primitif ; quand toutes ces âmes ont vu tourner la roue pendant mille ans, un dieu les appelle en longue file aux bords du fleuve Léthé, afin qu’oublieuses du passé elles aillent revoir la voûte de là-haut, et commencent à vouloir retourner dans des corps.

Auteur: Virgile Publius Virgilius Maro Vergil

Info: L'Enéide

[ post-mortem ] [ au-delà ] [ bardo ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

Helvétie

Je repense à ce pauvre Julien F., guitariste convenable, selon la terminologie helvète. Un bon gars de chez nous, qui pourrait bien avoir fait sa petite révolution interne parce que ses parents ont divorcé. A la première seconde on voit combien il a la tête bien plombée, fils d'une mère députée socialiste, ce qui ici signifie "de la petite bourgeoisie bien calibrée". Bref on se retrouve à parler d'improvisation musicale chez les jeunes et lui qui annonce, avec le calme des gens confits de certitudes :
- Dans ce domaine, en ce qui me concerne, je n'ai jamais vu de différence entre les filles et les garçons... ¨
Bref l'école de jazz et de musiques actuelles de Lausanne était vraiment sur la bonne voie avec de tels pédagogues, à l'instar du nouveau directeur, un rital tout juste naturalisé, verrouillé bourgeois dans sa tête, larbin considérable, ("il vendrait sa mère" disait en riant un avocat qui avait eu affaire à lui) un peu comme on imagine ces conducteurs de locomotives du troisième Reich : au ordres, fournissant le plus impeccable des travail, sans se soucier du contenu des wagons, le cerveau au congélateur. Avec cette arrogance souriante du "moi je", nourrie de théories confortables et assommantes sur la "discipline" de l'éducation musicale, l'exemple du Conservatoire en arrière plan puisque c'est là qu'il avaient étudié et qu'ils restaient incapables de fournir un modèle alternatif.. Bref, du rêve bulgare l'école était passée au cauchemar fédéral, appliqué par des musiciens majoritairement suisses allemands et ritals, aux abois financièrement, donc le doigt sur la couture du pantalon. Des musiciens locaux il ne restait rien, ou presque. Ainsi va la vie.

Auteur: Mg

Info: 2 juin 2011

[ musique ] [ enseignement ] [ vacherie ]

 

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classification difficile

Leur bibliothèque était imposante, elle mangeait une bonne partie des murs de leurs quarante-sept mètres carrés, Étienne avait toujours chiné beaucoup de livres d'occasion, doublés d'un fonds déjà imposant qu'il avait hérité de sa mère Dahlia en même temps que l'appartement, Vive y avait ajouté sa collection de livres d'art et de photographie.

Étienne avait alors développé la manie de classer sa bibliothèque par ordre alphabétique des titres des ouvrages. Vive soutenait que personne ne faisait cela, que ça n'avait aucun sens. Les ouvrages d'un même auteur se trouvaient dispersés aux quatre vents, les gens, les genres et les siècles se mélangeaient, pour elle un classement devait apporter de l'aide, de la clarté, une lecture d'ensemble.

Mais Etienne aimait cette lecture poétique où les Confessions de Rousseau se trouvaient accolées aux Confessions d'Augustin d'Hippone, où L'Œil le plus bleu de Toni Morrison rencontrait L'Œil qui écoute de Paul Claudel. Un réseau invraisemblable d'intertextualité jaillissait pour Étienne de ce méticuleux classement, sa bibliothèque ne ressemblerait jamais à aucune autre, elle était vivante comme un animal rebelle.

Comment veux-tu retrouver un bouquin là-dedans ? se plaignait Vive. Critique qu'il n'entendait pas, puisqu'elle n'avait qu'à chercher à la bonne lettre du titre. Mais où fais-tu commencer le titre ? Au premier nom, ou au déterminant ? renchérissait-elle. Au nom, à l'évidence, ou à l'adjectif, mais il y avait bien sûr des cas particuliers, c'était la beauté de son rangement vivant et organique. Et si je cherche un livre, mettons, de John Le Carré, dont je ne me souviens plus du titre, qu'est-ce que je fais ? demandait-elle. Tu n'as qu'à chercher au mot " Espion ", il y a des chances pour que tu tombes dessus, lui répondait-il en riant ; car au début, tout cela, ça les faisait rire ensemble.

Auteur: Berest Claire

Info: L'épaisseur d'un cheveu

[ syntagmes ] [ rayonnages ] [ biblio-reflet ]

 

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vacherie

Il faut se rappeler que la plupart des critiques sont des hommes qui n'ont pas eu beaucoup de chance et qui, au moment où ils allaient désespérer, ont trouvé une petite place tranquille de gardien de cimetière. Dieu sait si les cimetières sont paisibles?: il n'en est pas de plus riant qu'une bibliothèque. Les morts sont là?: ils n'ont fait qu'écrire, ils sont lavés depuis longtemps du péché de vivre et d'ailleurs on ne connaît leur vie que par de petits cercueils qu'on range sur des planches, le long des murs, comme les urnes d'un columbarium. Le critique vit mal, sa femme ne l'apprécie pas comme il faudrait, ses fils sont ingrats, les fins de mois difficiles. Mais il lui est toujours possible d'entrer dans sa bibliothèque, de prendre un livre sur un rayon et de l'ouvrir. Il s'en échappe une légère odeur de cave et une opération étrange commence, qu'il a décidé de nommer la lecture. [...] C'est tout un monde désincarné qui l'entoure où les affections humaines, parce qu'elles ne touchent plus, sont passées au rang d'affections exemplaires, et pour tout dire, de valeurs. Aussi se persuade-t-il d'être entré en commerce avec un monde intelligible qui est comme la vérité de ses souffrances quotidiennes et leur raison d'être. [...] Et, pendant le temps qu'il lit, sa vie de tous les jours devient une apparence. [...] C'est une fête pour lui quand les auteurs contemporains lui font la grâce de mourir?: leurs livres, trop crus, trop vivants, trop pressants passent de l'autre bord, ils touchent de moins en moins et deviennent de plus en plus beaux?; [...] Quant aux écrivains qui s'obstinent à vivre, on leur demande seulement de ne pas trop remuer et de s'appliquer à ressembler dès maintenant aux morts qu'ils seront.

Auteur: Sartre Jean-Paul

Info: Qu'est-ce que la littérature ?

[ analyste ]

 

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combat

Furieuse, la bête se cabra et a tortilla ses intégrales itérées sous les coups polynomiaux du roi, s'écroula en une série infinie de termes indéterminés, puis se releva, montant à la puissance n, mais le roi l'avait tellement abreuvée de différentielles et de dérivées partielles que ses coefficients de Fourier s'annulèrent tous (voir le lemme de Riemann), et dans la confusion qui s'en suivit, les constructeurs perdirent complètement de vue tant le roi que la bête. Ils firent donc une pause, se dégourdirent les jambes, burent une gorgée de la cruche de Leyde pour reprendre des forces, puis se remirent au travail et recommencèrent depuis le début, en déployant cette fois tout leur arsenal de matrices tensorielles et de grands ensembles canoniques, attaquant le problème avec une telle ferveur que le papier même se mit à fumer. Le roi, s'étant précipité avec toutes ses coordonnées cruelles et ses valeurs moyennes, trébucha dans une sombre forêt de racines et de logarithmes, et dut faire marche arrière, puis il rencontra la bête sur un champ de nombres irrationnels (F1) et la frappa si durement qu'elle perdit deux décimales et un epsilon, mais la bête avait glissé autour d'une asymptote pour se cacher dans un espace de phase orthogonal à n dimensions, puis, ayant subi une expansion elle en ressortit, fumante de manière factorielle, et elle tomba sur le roi pour le blesser de manière passagère. Mais le roi, sans se décourager, revêtit sa cotte de mailles de Markov et tous ses paramètres imperméables, puis porta son incrément Δk à l'infini et asséna à la bête un véritable uppercut booléen, la faisant tituber à travers un axe des x et plusieurs parenthèses - mais la bête, préparée à cela, a abaissé ses cornes et... VLAN ! - Les crayons s'éparpillèrent comme des fous à travers les fonctions transcendantes et les doubles transformations, et lorsque la bête se rapprocha enfin alors que le roi était mis à terre pour le compte, les constructeurs se levèrent d'un bond, dansèrent une gigue, en riant et chantant, déchirant tous leurs papiers en lambeaux, à la grande surprise des espions juchés dans le lustre - perchés là en vain, car ils n'étaient pas initiés aux subtilités des mathématiques supérieures et n'avaient donc aucune idée de la raison pour laquelle Trurl et Klapaucius criaient maintenant, encore et encore, "Hourra ! Victoire !!!"

Auteur: Lem Stanislaw

Info: The Cyberiad

[ monde mathématique ] [ humour ] [ complexité ]

 

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