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lunettes

Le pouvoir grossissant du verre est décrit par Euclide dès le IIIe siècle av. J.-C. Dans une lettre, Cicéron (106-43 av. J.-C.) explique qu’en raison d’un relâchement de l’acuité visuelle dû à l’âge, il est obligé de faire appel à des esclaves pour l’aider dans ses lectures. Pline l’Ancien écrit donc : " La couleur agréable de l’émeraude fortifie l’acuité visuelle. "
Plus tard, Abbas Ibn Firnas (précurseur de l’aéronautique au IXe siècle) est le premier à mettre au point la technique de taille du cristal dans le monde musulman. Pour cela, on lui reconnaît la paternité de l’invention de la pierre de lecture qui n’est autre qu’un verre très poli, réalisé à partir de béryls (pierres semi-précieuses translucides) servant de loupe pour lire.

Auteur: Magro Marc

Info: Sous l'oeil d'Hippocrate

[ historique ]

 

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exploiter

Et il trouva juste avant de s’endormir : par un effort de volonté surhumain, pour sauver sa peau et sa santé mentale, il devait se convaincre qu’il avait besoin de son acouphène pour vivre. Sans lui sa vie était impensable. Il s’en ennuierait, s’il arrivait à disparaître. Ce sifflement de bouilloire qui l’accompagnerait partout lui était désormais indispensable, il l’aiderait à se concentrer, la perte de l'ouïe elle-même ferait écran contre les sons qui l’agressaient. Il devait apprendre à s’en servir pour se débarrasser des fâcheux et des indésirables.
Oui, c’était cela, avant la maudite patience, avant la pierre philosophale, avant le creuset et la transmutation du plomb en or, avant Nicolas Flamel, Simon devait se convaincre que son acouphène faisait maintenant partie intégrante de son être et que, même .. oui, il l’aimait.
Mais c’était peut-être ça, la patience après tout.
Simon se tourna sur le côté droit et, pour la première fois, fit face à son problème plutôt que de s’y laisser submerger.

Auteur: Tremblay Michel

Info: L'Homme qui entendait siffler une bouilloire

[ souffrance ] [ inversion ]

 

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progrès

Il y a une histoire de la clinique qui n’est pas celle qu’on a contée, une histoire universelle de la clinique croyant aux possibilités de recouvrer la santé. Plus on croit à la santé, plus on croit à l’existence d’un bacille isolable contre lequel il est possible de s’inoculer une protection. Cette croyance peut être appelée la religion elle-même, la vraie religion humaine que les religions proprement dites ne font que survoler, frôler, compromettre. Les religions n’ont rien à voir par principe avec la guérison ici-bas du genre humain ; mais il est arrivé que le genre humain ait cru qu’elles allaient l’aider à se débarrasser, ici et maintenant, de son épidémie : cette rencontre de cures s’est alors appelée pogroms, inquisitions, persécutions, procès et bûchers d’hérétiques ou d’infidèles. Il est à noter que depuis deux siècles le genre humain a cessé d’attendre quelque secours que ce soit des religions pour évacuer le bacille et connaître enfin le bonheur en commun, et qu’il s’est tourné vers des remèdes plus scientifiques. 

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Céline", éd. Gallimard, 2001, préface à la première édition, page 28

[ état de nirvana ] [ pulsion de mort ] [ idéalisme ] [ solution sanitaire ] [ médecine toute puissante ]

 

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traumatisme infantile

C’est dans ma première rencontre avec l'enfant malade que je vis les dessins faits par lui à la maison et au patronage. J’ai été frappée autant par les sujets de ces dessins que par l’expression anxieuse des personnes représentées. Mon attention fut attirée surtout par des dessins faits par Jacques les premiers jours de son séjour au Patronage. Le même sujet se répétait dans les deux dessins : un petit garçon regardait un homme avec méfiance et terreur.

Ayant constaté que l’unique moyen d’expression de Jacques était le dessin, je l’ai employé pour le traitement.

(...)

Dès la première séance je l’ai fait dessiner. Je donnais à ces dessins des interprétations que Jacques approuvait ou désapprouvait par des signes de tête. C’est ainsi que je réussis à l’aider à exprimer ses conflits inconscients.

(...)

Voyant que Jacques se débarrassait, par ses dessins, d’une grande partie des angoisses qui l’avaient tourmenté, j’ai pensé qu’il pourrait aussi, par cette voie, rompre son mutisme. 

Auteur: Morgenstern Sophie

Info: "Un cas de mutisme psychogène", Revue Française de Psychanalyse, T 1, Édition G. Doin et Cie, 1927, pp 492, 493

[ thérapie ] [ croquis ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

normativité

L’homosexualité n’est pas un avantage, mais ce n’est pas non plus un sujet de honte, ce n’est ni un vice, ni un avilissement et on ne peut pas non plus la classer parmi les maladies, nous la considérons plutôt comme une variante de la fonction sexuelle, provoquée par un arrêt du développement sexuel [...]. C’est une grande injustice de persécuter l’homosexualité comme un crime et c’est également une grande cruauté [...]. Quand vous me demandez si je peux l’aider, je suppose que vous voulez savoir si je peux faire disparaître son homosexualité et le rendre hétérosexuel. La réponse est que, en règle générale, nous ne pouvons promettre d’y parvenir. Dans un certain nombre de cas, nous parvenons à développer les germes étiolés des tendances hétérosexuelles qui existent chez tout homosexuel, mais dans la majeure partie des cas, ce n’est plus possible [...]. Ce que l’analyse peut apporter à votre enfant est d’une autre nature. S’il est malheureux, névrosé, s’il est déchiré par ses conflits, ses inhibitions dans sa vie sociale, l’analyse peut l’aider à trouver l’harmonie, la tranquillité d’esprit, une pleine efficience, qu’il demeure homosexuel ou qu’il change.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Lettre du 9 avril 1935

[ psychanalyse ] [ singularité ] [ guérison ]

 

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justice

En août 2016, le journal Le Monde a analysé quelques blocages juridiques français dans une série d’analyses sur le fonctionnement et les dysfonctionnements du monde juridique, sur ce qu’est une information "en mode juridique". Les juges Florès et Rigal (Le Monde, 3/8/16, p. 16/17) se sont longtemps heurtés à une jurisprudence très claire de la Cour de Cassation : un juge ne peut au cours d’un procès "réparer un tort dont celui qui l’a subi ne se plaint pas lui-même, ni substituer sa science à leur ignorance". Cette pratique qui estime que le juge va "au-delà" de ce qui lui a été demandé, porte le nom de "ultra petita" ou "extra-petita". Cela explique pourquoi le scientifique et le médecin sont parfois mal à l’aise quand il faut aborder un problème "en mode juridique", ou seulement administratif. Il leur semble interdit d’élargir le champ de vision et de faire appel à des connaissances établies mais ignorées de ces gens là : le pire est donc normal ! Le Citoyen est a priori aussi ignorant du mode juridique que du mode scientifique et médical quant à ses pratiques et son vocabulaire : il faut donc traduire au patient les situations du quotidien. Mais s’il ne sait pas "dire le mal ou le tort qu’il a pu subir", il ne doit surtout pas compter sur le juge pour l’aider à mieux le cadrer. Vu du côté médical, c’est non-assistance à personne en danger. Il existe là un fossé culturel quasi infranchissable entre des modes d’expression qui semblent incompatibles entre eux : le mode juridique contre le mode scientifique ou philosophique. Les seconds se proposent de mieux comprendre le monde en progressant ensemble, le premier se l’interdit et vous l’interdit ?

Auteur: Le Bitoux Jean-François

Info: in Le programme politique de Margrethe Vestager sur le blog de Jorion

[ verrouillage ] [ obstruction ] [ légale ]

 

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discernement

C'est ici, ô sage, le lieu où il convient de parler de la valeur de l'intelligence. Parle et tire de ta raison ce que tu sais, pour que l'oreille de celui qui t'écoute s'en nourrisse. L'intelligence est le plus grand de tous les dons de Dieu, et la célébrer est la meilleure des actions. L'intelligence est le guide dans la vie, elle réjouit le cœur, elle est ton secours dans ce monde et dans l'autre. La raison est la source de tes joies et de tes chagrins, de tes profits et de tes pertes. Si elle s'obscurcit l'homme à l'âme brillante ne peut plus connaître le contentement. Ainsi parle un homme vertueux et intelligent, des paroles duquel se nourrit le sage : Quiconque n'obéit pas à la raison, se déchirera lui-même par ses actions; te le sage l'appelle insensé, et les siens le tiennent pour étranger. C'est par l’intelligence que tu as de la valeur dans ce monde et dans l'autre, et celui dont la raison est brisée tombe dans l’esclavage. La raison est l’œil de l’âme, et si tu réfléchis, tu dois voir que, sans les yeux de l’âme, tu ne pourrais gouverner ce monde. Comprends que la raison est la première chose créée. Elle est le gardien de l’âme; c'est à elle qu’est due l'action de grâces, grâces que tu dois lui rendre par la langue, les yeux et les oreilles. C'est d'elle que te viennent les biens et les maux sans nombre. Qui pourrait célébrer suffisamment Dieu ! la raison et l'âme? et si je le pouvais, qui pourrait l'entendre? Mais comme personne ne peut en parler convenablement, parle-nous, ô sage, de la création du monde. Tu es la créature de l'auteur du monde, tu connais ce qui est manifeste et ce qui est secret. Prends toujours la raison pour guide, elle l’aidera à te tenir loin de ce qui est mauvais; cherche ton chemin d'après les paroles de ceux qui savent, parcours le monde, parle à tous; et quand tu auras entendu la parole de tous les sages, ne te relâche pas un instant de l'enseignement. Quand tu seras parvenu à jeter tes regards sur les branches de l’arbre de la parole, tu reconnaîtras que le savoir ne pénètre pas jusqu'à sa racine.

Auteur: Ferdowsi Abū-l-Qāsim Manṣūr ibn Ḥasan al-Ṭūṣī

Info: Le livre des Rois

[ perspicacité ] [ bon sens ] [ spiritualité ] [ divin miroir ] [ sagesse éclairée ]

 

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saut technologique

[...] le comptage exact du temps remonte au Moyen Âge, vers 1330, au moment de l’invention de l’horloge mécanique à poids venue remplacer la clepsydre (horloge à eau), imprécise et soumise aux conditions atmosphériques (sécheresse, gel…).

Non seulement la manière de percevoir le temps allait radicalement changer, mais, comme l’explique Jacques Le Goff dans La Civilisation de l’Occident médiéval, les activités humaines allaient devoir se soumettre de plus en plus strictement aux exigences de l’horloge. En effet, le temps circulaire du calendrier liturgique, le temps linéaire des histoires et des récits, le temps des travaux et des jours, le temps des saisons, tous ces temps différents, allaient devoir s’aligner sur un seul et même temps divisible en parties égales et mécaniquement mesurables, celui des horloges. La notion d’"heure" allait elle-même profondément changer. Avant, l’heure était en quelque sorte variable : il y avait, quelle que soit la saison, douze heures pour la nuit et douze heures pour le jour. En hiver donc, l’"heure diurne" était plus courte qu’en été et l’"heure nocturne" plus longue qu’en été. Avec la machine à mesurer le temps, cette sorte de respiration interne des heures est devenue obsolète. C’est ainsi que vers 1400 fut institué le système moderne des "heures égales".

Déjà, dans Technique et Civilisation (1934), Lewis Mumford affirmait que l’horloge constituait un bien meilleur point de départ que la machine à vapeur pour comprendre la révolution industrielle à venir : non seulement parce que la fabrication des horloges est devenue l’industrie à partir de laquelle les hommes ont appris comment fabriquer des machines, toutes sortes de machines, mais surtout parce qu’elle a été la première machine automatique qui ait pris une importance significative dans la vie des humains, en la transformant profondément.

On peut comprendre ces transformations en lisant le remarquable livre, à mi-chemin entre essai et science-fiction, de l’historien des sciences Pierre Thuillier, La Grande Implosion. Rapport sur l’effondrement de l’Occident – titre prémonitoire s’il en est. Il montre qu’à cette transformation du temps en quantité pure correspondent les débuts du règne du marchand. Cet homme quantitatif par excellence a en effet tout de suite compris que l’horloge l’aiderait à gérer plus efficacement ses affaires, à mieux utiliser son temps et celui des autres. C’est pourquoi les bourgeois d’alors organisèrent très tôt un véritable culte du temps mécanique en installant une imposante horloge partout visible au plus haut du beffroi de leur hôtel de ville.

Auteur: Dufour Dany-Robert

Info: "Le délire occidental", éditions Les liens qui libèrent, 2014, pages 80 à 82

[ historique ] [ conséquences ] [ modernité ]

 

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chronos

(...) si l’utilisation permanente du chronomètre a suffi à faire d’une technique fruste une supposée science, c’est probablement parce que le chronomètre, et son ancêtre l’horloge, bénéficiaient depuis longtemps d’une représentation très favorable dans l’imaginaire social occidental. Et, de fait, le comptage exact du temps remonte au Moyen Âge, vers 1330, au moment de l’invention de l’horloge mécanique à poids venue remplacer la clepsydre (horloge à eau), imprécise et soumise aux conditions atmosphériques (sécheresse, gel…).

Non seulement la manière de percevoir le temps allait radicalement changer, mais, comme l’explique Jacques Le Goff dans La Civilisation de l’Occident médiéval, les activités humaines allaient devoir se soumettre de plus en plus strictement aux exigences de l’horloge. En effet, le temps circulaire du calendrier liturgique, le temps linéaire des histoires et des récits, le temps des travaux et des jours, le temps des saisons, tous ces temps différents, allaient devoir s’aligner sur un seul et même temps divisible en parties égales et mécaniquement mesurables, celui des horloges. La notion d’ " heure " allait elle-même profondément changer. Avant, l’heure était en quelque sorte variable : il y avait, quelle que soit la saison, douze heures pour la nuit et douze heures pour le jour. En hiver donc, l’" heure diurne " était plus courte qu’en été et l’" heure nocturne " plus longue qu’en été. Avec la machine à mesurer le temps, cette sorte de respiration interne des heures est devenue obsolète. C’est ainsi que vers 1400 fut institué le système moderne des " heures égales ".

Déjà, dans Technique et Civilisation (1934), Lewis Mumford affirmait que l’horloge constituait un bien meilleur point de départ que la machine à vapeur pour comprendre la révolution industrielle à venir : non seulement parce que la fabrication des horloges est devenue l’industrie à partir de laquelle les hommes ont appris comment fabriquer des machines, toutes sortes de machines, mais surtout parce qu’elle a été la première machine automatique qui ait pris une importance significative dans la vie des humains, en la transformant profondément.

On peut comprendre ces transformations en lisant le remarquable livre, à mi-chemin entre essai et science-fiction, de l’historien des sciences Pierre Thuillier, La Grande Implosion. Rapport sur l’effondrement de l’Occident – titre prémonitoire s’il en est. Il montre qu’à cette transformation du temps en quantité pure correspondent les débuts du règne du marchand. Cet homme quantitatif par excellence a en effet tout de suite compris que l’horloge l’aiderait à gérer plus efficacement ses affaires, à mieux utiliser son temps et celui des autres. C’est pourquoi les bourgeois d’alors organisèrent très tôt un véritable culte du temps mécanique en installant une imposante horloge partout visible au plus haut du beffroi de leur hôtel de ville.

Auteur: Dufour Dany-Robert

Info: Le délire occidental

[ historique ] [ ordre ] [ rationalisation ]

 

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société de surveillance

Dans les sociétés développées du début du XXIe siècle, un individu un tant soit peu “intégré” laisse tout au long de ses journées des traces de son activité dans des dizaines d’ordinateurs.

Des bornes électroniques enregistrent son passage dans les stations de métro, à bord des bus ou aux péages autoroutiers – un simple clic depuis sa voiture, et voici que la barrière se lève, que son compte bancaire est automatiquement débité. Ça roule. Toutes les antennes relais près desquelles il passe avec son téléphone portable s’en souviendront aussi. Les ordinateurs qu’il utilise gardent en mémoire l’ensemble des sites Internet qu’il visite et, symétriquement, tous ces sites retiennent l’adresse IP de la machine depuis laquelle il était connecté (à moins qu’il prenne des dispositions particulières pour brouiller les pistes). Qui plus est, bon nombre de ces sites lui demandent une foule de renseignements personnels qu’ils utilisent ou revendent. Sans parler de la mise à nu que demande (et permet) la fréquentation de sites de “rencontres” ou de “réseaux sociaux”…

S’il est salarié d’une entreprise ou d’une administration, une partie essentielle de son activité peut être recensée et évaluée par sa hiérarchie grâce à l’outil informatique. Même le cadre le plus “nomade” est tenu en laisse par son téléphone et son ordinateur portables, témoins de ses efforts et de ses relâchements pendant le temps qu’il passe loin du siège. Quant aux camionneurs, leur travail et leurs trajets sont absolument transparents aux yeux de leurs patrons. Grâce à l’informatique embarquée et au GPS, les possibilités pour un employé du fret routier d’assouplir son itinéraire, de dissimuler des pauses ou des détours indus sont réduites à presque rien. Des capteurs reliés à l’ordinateur de bord permettent même d’analyser après coup sa manière de conduire, pour pouvoir lui donner des “conseils” qui réduiront le risque de panne, la consommation d’essence ou… sa propre fatigue.

Si notre contemporain ordinaire est un agriculteur subventionné par l’Europe, l’administration peut vérifier grâce à des photos satellites qu’il ne ment pas au sujet des cultures qu’il déclare et de leur superficie, afin de ne pas lui attribuer des primes qu’il ne “mérite” pas. S’il est éleveur, il est sommé d’installer une puce électronique à l’oreille de ses bêtes, pour que leur identité soit reconnue par les lecteurs des services vétérinaires qui contrôlent les troupeaux, et par ceux des abattoirs où les animaux seront “bipés” comme n’importe quel article de supermarché. Traçabilité oblige.

En France, s’il est écolier, il figure dans toute une batterie de fichiers qui sont abreuvés d’informations à son sujet, de la maternelle jusqu’à la fin des études et même au-delà. La Base Élèves n’était qu’un ballon d’essai, désormais chaque élève aura son Livret personnel (et numérique) de compétences, véritable banque de données sur son parcours depuis le plus jeune âge, qui sera plus tard consultable par des recruteurs ou des agents de Pôle Emploi censés l’aider à trouver un travail. Il y a aussi, entre autres, le logiciel Suivi de l’orientation, qui vise à répertorier les 150 000 élèves sortant chaque année du système scolaire sans diplôme, ou le logiciel Sconet qui enregistre les notes, les absences, les sanctions des collégiens. Il y a les bornes biométriques pour accéder au réfectoire, dans les établissements où la traditionnelle carte de cantine est jugée trop archaïque et malcommode. Il y a, de plus en plus, des systèmes d’envoi automatisé de SMS aux parents dès qu’une absence de leur progéniture est constatée par les ordinateurs du lycée.

S’il demande un congé maladie, une allocation de chômage ou un revenu minimum, il doit prendre garde aux recoupements d’informations que la gestion informatique facilite entre les différentes caisses d’assurance et d’assistance, l’administration fiscale et les banques. Enfin, s’il a commis un délit, fût-ce le plus insignifiant, en a été victime ou simplement retenu comme témoin, il figure pour plusieurs dizaines d’années dans le STIC : le Système de traitement des infractions constatées, à ce jour le plus généreux et le plus ouvert des fichiers de police, avec ses quarante-cinq millions d’inscrits.

Il y a dix ou quinze ans, un tel tableau du futur proche pouvait encore sembler improbable et paranoïaque. Aujourd’hui, il est banal, la plupart de ses éléments sont connus de tous, certains font d’ailleurs l’objet d’indignations aussi récurrentes qu’inconséquentes. Demain, il se pourrait qu’il paraisse enfantin, préhistorique.

Auteur: Groupe Marcuse

Info: La liberté dans le coma

[ vie quotidienne ] [ management du parc humain ] [ métadonnées ]

 
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