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incarnation divine

Certes, la vie religieuse se présente chez l’obsessionnel sous une forme profondément remaniée, infiltrée de symptômes, mais par une sorte de curieuse conformité, cette vie religieuse, et spécialement la vie sacramentelle, se démontre parfaitement appropriée à donner aux symptômes de l’obsessionnel le sillon, le moule où il se coule si aisément, tout spécialement dans la religion chrétienne. [...] Chaque fois que Freud a eu un obsessionnel de formation chrétienne, que ce soit l’Homme aux rats ou l’Homme aux loups, il a bien montré l’importance du christianisme dans leur évolution comme dans leur économie. On ne peut pas ne pas voir que par ses articles de foi, la religion chrétienne nous met devant cette solution étonnante, hardie [...], culottée, qui consiste à faire supporter par une personne incarnée, homme-dieu, cette fonction du signifiant dont l’action est marquée sur la vie en tant que telle. Le logos chrétien en tant que logos incarné donne une solution précise au système des rapports de l’homme et de la parole, et ce n’est pas pour rien que le Dieu incarné s’est appelé le Verbe.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre V", "Les formations de l'inconscient (1957-1958)", éditions du Seuil, 1998, pages 503-504

[ modalité de suppléance ] [ psychanalyse ] [ pouvoir sémantique ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

rapport à la nature

Le premier [tableau], œuvre de Grant Wood, s’intitule "Young Corn" ("Jeune maïs"). Les paysages d’une Amérique rurale – avant l’explosion de la mécanisation et la constitution d’immenses exploitations – que Wood, natif et habitant de l’Iowa, a souvent pris pour matière de ses œuvres, n’ont rien de sauvage. On est très loin du wild. Au premier plan de Young Corn, l’espacement régulier des plants de maïs sur le champ labouré témoigne de l’emprise humaine sur la terre. Plus loin la route, les haies, les clôtures, les personnages qui prennent soin des plantes… En même temps, les courbes féminines du terrain sont là pour rappeler qu’avant de domestiquer la nature, nous en sommes issus, et que c’est elle qui nous nourrit. Ici, l’action humaine est moins arrachement à la nature que collaboration avec elle. Très différent est le paysage peint par Charles Sheeler dans American Landscape ("Paysage américain"). Là, plus question de collaboration : toute trace de l’existence de la nature avant l’intervention de l’homme est vouée à disparaître.

Auteur: Rey Olivier

Info: Dans "Leurre et malheur du transhumanisme", page 22

[ comparaison picturale ] [ humain-nature ] [ asservissement ] [ humilité ] [ agriculture ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

idiomes

Le langage fonctionne de deux façons : il nous ouvre une petite fenêtre sur l’existence d'un monde indépendant, mais (via ses structures et son vocabulaire propres) il détermine comment nous voyons ce monde. On pourrait avancer que l’action du langage sur notre réalité est restrictive, réductrice, limitante, et peut-être trompeuse. C’est bien le cas. " Le menu n’est pas le repas ". Mais plutôt que de répudier le langage et de marmonner des Vérités Indicibles, nous devons retourner au cœur du langage. Faire du langage une clairvoyance, se libérer grâce à lui et trouver en lui le prisme d’une vision du monde qui nous transcende, cela revient à extrêmement bien connaître l’esprit et le langage, et à jouer avec leurs nombreuses possibilités sans nourrir d’attachement particulier envers elles. En procédant ainsi, une langue dévoile des surprises et des aspects qui nous émerveillent. La créativité n’est pas une chose externe que le poète apporte au langage, mais elle est la fonction d’une lecture double ; un motif caché ou inaperçu dans la fabrique du monde est mis au grand jour depuis les profondeurs du langage.

Auteur: Snyder Gary

Info:

[ retournement ] [ mise en question ] [ dualité ] [ renversement ] [ distanciation ] [ système fermé ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

folie

Le schizophrène emploie le langage de trois manières : comme un mode d’action, comme une méthode de communication et comme un mode de pensée. Il marquera une préférence pour l’action là où d’autres patients comprendraient qu’il est nécessaire de recourir à la pensée ; ainsi, pour expliquer pourquoi quelqu’un joue du piano, il voudra aller au piano afin d’en démonter le mécanisme. […]
Je commencerai par examiner son utilisation du langage comme un mode d’action mis au service soit du clivage de ses objets, soit de l’identification projective. On notera que ceci n’est qu’un des multiples aspects des relations d’objet du schizophrène, celui qui lui sert ou bien à cliver ses objets ou bien à y entrer et à en sortir.
La première de ces utilisations est au service de l’identification projective. Ici, le patient utilise les mots comme des choses ou comme des parties clivées de lui-même qu’il fait pénétrer de force dans l’analyste. […]
Le langage est encore employé comme un mode d’action dans le but de cliver l’objet. Ceci est particulièrement net quand l’analyste est identifié à des persécuteurs internes […].

Auteur: Bion Wilfred Ruprecht

Info: Réflexion faite, 4e édition

[ psychose ] [ aliénation ]

 

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dépoétisation

Or, quand on a le souci de prendre des photos, le souci du choix de la vue à conserver, qui découpe dans un ensemble le coin à retenir, nous voilà fixés tout entier sur le seul problème visuel, délaissant le global, et ce qui aurait pu être une expérience devient un spectacle. Bien plus, les manipulations et soucis de l’appareil, même si vous êtes un spécialiste, la luminosité, l’angle de vue, vous fixent sur un exercice technique et interdit radicalement le mécanisme intellectuel, la réflexion, l’offrande de soi au vent, à la mer, au flux des gens… et combien plus interdisent la montée de l’exaltation profonde devant ce qui est unique, et combien plus, si l’on est chrétien, l’action de grâce vers Dieu. Non, l’appareil commande. On ne voit plus, on regarde et on cherche ce qu’il faut photographier. Et quand la bonne photo est enfin prise, vous voyez tous ces voyageurs se désintéresser subitement de tout : le boulot à faire a été fait. Que pourraient-ils donc faire de plus au milieu des ruines du Parthénon ? On se demande soudain ce que l’on fait là.

Auteur: Ellul Jacques

Info: Dans "La parole humiliée", éditions de la Table Ronde, Paris, 2014, page 192

[ tourisme ] [ critique ] [ vision productiviste du paysage ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

état d'esprit nocturne

Depuis longtemps déjà, il constatait qu’il était de plus en plus enclin au scrupule, et ceci en toutes choses, qu’elles fussent importantes ou futiles ; aussi avait-il résolu de se fier le moins possible à lui-même. Mais il ne pouvait contester la réalité de certains faits. Ces derniers temps, la nuit, ses pensées, ses sensations coutumières se métamorphosaient tant et plus, et ne ressemblaient plus du tout à celles qu’il avait eues au début des journées. Il en fut frappé et alla consulter un médecin célèbre qu’il connaissait, il est vrai, personnellement. Bien entendu, il lui conta la chose en plaisantant. Il lui fut répondu que la transformation et même le dédoublement des pensées, durant l’insomnie et, en général, au cours de la nuit, était un phénomène très fréquent chez ceux qui "pensent et sentent intensément" ; que les convictions d’une vie entière se transformaient soudainement sous l’action déprimante de la nuit et de l’insomnie ; l’on prenait soudain, sans rime ni raison, les plus fatales résolutions, bien entendu sans dépasser certaines limites ; mais si le sujet éprouvait ce dédoublement au point de souffrir, c’était l’indice incontestable qu’il s’agissait de maladie ; il fallait, dans ce cas, agir sans retard.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: L'éternel mari

[ conflit ] [ tourment ]

 
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sacré-profane

Fusionner la foi chrétienne avec un engagement "à gauche", c’est confondre la notion de l’ordre naturel avec l’ordre surnaturel et c’est la corruption de l’un par l’autre. L’espérance du royaume des Cieux se dégrade en théologie de la libération terrestre, en même temps qu’on perd de vue les inévitables limites de l’ordre naturel, parce qu’on transporte sur ce terrain du relatif des exigences radicales qui ne valent que dans l’ordre de la foi. Ce qui devrait être illumination de la connaissance théologie par la foi, devient aveuglement pour l’action politique.

Le combat politico-social constitue alors le seul champ d’existence où puissent s’investir les valeurs de la foi. Du même coup, il perd son autonomie qui est celle de la raison et de la justice. Toute imperfection, toute limite des organisations humaines, imperfections et limites inévitables et indéfinies, constituent alors un véritable défi pour une âme chrétienne ivre de ses exigences caritatives. Ne rêvant que de solutions totales, elle s’abandonne aux séductions totalitaires. 

[...] la foi intervient directement dans l’ordre temporel, pour nous rappeler que cet ordre n’est pas tout, qu’il y a autre chose, un autre monde, une autre cité, et nous sauver ainsi du terrible totalitarisme du politico-social.

Auteur: Borella Jean

Info: "Situation du catholicisme aujourd'hui", éditions L'Harmattan, Paris, 2023, pages 29-30

[ sécularisation ] [ confusion ] [ erreur catégorielle ] [ religion ]

 

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opinions politiques

Si je l’avais choisi comme analyste, c’était avec la conviction qu’il était d’extrême gauche, qu’il partageait les idéaux de la Révolution. Ses fréquentes allusions à Marx, la caution d’Althusser, ses relations avec les membres de la Gauche prolétarienne maoïste et avec celui devenu entre-temps son gendre, avaient renforcé cette illusion. Certes il lisait Le Figaro tous les matins. Mais je n’étais pas à une contradiction près. Les hommes d’envergure peuvent se compromettre avec le diable en gardant leur intégrité. En vérité, je n’avais pas saisi son projet d’après Mai 68, celui d’attirer à lui ces jeunes intellectuels fascinés par l’action violente et le terrorisme à la mode allemande des années de plomb, éviter que cette jeune élite intellectuelle ne s’égare dans les sables mouvants du terrorisme. C’est à lui, bien plus qu’à Sartre, dressé sur son tonneau, que l’on doit ce sauvetage de l’élite d’une génération. Mais avait-il prévu le revers de la médaille, à savoir que ces gauchistes analysés, voire devenus psychanalystes, sans faire le deuil de leur fascination totalitaire, allaient injecter dans le mouvement psychanalytique cette mortelle maladie de l’esprit qui frappera en premier lieu son propre enseignement et sa transmission. Du coup, l’institution analytique finira par ressembler à une association mafieuse ou sectaire.

Auteur: Haddad Gérard

Info: A propos de Jacques Lacan dans "Le jour où Lacan m'a adopté", éd. Grasset & Fasquelle, Paris, 2002, page 134

[ conséquences ] [ incompréhension ] [ cénacle ]

 

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introspection

Dans son très remarquable livre sur le bouddhisme, Mme Alexandra David-Neel rapporte une parabole tibétaine qui compare l’homme à un parlement. C’est une comparaison très juste. Un être humain n’est pas unifié, n’a pas une volonté unique qui l’engage entièrement. Il change de moment en moment comme dans une assemblée où des députés divers, avec une majorité et une opposition, prennent la parole et se querellent. Un député, un moment, a la cote ou la vogue. Ses discours enflamment tout le monde. Ensuite, il perd son crédit, il retourne à l’obscurité. Les députés du centre sont prêts à s’allier avec l’opposition ou à s’allier avec la majorité. Combien d’actions ne vous engagent que partiellement. Au moment où vous accomplissez l’action, la majorité de ces nombreux éléments qui vous composent est d’accord pour accomplir cette action, mais l’opposition n’est pas d’accord et ensuite l’opposition en vous fera tout pour que vous ne teniez pas une décision que vous aurez prise, ou que vous sabotiez vous-mêmes une action que vous aurez commencé à entreprendre. Vous avez tous entendu parler de ce que l’on appelle les actes manqués en psychanalyse qui sont des actes manqués du point de vue du conscient, et qui sont des actes, au contraire, tout à fait réussis du point de vue de l’inconscient.

Auteur: Desjardins Arnaud

Info: Adhyatma yoga. À la recherche du soi. Vol 1, p 136

[ comparaison ] [ instabilité ]

 

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langues comparées

Que "veut dire" cette bizarrerie allemande qui consiste à placer le verbe à la fin de la phrase?

– Elle dit que le verbe est essentiel. Elle indique que l’action verbale, élément ultime de la chaîne des déterminations successives, porte l’ensemble de l’énoncé. Par contraste, la phrase latine est conçue à partir du sujet, sur lequel s’appuie le reste de l’énoncé. Il y a un rapport d’équivalence avec l’attribut, qui s’accorde en genre et en nombre: "La femme est grande" Entre les deux, l’"auxiliaire" joue un rôle subalterne de copule. En allemand, le verbe est beaucoup plus puissant. On dit "La femme est grand", ce qui suppose quelque chose comme un verbe "grand être" où ce qui en français est attribut revêt une fonction adverbiale. On retrouve cette différence fondamentale dans la notion même de "réalité": la "res" latine est une entité nettement circonscrite, distincte, à la limite immobile. La Wirklichkeit provient du verbe wirken, agir. Elle correspond à une réalité essentiellement dynamique. Certes, on peut aussi dire Realität en allemand, mais seulement pour constater un état de fait, le plus souvent assorti d’une nuance de regret: les rides qui se creusent sur mon front sont une Realität, pas une Wirklichkeit. On a affaire à deux univers mentaux, qui mettent l’accent l’un sur le mouvement, l’autre sur la localisation.

Auteur: Wismann Heinz

Info:

[ saxonne ] [ latine ]

 

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